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Angelina Grimké
Angelina Grimké ou Angelina Emily Grimké Weld, née le 20 février 1805 à Charleston, en Caroline du Sud, décédée le 26 octobre 1879)[1] fut l'une des principales militantes contre l'esclavage et pour l'avancée des droits des femmes.
L'avancée des droits et la liberté d'expression des femmes
Elle est la première femme, avec sa sœur aînée Sarah[2], à défendre la liberté d'expression des femmes. En 1837, devant une foule hostile, elle fut la première femme aux États-Unis à donner des conférences devant un public mixte. Ceci semble aberrant qu'il y a moins de cent ans, il était peu recommandée voire socialement interdit, de laisser parler une femme devant une assemblée composée d'hommes et de femmes. Mais, pour Angélina Grimké, le défi était encore plus vaste que le fait de prévaloir le droit des femmes à faire des discours en public et de participer au discours politique[3]. Elle a commencé à lire davantage de littérature abolitionniste, notamment les périodiques The Emancipator et The Liberator de William Lloyd Garrison dont les articles l'impressionnèrent. Inspirée, elle écrit une lettre personnelle et l'envoie à William Lloyd Garrison[4]. Celui-ci fut impressionné et il la publia dans son journal anti-esclavagiste "The Liberator" en la louant d'éloges pour sa passion, son style d'écriture expressif et ses idées nobles. La lettre indiquait ses préoccupations et ses opinions sur les questions de l'abolitionnisme et de la violence de la foule. Elle lui a donné une grande position parmi de nombreux abolitionnistes, mais sa publication a offensé et suscité la controverse au sein de la réunion de Quaker orthodoxe, qui a ouvertement condamné un activisme aussi radical. Mais, cela n'a pas calmé ses ardeurs et elle s'est de plus en plus impliquée dans le mouvement abolitionniste. Elle assista à de nombreuses réunions et à des conférences anti-esclavagistes. Finalement, elle a rejoint la nouvelle Philadelphia Female Anti-Slavery Society en 1835.
Beaucoup de femmes abolitionnistes disposaient, comme elle, d'un esprit pieu et furent éduquées dans la culture religieuse Presbytérienne puis celle des Quakers ; cependant elle eut, plus que toutes les autres, une influence prépondérante grâce à sa détermination[5] pour défendre à la fois les droits des femmes et la cause anti-esclavagiste. Elle a donné des cours au sein de l'église presbytérienne et fourni des services religieux aux esclaves de sa famille. Elle a insisté sur le fait que la lutte contre l'esclavage était une bataille pour la dignité des êtres humains, elle ne concerne donc pas uniquement les hommes. S'inspirant de la théorie des droits naturels, de la Constitution des États-Unis, de ses valeurs chrétiennes tirées directement de la Bible et de ses propres souvenirs d'enfance de l'esclavage cruel et du racisme dans le Sud, Angélina Grimké a proclamé l'injustice de nier la liberté à tout homme ou à toute femme. Dans la ligne de pensée d'Hugo Grotius, elle a soutenu que tout esclavagiste est un voleur d'hommes et de femmes parce qu'un être humain dispose de droits inaliénables, parmi lesquels le droit à la liberté personnelle. Par conséquent, dit-elle, les propriétaires d'esclaves qui ont privé deux millions de personnes de ce droit sont des voleurs tout autant que la personne qui a capturé en premier un esclave. Les deux groupes sont punissables du même crime.
Même si de nombreux abolitionnistes étaient favorables au féminisme, ils se sont opposés à lier les deux questions de peur que la cause anti-esclavagiste la plus populaire ne soit endommagée par les droits des femmes d'apparence moins populaire, à l'époque. C'est pourquoi Angelina Grimké écrivait non seulement pour le grand public, mais aussi pour les abolitionnistes qui souhaitaient séparer les questions de l'esclavage et du sort des femmes.
Informations complémentaires
Notes et références
- ↑ Elle était la fille d'un éminent propriétaire de plantations, John Faucheraud Grimké. Lui et son épouse, Mary Smith, étaient tous les deux issus de riches familles de planteurs.
