Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !
Solidarité
La solidarité est un acte réciproque et mutuel découlant de l'interdépendance des êtres humains. Elle signifie aussi porter entraide et assistance réciproque dans un esprit de coopération. D'un point de vue physique ou mécanique, l'expression solidarité indique le concours ou l'union de deux ou plusieurs corps, organes ou pièces fonctionnant dans un système ou organisme.
Définition
La solidarité, dans son expression première, a un sens très large qui peut inclure la notion d'entraide et d'assistance, par nécessité, esprit grégaire ou sentiment moral. La solidarité peut être décrite comme une dépendance mutuelle entre les êtres humains, due au besoin qu'ils ont les uns des autres, et d'où peut découler une responsabilité mutuelle. Cette communauté d'intérêt, sans nécessairement découler de la compassion et l'altruisme, existe aussi chez les animaux.[1] Elle peut s'exprimer aussi bien dans le domaine associatif, mutualiste, que dans le monde de l'entreprise, les échanges économiques et la division du travail.
Il est indispensable de séparer deux notions distinctes de solidarité :
- la solidarité volontaire ou spontanée, c'est agir par soi-même à l'égard d'autrui sans attendre une contrepartie, cela contribue à un enrichissement mutuel ;
- la solidarité forcée, d'origine plutôt politique et idéologique, doctrine en tant que système reposant sur la croyance que la solidarité est un moyen pour atteindre des objectifs sociaux et économiques. La « solidarité redistributive », sous forme de différentes cotisations sociales obligatoires et taxes, utilise la force de la loi et sanctionne sévèrement ceux qui ne la respectent pas. La solidarité dite forcée n'est ni volontaire ni spontanée, elle est basée sur la spoliation légale.
Dans une économie de marché, les richesses produites sont en un premier temps réparties entre les différents agents - on parle alors de répartition primaire -, sous forme, par exemple, de profits ou de salaires. Une logique de redistribution peut par la suite être mise en œuvre afin de venir en aide aux individus exclus de cet effort productif.
Pour les libéraux, il existe une différence bien définie entre la solidarité fondée sur la réciprocité volontaire, et celle qui est mise en œuvre de nos jours par l'État-providence qui est une vaste supercherie politique.
En effet, la solidarité en tant que système social recevant l'approbation et le soutien de l’État, se résumant aux aides, primes et allocations (par exemple une sécurité sociale monopolistique obligatoire), par leur place dominante laisse croire que la seule et unique forme de solidarité ne peut pas se développer sans les ressources publiques, d'où une obligation afin de la financer.
Le système actuel de solidarité est instauré par la contrainte étatique, en d'autres termes, par la force (l'État ne connaît que la solidarité forcée, qui est à la vraie solidarité ce que le viol est à l'amour). Les individus sont obligés d'y souscrire, ce qui va à l'encontre des principes libéraux fondamentaux que sont la liberté, la propriété et la non-agression, définitivement établis par la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen de 1789.
Discussions sur le forum | |
---|---|
Libéralisme Et Solidarité, (for) | |
À qui profite la solidarité étatique ?
La solidarité forcée et étatique, n'étant pas autre chose qu'un moyen de spoliation, est devenue aussi le moyen de l'existence des États, leur raison d'être. Pour être, l'État doit d'abord avoir, et pour avoir il a inventé le détournement de richesses par des formes douces. Un gant de velours pour prélever sans trop de plainte, une main de fer si quelqu'un ose s'y opposer. Toute personne intelligente et honnête ne devrait pas douter que c'est l'État lui-même le principal bénéficiaire. Tout système étatique est profondément formé sur l'industrie de la solidarité obligatoire. La mécanique est bien organisée, elle consiste avant tout à user et abuser des liens de véritable solidarité entre les personnes, et ensuite la vider de son véritable. La fraternité n'est alors qu'un jeu de séductions, toujours à reconquérir.
La solidarité, qui prétend conduire à une redistribution des richesses, ne profite pas exclusivement aux pauvres, loin s'en faut. Les entreprises tentent, via les subventions versées par l'État, de récupérer ce qui leur est pris sous forme d'impôts ; les riches, majoritaires à fréquenter les lieux culturels - théâtres par exemple - ainsi que les universités, profitent eux aussi du système au moyen des aides et des diverses subventions versées par l'État aux organismes suscités. L'observation du monde politique et des résultats sur le terrain montrent qu'en réalité, tout le monde tente de s'enrichir aux dépens de tout le monde ; l'ensemble est sous l'égide des hommes politiques et de certains fonctionnaires payés avec des impôts prélevés sur les citoyens, les hommes politiques se chargeant de justifier ces activités par des prétextes tels que la lutte contre la pauvreté ou encore la justice sociale alors qu'en réalité le jeu qu'ils défendent est tout à fait différent de ce que proposent les associations constituées volontairement qui, elles, aident vraiment les plus démunis d'entre nous, sans fanfare ni trompette.
