Alfred Sauvy

Alfred Sauvy
Économiste, démographe, sociologue
Dates	1898-1990
Tendance
Nationalité	France
Articles internes	Autres articles sur Alfred Sauvy
Citation	« C'est parce que, depuis deux siècles, les Occidentaux ont cherché à supprimer des emplois que le nombre des emplois a augmenté dans une proportion inédite dans l'histoire »
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Alfred Sauvy, né le 31 octobre 1898 et mort à Paris le 30 octobre 1990, est un économiste, démographe et sociologue français. Ses travaux ont eu une influence significative sur la compréhension des questions de population, de démographie et de développement économique ; il est connu comme le père de l'expression tiers monde ou pour sa théorie du déversement. Il fonda l'INED, siégea au Conseil économique et social et fut professeur au Collège de France.

Pensée et travaux d'Alfred Sauvy

Esprit indépendant, il ne fit pas véritablement partie d'une école de pensée spécifique, mais marqua différentes disciplines par ses apports. Alfred Sauvy est avant tout connu pour avoir inventé le terme tiers monde en 1952. Il l'utilisa pour décrire les pays du monde économiquement défavorisés, et qui n'étaient ni les pays riches du premier monde (les pays industrialisés) ni les pays communistes du deuxième monde. Ce concept a été largement utilisé pour discuter des disparités économiques et sociales entre les nations.

Démographe reconnu, il plaida de manière régulière pour la prise en compte des sujets démographiques dans les décisions publiques. Alors que les hommes politiques raisonnent à l'horizon de la prochaine élection, il s'alarma régulièrement sur l'absence de prise en compte des enjeux démographiques, par exemple sur la retraite par répartition. Ce que Michel Godet appela plus tard le « théorème de Sauvy » régit le fonctionnement de la retraite par répartition : les retraites futures ne se préparent pas en s’occupant des personnes âgées, mais en mettant au monde des enfants et en les élevant correctement. Une retraite par répartition doit tenir compte, non des cotisations versées par le passé (qui n'existent plus) mais de la démographie, puisque les pensions des moins jeunes sont prélevées sur les revenus des plus jeunes. Les politiques qui ont fait le choix d'une retraite par répartition en négligeant les aspects démographiques ont mis en danger le pays. Les libéraux considèrent que l’État n'a pas à se mêler de natalité ou de retraites, et défendent dès lors la retraite par capitalisation où les travailleurs cotisent pour eux.

Sauvy s'intéressa également à l'étude de la migration des populations, en particulier des migrations internationales. Ses travaux ont contribué à la compréhension des causes et des conséquences de la migration. Il s'inquiéta aussi largement des évolutions démographiques disparates entre des pays développés vieillissants, et un tiers monde jeune. Il déclarait ainsi en 1986 : « La question du terrorisme provenant du Proche-Orient est dérisoire à côté du déséquilibre qui se profile en Méditerranée occidentale. On oublie totalement l'effondrement de la natalité en Espagne et en Italie, encore beaucoup plus grave que celui de la France. À côté de cela, l'Algérie et le Maroc doubleront leur population dans vingt-cinq ans […] Il y aura bientôt une disproportion dangereuse, non seulement dans les nombres mais aussi les âges. D'un côté des peuples jeunes, exubérants et de l'autre, des vieux pensant à leur retraite et à leur tranquillité. D'où un déséquilibre dangereux et la tentation de s'assurer un espace vital »

C'était un ardent défenseur du progrès scientifique et technique, et de la productivité face au luddisme.

Penseur également de la bureaucratie, il introduisit en 1956 dans La Bureaucratie le terme de « burelain », par analogie avec « châtelain », afin de définir le bureaucrate dans son royaume.

Citations

• « Despote conquérant, le progrès technique ne souffre pas l'arrêt. Tout ralentissement équivalant à un recul, l'humanité est condamnée au progrès à perpétuité. »
• « C'est parce que, depuis deux siècles, les Occidentaux ont cherché à supprimer des emplois que le nombre des emplois a augmenté dans une proportion inédite dans l'histoire.... Le culte de l'improductivité créatrice d'emplois a certes existé de tout temps. La plupart des gens face à une dépense improductive, si hauts qu'ils soient placés dans la hiérarchie, estime que cela crée des emplois. Contresens affligeant, ce ne sont pas les tâches qui manquent mais les moyens de les rémunérer. »

Publications choisies

• 1976, L’Économie du diable. Chômage et inflation, Calmann-Lévy, 247 p., [prés. en ligne]
• 1985, De la rumeur à l'histoire, Dunod, 304 p., [prés. en ligne]
• 1990 : La terre et les hommes : le monde où il va, le monde d’où il vient, Economica, 187 p., [prés. en ligne]

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