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Duncan Black
Duncan Black | |||||
Économiste | |||||
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Dates | 1908-1991 | ||||
Tendance | École du Choix Public | ||||
Nationalité | Écosse | ||||
Articles internes | Autres articles sur Duncan Black | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur Duncan Black | |||||
Duncan Black, né le 23 mai 1908, à Motherwell, en Écosse, décédé le 14 janvier 1991, était un économiste écossais qui a posé les bases de la théorie du choix social. Duncan Black est issu d'une famille ouvrière. Il a obtenu son diplôme de la Dalziel High School à Motherwell, puis a étudié les mathématiques et la physique à l'Université de Glasgow. Par la suite, il s'est inscrit à un programme d'économie et de politique, qu'il a brillamment terminé avec les honneurs en 1932.
Duncan Black a commencé sa carrière en tant qu'enseignant à la Dundee School of Economics, qui fit partie plus tard de l'Université de Dundee. C'est là qu'il a été influencé par son collègue Ronald Coase, l'instigateur de la théorie de la firme. Par la suite, Duncan Black a enseigné à l'University College of North Wales (aujourd'hui l'Université de Bangor) et à Glasgow.
Duncan Black a également occupé des postes de visiteur aux États-Unis, notamment aux universités de Rochester, de Chicago, de Virginie et de Michigan State. Ces opportunités se sont ouvertes après que William H. Riker ait examiné son travail en 1961. En reconnaissance de ses réalisations, il a été élu membre honoraire étranger de l'American Academy of Arts and Sciences en 1980.
L'Édification d'une Science Pure de la Politique
Duncan Black a laissé une empreinte significative dans le domaine de la théorie du choix social. Il est particulièrement connu pour avoir découvert les travaux de nombreux premiers scientifiques politiques. En tant que jeune économiste, il avait pour vision le développement d'une science pure de la politique qui placerait la science politique sur le même terrain théorique que l'économie. Toutes ses recherches étaient fondées sur une idée apparemment simple mais profonde : modéliser les phénomènes politiques en termes des préférences d'un ensemble donné d'individus par rapport à un ensemble donné de propositions, les mêmes propositions apparaissant dans le calendrier des préférences de chaque individu.
La vision de Duncan Black était de développer une théorie politique basée sur les préférences individuelles, mettant ainsi l'accent sur le rôle central des choix et des préférences des individus dans les décisions politiques. Cette approche avait pour objectif de donner à la science politique une base théorique solide, tout comme l'économie, en reconnaissant que les acteurs politiques sont motivés par leurs propres préférences et intérêts.
La notion fondamentale de son travail était de comprendre comment les individus, ayant des préférences distinctes, évaluent et choisissent parmi différentes propositions politiques. Cette approche a conduit à l'élaboration de théories telles que le théorème de l'électeur médian et à la création de la théorie du choix public, qui ont révolutionné la façon dont nous comprenons les processus de prise de décision en politique.
Le père fondateur de l'école du choix public
À une époque où l'économie politique semblait connaître une période sombre, marquée par une séparation croissante entre l'économie et la science politique, un individu peu connu allait jouer un rôle clé dans la réconciliation de ces deux domaines. Il s'agit de Duncan Black. Il était alors relativement méconnu mais ses contributions devaient allumer la lumière d'une renaissance intellectuelle. Duncan Black a essentiellement redécouvert des idées qui avaient été avancées plus tôt par deux nobles français du 18e siècle (Jean-Charles de Borda et le Marquis Nicolas de Condorcet), puis avaient été perdues, pour être redécouvertes à la fin du 19e siècle (en 1884) par Charles Dodgson, plus connu sous le nom de Lewis Carroll, pour ensuite être à nouveau oubliées. Cependant, étant donné que la découverte de Duncan Black n'a pas été perdue, il doit être considéré comme le véritable fondateur de la théorie du choix public.
La contribution de Duncan Black ne se limite pas à la redécouverte de ces idées perdues, mais aussi à leur intégration et à leur développement dans le cadre de la théorie du choix public. Grâce à sa perspicacité, sa recherche minutieuse et sa contribution majeure à la compréhension des processus politiques et économiques, son travail a jeté les bases d'une nouvelle compréhension des mécanismes de prise de décision politique et a ouvert la voie à de nouvelles avancées dans ce domaine.