La solidarité comme prétexte à l'étatisme
La solidarité est pour les étatistes le prétexte idéal pour instaurer règlementations, impôts, cotisations sociales, lois liberticides, faux droits, etc, et augmenter autant que faire se peut l'emprise de l'État sur les administrés et les assujettis. Celui qui proteste est alors montré du doigt comme un déviant : il est contre la solidarité. Dans une société normale, la solidarité ne concerne qu'une très petite partie de la population (personnes en difficulté temporaire, handicapés) et peut être prise en charge soit par des associations, soit par des mécanismes d'assurance classiques (assurance maladie, chômage, etc.), soit directement par les familles concernées. Dans une société fortement étatisée (socialiste ou social-démocrate), de par l'appauvrissement général causé par l'État, les besoins de solidarité sont tellement immenses que la seule solution est de faire appel à nouveau à l'État, qui est pourtant la cause même du problème. La solidarité privée disparaît pour laisser place à l'assistanat étatique.
Au-delà du fait que la « solidarité » étatique est moralement condamnable malgré les vertus dont elle se pare, elle est par ailleurs contre-productive et inefficace. La solidarité telle qu'elle est mise en œuvre décourage les sources de richesse : le travail, en taxant les travailleurs et en subventionnant ceux qui ne travaillent pas, et l'épargne, puisque plus on est riche plus on est taxé. Les agents économiques, individus mais aussi entreprise sont davantage tentés par la possibilité de s'enrichir sur le dos des autres en captant telle ou telle subvention à leur profit plutôt que de s'associer et d'innover pour produire de nouvelles richesses. La solidarité étatique sonne donc la fin de la civilisation.
Solution libérale
La solution libérale est l'abolition des systèmes de solidarité étatique. Seuls les actes de charité volontaire peuvent être considérés comme étant solidaires. De manière générale, si aujourd'hui les citoyens sont honnêtement attachés à la lutte contre la pauvreté, la situation n'a pas raison de changer dans une société libérale ; les hommes, responsabilisés ont la possibilité et la capacité de s'organiser volontairement sous forme de mutuelles - comme c'est d'ores et déjà le cas - ainsi que sous forme d'associations d'aides aux plus démunis, dont la plupart sont d'essence privée. Les problèmes liés à la nature d'un système public sont alors éliminés ; le système étant privé, il est impossible de tenter de s'enrichir aux dépens des autres ; par ailleurs, l'organisation est alors beaucoup plus flexible et efficace, à la différence d'un système étatisé - puisque responsabilisé. Se reposer sur l'État pour combattre la pauvreté est une façon d'évacuer le sujet en le confiant à l'organisation qui a le moins intérêt à cela. La pratique montre que les pays les moins étatisés sont aussi ceux où les fondations et les associations d'assistance sont les plus développées.
Objections courantes
Sans l'État il est impossible que la solidarité existe
Une objection courante (que font fréquemment les collectivistes) est que l'État est nécessaire pour pourvoir à la solidarité : la solidarité non obligatoire se traduirait toujours par une non-responsabilité des uns envers les autres.
Les libéraux expliquent que la solidarité ne se décrète pas, elle ne peut être que volontaire, sinon toujours spontanée. Tant que l'État ne s'est pas mêlé de décréter la solidarité, celle-ci ne s'est absolument pas traduite par une non-responsabilité. Pendant des millénaires, les solidarités familiales, paroissiales, locales, les aumônes, les dons, les fondations des riches (comme des pauvres d'ailleurs) ont permis d'assurer, dans les meilleures conditions possibles, compte tenu de l'état des connaissances et des techniques, le soin des malades, la vieillesse de ceux qui y parvenaient, l'éducation des enfants. En France, la Révolution française n'a pas nationalisé tout cela, elle l'a purement et simplement détruit en confisquant les biens dont les revenus permettaient de l'assurer ; d'où un siècle de grande misère des pauvres, d'autant que cent quinze années plus tard, l'État a de nouveau confisqué les biens d'un grand nombre d'œuvres caritatives, sous prétexte de laïcité. Puis ce fut l'apparition et la croissance continue de l'État-providence. Mais l'État-providence, ce n'est pas la solidarité : c'est l'impôt, sous un nom ou un autre. Et cela décourage la solidarité : à quoi bon donner, puisque d'une part l'État y pourvoit (par l'impôt) et que d'autre part, quand l'État constate que la solidarité a fourni de l'argent pour une bonne cause, il diminue d'autant sa contribution ?
