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Laïcité

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Qu'est-ce Que La Laïcité?, de de Henri Pena-Ruiz (for)

La laïcité désigne, d'une façon générale, le principe de séparation et indépendance de l'État vis-à-vis de toute institution religieuse ou toute forme de culte. Ainsi, les institutions dites laïques doivent respecter le libre exercice des convictions religieuses, et, toujours selon ce principe de neutralité, aucun culte ou dogme doit être privilégié en particulier.

Définitions

La laïcisation de la société est une conception moderne qui participe d'une construction identitaire qui est lié soit à un principe juridique (loi de 1905) soit à une valeur, soit les deux à la fois. Parfois la laïcité est associée à une idéologie politique, utilisant la laïcité comme une force de combat contre toutes les religions, sous une forme plus ou moins dissimulée de promotion de l'athéisme. Elle est parfois aussi utilisée comme un outil d'apaisement lorsqu'il existe des conflits ou oppositions entre différentes religions.

Selon le principe-valeur, la laïcité est la liberté de conscience et de croyance religieuse, laissant à chaque individu la liberté d'adhérer ou de non-adhérer à une conviction, dogme ou culte. Les convictions personnelles de chacun se bornent au domaine privé, n'ont alors expression de valeur publique dans l'espace monopolisé et aménagé par l'État.

L'enseignement laïque n'interdit pas la connaissance des religions, elle encadre la signification religieuse au sein d'une éducation civique motivée par des valeurs et postures laïques, c'est-à-dire les valeurs promues par l'État. L'enseignement des religions n'est pas incompatible avec la laïcité, puisque c'est la laïcité qui est enseignée à l'école. Il ne s'agit que de décrire des « us et coutumes », sur la base d'un principe non-discriminatoire, où l'on présente chaque religion d'un point de vue extérieur à celle-ci, d'un point de vue culturel en faisant abstraction des dogmes qu'elle peut véhiculer, chaque religion est présentée ainsi d'un même point d'égalité.

Par ailleurs, le terme laïc est également utilisé au sein de la religion catholique dans un sens très différent : il désigne une personne n'étant pas prêtre mais jouant un rôle actif dans l'organisation et l'animation des activités de l'église. Il s'agit en grande partie de femmes, puisque ces dernières n'ont pas accès à la prêtrise.

À l’époque où l’anglais est devenu la langue internationale, un terme français résiste à toute anglicisation, c’est celui de « laïcité ». Certains en tirent argument pour affirmer que la laïcité est une « exception française ». Peut-être est-il plus exact d’écrire que la laïcité est une « invention française », ignorée par certains pays, plus ou moins bien acclimatée dans d’autres ? Mais curieusement, si l’histoire des religions s’est beaucoup développée depuis le XIXe siècle, celle de la laïcité reste encore assez largement à écrire. En outre, et ceci explique sans doute en partie cela, plusieurs conceptions différentes de la laïcité s’affrontent encore aujourd'hui, si bien que la définition d’une « vraie laïcité » reste toujours en France comme ailleurs un sujet polémique.

Point de vue libéral

Pour les libéraux, la laïcité est une tolérance, une neutralité à l'égard des religions. En matière de laïcité, les deux extrêmes que condamnent les libéraux sont les suivants :

  • proscrire la religion ou les signes religieux en cherchant à l'exclure du domaine public pour le reléguer au domaine privé exclusivement (anticléricalisme, "laïcisme" intolérant : ainsi, en France, la laïcité est parfois vue comme « religion de la République ») ;
  • tolérer les atteintes aux droits individuels causées par la religion ("laïcisme" relativiste ou laxiste).

En d'autres termes, la laïcité libérale ne consiste pas à rejeter dans la sphère privée la croyance religieuse, mais à la laisser s'exprimer pacifiquement. Contrairement au point de vue étatiste et plus particulièrement social-démocrate, pour lequel l'expression d'une foi doit rester cantonnée au domaine privé et ne pas interférer avec l'espace public. Cette dernière attitude se remarque aussi dans la volonté étatique de contrôler la religion. On peut remarquer que la proscription de « signes religieux » oblige l'État à s'occuper de religion pour définir ce qu'est un « signe religieux », ce qui constitue une violation de la laïcité. La laïcité devient quasiment une religion d’État qui s'oppose à toutes les autres :