En 1948, Duncan Black a jeté les bases du programme de recherche sur le choix public avec la publication d'un article fondateur sur la rationalité de la prise de décision en groupe. Cette publication a marqué le début d'une nouvelle ère d'études et de recherches qui allait redonner vie à l'interaction entre l'économie et la science politique. En 1948, Duncan Black a publié un article intitulé "On the Rationale of Group Decision-making". Cet article a joué un rôle central dans le lancement du programme de recherche sur le choix public et a jeté les bases de son héritage durable en tant que père fondateur de cette discipline. Dans cet article, Black a examiné la rationalité derrière la prise de décision en groupe, ouvrant ainsi la voie à une compréhension plus approfondie de la manière dont les individus et les groupes prennent des décisions en matière de politique et d'économie. Ce travail novateur a contribué de manière significative à la réconciliation entre l'économie et la science politique, marquant le début d'une nouvelle ère d'études interdisciplinaires.
En 1951, Duncan Black a collaboré avec R. A. Newing pour publier l'ouvrage intitulé "Committee Decisions with Complementary Valuation". Cet ouvrage est un jalon important dans le domaine de la théorie de la décision en groupe. Dans ce livre, Black et Newing ont exploré en profondeur les décisions prises au sein des comités en utilisant une approche de valorisation complémentaire. Leur travail a jeté les bases pour une meilleure compréhension des mécanismes de prise de décision au sein des groupes et des comités, élargissant ainsi la portée de la recherche sur le choix public. Cet ouvrage a été une ressource précieuse pour les chercheurs et les étudiants intéressés par les processus de décision collective.
Grâce à ses travaux novateurs et à sa perspicacité dans le domaine de la prise de décision en groupe, Duncan Black a acquis une renommée durable en tant que père fondateur du choix public. Son travail a ouvert la voie à de nombreuses études ultérieures sur la façon dont les individus et les groupes prennent des décisions en matière de politique et d'économie. Kenneth Arrow et Anthony Downs furent les premiers é reprendre ces recherches et à enrichir le débat sur le public choice.
Les contributions de Duncan Black n'ont pas seulement marqué son époque, elles ont également laissé un héritage durable dans le domaine de l'économie politique. Son rôle dans la réconciliation de l'économie et de la science politique continue d'être reconnu et célébré par les chercheurs et les universitaires du monde entier.
Le Théorème de l'électeur médian de Duncan Black (1958)
Le théorème du vote de l'électeur formulé par Duncan Black en 1958 constitue un modèle de démocratie directe dans lequel des alternatives au statu quo peuvent être proposées sans coût, et dans lequel les institutions de la démocratie représentative ne jouent pas un rôle explicite. Les hypothèses comportementales concernant les individus sont simples :
- . Libre Proposition d'Alternatives : Dans ce modèle, les citoyens ont la possibilité de proposer des alternatives politiques sans encourir de coûts. Cela signifie qu'ils peuvent suggérer des politiques différentes de celles en place sans obstacles financiers.
- . Absence d'Institutions Représentatives : Contrairement à la démocratie représentative, où les citoyens élisent des représentants pour prendre des décisions en leur nom, ce modèle suppose que les institutions représentatives ne jouent pas de rôle explicite. Les décisions politiques sont prises directement par les citoyens.
- . Comportement des Individus : Les hypothèses comportementales sont simples. Les citoyens votent sincèrement pour la plateforme politique qui maximise leur bien-être, en fonction de la structure de l'économie privée. En d'autres termes, ils choisissent la politique qui est la plus avantageuse pour eux, étant donné leur situation économique personnelle.
- . Absence d'Incertitude Électorale : Une autre hypothèse importante est qu'il n'y a aucune incertitude quant à la manière dont chaque électeur votera. Cela signifie que les préférences et les choix des électeurs sont totalement prévisibles.
Ce modèle sert de base à l'analyse des systèmes de démocratie directe, où les citoyens ont un pouvoir de décision direct sur les politiques publiques, sans passer par des représentants élus. Il permet d'explorer comment les citoyens, agissant de manière rationnelle et en recherchant leur propre bien-être, peuvent influencer les décisions politiques dans un tel contexte.
La Redécouverte du Paradoxe de Condorcet par Duncan Black
Dans sa quête de connaissance, Duncan Black a redécouvert en 1948 le paradoxe de Condorcet relatif aux majorités cycliques, ouvrant ainsi une avenue extrêmement féconde de recherche en théorie du choix public. Il est essentiel de reconnaître la réalisation de Black, car la reconnaissance de la redécouverte du paradoxe de Condorcet est souvent et incorrectement attribuée à Kenneth Arrow. Duncan Black a soulevé plusieurs questions importantes et proposé quelques réponses préliminaires liées à ce paradoxe.
- Les Questions Clés Soulevées par Duncan Black
- . Est-ce que le Paradoxe est Inévitable ? : La première question posée par Black concerne la possibilité que le paradoxe de Condorcet se produise inévitablement dans certains contextes de vote. La réponse de Duncan Black à la première question, concernant l'inévitabilité du paradoxe de Condorcet, était que ce dernier n'est pas inévitable. Au cœur de cette réponse se trouve le célèbre théorème du vote du médian, qui sera expliqué et évalué ultérieurement dans cette section.
