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Seconde République
La Seconde République est la plus courte et la plus méconnue des cinq républiques françaises. Elle naît de la Révolution de 1848 et s'achève par le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851. La France connaît pendant quelques mois une expérience socialiste.
La Révolution de Février
La Monarchie de Juillet s'effondre en trois jours. Le 22 février, une manifestation d'ouvriers et d'étudiants suite à l'interdiction du banquet final de la campagne des banquets. la fraternisation de la garde nationale et de la foule le 23 février révèle la grande impopularité de Guizot : ce dernier est renvoyé par Louis-Philippe mais des manifestants sont tués devant le ministère des Affaires étrangères ce qui provoque l'appel aux armes. Le 24, le vieux roi qui n'a plus de gouvernement, démoralisé, abdique en faveur de son petit-fils.
Mais le Palais-Bourbon a été envahie par les insurgés et un gouvernement provisoire se constitue autour des députés républicains. Pour éviter la constitution d'un autre gouvernement à l'Hôtel de ville, les parlementaires s'y rendent en hâte et la liste définitive est établie. C'est un compromis entre les républicains libéraux (les hommes du journal le National) et les démocrates plus ou moins ouverts au socialisme, ceux de la Réforme. Le socialiste Louis Blanc et l'ouvrier Albert, leader de société secrète, siègent aux côtés des parlementaires (Lamartine, Ledru-Rollin, Dupont de l'Eure, etc) et de journalistes (Marrast pour le National et Flocon pour la Réforme). La France a désormais un chef d'État à onze têtes mais les plus radicaux sont écartés des ministères. La République est proclamée immédiatement avant toute ratification populaire. Elle se veut démocratique avec le suffrage universel (masculin), généreuse en abolissant l'esclavage et souhaite se démarquer de la Terreur en abolissant la peine de mort en matière politique.
Les commissaires de la République s'installent dans les préfectures en province au rythme de la malle-poste : Émile Ollivier à Marseille le 29 février, par exemple. En raison des difficultés économiques, le peuple est agité : le château de louis-Philippe ) Neuilly, celui de Rothschild à Suresne sont forcés et pillés. A Lyon, les canuts attaquent les couvents accusés de concurrence déloyale. Dans les campagnes, en Alsace, dans les Pyrénées, les villageois s'ne prennent aux forêts domaniales et chassent les gardes forestiers. Cependant, l'armée d'Alger commandée par le duc d'Aumale, fils du roi déchu, se rallie satisfaite du maintien du drapeau tricolore.
Lamartine, ministre des Affaires étrangères, faisait figure de véritable chef du gouvernement. Diplomate de métier, parlementaire et académicien, venu du royalisme, il en gardait une méfiance à l'égard du libéralisme économique. Reprenant le terme d'ateliers nationaux à Louis Blanc, mais qui songeait à des coopératives de travailleurs, le gouvernement met en place en réalité des ateliers de charité pour trouver une solution au chômage. Une manifestation socialiste réclame la création d'un ministère du Travail le 28 février. On crée une « Commission du gouvernement pour les travailleurs » présidée par Louis Blanc assisté d'Albert qui siège au Luxembourg dans l'ancienne Chambre des Pairs. Par ailleurs, un décret fixe la durée maximale de la journée de travail en usine à 10 heures à Paris et 12 heures en province. Pendant quelques temps, la liberté d'expression la plus absolue règne. Mais l'euphorie conciliatrice dure peu. Louis Blanc se voit dépassé sur sa gauche par les hommes des clubs, Raspail et Auguste Blanqui.
Entre les deux camps, libéral et socialiste, la province doit arbitrer mais la gauche sentant bien qu'elle n'est pas majoritaire souhaite retarder les élections pour laisser au bon peuple des campagnes le soin de s'éveiller. En province tout le monde se dit républicain si bien que l'on distingue les « républicains de la veille » des « républicains du lendemain ». A l'occasion de la plantation des arbres de la liberté, le clergé bénit la cérémonie : l'Église bénéficie des tracasseries qu'elle a subie sous Louis-Philippe. Pour un temps très court catholicisme et républicanisme s'accordent. Ledru-Rollin, ministre de l'Intérieur, envoie une circulaire le 8 avril pour inciter les commissaires de la République a favoriser l'élection des républicains de la veille. Il s'agit d'élire quelques 900 « représentants du peuple. » Le 23 avril les élections donnent la majorité à une République libérale sans révolution sociale ni réaction monarchique. Les représentants d'origine ouvrière siègent au centre-gauche, l'extrême-gauche socialiste compte surtout des intellectuels, dont Lacordaire. Lors de la réunion du 4 mai, la Constituante proclame de nouveau mais cette fois officiellement et légalement la république.
