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Principe de précaution

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Le principe de précaution est défini comme le principe « selon lequel l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement, à un coût économiquement acceptable ». C'est ainsi qu'est exprimée la loi Barnier du 2 février 1995 relative à la protection de l'environnement. C'est un principe qui ne vise pas uniquement le domaine de l'environnement mais aussi celui de la santé et la sécurité alimentaire.

En mots simples, le principe de précaution exprime l'idée que si les conséquences d'une action sont incertaines et si elles peuvent être potentiellement négatives, alors il vaut mieux s'abstenir de cette action. C'est aussi l'idée que même si dans le domaine de l'agir humain les actions se prêtent à des bonnes intentions, l'utilisation de certains moyens peuvent déclencher une série d'effets incertains et irréversibles dont nous mesurons mal les conséquences.

Il faut distinguer la prévention, qui vise les risques avérés, dont l'existence et la fréquence d'occurrence sont connues (risque nucléaire, chimique, routier, etc.) et la précaution, qui vise les risques hypothétiques, non confirmés scientifiquement (ondes électromagnétiques des téléphones portables, organismes génétiquement modifiés, etc.).

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Exemple basique

Lorsque une défaillance technique du modèle Y de la marque automobile X, potentiellement due à un défaut de fabrication, est à la source de plusieurs accidents de circulation, la marque X va rappeler les modèles Y à l’usine pour contrôle. La marque automobile X n'a pas la certitude des causes exactes étant à la source des accidents de la circulation du modèle Y. La mesure adoptée provient d'une source incertaine.

Historique

L'historien et philosophe allemand Hans Jonas (1903 - 1993) publie en 1979 Le Principe de responsabilité (Das Prinzip Verantwortung), dans lequel il plaide pour une éthique pour la civilisation technologique. Pour Hans Jonas, l'éthique traditionnelle, basée sur les normes du Bien et du Mal, ne remplit plus un rôle suffisant face aux bouleversements naturels, l'homme plie les circonstances à sa volonté et ses besoins, mais reste toujours vulnérable. Ayant désormais, grâce à la technique moderne, les capacités de s'autodétruire (ou d'altérer significativement la qualité de vie des générations futures), doit être interdite toute technologie qui comporte le risque — aussi improbable qu'il soit — de détruire l'humanité :

«  Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre. »
    — Hans Jonas

Cette responsabilité envers les générations futures, Jonas la désigne comme Principe de Responsabilité. Jonas se donne pour tâche de refonder une morale qui repense les catégories du devoir, du bien, de la valeur et de l'engagement à la lumière du paradigme des relations entre parents et enfants, mais aussi les menaces sur l'avenir de l'espèce, la nature, et la nécessité de l’existence des générations futures. Pour Hans Jonas, son Principe de Responsabilité vise à mieux maitriser le renforcement compulsif et cumulatif des technologies mettant en danger l’existence des générations futures.

Formulations

«  En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement. »
    — Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, Rio de Janeiro, 1992

«  L'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût économiquement acceptable. »
    — Loi Barnier (France), 1995

«  Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d'attributions, à la mise en œuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. »
    — Charte de l'environnement (France), art. 5, 2005

Problématique

Le plus souvent les législateurs font confiance aux scientifiques pour l'établissement des faits, en pratique, non pas parce que l'esprit et méthode scientifiques sont respectés, mais plutôt en vertu d'une « parole d'experts ». La référence aux « vérités absolues » sous prétexte qu'elles seraient des propositions de la Science ne peut, et serait contraire à son esprit, être conforme à la démarche scientifique. Même si la science prétend certes à la vérité et à l'objectivité, elle ne détient pas la certitude absolue, elle avance par une démarche de propositions, hypothèses et vérification des hypothèses, sans pour autant arriver à une certitude absolutiste :

«  Ce qui choque dans la formulation du principe, ce n’est pas tant l’adoption de certaines mesures dès qu’un risque est probable ; agir ainsi, c’est faire preuve de prudence. Mais ce qui devrait alerter tout scientifique, c’est l’habitude qui s’installe d’instaurer ces mesures dès qu’il n’existe pas de « certitude scientifique absolue » que ce risque n’existe pas. Or il y a là confusion entre les mondes juridique et scientifique. (…) la méthode scientifique privilégie ce que l’on pourrait appeler la présomption d’inexistence. Ce n’est pas au scientifique de faire la preuve qu’un risque est inexistant. Si d’aventure il en avait l’intention, la méthode scientifique le lui interdirait. C’est à celui qui redoute un certain risque de faire la démonstration que ce danger existe réellement. »
    — François Rothen, Quantum – Une histoire de l’atome, PPUR, 2018

Dans ce sens, le principe de précaution ne pose pas de problème tant qu’il ne met pas en cause la démarche scientifique et le code déontologique du scientifique. Par contre, son entrée dans un autre arsenal, législatif celui-là, fait beaucoup plus de dégâts. On a assisté à un glissement progressif de la définition, pour arriver à un point où c’est l’accusé qui doit prouver qu’il est innocent (l'exact contraire de la présomption d'innocence). Pour continuer avec notre exemple initial, le principe de précaution exigerait que la marque X prouve préalablement à la mise en commerce de son modèle Y qu’il n’y a absolument aucun risque de défaillance. C’est impossible à faire, ne serait-ce qu’à cause de l’impondérabilité de toute activité humaine.

