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Daron Acemoglu
Daron Acemoglu | |||||
Économiste | |||||
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Dates | 1967- | ||||
Tendance | |||||
Nationalité | Turquie, États-Unis | ||||
Articles internes | Autres articles sur Daron Acemoglu | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur Daron Acemoglu | |||||
Daron Acemoglu, né le 3 septembre 1967, est un économiste, Arménien de Turquie et naturalisé américain. Il enseigne au MIT. Il est lauréat de la médaille John Bates Clark en 2005. En 2024, il reçoit le Prix Nobel d'économie, avec Simon Johnson et James A. Robinson, « pour leurs études sur la façon dont les institutions sont formées et affectent la prospérité ». Il fait partie des vingt économistes les plus cités dans la littérature académique.
Biographie
Il est diplômé en économie de l'université de York au Royaume-Uni.
Il a obtenu son doctorat en économie à la London School of Economics en 1992. En 1993, il rejoint le corps professoral du MIT.
Travaux académiques de Daron Acemoglu
Les travaux de Daron Acemoglu couvrent un large spectre, avec un focus particulier sur l'économie des institutions. Pour Daron Acemoglu, les individus sont essentiellement motivés par la recherche de leurs intérêts matériels. Les idées ne gouvernent pas le monde, les intérêts seuls sont le moteur de l’histoire : l’économie agit comme infrastructure, les idéologies comme superstructures. Il est en particulier l'auteur de Economic Origins Of Dictatorship And Democracy: Economic And Political Origins, avec James A. Robinson.
En 1995, Daron Acemoglu a développé un modèle de l'entrepreneuriat en suivant les traces de William Baumol. Il discuta du compromis entre l'entrepreneuriat productif et improductif. Selon lui, les structures de récompense sont déterminées de manière endogène parce que les comportements improductifs passés des entrepreneurs constituent des éléments déterminants pour évaluer les récompenses actuelles. Dans la lignée de la littérature sur l'entrepreneuriat institutionnel, il a adopté un raisonnement qui précise comment les sociétés peuvent se retrouver piégées dans une recherche d'équilibre de rente qu'elles sont alors impuissantes à modifier.
Des institutions inclusives pour le développement des nations
Selon Daron Acemoglu et John Robinson (2012), les nations développent deux types d'institutions économiques : celles qui sont inclusives et celles qui sont exclusives. Les institutions économiques inclusives permettent et encouragent la grande masse de population à participer à des activités économiques qui utilisent au mieux leurs talents et leurs compétences. Elles autorisent en toute liberté les individus à faire leurs propres choix dans la limite de leurs responsabilités. Pour être inclusives, les institutions doivent sécuriser la propriété privée, assurer un système juridique impartial et offrir des services publics dans des conditions équitables. Dans ces institutions, chacun peut échanger et contracter librement. L'entrée de nouvelles entreprises dans un secteur d'activité économique doit être totalement libre et chacun doit être laissé libre de choisir sa carrière.
Les institutions extractives sont très différentes, selon la définition des auteurs. Elles sont conçues volontairement ou involontairement pour extraire des revenus et des richesses d'un sous-ensemble de la société au profit d'un autre sous-ensemble. L'aspect constructiviste de ces institutions conduit à penser que l'objectif intentionnel de leur fonction est de capter des richesses aux dépens de certains de leurs membres. Ainsi, les institutions économiques extractives profitent aux élites au détriment de la société globale, tandis que les institutions politiques extractives permettent aux mêmes élites de structurer de façon évolutive les futures institutions politiques.
Les différentes perspectives du changement institutionnel
Daron Acemoglu, avec Simon Johnson et James A. Robinson, (2005)[1] proposent plusieurs perspectives complémentaires sur le changement institutionnel. Selon la première perspective, les institutions pourraient évoluer en fonction de considérations d'efficacité. Cela signifie que les changements institutionnels découlent de la recherche de solutions plus efficientes pour répondre aux défis économiques et sociaux. Lorsqu'une institution existante ne parvient pas à atteindre des objectifs souhaités ou génère des inefficacités, il peut y avoir une motivation à la changer pour en adopter une meilleure adaptée aux circonstances actuelles.
Une autre perspective mise en avant par Daron Acemoglu concerne les différences idéologiques. Selon cette vision, les changements institutionnels découlent d'opinions divergentes sur la manière dont une société devrait être structurée et gérée. Les groupes aux croyances idéologiques différentes pourraient exercer des pressions pour introduire des changements institutionnels qui reflètent leurs valeurs et leurs objectifs. Ainsi, les institutions pourraient évoluer afin de mieux correspondre à l'idéologie dominante, ou en réponse à des mouvements idéologiques émergents.