L'État n'est pas une condition nécessaire (ni suffisante) à l'exercice de la solidarité, celle-ci existerait même en son absence, qui ne fait que la confisquer à son profit.
La solidarité doit être obligatoire pour des raisons morales
Cet argument, qui appelle à l'autorité de la morale dans vie publique et politique, se rencontre très fréquemment à tous les niveaux des sphères politiques, sociales, voire religieuses. Par exemple :
« J'estime que c'est le devoir de l’État de corriger les excès de l'économie de marché afin de garantir le bien commun en obligeant les plus fortunés à se montrer solidaires des plus démunis. »
— archevêque André-Joseph Léonard, le 24/12/2011, cité par Le Spectacle du Monde de mai 2012
Malheureusement, cet argument, qui est en fait une variante éloignée du bien connu « la fin justifie les moyens », est sans valeur d'un point de vue moral : il n'est pas moral de forcer les personnes à être solidaires, pas plus qu'il est moral de donner à un pauvre le produit d'un vol (définition du vol : prendre ce qui appartient à autrui sans son consentement). La solidarité forcée, résultant d'un acte de coercition, ne peut se prévaloir d'une quelconque vertu. Elle est hypocrite car elle prétend être généreuse en distribuant le bien d'autrui, en considérant comme égoïste celui qui refuse de se faire prendre ce qu'il a produit. Celui qui est contraint de contribuer le fait sans conviction, celui qui en bénéficie reçoit ce don sans reconnaissance, comme un dû. La solidarité étatique, loin de toute prétention éthique, dépouille les uns du fruit de leur travail et installe les autres dans l'assistanat. Elle a aussi pour résultat d'instaurer deux classes distinctes : celle des contributeurs nets, et celle des bénéficiaires nets, d'où une nouvelle forme de lutte des classes qu'elle entretient.
Le libéral reconnaît la légitimité de la solidarité, mais il veut choisir pour qui, et dans quelles conditions il peut faire preuve de solidarité, autrement il ne s'agit que d'une spoliation déguisée.
Bibliographie
- 2012, Jean-Philippe Feldman, "Solidarité", In: Mathieu Laine, dir., "Dictionnaire du libéralisme", Paris: Larousse, pp580-581
Citations
« Il m'est tout à fait impossible de séparer le mot fraternité du mot volontaire. Il m'est tout à fait impossible de concevoir la Fraternité légalement forcée, sans que la Liberté soit légalement détruite, et la Justice légalement foulée aux pieds. »
— Frédéric Bastiat
« Il ne faut pas étendre artificiellement la Solidarité de manière à détruire la Responsabilité ; en d'autres termes, il faut respecter la Liberté. »
— Frédéric Bastiat
« La solidarité obligatoire, par mesure coercitive, est une régression morale ; car elle veut comprendre dans la loi des actes qui appartiennent à la morale. Elle aboutit à remplacer le sentiment de la solidarité par deux autres sentiments : celui de la spoliation pour ceux qui veulent profiter du bien des autres ; celui de la révolte et de la dissimulation pour ceux qui sont menacés d'être dépouillés. »
— Yves Guyot
« À notre époque, il faut être « solidaire ». Il y a une rage vraiment comique d'user de ce terme. En France, tout discours officiel doit renfermer une ou plusieurs fois le terme de « solidarité ». »
— Vilfredo Pareto, Les systèmes socialistes, 1903
« Étant donné l'état actuel des choses, je ne crois pas que les progrès du socialisme d'État puissent s'arrêter. Si vous relisez Taine, vous serez frappé de l'analogie entre l'état d'esprit des classes dirigeantes, à la fin du XVIIIe siècle, et leur état d'esprit présent. Ces classes sont en train de se suicider maintenant comme elles se suicidèrent alors. C'est une immense veulerie de gens qui savent, à n'en point douter, qu'on veut les dépouiller et qui, au lieu de résister, chantent les louanges de la solidarité, de la morale sociale, qui est à proprement parler l'injustice et l'iniquité. Tous ces beaux discours ne les empêchent pas, d'ailleurs, de donner le mauvais exemple et de tâcher de spolier ceux qui, un jour, les spolieront à leur tour. »
