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Usure (finance)

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Initialement l'usure est l'intérêt que produit l'argent prêté ; du point de vue financier, c'est un taux d'intérêt abusif, obtenu d'un capital prêté ou d'une marchandise vendue à crédit au-dessus du taux fixé par la coutume ou la loi ; c'est aussi le fait de prêter de l'argent à ce taux d'intérêt.

Aristote considère que le commerce substitue l’argent aux biens ; l’usure crée de l’argent à partir de l’argent ; le marchand ne produit rien : tous sont condamnables d'un point de vue philosophique. Au contraire, l’agriculture et le « métier » permettent de fonder une économie naturelle où les échanges et la monnaie servent uniquement à satisfaire les besoins de chacun, ce qu’il valorise.

Jusqu'à la fin du Moyen Âge, en Europe, l'Église catholique romaine interdit la pratique de l'usure à ses fidèles, sur la foi des versets bibliques qui dénoncent le prêt à intérêt, mais aussi en prenant appui sur la critique aristotélicienne de la chrématistique. La doctrine de l'usure, objet de nombreux et subtils débats entre les Scolastiques (dont Thomas d'Aquin), évolue cependant tout au long de l'époque médiévale. A la fin du Moyen Âge, une distinction apparaît entre l'intérêt - pratique acceptable sous certaines conditions - et l'usure, qui va désigner la pratique du prêt à intérêt à un taux abusif, motivée par le seul profit.

William Petty, a contrario, développe une théorie de la valeur basée sur les intrants : les biens peuvent être évalués à partir des deux valeurs naturelles que sont la terre et le travail. Comme Richard Cantillon après lui, il cherche à déterminer la relation entre la terre et le travail (la « mère et le père » de la production) et à en exprimer la valeur. Petty s'implique dans le débat sur l'usure et les taux d'intérêt, analysant le phénomène comme un paiement compensant l'absence de perception immédiate de sa rémunération par le prêteur. Incorporant sa théorie de la valeur, il affirme qu'avec une sécurité parfaite, le taux d'intérêt doit être égal au loyer de la terre que le prêteur pourrait acheter. Quand la sécurité est plus ordinaire, la rémunération doit être plus importante afin de récompenser le risque. C'est une vision précoce de ce que seront plus tard les observations de l'équilibre général. Ayant établi la justification de l'usure elle-même, celle de l'absence de perception immédiate, il démontre aussi ses qualités hobbesiennes, plaidant contre une régulation gouvernementale des taux d'intérêt, pointant « la vanité et la stérilité de vouloir faire des lois positives contre les lois de la nature »

Aujourd'hui, en partie sur la base de la vieille distinction moyen-âgeuse, certaines législations condamnent l'usure, et dans ce but fixent des taux maximaux, dits taux de l'usure, pour les crédits qui sont accordés, cela en fonction du type de prêt. En revanche, l'Islam, dont le livre saint dénonce avec fermeté la pratique du prêt à intérêt, continue à ne pas établir de distinction entre intérêt et usure.


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