- . À Quelle Fréquence se Produit le Paradoxe ? : La deuxième question porte sur la fréquence à laquelle le paradoxe peut être attendu dans les résultats des votes à la majorité. En répondant à la deuxième question sur la fréquence du paradoxe, Duncan Black a porté son attention sur le cas spécial de trois électeurs et trois alternatives, ce qui est maintenant connu sous le nom de la "culture impartiale" (impartial culture). Dans ce contexte, il a examiné les préférences et les choix possibles pour illustrer comment le paradoxe pourrait se manifester, en particulier lorsque les préférences sont distribuées de manière égale entre les alternatives.
- . Facilité de Détection du Paradoxe : La troisième question concerne la facilité de détection du paradoxe à partir des preuves disponibles sur les résultats des votes à la majorité. En répondant à cette question concernant la facilité de détection du paradoxe de Condorcet, Duncan Black a formulé deux résultats utiles. Ces résultats ont contribué à éclairer comment le paradoxe pouvait être identifié dans le cadre des processus de vote. Le premier résultat stipule que sous des procédures d'amendement standard, en supposant des votes sincères, un paradoxe de vote sera toujours révélé s'il y a autant de tours de vote que d'alternatives moins un. En d'autres termes, si le nombre de tours de vote est égal au nombre d'alternatives moins un, le paradoxe deviendra apparent. Le deuxième résultat est le théorème selon lequel le paradoxe de vote est toujours révélé si des données sont disponibles sur toutes les comparaisons par paires entre les alternatives. Cela signifie que si l'on dispose d'informations sur toutes les confrontations directes entre les alternatives, le paradoxe deviendra évident. Ces résultats ont une grande importance dans le contexte de la théorie du choix public. Ils montrent comment, dans certaines conditions, il est possible de détecter le paradoxe de Condorcet, même si les électeurs votent sincèrement. En outre, le deuxième résultat souligne que si l'on dispose de données sur toutes les comparaisons par paires, le paradoxe est révélé, ce qui peut aider à identifier les situations où des cycles de préférences se produisent. Ces résultats renforcent également l'idée que dans un système de vote complet où un gagnant à la majorité existe, les électeurs n'ont aucune incitation à voter ne façon non sincère.
- . Longueur du Cycle : Enfin, la quatrième question se demande quelle est la longueur typique d'un cycle dans le contexte du paradoxe de Condorcet. Cette quatrième question portant sur le nombre probable d'alternatives situées dans un cycle principal, n'a pas été directement abordée par Duncan Black. Cependant, il a fourni plusieurs informations sur les relations entre les cycles, ce qui peut aider à comprendre cette question. Il a noté certaines observations importantes sur les relations entre les cycles de préférences. Par exemple, il a remarqué que si deux cycles se croisent et partagent une même motion, il doit être possible de former un cycle qui inclut toutes les motions des deux cycles. Cela suggère que les cycles de préférences ne sont pas nécessairement isolés les uns des autres et qu'ils peuvent avoir des éléments communs. Il a également examiné le cas de trois cycles non-intersectants, où chaque motion dans le premier cycle l'emporte sur chaque motion dans le deuxième cycle, et où chaque motion dans le deuxième cycle l'emporte sur chaque motion dans le troisième cycle. Dans de telles circonstances, les cycles peuvent interagir pour connaître le nombre d'alternatives situées dans un cycle principal. Bien que Duncan Black n'ait pas fourni une réponse directe à la quatrième question, son travail a jeté les bases pour comprendre les relations complexes entre les cycles de préférences dans le contexte du paradoxe de Condorcet. Ces réflexions ont contribué à élargir la compréhension de la nature et de la structure des cycles de préférences en politique.
La contribution de Duncan Black en redécouvrant et en explorant le paradoxe de Condorcet a été fondamentale pour le développement de la théorie du choix public. Ses questions et ses réponses préliminaires ont ouvert de nouvelles voies de recherche qui ont permis de mieux comprendre les mécanismes de prise de décision collective et les limites de la démocratie majoritaire. Il est donc essentiel de reconnaître le rôle central de Duncan Black dans cette avancée significative.
La rationalité de prise de décision en groupe
Le programme de recherche sur le choix public a été lancé en 1948 grâce à l'article de Duncan Black sur la rationalité de la prise de décision en groupe. Cet article a démontré que, dans certaines conditions, au maximum une motion est capable de sécuriser une majorité simple sur toutes les autres motions. Plus précisément, si les préférences des électeurs sont unimodales (ou "single-peaked") dans un espace unidimensionnel de questions, un équilibre unique existe dans la motion préférée par l'électeur médian. Pour Duncan Black (1948), ce résultat était l'équivalent en science politique de l'équilibre concurrentiel sur le marché en économie.
