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Taxe Tobin
Principes
La taxe Tobin, suggérée en 1972 par le lauréat du Prix Nobel d'économie James Tobin, consiste en une taxation des transactions monétaires afin de désinciter à la spéculation. Le taux choisi serait faible, de 0,05 % à 1 %, mais, suffirait à être un « grain de sable » venu gripper la machine spéculative sans décourager les échanges non-spéculatifs. L'assiette et le taux seraient identiques dans tous les pays. Collectée et administrée par chaque gouvernement, les fonds recueillis seraient ensuite reversés à un organisme géré par le FMI, la Banque mondiale ou un organisme indépendant placé sous le contrôle de l'ONU. Les sommes ainsi récoltées seraient redistribuées prioritairement aux pays les moins avancés.
A l'heure actuelle elle est de plus en plus associée au concept développé par le professeur Paul Bernd Spahn et prend le nom de taxe Tobin-Spahn. Celle-ci est une taxe à double niveau: le premier niveau est un faible taux applicable aux transactions financières tant que celles-ci restent dans les limites d'une moyenne convenue, le deuxième niveau est un taux élevé (de l'ordre de 80%) qui s'applique automatiquement en cas d'instabilité financière.
Le taux du premier niveau, de l'ordre du centième de pourcent, est trop faible pour entraver les transactions productives mais constitue déjà un frein aux transactions spéculatives. Celles-ci, en effet, se caractérisent par des échanges financiers très rapides et très nombreux avec des marges bénéficiaires très faibles. C'est la répétition de ces échanges sur un court laps de temps qui permet d'accumuler des bénéfices importants. La taxe Tobin s'appliquant à chacune des transactions grèverait de façon importante le bénéfice final du spéculateur.
Histoire de l'idée
Les accords de Bretton Woods signés en 1944 ont été ratifiés par 44 pays. Ils visaient à rétablir le système monétaire mondial mis à mal suite à la Seconde Guerre mondiale. Le FMI et la Banque mondiale ont été créés à la suite de ces accords.
L'idée du professeur Tobin a connu un certain engouement depuis la crise mexicaine de 1992-1994. Le projet a été évoqué au sein de l'ONU, du G7 d'Halifax en 1995.
En 1997, l'association ATTAC se crée et milite en sa faveur, puis en 1999 la nébuleuse altermondialiste la met en bonne place dans la vitrine de ses slogans.
En janvier 2000, une résolution au Parlement européen, a été repoussée à une très faible majorité (229 voix contre 223) par la droite libérale (ainsi que les députés Anglais du Labour) et certains partis d'extrême gauche (LCR et LO). Depuis la Commission et le Parlement n'ont montré que peu de motivation pour elle. L'Union européenne est pourtant pressentie pour la première mise en place de la taxe (les lois votées par les parlements nationaux précisent qu'elle entrera en application dès que tout les pays de la zone euro l'auront inscrite dans leur droit).
Le 10 septembre 2003, James Tobin, qui avait déjà rejetée l'idée, déclare au journal Le Monde: « J’apprécie l’intérêt qu’on porte à mon idée, mais beaucoup de ces éloges ne viennent pas d’où il faut. Je suis économiste et, comme la plupart des économistes, je défends le libre-échange. De plus, je soutiens le Fonds monétaire international (FMI), la Banque Mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), tout ce à quoi ces mouvements (anti-mondialisation) s’en prennent. »
Pourquoi c'est une fausse bonne idée
- En dépit de son taux très faible, elle constituerait un frein aux échanges en général, étant donné qu'elle serait également prélevée sur des transactions de paiement et transfert non-spéculatives, du fait des entreprises fonctionnant en réseaux, et des contraintes d'optimisation de trésorerie en temps réel.
- Elle ne permettrait pas d'éviter les mouvements de capitaux de grande échelle, tels que ceux qui ont causé les crises asiatique et russe, son taux n'étant pas assez élevé pour être dissuasif.
- Elle serait dans une certaine mesure incompatible avec le secret bancaire, parce qu'elle nécessite la traçabilité des transactions financières. Il y aurait ainsi des difficultés administratives à instaurer ce système.
- Elle devrait être mise en place à une échelle mondiale ou continentale, ce qui implique une entente difficile à obtenir : une action isolée de quelques pays auraient des effets négatifs sur leur économie. Les paradis fiscaux risqueraient de ne pas coopérer.
- Elle constituerait une source de profit pour les établissements pratiquant l'ingénierie financière, capables de mettre au point des systèmes de compensation et des contrats dérivés contrant les effets de cette mesure. À titre d'illustration, la création du marché de l'Eurodollar dans les années 70 avait contourné les entraves réglementaires au replacement des avoirs en dollars externes aux États-Unis, pour le plus grand profit des places financières de Londres et Luxembourg.
- Les quelques millions de dollars que rapporteraient une telle taxe ne serviraient non seulement pas à grand chose, compte tenu de l'état de pauvreté extrême dans laquelle sont plongés les pays du Sud, mais encore empirerait considérablement la situation. En effet, la seule conséquence certaine de l'instauration de la taxe Tobin serait une paralysie des mouvements de capitaux dans le monde, ce qui serait désastreux pour les PED, lesquels, trop pauvres, n'ont pas les moyens de rassembler une épargne suffisante pour pouvoir investir et donc se développer. A l'image dans dragons asiatiques, les PED ont et auront besoin de l'épargne des étrangers pour pouvoir investir, chose qui sera rendue très difficile par un quasi-arrêt potentiel des mouvements de capitaux à travers la planète.
Ce n'est donc, en définitive ou bien une mesure efficace et néfaste, ou bien un voeu pieu ne servant qu'à relancer le temps d'un journal télévisé, les politocards français en mal de propositions révolutionnaires à annoncer pour sauver une France qu'ils ont tous contribués à affaiblir par la succession de leurs "grandes idées".
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