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Économie sociale de marché
L’économie sociale de marché se propose de réaliser la synthèse entre la liberté économique et la justice sociale. Cette formulation a longuement été contestée sur sa signification réelle puisqu'elle peut varier comme un oxymore reliant potentiellement deux extrêmes. Pour certains, l'économie de marché est incontournable avec une constitution sociale institutionnelle, pour d'autres auteurs, elle est incompatible.
Une vision constitutionnelle de l'économie sociale de marché
Pour certains auteurs, l’État doit mettre en œuvre une politique de concurrence au nom de la liberté économique. Au nom de la justice sociale, il doit lutter aussi contre les inégalités engendrées par le système économique et mener une politique sociale. Pour ces auteurs, le terme "social" modifie et corrige à terme l'économie de marché. Donc, ce serait une formule qui impliquerait essentiellement une intervention publique pour changer l'économie de marché.
Dans cette vision, l’économie sociale de marché veut permettre aux individus la poursuite de leurs intérêts respectifs dans le cadre de la coordination par le marché et dans les limites fixées par la loi. Elle comprend des éléments constituants (konstituierende Elemente), formés par l’État de droit avec l’organisation de la propriété et de la concurrence, et des éléments complémentaires (ergänzende Elemente), qui sont la politique sociale et la politique de stabilisation macroéconomique.
Mais cette thèse constitutionnelle et interventionniste de l'économie sociale de marché est complètement trompeuse. Il y a, en effet, aucune chance d'atteindre collectivement un nouvel ordre rationnel, sans établir une constitution économique qui réponde à la nécessité de principes éthiques. Mais, l'économie de marché sociale, selon la définition que donne son principal théoricien, à savoir Alfred Müller-Armack, qui a inventé le terme et qui a consacré toute son activité scientifique et politique, en tant que collaborateur de Ludwig Erhard, conçoit l'économie de marché concurrentielle et sa composante sociale comme fondement de la société, n'entraînant pas de modifications par la voie politique du modèle économique, mais elle la présuppose et s'y conforme selon les principes clairs et intangibles de la concurrence formulés et garantis par la constitution. Elle doit être basée sur la responsabilité des acteurs économiques et donc sur la liberté du marché et des prix.
Le système politique ne doit pas modifier les fondements de l'économie de concurrence mais doit s'y conformer
La pensée de l'économie sociale de marché a été initiée par Alfred Müller-Armack qui exprime très clairement le contenu humain de l'économie de marché. La base théorique de l'économie de marché sociale provient également de l'École de Fribourg avec Walter Eucken et Franz Böhm autour du mouvement de l'ordo-libéralisme qui, à la fin des années 1930 et au début des années 1940, ont compris l'importance de l'ordre de la concurrence comme un moyen d'organiser de grandes sociétés de masse sur la base d'un nouveau projet de reconstruction de la société allemande. Alexander Rüstow et Wilhelm Röpke, indépendamment de l'école de Fribourg, ont développé leur concept de politique d'économie de marché avec des idées communes sur l'économie sociale de marché.
En effet, historiquement, L’économie sociale de marché constitue le projet de société proposé au peuple ouest-allemand par le gouvernement de Konrad Adenauer, après la fondation de la république fédérale d’Allemagne. Avec les succès économiques des années 1950, elle obtient l’adhésion des principales forces politiques et sociales, ainsi que celle des couches les plus larges de la population. En 1959, le parti social-démocrate (SPD) adopte le programme de Bad Godesberg (Grundsatzprogramm der Sozialdemokratischen Partei Deutschlands). Celui-ci affirme que la libre concurrence et la libre initiative de l’entrepreneur sont des éléments importants de la politique économique social-démocrate. Il insiste aussi sur le rôle des pouvoirs publics. Il consacre le ralliement de la social-démocratie allemande à l’économie sociale de marché.
Les difficultés économiques croissantes des années 1960 et 1970 ont occasionné des critiques vis-à-vis de l’économie sociale de marché[1]. La plus grande partie de la population ouest-allemande continue évidemment à se reconnaître dans le système d’économie sociale de marché, qui a fait la preuve de son efficacité. Comme l’ont montré les élections législatives du 18 mars 1990 en ex-R.D.A., la grande majorité des Allemands de l’Est souhaitent que ce système soit aussi le leur.
La préférence pour le marché concurrentiel en tant qu'ordre économique découle de la conception anthropologique des capacités potentielles de l'être humain. Ce potentiel comprend à la fois les limites non encore atteintes et également les failles dues à la nature humaine. L'homme doit accepter les conditions historiques dans lesquelles il est et il ne peut s'attendre à construire un système parfait. La vision sociale constructiviste d'une nouvelle organisation sociale peut le conduire, dans certains cas, aux pires extrémités.
Informations complémentaires
Notes et références
- ↑ Le succès politique des "Verts" a correspondu avec l’institutionnalisation d’un discours fondamentalement contestataire. Il constitue l’un des éléments les plus importants du paysage politique allemand. Devenue largement l’affaire de tous, l’écologie a modifié la vision qu’ont les Allemands de la croissance économique. L’insistance sur la protection de l’environnement (Umweltschutz) n’a pas seulement permis aux Verts de s’intégrer à la politique allemande. Elle a aussi obligé les autres partis politiques à donner une place importante à ce thème dans leurs programmes respectifs et le gouvernement fédéral à renforcer les mesures de protection de l’environnement.
Bibliographie
- 1997, E. Müller, "Evangelische Wirtschaftsethik und Soziale Marktwirtschaft" ("L'éthique économique de l'évangile et l'économie sociale de marché"), Neukirchen-Vluyn
- 2008, Flavio Felice, "L’economia sociale di mercato" (L'économie sociale du marché), Soveria Mannelli, Rubbettino
- 2010,
- Flavio Felice, Francesco Forte, dir., "Il liberalismo delle regole. Genesi ed eredità dell’economia sociale di mercato" ("Le libéralisme des règles. Genèse et héritage de l'économie sociale de marché" ), Soveria Mannelli, Rubbettino
- A. Magliulo, "L’economia sociale di mercato e la Costituzione italiana", In: "Le regole della libertà. Studi sull’economia sociale di mercato nelle democrazie contemporanee", Centro Tocqueville-Acton, Annale 2010, pp113-124
- 2011, Francesco Forte, "L’economia sociale di mercato secondo Alfred Müller Armack" ("L'économie sociale de marché selon Alfred Muller-Amack"), Libertas. Cattolici per la libertà, Trimestriel de culture politique et économique, n°1, juin, pp28-31
- 2012,
- Enzo Di Nuoscio, "Market social economy. The Left and the humanism of the “social market economy", Libertas. Cattolici per la libertà, Trimestriel de culture politique et économique, n°3, juin, pp4-7
- Flavio Felice, "Market social economy. The Social Doctrine of the Church in the theoretical perspective of the social market", Libertas. Cattolici per la libertà, Trimestriel de culture politique et économique, n°3, juin, pp8-11
- 2016, Flavio Felice, "For an economic humanism Wilhelm Röpke’s “Civitas Humana” and the social market economy", Global & Local Economic Review, Vol 20, n°2, pp61-78