L’État a voulu créer une « religion d’État » et la gérer comme un « clerc », comme celui qui sait ce qui est mauvais et ce qui est bon pour le gentil peuple obéissant. La laïcité est devenue « la religion d’État ». Une religion contre toutes les autres. Vous êtes libre de pratiquer votre religion à condition de ne pas la montrer. Est-ce la meilleure manière de faciliter la coexistence de plusieurs religions que d’en créer une nouvelle sous le magistère de l’État ? (...) On sait bien que l’État pollue tout ce qu’il institutionnalise. La laïcité construite et constamment amendée par de nouvelles lois est devenue une nouvelle contrainte qui crée justement des extrémismes. (Jacques Gautron, Extrémisme de la laïcité, Libres !! - 100 idées / 100 auteurs / 100 feuillets)

Contestant l'administration de la religion par l'État, Émile Faguet avait bien noté :

L'État est toujours antireligieux, même quand il administre la religion, surtout quand il l'administre, car il ne l'administre que pour la supprimer comme religion véritable.

Le libéralisme rejette tout financement des cultes par l’État ou par l'impôt, et préconise une séparation des églises et de l'État, comme illustrée par la loi de 1905 en France, nécessaire pour assurer une liberté religieuse.

Citations

  • La séparation absolue des Eglises et de l'État, les Eglises payées par leurs fidèles, administrées par leurs fidèles, gouvernées par ceux qui ont la confiance de leurs fidèles, c'est la seule solution libérale, c'est la seule solution rationnelle, c'est la seule solution pratique. (Émile Faguet)
  • L’État ne doit rien faire pour favoriser ou promouvoir une doctrine compréhensive particulière plutôt qu’une autre ou fournir d’avantage d’assistance à ceux qui en sont partisans. (John Rawls)
  • Le libéralisme proclame la tolérance pour toute croyance et toute conception philosophique, non par indifférence à l'égard de ces choses que se trouvent sur un plan "plus élevé" mais parce qu'il est persuadé que l'assurance de la paix à l'intérieur de la société doit primer toute autre chose. Et c'est parce qu'il exige la tolérance pour toutes les opinions, toutes les Églises et toutes les sectes qu'il doit les ramener toutes dans leurs limites lorsqu'elles se montrent intolérantes. (Ludwig von Mises)
  • Dès qu'il est reconnu qu'une croyance, et peu importe laquelle, est importante pour toute autre raison que d'être vraie, alors on s'expose aux pires abus. Le contrôle de l'appareil judiciaire en est le premier, mais d'autres sont sûrs de suivre. Les emplois de direction seront réservés aux personnes qui présentent toutes les garanties d'orthodoxie. Les documents historiques seront falsifiés s'ils remettent en cause les opinions reçues. Tôt ou tard, toute déviance sera considérée comme un crime et sera sanctionnée par le bûcher, les purges ou les camps de concentration. (Bertrand Russell)
  • Si la laïcité entretient un lien intime avec la démocratie, c’est que celle-ci respecte la liberté de tous les cultes et refuse l’intrusion de l’un ou l’autre de ces cultes dans la sphère publique, laquelle doit rester neutre. (Jean-François Revel)
  • [Le principe même de la laïcité] est un principe d'organisation de l'État, qui implique une stricte séparation entre la société civile et la société religieuse, entre le mariage civil et le mariage religieux. Les convictions religieuses de l'individu n'intéressent pas l'État, comme d'ailleurs l'absence de convictions. La laïcité consiste précisément à faire passer la religion de la sphère publique à la sphère privée. (Roseline Letteron)
  • La laïcité n'est pas une opinion, c'est au contraire la liberté d'en avoir une. (Jean-Marie Matisson)
  • Nous devons respecter la religion de notre prochain, mais seulement dans le sens et dans la mesure où nous respectons sa conviction que sa femme est belle et ses enfants intelligents. (H. L. Mencken)
  • Toutes les personnes sont respectables, mais aucune croyance n'est respectable. Aucune doctrine n'a le privilège de faire tomber devant elle tous les arguments, ni d'imposer autour d'elle le silence et la muette adoration. (Alain)
  • La laïcité implique que l’enseignement religieux soit facultatif dans les écoles, que la religion n’intervienne ni dans le mariage et la mort, ni dans la culture ou la communication. Dans un pays laïc, la religion relève de la croyance personnelle, chaque individu devant pouvoir la pratiquer en toute indépendance, grâce à la liberté que lui procure l’Etat. De leur indépendance à nos jours, ces conditions n’ont jamais été observées dans aucun Etat arabe. (Waleed Al-Husseini, Blasphémateur !, Grasset, 2015)
