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Juste prix
Définition
Le juste prix ("fair value" en anglais) est une notion théorique et virtuelle plus proche de la valeur (= estimation) que du prix (= de marché).
Le juste prix serait, selon les approches :
- le prix potentiel estimé à partir d'éléments considérés objectifs (coût, utilité, rareté, etc.) ;
- le prix souhaitable en fonction d'appréciations considérées éthiques ;
- un mot vide de sens.
Pour les actifs financiers, concernant la relation entre le juste prix et le prix de marché, il y a deux approches :
- l'hypothèse d'efficience du marché qui considère que les deux concordent ;
- et la finance comportementale qui note des écarts pouvant être importants et durables entre les deux.
Qu'est-ce que le juste prix ?
Souvent, on entend que les joueurs de football ou les stars sont trop payés, les débats autour des marges réalisées par les grandes chaînes de supermarchés popularisent l'idée que les fournisseurs sont payés trop peu et que le client paye trop, les articles proposés en rayon.
Néanmoins, sur quoi repose cette appréciation : sur la coutume ? sur une échelle comparative des valeurs, incalculable mais intimement ressentie (à l'image de l'hypothèse des marqueurs somatiques d'Antonio Damasio), entre différents produits apparemment incommensurables ? selon le jeu de l'offre et de la demande (mais alors la notion de juste, devient une notion très relative dans le temps) ?
Qui peut définir le juste prix ? L'État, qui, ayant accès à cette échelle de valeur idéale fixerait les prix ou sommerait, dans un système mixte, les marchés de rester dans des fourchettes de prix décentes ? Les marchés seuls ?
Exemples :
- les demandes autoritaires faites aux grandes surfaces par N. Sarkozy de baisser les prix de 3% à 5% en 2004 - voir article de Libres.org
- le prix unique du livre, qui en France (loi du 10 août 1981) oblige les éditeurs et les importateurs à fixer un prix pour chaque ouvrage édité ou importé, prix unique auquel le même livre sera vendu par tous les détaillants (à concurrence de la remise légale de 5 % qu'ils peuvent pratiquer). Le prétexte invoqué, d'essence collectiviste, est "fondé sur le refus de considérer le livre comme un produit marchand banalisé et sur la volonté d'infléchir les mécanismes du marché pour assurer la prise en compte de sa nature de bien culturel qui ne saurait être soumis aux seules exigences de rentabilité immédiate" (à croire que les éditeurs travaillent gratuitement !) et sur la prétention du gouvernement d'alors d'assurer "l'égalité des citoyens devant le livre" !
Position libérale
Le juste prix est celui que détermine le marché, au travers de la loi de l'offre et de la demande, ou conformément à la subjectivité de la valeur, c'est-à-dire qu'il s'agit du prix dont conviennent un vendeur et un acheteur à un instant donné et dans des circonstances données. Toute autre définition a recours à la théorie (fausse) de la valeur objective ou de la valeur-travail.
La notion de "justice des prix", qui existait encore au Moyen-Age, est erronée. Elle évacue toute référence au marché et renvoie à une notion de "Bien commun" qui commande les actions des individus de façon téléologique afin de faire coincider les actions individuelles avec ce Bien commun. A noter que le code Civil français a supprimé en droit l'action en lésion qui consistait sous l'Ancien Régime à pouvoir attaquer quelqu'un qui vend un objet supposément au-dessus de son "juste prix". Il est intéressant de constater que les partisans du "commerce équitable" réhabilitent une notion qui était déjà combattue au XVIe siècle par L'École de Salamanque. La notion de commerce équitable est au mieux une astuce marketing qui permet au client de se donner bonne conscience, au pire c'est une escroquerie intellectuelle néo-marxisante, le commerce étant considéré comme un mécanisme d'exploitation.
La notion de "juste prix", de même que la notion d'"échange inégal", est un prétexte pour l'État à règlementer et à s'immiscer dans les décisions des individus. Les prix imposés perdent toute pertinence économique, le but étant en réalité de favoriser certains producteurs aux dépens d'autres producteurs, voire des consommateurs (qui ne peuvent bénéficier de rabais, car ils ne peuvent acheter en dessous du "juste prix" obligatoire). Un autre but pour l’État est d'imposer une base de référence pour la taxation de biens (par exemple pour l'impôt sur la fortune), et cela même quand ces biens ne sont pas sur le marché et qu'il est donc impossible de connaître leur valeur réelle.
Voir aussi
Citations
- C'est le prix de marché qui est le prix juste, étant donnée la configuration des préférences des consommateurs. En outre, ce qui est le juste prix, c'est le prix concret, réel du marché, non le prix d'équilibre final, qui ne peut jamais apparaître dans le monde réel, ni le "prix de concurrence parfaite", qui n'est qu'une fiction imaginaire. (Peut-il y avoir un "impôt juste" ?, Murray Rothbard)
- ...lorsque mille ans d’efforts dépensés en vain pour découvrir des prix et salaires substantiellement justes furent abandonnés, que les derniers scolastiques reconnurent qu’il n’y avait là que des formules vides et qu’ils se mirent à enseigner, à la place, que les prix dégagés par la juste conduite des participants au marché – c’est-à-dire des prix concurrentiels exempts de fraude, de monopole ou de violence – étaient tout ce que la justice demandait. (Friedrich Hayek, Droit Législation et Liberté, tome 2)
Ressources
Livres
- Pascal Salin, Libéralisme (2000)
Articles
- Christian Michel, "Qu'est-ce que le juste prix" (01/1995)
- Jean-Louis Caccomo, "Taxez ces profits que je ne saurais voir" (22/02/2006)
- Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas dans le commerce équitable
- Le commerce équitable: une escroquerie intellectuelle ! par Marc Grunert
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