- ↑ Les deux sœurs ont maintenu une relation très forte tout au long de leur vie et ont vécu ensemble pendant la majeure partie de leur vie, bien qu'avec plusieurs courtes périodes de séparation.
- ↑ Angelina Grimké est devenue la première femme à parler devant un organe législatif américain le 21 février 1838, en prononçant un discours devant l'Assemblée législative du Massachusetts.
- ↑ William Lloyd Garrison (1805-1879) était un ardent défenseur des droits des femmes. Il était rédacteur en chef du Liberator, qui insistait sur le fait que l'anti-esclavage était une bataille pour les droits de l'homme, et non pour les droits des hommes. Il convenait que les femmes étaient propriétaires d'elles-mêmes mais il a résisté à l'association de la cause des droits de la femme avec la lutte contre l'esclavage de peur que cela ne nuise à cette dernière cause.
- ↑ Selon l'historienne Gerda Lerner (1967), Angelina Grimké disposait d'une force de caractère déjà durant son enfance. Elle n'était pas convaincue qu'il était juste de se conformer au jugement de quiconque qui la considérait comme inférieure, simplement parce qu'elle est une fille. Elle était d'une nature curieuse et franche, un trait qui irritait souvent les autres membres de sa famille et ses amis traditionnalistes.
Publications
- 1836, "Appeal to Christian Women of the South", New York: American Anti-Slavery Society
- 1838,
- a. "Letter I. Fundamental principle of abolitionists", In: Angelina Grimké, "Letters to Catherine E. Beecher in reply to An essay on slavery and abolitionism", Boston: Massachusetts, pp3-8 (lettre écrite le 12 juin 1837)
- b. "Letter II. Immediate emancipation", In: Angelina Grimké, "Letters to Catherine E. Beecher in reply to An essay on slavery and abolitionism", Boston: Massachusetts, pp9-13 (lettre écrite le 17 juin 1837)
- c. "Letter III. Main principle of action", In: Angelina Grimké, "Letters to Catherine E. Beecher in reply to An essay on slavery and abolitionism", Boston: Massachusetts, pp14-20
- d. "Letter IV. Connection between the north and south", In: Angelina Grimké, "Letters to Catherine E. Beecher in reply to An essay on slavery and abolitionism", Boston: Massachusetts, pp21-28
- e. "Letter XII. Human rights not founded on sex", In: Angelina Grimké, "Letters to Catherine E. Beecher in reply to An essay on slavery and abolitionism", Boston: Massachusetts, pp114-122 (lettre écrite le 2 octobre 1837)
- Repris en 1982, "Human rights not founded on sex", In: Wendy McElroy, dir., "Freedom, feminism, and the state: an overview of individualist feminism", Washington D.C.: Cato Institute, pp29-34
Littérature secondaire
- 1885, Catherine H. Birney, "The Grimke Sisters: Sarah and Angelina Grimke", Lee and Shepard
- 1963, Gerda Lerner, "The Grimké Sisters and the Struggle Against Race Prejudice", The Journal of Negro History, Vol 48, n°4, October, pp277–291
- 1967, Gerda Lerner, "The Grimké Sisters From South Carolina", New York: Schocken Books
- Nouvelle édition en 2004, "The Grimké Sisters from South Carolina: Pioneers for Women's Rights and Abolition", University of North Carolina Press
- 1974, Katharine Du Pre Lumpkin, "The emancipation of Angelina Grimké", Chapel Hill: University of North Carolina Press
- 1999,
- Ellen H. Todras, "Angelina Grimke: Voice of Abolition", Shoe String Press, Incorporated
- Stephanie Sammartino McPherson, "Sisters Against Slavery: A Story about Sarah and Angelina Grimke", Lerner Publishing Group
- 2009, Carol Berkin, "Civil War Wives: The Lives and Times of Angelina Grimke Weld, Varina Howell Davis, and Julia Dent Grant", Knopf
Textes externes
- "Angelina Grimké Weld 1805-1879", texte de Debra Michals publié en 2015 sur le site du National Women History's Museum