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Monarchomaque

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Un monarchomaque est un libelliste qui s'élève contre l'absolutisme royal qui s'établit à la fin du XVIe siècle, en Europe occidentale.

François Hotman, monarchomaque français

Les monarchomaques sont actifs au cours de la deuxième moitié du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle. Ils prônent une certaine « souveraineté du peuple », très différente du concept contemporain du même nom, bien éloigné des considérations politiques de l'époque. L'existence au XVIe siècle des monarchomaques (du grec ancien μαχομαι combattre donnant étymologiquement le sens de « ceux qui combattent le monarque ») démontre que la théorie de l'absolutisme n'était pas une évidence. On les trouve dans de nombreux pays (France, Espagne...) ; certains sont catholiques (Juan de Mariana, Jean Boucher) mais la plupart protestants (Philippe de Mornay, François Hotman, Théodore de Bèze, Hubert Languet, George Buchanan).

Pensée politique

Searchtool-80%.png Article connexe : Tyrannicide.

La doctrine des monarchomaques était héritière de Démosthène en faisait le modèle du parfait dévouement démocratique. Aristote y voyait une loi de la nature. Cicéron s'en servit pour justifier l'assassinat de César.

Le débat sur le tyrannicide fit l'objet de débat entre les théologiens scolastiques ; Thomas d'Aquin proposa de distinguer l'usurpateur, qui pouvait toujours être tué, du prince légitime, mais exerçant son pouvoir de façon néfaste. Celui-ci ne pouvait pas être tué. Cependant, s'il était établi que le droit de choisir un prince appartenait au peuple, celui-ci pouvait se révolter et renverser le prince, sauf si cela risquait d'entraîner des maux plus graves encore.

Cette théorie théologique fut combattue au Moyen Âge par les légistes (juristes théoriciens du pouvoir royal) qui tentèrent de la retourner en réservant le titre de tyran à celui qui tentait de renverser le roi en place et en justifiant ainsi l'assassinat politique voulu par le monarque.

Au XVIe siècle, la théorie du tyrannicide reprit de la vigueur chez les monarchomaques, dans le contexte des guerres de religion. Ce fut d'abord une doctrine protestante, reprise par les catholiques quand il y eut des rois protestants. Les monarchomaques ont en particulier développé l'idée selon laquelle, si le roi persécutait la vraie religion, il violait le contrat conclu entre Dieu et le peuple et celui-ci pouvait donc se révolter. Il est évident qu'une telle idée, particulièrement répandue chez les protestants français, a pu inspirer l'assassin d'Henri III, le moine Clément et celui d'Henri IV, Ravaillac.

On retrouve d'ailleurs l'idée du tyrannicide dans les doctrines révolutionnaires, pour justifier la condamnation et l'exécution d'un roi, mais aussi pour faire de l'insurrection contre le tyran, quel qu'il soit, le droit et même le devoir de tout citoyen (Déclaration des droits de l'homme de 1789 et de 1793). On en trouve encore des traces chez les anarchistes de la fin du et chez ceux qui complotèrent contre Hitler, et même contre le général de Gaulle.

Bibliographie

  • 1967, Madeleine Marabuto, Les théories politiques des monarchomaques français, thèse de droit, Paris
  • 2001, Stefan Bildheim, "Calvinistische Staatstheorien : historische Fallstudien zur Präsenz monarchomachischer Denkstrukturen im Mitteleuropa der Frühen Neuzeit" [Théories calvinistes de l'État : études de cas historiques sur la présence de structures de pensée monarchomachiques au début de l'Europe centrale moderne], Francfort-Berlin, P. Lang
  • 2007, Paul-Alexis Mellet, "Les Traités monarchomaques. Confusion des temps, résistance armée et monarchie parfaite (1560-1600)", Droz, ISBN 2600011390

Voir aussi



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