Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !
Runnan Wan
Runnan Wan (万润南 en chinois; wàn nùnnán en pinyin) est un homme d'affaires chinois et ingénieur en logiciel, qui est né le 29 octobre 1946 à Yixing dans la province du Jiangsu, en Chine. En tant que militant des droits de l'homme, il s'est impliqué dans le mouvement démocratique chinois. Il est allé à l'université afin d'étudier l'ingénierie. Puis, il a connu la répression de la part des nouveaux dirigeants communistes fanatiques qui se sont installés avec la révolution culturelle balayant le pays tout entier. Il fut contraint d'interrompre ses études par les autorités et envoyé pour travailler de force comme cheminot à la campagne. Il est finalement diplômé en 1970 comme ingénieur de l'Université Tsinghua et il a ensuite occupé un poste à l'Académie chinoise des sciences.
La création de son entreprise privée dans la chine communiste de 1984
En 1984, Runnan Wan a fondé une entreprise à Zhongguancun, La "Stone Emerging Industries Company" (en chinois : 四通新型产业公司, en pinyin : Sìtōng xīnxíng chányè gōngsī), était destinée à produire des logiciels informatiques avec son produit phare, le traitement de texte anglo-chinois. Le système fut lancé sous le nom de MS-2400. C'est alors que la machine à écrire chinoise a finalement été éclipsée et rendue superflue par l'introduction de l'innovation technologique du traitement de texte informatisé en assurant une impression plus rapide des caractères chinois.
Il a débuté grâce à un prêt de 20 000 yuans, puis l'entreprise a connu une croissance rapide. Elle a atteint un chiffre d'affaires de 8 millions de yuans en 1989. L'entreprise a employé plus de 2 000 personnes et possédait des succursales à Hong Kong, en Australie, en France et aux États-Unis, dans la Silicon Valley de la Californie. À la fin des années 1980, Stone Corporations était considérée comme la plus grande entreprise privée de Chine, ce qui a valu à Runnan Wan le titre officieux de principal homme d'affaires chinois.
L'implication de Runnan Wan dans la protestation étudiante chinoise de 1989
Avec d'autres entrepreneurs, il a soutenu les manifestants qui tentaient de faire avancer la cause de la liberté en Chine. C'était le 4 juin 1989. C'est alors que les troupes militaires chinoises ont pris d'assaut la place Tiananmen à Pékin et ont massacré des centaines d'étudiants et de citoyens. Elles mirent ainsi fin aux manifestations pacifiques parce que les dirigeants chinois estimaient qu'elles menaçaient de renverser le régime communiste. Les images du manifestant solitaire et anonyme, lors de ce printemps de Pékin, se tenant fixement debout devant la colonne de chars qui avançait, symbolise cette culture chinoise dans son comportement noble de mécontentement selon l'oxymore d'une colère provoquante et paisible. Ce symbole de résistance calme continue d'inspirer de nombreuses personnes dans le monde qui souhaitent contrer sans les armes toutes les répressions et agressions des chefs d'État.
Dès le commencement des manifestations pro-démocrates au printemps 1989, Runnan Wan a fourni un soutien matériel aux manifestants de la place Tiananmen et il a aidé à organiser les négociations entre les étudiants et le gouvernement. Cependant, il savait qu'il y avait un risque pour les étudiants si la place Tiananmen n'était pas évacuée. Mais ses avertissements n'ont pas été écoutés et le massacre a rapidement suivi.
Après la répression du 4 juin 1989, craignant pour sa sécurité, il s'est enfui en France.
La France : la deuxième ville natale de Runnan Wan
Runnan Wan est non seulement une célébrité chinoise qui a apporté d'importantes contributions au développement de l'économie privée et au progrès politique de la Chine, mais il a aussi une profonde affection pour la France. Un mois après le massacre, il s'est réuni à Paris avec d'autres exilés tels que Wuer Kaixi et Yan Jiaqui. Ils ont créé la Fédération pour une Chine démocratique. Lors de la conférence inaugurale, Runnan Wan fut nommé secrétaire général de l'organisation et entérina la résolution appelant à un marché libre en Chine.