La troisième perspective met en évidence le changement institutionnel incidentel. Dans ce cas, les institutions changent, non pas en raison d'un plan délibéré, mais plutôt par accident ou comme résultat d'actions humaines qui n'étaient pas intentionnellement conçues pour modifier les institutions. Par exemple, des changements dans le comportement humain ou dans la structure sociale peuvent indirectement entraîner des modifications dans les institutions, même si celles-ci n'étaient pas la cible directe de ces actions.
Enfin, la quatrième perspective met en lumière le rôle des groupes politiquement puissants dans le changement institutionnel. Selon cette vision, les institutions évoluent en raison des choix et des intérêts des groupes qui détiennent le pouvoir politique. Ces groupes peuvent influencer le processus de changement institutionnel en fonction de leurs objectifs et de leurs préférences. Leur pouvoir politique leur permet de façonner les institutions pour favoriser leurs propres intérêts.
La relation entre la démocratie et la réussite des nations
En 2006, avec James A. Robinson, il se sert de la théorie des jeux pour modéliser les origines de la démocratie moderne. Pour bâtir le modèle, Acemoglu a recours au Rasoir d’Occam : les élites détienne de facto le pouvoir ou la richesse (et généralement les deux). Dans les démocraties, c’est le peuple qui décide ; dans les « non-démocraties », ce sont les élites. Les élites s’opposent donc à la démocratie lorsqu’elles ont tout à y perdre ; les peuples s’accommodent de la « non-démocratie » dans des sociétés stables qui ne croissent pas, parce que les injustices y sont supportables. Mais en période de croissance, les rapports de force et les exigences se modifient. Ainsi, les élites cèdent lorsque le coût de la démocratie leur paraît moindre que celui de la résistance à celle-ci.
Aucune démocratie ne pourra donc être instaurée ni devenir stable, si elle n’est pas fondée sur la nécessité économique d’un partage entre les élites et le peuple. Les auteurs sont arrivés à la conclusion que les démocraties émergent face à la dictature lorsque les autorités doivent faire des concessions pour éviter de perdre totalement le pouvoir. Autrement dit, la démocratie est liée et dépendante de la dictature.
Dans le livre écrit en commun avec James A. Robinson en 2019, Le corridor étroit (The Narrow Corridor. States, Societies, and the Fate of Liberty), les auteurs prolongent leur volume écrit précédemment intitulé Pourquoi les nations s'effondrent. Les deux livres sont axés sur l'étude des institutions et des États. Dans ce dernier ouvrage, ils précisent davantage les conditions institutionnelles qui doivent être remplies pour obtenir une réussite économique et démocratique des États. Les auteurs écartent le fait qu'une démocratie libérale soit la garantie d'une société qui fonctionne, comme l'exemple de l'Inde l'a montré. Au lieu de cela, ils soutiennent que la démocratie est un élément de base crucial, qui doit être constamment nourri et entretenu grâce aux interactions sociétales et au développement institutionnel. Les auteurs soulignent le rôle joué par les institutions qui conduisent à de bonnes pratiques de gouvernance et de responsabilité. Ils étudient la manière dont les nations ont créé un État suffisamment fort pour maintenir l'ordre, et les moyens employés pour contrôler le Léviathan en phase de croissance. Ils soutiennent qu'il n'y a rien d'intrinsèquement stable ou d'automatique dans le prétendu contrat sociétal établie par le concept de démocratie libérale. Les sociétés stables trouvent toujours leur origine dans la concurrence économique, sociale et politique évoluant dans un « couloir étroit ». Par conséquent, les démocraties libérales doivent donc maintenir et reproduire des institutions afin de rester sur cette bande étroite d'une stabilité sociétale et vers la croissance économique.
