Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !
Stoïcisme
Le stoïcisme est une école philosophique de la Grèce antique fondée par Zénon de Kition.
C'est l'une des principales philosophies de la période hellénistique, avec l'épicurisme et le scepticisme.
C'est une philosophie rationaliste qui se rattache notamment à Héraclite (idée d'un logos universel), au cynisme (Zénon de Kition fut élève d'un philosophe cynique), et qui reprend certains aspects de la pensée d'Aristote. Les lignes de force de la doctrine sont les suivantes :
- unité du monde, conçu comme un grand corps vivant ;
- rationalité du monde (logos universel) ;
- loi de causalité universelle ;
- bonté du monde (justifiant une adhésion de l'homme à l'ordre cosmique).
On peut résumer cette doctrine à l'idée qu'il faut vivre en accord avec la nature et la raison pour atteindre la sagesse et le bonheur.
Le nom de Stoïcisme vient du grec Stoa poikilê, un portique de l'Agora à Athènes où les Stoïciens se réunissaient et enseignaient. Ce mot désigne aujourd'hui, dans l'usage courant, l'aspect moral de cette philosophie : on entend en effet par stoïcisme une attitude caractérisée par l'indifférence à la douleur et le courage face aux difficultés de l'existence.
Il ne nous reste que des fragments des premiers Stoïciens (Zénon de Kition (344 - 262), Cléanthe), et les seules œuvres complètes que nous possédions sont celles de Sénèque, Épictète et Marc-Aurèle. Cicéron nous a transmis des débats de l'époque hellénistique qui nous renseignent sur l'ancien stoïcisme. Les adversaires des stoïciens (Plutarque, Sextus Empiricus) nous ont également laissé des témoignages sur leur pensée. Ce que nous pouvons en savoir en logique, en physique et en éthique nous montre des esprits puissants et originaux qui ont marqué l'histoire occidentale jusqu'à aujourd'hui.
La vision stoïcienne du monde est moniste, matérialiste, rationaliste et panthéiste. Comme les Épicuriens, les Stoïciens sont matérialistes : pour eux, la pensée est un phénomène matériel et seul ce qui est matériel a une réalité effective. Dieu n'est pas un être personnel, mais le principe de vie et de rationalité qui organise l'univers en y étant partout présent et en le rendant accessible à la raison humaine.
La question à laquelle tente de répondre le stoïcisme est celle qui préoccupe toute l'Antiquité : celle de la vie heureuse. Le point de vue stoïcien est que nos souffrances viennent d'un désaccord entre nos désirs et les lois du monde. Comme on ne peut changer ces dernières, il faut que nous y conformions notre volonté et nos désirs, ce qui signifie vivre conformément à la nature. Alors que le cynisme voyait la solution dans un dépouillement pratique (il est plus douloureux de perdre une chose que de ne pas la posséder), le stoïcisme la voit dans un dépouillement théorique : il suffit de regarder les biens comme superflus et dépendant de la fortune, comme des choses indifférentes, sans pour autant s'en dépouiller volontairement.
Le fatalisme stoïcien ("toutes choses ont lieu selon le destin") n'enlève pas à l'homme sa liberté : il ne tient qu'à lui, être rationnel, de faire un bon usage de sa raison pour tout ce qui dépend de lui, et notamment sa façon d'accueillir les événements externes qui ne dépendent pas de lui. On aboutit à l'Amor fati (l'amour de son destin), idée qui laissera des traces dans la philosophie occidentale (notamment chez Friedrich Nietzsche) :
- Ne cherche pas à faire que les événements arrivent comme tu veux, mais veuille les événements comme ils arrivent, et le cours de ta vie sera heureux. (Épictète)
Les réflexions stoïciennes sur la liberté morale, l'homme comme "citoyen du monde" (Zénon de Kition, la République), le droit naturel (Chrysippe de Soli) recoupent les thèmes majeurs du libéralisme et constituent une bonne part de son héritage antique.
Citations
- C’est « conformément à la nature » que vous voulez vivre ! O nobles stoïciens, quelle duperie est la vôtre ! Imaginez une organisation telle que la nature, prodigue sans mesure, indifférente sans mesure, sans intentions et sans égards, sans pitié et sans justice, à la fois féconde, et aride, et incertaine, imaginez l’indifférence elle-même érigée en puissance, — comment pourriez-vous vivre conformément à cette indifférence ? Vivre, n’est-ce pas précisément l’aspiration à être différent de la nature ? (Friedrich Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, I, 9)
- Les deux objectifs visés par la sagesse stoïcienne sont la tranquillité de l'âme (ataraxia) et la liberté intérieure (autarkeia). Cette dernière consiste à faire coïncider notre volonté avec l'ordre cosmique : je suis libre lorsque je veux ce qui arrive par nécessité. Ainsi, je ne me plains plus, ne me débats pas, n'éprouve plus aucun ressentiment, mais, au contraire, me réjouis de tout et préserve, en toutes circonstances, ma paix intérieure. (Frédéric Lenoir, Du bonheur, 2013)
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Baptiste Gourinat. 2011. Le stoïcisme. 3e éd. Que sais-je ? Paris : P.U.F. (ISBN 978-2-13-059091-0) [lire en ligne]
Liens externes
- Stoïcisme sur Wikipedia (fr)
![]() |
Accédez d'un seul coup d’œil au portail philosophie et épistémologie du libéralisme. |