En d'autres termes, cet article de Duncan Black a établi un parallèle entre la prise de décision en politique et le fonctionnement des marchés concurrentiels en économie. Il a montré que, sous certaines conditions spécifiques, il existe une motion ou une politique qui obtient un soutien majoritaire, similaire à la façon dont un produit ou un service peut devenir dominant sur un marché concurrentiel en économie. Ce concept a été fondamental pour la compréhension des processus de prise de décision politique et a contribué de manière significative au développement ultérieur de la théorie du choix public.
Dans les premières contributions à la théorie du choix public, notamment celles de Duncan Black en 1948, le motif du vote a été considéré comme un déterminant clé de l'équilibre sur le marché politique. Duncan Black (1948) a élaboré le théorème de l'électeur médian selon lequel les candidats politiques concurrents sont motivés par des considérations électorales pour converger vers un équilibre unique et stable qui reflète les préférences politiques l'électeur médian.
Le théorème de l'électeur médian est une idée fondamentale de la théorie du choix public. Il postule que dans un système démocratique, les candidats politiques ont intérêt à se positionner politiquement de manière à attirer les électeurs situés au centre de l'échiquier politique, c'est-à-dire l'électeur médian. Cette stratégie vise à maximiser leurs chances de remporter les élections, car le candidat qui capture le vote de l'électeur médian a de fortes chances de gagner.
En conséquence, les candidats politiques sont incités à converger vers les positions politiques de l'électeur médian. Cette convergence crée un équilibre politique stable, car aucun candidat n'a intérêt à s'écarter trop du centre politique, ce qui le priverait du soutien de l'électeur médian.
Ces idées, formulées par Duncan Black en 1948, ont jeté les bases de la théorie du choix public. Elles ont profondément influencé la compréhension de la manière dont les acteurs politiques prennent des décisions et se positionnent dans le paysage politique. Le théorème de l'électeur médian reste un concept clé dans l'analyse politique contemporaine et continue de guider la recherche en économie politique et en théorie du choix public.
Publications
- 1948,
- a. "On the rationale of group decision-making", Journal of Political Economy, Vol 56, n°1, pp23-34
- Repris en 1969, In: Kenneth J. Arrow, T. Scitovsky, dir., "Readings in welfare economics", London: George Allen and Unwin, pp133-146
- b. "The decisions of a committee using a special majority", Econometrica, Vol 16, n°3, pp245-261
- c. "The elasticity of committee decision with an altering size of majority", Econometrica, Vol 16, pp261-272
- a. "On the rationale of group decision-making", Journal of Political Economy, Vol 56, n°1, pp23-34
- 1950, "The Unity of Political and Economic Science", Economic Journal, Vol 60, pp506-514
- 1951, avec R. A. Newing, "Committee Decisions with Complementary Valuation", London: William Hodge
- 1958, "The Theory of Committees and Elections", Cambridge: Cambridge University Press
Littérature secondaire
- 1981,
- Ronald Coase, "Duncan Black: Bibliographical Sketch", In: Gordon Tullock, dir., "Toward Science of Politics", Virginia Polytechnic Institute and State University, Blacksburg, Virginia, pp1-10
- B. Grofman, "The theory of committees and elections: the legacy of Duncan Black", In: Gordon Tullock, dir., "Toward Science of Politics", Virginia Polytechnic Institute and State University, Blacksburg, Virginia
- 1987, B. Grofman, "Black, Duncan", In: J. Eatwell, M. Milgate, P. Newman, dir., "The New Palgrave: A Dictionary of Economics", London: Macmillan, pp250-251
- 1991,
- Charles Rowley, "Duncan Black: pioneer and discoverer of public choice", Journal of Public Finance and Public Choice, Vol 2, pp83-87
- Gordon Tullock, "Duncan Black: The Founding Father", Public Choice, Vol 71, pp125-128
- 1993, Ronald Coase, "Duncan Black 1908-1991", Proceedings of the British Academy, Vol 82
- 1995, Gordon Brady, Gordon Tullock, dir., "Duncan Black: Selected Works of the Unpublished Legacy", Dordrecht: Kluwer Academic Press
- 1998,
- Ronald Coase, "Foreword", dans la seconde édition du livre de Duncan Black, "The Theory of Committees and Elections, Kluwer, Boston
- Ronald Coase, "Foreword", dans la seconde édition du livre de Duncan Black et R. A. Newing, "Committee Decisions with Complementary Valuation", Kluwer, Boston