L'échec du socialisme et le rétablissement de l'ordre
On revient au système de l'an III en instaurant une Commission exécutive de cinq membre : Lamartine, élu dans cinq départements, avait sa place d'office, il obtint de s'adjoindre Ledru-Rollin incarnant le progressisme non socialiste avec Arago, Garnier-Pagès et Marie, autres membres de l'ancien gouvernement provisoire. Le ministère est constitué de gens du National. Sous prétexte de manifester en faveur de la Pologne, les clubs d'extrême-gauche incite le peuple parisien à envahir l'Assemblée, le 15 mai. La sale est finalement évacuée par els forces de l'ordre et les leader extrémistes sont arrêtés. Lors des élections partielles, provoquées par les élections multiples d'avril, des hommes nouveaux entrent à la Constituante : Adolphe Thiers, Proudhon, Victor Hugo et Louis-Napoléon Bonaparte pour citer les plus connus. Ce dernier bine que validé par la majorité préfère démissionner depuis Londres.
Le 21 juin, la Commission cédant à la pression de l'Assemblée décide la suppression des ateliers nationaux. L'agitation ouvrière commence dès le lendemain. Un ouvrier répond à Arago venu discuter : « Ah, monsieur Arago, vous n'avez jamais eu faim ! » Le 23 juin des barricades sont dressés au cri de « La liberté ou la mort. » Karl Marx va voir dans les journées de juin la manifestation de la lutte des classes. L'Assemblée en tout cas se montre résolue à résister. En province, l'unanimité s'est faite derrière le gouvernement. la lutte est rude les 23, 24 et 25 juin 1848. Cavaignac se montre froid et résolu : le 24 juin, la Commission a du démissionner au profit du nouveau « chef du pouvoir exécutif. » L'archevêque de Paris, Mgr Affre, qui essaie de s'interposer, est victime d'un faubourien isolé. Qualifié de « prince du sang » par les faubourgs, le nouveau chef de l'État était un républicain de la veille, fils d'un conventionnel. il constitue un gouvernement strictement républicain tendance National.
Une des conséquences des journées de juin est la restriction de la liberté d'expression par une réglementation des clubs et le rétablissement du timbre et du cautionnement dans la presse. Louis Blanc doit s'exiler. En province cependant, les élections locales de juillet et août se déroulent dans le calme.
Les discussions sur le Constitution s'ouvrent le 4 septembre et le travail s'achève le 31 octobre avant le vote définitif du 4 novembre qui l'adopte par 739 voix contre 30. L'Assemblée s'est inspiré à la fois de la Révolution française de la république des États-Unis. Le préambule débute ainsi : « En présence de Dieu et au nom du Peuple français. » La Seconde République adopte le monocamérisme de la tradition révolutionnaire et l'élection d'un président de la République, chef d'État et chef de gouvernement à l'américaine. Le droit au travail est rejeté lors d'une discussion passionnée.
Les candidatures pour l'élection présidentielle sont sans surprise et deux hommes s'imposent : Cavaignac était favorisé par sa position ; Louis-Napoléon Bonaparte, élu finalement représentant lors d'une élection partielle en septembre, venait d'arriver à Paris et paraissait médiocre à la droite conservatrice qui en fit son candidat pour profiter de la popularité de son nom. Ledru-Rollin se voulait le candidat de l'opposition de gauche et Lamartine surestimait sa popularité. Le 10 décembre, la victoire de Bonaparte est écrasante : plus de 5 400 000 voix contre 1 400 000 à Cavaignac. Pour beaucoup désormais le bonapartisme apparaîtra comme le test de l'analphabétisme politique.
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