— Vilfredo Pareto
« Il parait que la solidarité n’est bonne que pour prendre, elle est exécrable quand il s’agit de donner. Elle sert de prétexte aux gens qui veulent jouir du fruit du labeur d’autrui, aux politiciens qui ont besoin de se recruter des adhérents aux frais des contribuables ; c’est tout simplement un nouveau nom donné à un genre d’égoïsme des plus malsains. »
— Vilfredo Pareto
« De même qu'on ne saurait parler de morale devant les pièces solidaires d'une mécanique, il n'y a pas de place pour la morale dans la solidarité forcée sociale-démocrate. La morale se situe dans l'engagement personnel, et la solidarité s'y appelle alors amour et charité. »
— Christian Michel
« L’homme de gauche n’annonce la société solidaire que comme la prostituée promet l’amour. L’un et l’autre ne peuvent offrir que des simulacres (ivresse passagère et frustration). Ils instaurent le règne du faire-semblant, de la pornographie généralisée. »
— Christian Michel, Le Socialisme, pornographie de la Solidarité
« La solidarité échappe au politique. Elle n’est pas imposable. Elle procède d’un mouvement intérieur, non calculé et imprévisible (spontanéité effrayante pour le socialisme qui ne se reconnaît que dans la planification et le contrôle) ; C’est dans le vide du règlement que naît la solidarité. C’est dans le respect des Droits, et donc l’absence d’impositions légales, que peuvent se densifier les relations humaines. »
— Christian Michel
« La solidarité des démocrates-sociaux, c’est le vol. Il n’y a aucune solidarité entre le voleur et le volé, ne serait-ce que parce que si le voleur a besoin du volé, le volé, lui, n’a pas besoin de son voleur. »
— François Guillaumat
« Les hommes de l'État, pour dépouiller les autres avec des airs arrogants de vertu outragée, ont perverti la charité et la générosité en altruisme collectiviste. Leurs vols, ils les appellent « humanisme », « solidarité » ou « justice sociale ». »
— François Guillaumat
« La solidarité est une belle idée lorsqu'elle relève de l'initiative d'individus libres, elle engendre ce que Mises appelait le destructionnisme lorsqu'elle devient obligatoire. Pauvreté, pénurie et effondrement moral, voilà la « solidarité ». »
— Marc Grunert
« Seul celui qui est responsable de soi est vraiment solidaire des autres. »
— Alain Laurent
« La solidarité, c’est tout mettre en oeuvre pour ne pas être à la charge des autres. »
— Jean-Louis Caccomo
« Celui qui est contraint de se montrer solidaire en devant constamment s'acquitter d'impôts, de redevances et de taxes croissants, ne deviendra sans doute pas plus social, mais de plus en plus rebelle et égoïste. Ce n'est pas par hasard que dans les pays de l'Est communistes avec leur prétendue justice sociale, on trouvait un égoïsme individuel difficilement égalable. Ce n'est pas non plus par hasard si, dans les sociétés plus ou moins libérales, les dons récoltés pour des œuvres de charité sont les plus abondants. »
— Christoph Blocher
« On ne peut qu’être frappé par l’importance de la générosité privée dans des pays libéraux comme les États-Unis. On l’a un peu oublié en Europe, à cause de l’État-providence. On y devient égoïste, parce que c’est à l’État de s’en occuper et qu’on paie suffisamment d’impôts pour cela ; L’État détruit tout, même les sentiments altruistes. »
— Pascal Salin
Voir aussi
Notes et références
- ↑ voir par exemple Lessons from Geese
Liens externes
- Solidaire, si je veux
- Les quatre leçons de Serge Gainsbourg par François Guillaumat
- La solidarité, la vraie ! par Xavier_Prégentil
- Pour une réforme radicale de la solidarité publique, par Christophe Vincent
- La solidarité avant l’État-providence (Joshua Fulton)
- [video]A Lesson from Geese (vidéo sur l'importance du travail en équipe, illustrée par le vol en formation) (en)
Accédez d'un seul coup d’œil au portail économie. |
Accédez d'un seul coup d’œil au portail sur les sujets de société. |
Accédez d'un seul coup d’œil au portail psychologie. |