Informations complémentaires
Notes et références
Publications
- 1995, "Reward Structures and the Allocation of Talent", European Economic Review, Vol 39, pp17-33
- 1998, avec J. -S. Pischke, Why do firms train? Theory and Evidence, Quarterly Journal of Economics
- 2000,
- a. avec Thierry Verdier, "The Choice Between Market Failure and Corruption", American Economic Review, Vol 90, n°1, March, pp194–211
- b. avec J. A. Robinson, "Political losers as a barrier to economic development", The American Economic Review, Vol 90, n°2, pp126-130
- 2001,
- a. avec Simon Johnson, James Robinson, “The Colonial Origins of Comparative Development: An Empirical Investigation”, American Economic Review, Vol 91, n°5, pp1369-1401
- b. avec Simon Johnson et James Robinson, "Reversal of Fortune: Geography and Institutions in the Making of the Modern World Income Distribution", NBER Working Paper n°8460
- c. avec J. Angrist, "Consequences of employment protection? The case of the Americans with Disabilities Act", Journal of Political Economy, Vol 109, pp915-957
- d. avec James Robinson, "A Theory of Political Transitions", American Economic Review, Vol 91, n°4, pp938-963
- 2002, avec Simon Johnson, James Robinson, “Reversal of Fortunes: Geography and Institutions in the Making of the Modern World Income Distribution”, Quarterly Journal of Economics, Vol 117, n°4, pp1231-1294
- 2003,
- a. avec Simon Johnson et James Robinson, "An African Success Story: Botswana", In: D. Rodrik, dir., "In Search of Prosperity: Analytic Narratives on Economic Growth", Princeton, N.J.: Princeton University Press, pp80–119
- b. "Why not a political Coase theorem? Social conflict, commitment and politics", Journal of Comparative Economics, Vol 31, n°4, pp620–652
- 2005,
- a. avec Simon Johnson, “Unbundling Institutions”, Journal of Political Economy, Vol 113, n°5, pp949-995
- b. avec Simon Johnson, James Robinson, "Institutions as the Fundamental Cause of Long Run Growth", In: Philippe Aghion, Steve Durlauf, dir., "Handbook of Economic Growth", Amsterdam: North-Holland, Elsevier, ch 6, Vol 1, pp385–472
- c. avec Simon Johnson, James Robinson, "The Rise of Europe: Atlantic trade, institutional change and growth", American Economic Review, Vol 95, n°3, pp1231–1294
- d. "Constitutions, politics, and economics: A review essay on Persson and Tabellini’s ‘The economic effects of constitutions’", Journal of Economic Literature, Vol 43, pp1025–1048
- 2006, avec James A. Robinson, "Economic Origins of Dictatorship and Democray", New York: Cambridge University Press
- 2007, avec Philippe Aghion, Claire Lelarge, John Van Reenan, Fabrizio Zilibotti, “Technology, Information and the Decentralization of the Firm”, Quarterly Journal of Economics, February, Vol 122, n°4, pp1759-1799
- 2008,
- a. avec James A. Robinson, "Persistence of Power, Elites and Institutions", American Economic Review, 98(1), pp267-293
- b. "Oligarchic versus Democratic Societies", Journal of the European Economic Association", Vol 6, n°1, pp1–44
- 2009,
- a. "The Crisis of 2008: Structural Lessons for and from Economics", MIT. Mimeo
- b. "Introduction to modern economic growth", Princeton (NJ): Princeton University Press
- 2010,
- a. "The Crisis of 2008: Lessons for and from Economics", In: Jeffrey Friedman, dir., "What Caused the Financial Crisis", University of Pennsylvania Press
- b. "Theory, general equilibrium, and political economy in development economics", Journal of Economic Perspectives, Vol 24, pp17–32
- 2012,
- a. avec James Robinson, "Why Nations Fail: The Origins of Power, Prosperity and Poverty", New York: Random House
- traduction française en 2015, Prospérité, puissance et pauvreté: Pourquoi certains pays réussissent mieux que d'autres, Markus Haller, Acheter sur Amazon
- b. avec James Robinson, "Is This Time Different? Capture and Anti-Capture of US Politics", The Economists' Voice, vol 9, n°3
- a. avec James Robinson, "Why Nations Fail: The Origins of Power, Prosperity and Poverty", New York: Random House
- 2015,
- a. avec James A. Robinson, "The Rise and Decline of General Laws of Capitalism",Journal of Economic Perspectives, Vol 29, pp3–28
- b. avec David Laibson, John A. List, "Economics", New York: Pearson Education
- 2019, avec James A. Robinson, "The Narrow Corridor. States, Societies, and the Fate of Liberty", Penguin Publishers, New York
- Traduit en espagnol en 2019, "El pasillo estrecho", España: Deusto.
- Traduction française en 2021, Le Couloir étroit - Les États, les sociétés, et la lutte éternelle pour la liberté, Les Novateur.e.s, 584 p., Acheter sur Amazon
- 2023, Power and Progress: Our Thousand-Year Struggle Over Technology and Prosperity, Basic Books, 560 p.
Littérature secondaire
- 2012, Ross B. Emmett, "Inclusive Institutions and Bourgeois Dignity", commentaire du livre de Daron Acemoglu & James A. Robinson, "Why Nations Fail: The Origins of Power, Prosperity and Poverty", Faith & Economics, n°60, Fall, pp61-69
- 2020, Henri Aaltonen, Jari Eloranta, commentaire du livre de Daron Acemoglu et de James A. Robinson, "The Narrow Corridor. States, Societies, and the Fate of Liberty", Configurações, Vol 26, n°1, pp151-154
- 2023, Ryan Murphy, Colin O’Reilly, "The Expansive Corridor: Testing Acemoglu and Robinson", Journal of Development Studies, Vol 59, n°7, pp1060-1075
Liens externes
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