Il est ensuite parti aux Etats-Unis où il a vécu pendant quinze ans pour finalement venir s'installer en France, qu'il considère être comme sa deuxième maison natale, l'endroit où son cœur est en paix.
En tant que membre du bureau de la Fédération pour une Chine démocratique, il fut invité par le président de la République française, François Mitterrand, pour participer à la célébration du bicentenaire de la Révolution française. Et, il fut ému en écoutant le chef d'État français lui dire qu'un gouvernement qui a massacré sa propre jeunesse est un gouvernement qui n'a pas de lendemain. Le groupe des étudiants chinois se situait en tête de cortège lors du défilé du 14 juillet. Mais, Runnan Wan prend ses distances avec le dirigeant socialiste car il n'est pas dupe. Il sait que les socialistes veulent s'approprier le mouvement de la jeunesse chinoise en 1989 comme une continuation lointaine de l'esprit de la Révolution française de 1789. Si la Révolution française se propage et se manifeste encore dans ce monde, pensent-ils, le mouvement en Chine en 1989 en fait partie. Mais les manifestations chinoises n'ont rien de révolutionnaires et de sanglantes contre un despotisme monarchique. La jeunesse chinoise veut se soulager du joug totalitaire et pesant du régime communiste chinois qui les privent de liberté de vivre et de s'exprimer.
L'histoire de Runnan Wan avec la société française remonte bien avant 1989. Il est entré en contact avec la culture française, et presque amoureux de celle-ci, quand il était beaucoup plus jeune. Il fut attiré par la littérature française quand il était au collège en Chine et se mit à lire beaucoup de livres de la bibliothèque de l'établissement scolaire. Il fut immédiatement fasciné par cet océan de la littérature française. Les très grands écrivains français, comme Honoré de Balzac (Eugénie Grandet, Le Père Goriot) et Victor Hugo (Les Misérables, Notre Dame de Paris, Hernani, Quatre-vingt-treize) lui ont ouvert la fenêtre qui mena son esprit vers la liberté au travers de leurs écrits remplis d'humanisme et de réalisme.
Les convictions libérales de Runnan Wan
Lorsqu'il a commencé à créer son entreprise en Chine dans les années 1980, Runnan Wan était conscient des problèmes que rencontrait l'économie chinoise. Il fut particulièrement sensible aux défections institutionnelles concernant la propriété. En Chine, les moyens de production appartenaient encore majoritairement à l'État. À la campagne, par exemple, le système d'exploitation était régi par la responsabilité de l'auto-contrat. C'est-à-dire que la terre appartenait à l'État mais les agriculteurs individuels étaient responsables de la façon dont la terre était utilisée. Ils devaient obligatoirement remplir les quotas fixés par les hommes de l'État, mais les agriculteurs pouvaient aussi cultiver d'autres choses et ainsi conserver les bénéfices tirés de l'excédent. Cependant, l'État en tant que propriétaire pouvait décider à tout moment de choisir son exploitant et les modes d'exploitation. Cette incertitude sur l'avenir créait une instabilité institutionnelle défavorable au développement durable de l'agriculture chinoise et à la stimulation des entrepreneurs agricoles pour s'adapter à l'évolution de la demande.
Informations complémentaires
Publications
- 1990,avec Daniel R. Pruzin, "Freeman Interview: Wan Ronnan", The Freeman, May, Vol 40, n°5, pp176-182
- 1992, "Ma nouvelle compréhension du néoautoritarisme", Perspectives Chinoises, n°3 p13 (Traduction de Michel Bonnin)
Lien externe
- "La France dans les yeux de WAN Runnan, entrepreneur et dissident chinois", entretien en chinois de Runnan Wan sur la chaîne Cap33 Web TV, publié le 4 juin 2014 sur Youtube.