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Stalinisme

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Aujourd'hui encore en France, certains se réclament de Staline (manifestation à Paris en 2007)

Le stalinisme est dans un sens strict l'idéologie et la pratique politique des partis communistes ayant adopté la ligne politique définie par les partisans de Joseph Staline, secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique de 1929 à 1953. Il couvre donc les périodes où la dictature communiste a été la plus cruelle.

Bilan du stalinisme

Pour un bilan du stalinisme, on pourra se référer à Cet article dédié.

Le communisme, un système inéluctablement totalitaire ?

Searchtool-80%.png Article détaillé : Communisme.

La question de la continuité du stalinisme vis-à-vis du communisme est un sujet récurrent de débats. Nombre de communistes soutiennent que le stalinisme est une déviance du communisme et non la résultante logique du communisme, quand bien même le communisme n'a jamais été démocratique.

Des historiens éminents soulignent à l'inverse que le stalinisme découle directement des principes du léninisme et du communisme. Les résultats des expériences communistes confirment tous cette analyse : l'historien des idées polonais Leszek Kołakowski développe ainsi dans sa célèbre Histoire du marxisme[1] en trois tomes que le stalinisme est la conséquence inéluctable d'un système communiste, la recherche de l'utopie communiste ne pouvant aller que vers le totalitarisme. Selon Kołakowski toujours, le stalinisme, caractérisé par « l'abolition du droit, l'autocratie du chef, la délation généralisée comme principe de gouvernement et la toute-puissance apparente de l'idéologie », est la conséquence logique et inévitable de la théorie marxiste ; le stalinisme est « un marxisme-léninisme en action »[2].

De la même manière, Alexandre Soljenitsyne, en 1980, écrivait dans L'Erreur de l'Occident que « l'appareil policier communiste, qui devrait broyer quelque soixante millions de victimes, [a été] créé par Lénine, Trotsky et Dzerjinski »[3]. Plus généralement, pour Soljenitsyne, « toute l'époque stalinienne n'est que la continuation directe du léninisme, certes avec plus de maturité dans les résultats et un développement plus étalé, plus égal »[4]. Dans la préface du Livre noir du communisme, l'historien Stéphane Courtois va plus loin et estime que c'est le communisme dans son ensemble qui est « criminogène »[5] ; il ne s'agirait donc pas d'une caractéristique essentielle du stalinisme. L'anarchiste Emma Goldman, dès 1938, écrivait à propos de Trotsky et Staline : « aucune différence fondamentale ne sépare les deux protagonistes de ce généreux système dictatorial »[6] et pour Voline « Staline et le « stalinisme » ne sont que les conséquences logiques d'une évolution préalable et préparatoire [...] Ce furent Lénine et Trotsky c'est-à-dire leur système — qui préparèrent le terrain et engendrèrent Staline »[7]. Parmi les tenants de cette thèse figurent aussi Adam Ulam ou Zbigniew Brzeziński.

Chez les philosophes, Friedrich Hayek dans La Route de la servitude (1944) souligna que l'interventionnisme étatique était une pente glissante vers le totalitarisme, sur une « route de la servitude ». La planification économique est le contrôle des moyens par lesquels les hommes peuvent réaliser les fins qu'ils se fixent ainsi que le contrôle de ces fins. Un contrôle total de la vie économique signifie que les moyens et les fins humaines sont décidées par l'État et qu'ainsi la liberté est abolie. John Jewkes développa une thèse proche dans Ordeal by planning (1946). Karl Popper dans La Société ouverte et ses ennemis range Karl Marx avec Friedrich Hegel et Platon dans la lignée des intellectuels responsables de la genèse des idées totalitaires.

Citation

  • « Le stalinisme n'a existé ni en théorie ni en pratique : on ne peut parler ni de phénomène stalinien, ni d'époque stalinienne, ces concepts ont été fabriqués après 1956 par la pensée occidentale de gauche pour garder les idéaux communistes. » (Alexandre Soljenitsyne, L'Erreur de l'Occident[8])

Notes et références

  1. Etude parue en 1976 et traduite (partiellement) en français en 1987. Il manque le troisième volume en français.
  2. Cité par Nicolas Werth, « Stalinisme », dans Jean-Pierre Azéma et François Bédarida (dir.), 1938-1948 : Les années de tourmente, de Munich à Prague. Dictionnaire critique, Paris, Flammarion, 1995, p. 1063.
  3. Alexandre Soljenitsyne, L'Erreur de l'Occident, 1980, p. 50 (Édition Cahiers Rouges, 2006).
  4. Soljenitsyne, ibid., p. 51.
  5. Thèse voisine de celle d'André Glucksmann dans son essai La Cuisinière et le mangeur d'hommes, 1975. L'URSS ne s'est jamais prétendue communiste, mais seulement socialiste, le communisme n'étant que son objectif à terme, en tout cas affiché.
  6. « Trotsky proteste beaucoup trop ».
  7. La Révolution inconnue, tome 2, pp.87-88, 1947
  8. Alexandre Soljenitsyne, L'Erreur de l'Occident, Grasset, 1980, p.46-47

Bibliographie


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