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Exposition universelle de 1851
Histoire du Royaume-Uni | |
L'Exposition universelle de 1851 est une manifestation d'Exposition des œuvres de l’Industrie de toutes les Nations (Great Exhibition). C'est la première Exposition universelle qui va durer de mai à octobre 1851 et accueillir 6 millions de visiteurs.
Contexte
Depuis 1756, des expositions industrielle et agricole organisées par la Royal Society of Arts and Manufactures, puis par d’autres Sociétés ou Académies : initiatives privées (en France les Expositions sont organisées par l’État à partir de 1798). La taille augmente progressivement : l'Exposition de 1848 rassemble plus de 700 objets et accueille 73 000 visiteurs. Les Français ont donné de leur côté le modèle du grand bâtiment d’exposition. À Birmingham (1849) un édifice de 1000 m2 est aménagé.
Albert de Saxe-Cobourg-Gotha (1819-1861), qualifié de prince consort seulement en 1857, époux de la reine Victoria depuis 1840, est l’initiateur principal de l’Exposition : rapprocher la monarchie et le machinisme, le trône et le travail.
L'Angleterre est alors le pays pionnier de la Révolution industrielle, de loin la première puissance économique du monde. Le pays le plus riche du monde, celui où le PNB par habitant est le plus élevé : 523 millions de livres (13 075 000 000 francs-or) et 25 livres (625 francs-or) par habitant en 1851. L’Angleterre est un des rares pays européens épargnés par la vague révolutionnaire de 1848. Mais les souvenirs d’émeutes et de manifestations de la misère prolétarienne inquiètent : tant de richesses étalées ne vont-elles pas exciter la populace ? Des régiments entiers sont cantonnés dans les faubourgs pour l’inauguration, et à Hyde Park plusieurs bataillons de la Garde, la cavalerie et 6000 policemen. En fait tout devait se passer dans le calme.
Le 2 mai 1851 Victoria dans une lettre à son oncle le roi des Belges Léopold parle du « jour le plus grand de notre histoire » : « le spectacle le plus beau, le plus imposant, le plus touchant qu’on ait jamais vu ». Pour Palmerston « c'est un jour glorieux pour l’Angleterre », « Avec la vapeur et la Bible, les Anglais traversent l’univers ».
Un festival technologique
Le Crystal Palace
Le Palais de Cristal a été construit à Hyde Park, en dépit des protestations des habitants, des propriétaires, de parlementaires ultra-protestants et du Times : pour eux, on va abîmer ou détruire le parc et ses arbres centenaires. Ce bâtiment prométhéen a été édifié par 2260 ouvriers : il mesure 1851 pieds de long sur 456 de large : soit 600 m sur 150. Les 7 hectares permettent d’abriter 109 000 pièces exposées. C'est une architecture d’avant-garde employant métal et verre, des matériaux industriels pour un bâtiment fonctionnel.
Il a été construit en 7 mois seulement (39 semaines) : cette construction toute nouvelle n’a été rendue possible que par les techniques industrielles. Il contient 300 000 panneaux de verre tous identiques. Ce gigantesque temple de verre est une cathédrale de l’industrie avec son plan en croix latine avec large transept, trois fois plus long que la cathédrale Saint-Paul. C'est « le plus grand temple jamais élevé aux arts de la paix » pour certains. Cette image même de la construction moderne sera beaucoup imité : ainsi le Palais de l’Industrie à Paris en 1855.
Son concepteur est Joseph Paxton, un amateur, un self-made-man, un jardinier (au service du duc de Devonshire 1826-1858). C’est un spécialiste de la construction des serres : Chatsworth devient un des parcs les plus célèbres du monde avec sa vaste collection de serres.