  • Le modèle démocratique se comprend dans une rupture à l’égard de toute transcendance quant au fondement de la société civile et politique. Avec la démocratie, la politique se coupe du religieux. L’espace politique n’est plus religieux. Il suffit de se référer aux Droits de l’homme et du citoyen. Homme, citoyen, sans référence à Dieu. La religion n’est pas niée, n’est pas combattue dans les principes. Elle est seulement absente de l’espace politique. Elle devient une affaire privée. L’État aura désormais comme devoir, comme obligation, de veiller à ce que chacun puisse pratiquer la religion qui est la sienne sans être inquiété dans ses croyances. C’est ainsi qu’il nous faut comprendre la laïcité. Elle dit « l’athéisme » de l’État au sens ou l’État n’a pas à se prononcer dans le domaine religieux. Il ne défend aucun athéisme dogmatique. En ce sens, la laïcité n’est pas un élément de l’État parmi d’autres. Elle est le principe fondamental de l’État démocratique. Par elle, les hommes établissent un nouvel horizon du politique. (Jean-Eudes Arnoux, Sur le divan d’un philosophe, 2013)
  • Nous n’aurions rien à dire contre aucune religion, si elles restaient en dehors de la politique, autrement dit, n’utilisaient pas — ou ne tentaient pas d’utiliser — l’État pour commettre des violences contre nous. Violence dont le but est, au lieu de tenter de nous convaincre de leurs opinions religieuses par des moyens pacifiques, de nous contraindre à les financer, et à nous les imposer par des lois justifiées par des arguments religieux qui ne concernent en rien tous les non-croyants auxquels elles s’appliqueront néanmoins. (Jan Krepelka)
  • La conséquence naturelle de cette séparation, c’est le droit accordé au clergé de se constituer librement sous la forme d’une ou de plusieurs associations, de s’administrer à sa guise, sans aucune intervention de l’État, d’acquérir et de posséder sans limites d’étendue et de durée des biens immobiliers et mobiliers, de percevoir des cotisations, et de fixer à son gré le prix de ses services. Cette conséquence, les promoteurs et les partisans de la séparation de l’Église et de l’État se refusent toutefois à l’admettre. Ils redoutent ou feignent de redouter le retour des abus de l’Ancien régime ecclésiastique, l’accaparement du sol, la reconstitution d’une caste cléricale, assujettissant à son influence la société civile, etc., etc. ; mais ces abus et ces périls qui étaient réels lorsque la religion unie à l’État était en possession d’un monopole garanti par des pénalités draconiennes pourraient-ils se reproduire sous un régime de concurrence ? (Gustave de Molinari, Religion)
  • Le mot recouvre à la fois le caractère non confessionnel de la puissance publique et son orientation de principe vers ce qui est commun à tous les hommes, par-delà leurs « différences » d’options spirituelles ou philosophiques. Il signifie donc l’universalité de principe de la loi commune et de la sphère publique qu’elle organise. Il met en jeu les principes de liberté de conscience, étayée sur l’autonomie de jugement, ainsi que la stricte égalité des droits de tous les hommes, quelles que soient leurs options spirituelles respectives. La dévolution de l’Etat et des institutions publiques à ce qui est universel, donc au seul intérêt général, en est le ressort essentiel. Sur le plan juridique, la laïcité implique le principe de séparation des Eglises et de l’Etat, condition et garantie de son impartialité, de sa neutralité confessionnelle et de son affectation au seul bien commun à tous, qui intègre justement les trois valeurs mentionnées : liberté, égalité, universalité de la loi commune. (Henri Pena-Ruiz, Dictionnaire amoureux de la laïcité, Plon, 2014)
  • La laïcité, c’est l’exigence pour l’État de respecter ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, de permettre un libre exercice de son culte, de rester neutre vis-à-vis des religions, de ne privilégier ou subventionner aucune d’entre elles, de veiller à ce qu’aucune discrimination ne soit fondée sur l’appartenance religieuse. La laïcité s’impose à tous, gouvernants et gouvernés, athées, agnostiques, croyants, elle est autant un marqueur qu’une garantie de liberté et d’égalité qui règnent dans une société. (Jean-Louis Debré, Dictionnaire amoureux de la république, Plon, 2017)

Lien externe


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