Le triomphe de la machine
L'Exposition accueille 14 000 exposants : 7500 du Royaume-Uni et des colonies ; 6500 du reste du monde. Les emplacements sont fournis gratuitement aux exposants. La machine est reine : locomotives, modèles de ponts métalliques, presses hydrauliques, lentilles géantes de phares, machines-outils, marteau-pilon de Nasmyth (500 T) ; machines diverses : à battre le grain, à écraser la canne à sucre, à fabriquer l’eau de Seltz, à plier les enveloppes, à rouler les cigarettes… Les machines sont avant tout anglaises et mettent en avant la supériorité de la vapeur. Elles sont représentées en mouvement et regroupées au Nord-Ouest.
L'ambition est technique mais aussi esthétique et morale : trilogie de l’Utile, du Beau et du Bien. À l’entrée : d’un côté une statue géante de Richard Cœur de Lion (le Courage) ; de l’autre un bloc de charbon de 24 tonnes (la Puissance) La fontaine de cristal, au centre de l’exposition, masse translucide de 10 m de haut unit industrie et art.
Rule Britannia : l'esprit victorien
L’Angleterre, centre du monde
Le monde est organisé autour de l’Angleterre : place des uns et des autres, dispositions dans le bâtiment. La Grande-Bretagne et ses colonies occupent la moitié ouest, les pays étrangers la partie est. L’Exposition démontre la supériorité de l’entreprise anglaise, de la manufacture anglaise, du commerce anglais, du capital anglais, de l’habileté des ingénieurs et ouvriers anglais. La sélection des objets a été opérée par des comité locaux pour l’Angleterre ; des commissaires de chaque pays pour l’étranger. Les objets sont regroupés en 30 catégories avec autant de jurys composés pour moitié d’étrangers (en proportion du nombre des exposants). Les récompenses ne sont pas des prix en espèces mais des médailles. Un tiers des exposants primés seront des Anglais (ou des colonies).
Les valeurs libérales
L’aspect économique est déterminant : liberté du commerce, libre concurrence comme moteur du progrès. D’où nécessité d’abolir les taxes protectrices sur les marchandises. Mais il est interdit de vendre pendant l’exposition les objets exposés, mais aussi d’afficher leurs prix. Il s’agit d’exalter le pur esprit du progrès.
Le credo du progrès
L’Exposition reflète l'optimisme du temps : 1851 préfigure un âge de bien-être, de paix et de bonheur universels. L’homme désormais maîtrise la matière. Dans le même temps il est fait référence au Tout-Puissant (il ne s’agit pas de matérialisme). Le progrès, la science, la domination de la nature vont de pair avec la soumission à Dieu, la Bible, la foi. Cette liturgie mi-religieuse, mi-scientiste est une célébration sacrale du génie industriel qui donne à l’Angleterre la mission de guide de l’humanité. Elle exalte une éthique victorienne : succès de l’industrie, vertus du labeur, mérites des travailleurs où innovation et amélioration des conditions sociales sont liées.
Une nouvelle ère
Les années 1840 avaient été the hungry forties, années de conflits et de misère. L’Exposition marque l’entrée dans une nouvelle ère : the fabulous fifties. L’historien libéral Thomas B. Macaulay parle de 1851 comme d'une année mémorable : « année singulièrement heureuse de paix, d’abondance, de bons sentiments, de plaisirs innocents et de gloire nationale. » Elle sera un éclatant succès, notamment financier (ce qui sera rare pour les Expositions suivantes) avec 6 millions de visiteurs payants. Le Crystal Palace est démonté en 1852 et remonté à 10 km de Londres (à Sydenham), puis inauguré en 1854 comme musée. Il devait être détruit par un incendie en 1936. L’Exposition marque l’entrée dans la civilisation industrielle. L’avenir appartient au labeur personnel et à la concorde nationale et internationale. Les expositions universelles vont désormais se multiplier mais surtout hors d’Angleterre dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Sources
- Linda Aimone, Carlo Olmo, Les Expositions universelles, 1851-1900, Belin 1993
- François Bedarida, La société anglaise 1851-1975, Arthaud 1976
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