Le principe de précaution exige qu'on ne tienne compte des risques que de l'un des deux termes d'une alternative — celui que l'arbitraire politique aura désigné. Quand ce « principe »-là ne disait pas encore son nom, il avait entre autres conduit à rendre obligatoire l'emploi de l'amiante dans le bâtiment pour ignifugation [1]. Aujourd'hui, au nom de ce même principe, on désamiante à grands frais les bâtiments concernés, alors que leur « dangerosité », aux dires des géologues, est insignifiante en l'état.

Ce principe peut être invoqué pour freiner tout progrès : dans le roman La Grève d'Ayn Rand, pour protéger la population des effets sociaux supposés néfastes du progrès, le gouvernement finit par promulguer un décret interdisant tout changement et instaure de force l'immobilisme dans tous les domaines de l'économie (excepté la fiscalité).

Le principe permet aussi de combattre la concurrence : ainsi dans ce même roman La Grève les industriels cherchent à faire interdire le Rearden Metal, un métal nouveau, dont la mise sur le marché aurait des conséquences économiques fâcheuses pour eux.

Le but est pour les hommes politiques d'échapper à leur responsabilité, de justifier le protectionnisme, de préférer l'ignorance et la pauvreté à la prise de risque, de mettre en avant le faux concept de « responsabilité collective » (responsabilité que l'humanité présente aurait vis-à-vis des générations futures) pour nier les droits individuels et accroître le rôle de l'État (garant de l'irresponsabilité institutionnelle).

Avec le principe de précaution, la charge de la preuve est inversée, en opposition avec tous les principes du droit (présomption d'innocence) : c'est aux fabricants, industriels, etc., présumés coupables, de prouver l'innocuité de leurs produits, sans quoi les autorités gouvernementales peuvent interdire leur production ou leur commercialisation, même sans aucune preuve de leur nocivité.

En résumé, les effets du principe de précaution sont les suivants :

  • il donne un pouvoir discrétionnaire à l'administration, l'évaluation des risques restant arbitraire ;
  • il empêche l'innovation ;
  • il freine le développement des échanges avec l'extérieur (et à ce titre permet de justifier le protectionnisme) ;
  • il ignore les risques induits par l'interdiction (à ce titre il est auto-contradictoire) ;
  • il alimente la culpabilisation, la psychose, la stagnation économique, le malthusianisme, et constitue à ce titre un élément important d'une politique antilibérale.

On peut également remarquer que ce principe est illogique : son application même risque de le contredire, une "meilleure" précaution peut consister souvent à justement ne pas appliquer le principe de précaution.

Exemples pratiques

L'amiante

L'ennemi numéro un des constructions a été pendant des siècles l'incendie. Entre le risque d'incendie (impactant des centaines de personnes pour de grandes constructions) et le risque de cancer (risque connu depuis longtemps lors de la construction, impactant les professionnels du bâtiment sur des décennies), le choix a longtemps été de privilégier la protection contre l'incendie grâce aux propriétés ignifuges et isolantes de l'amiante. Il se trouve qu'aujourd'hui on n'a plus besoin de l'amiante pour cela (il existe de nouveaux matériaux de substitution, qui d'ailleurs ne sont pas toujours dénués de toxicité et dont on ne peut apprécier l'innocuité faute de recul suffisant).

En France, le Code de la construction prévoyait ainsi des dispositions particulières pour la protection contre l'incendie : les matériaux étaient homologués en fonction de leur comportement en cas d'incendie, et à ce titre l'amiante a longtemps été un matériau homologué et quasiment indispensable (faute d'alternative bon marché) pour la sécurité des constructions. De la même façon, certains États, pour minimiser les risques d'incendie des produits polymériques (meubles, textiles, électronique, électroménager, isolants...), ont imposé l'emploi de produits "retardateurs de flamme" (flame retardants) qui se sont ensuite révélés toxiques pour l'homme (perturbateurs endocriniens).

Par la suite, l'amiante est devenue un ennemi public, sans autre raison qu'un "principe de précaution" poussé à l'extrême. En 1996, Claude Allègre en faisant allusion au plan de désamiantage dénonce un « phénomène de psychose collective » transformant un problème de risque mineur en risque majeur. Selon l'économiste en santé publique Jean de Kervasdoué, monter des chantiers de désamiantage pour enlever totalement les fibres est « coûteux et totalement inutile d’un point de vue sanitaire ; l'utilité s'il y en a une, est symbolique ».

Le DDT

Le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) est reconnu depuis 1939 comme un insecticide puissant. Produit en quantités industrielles à partir de 1944, il contribue au combat contre le typhus, puis à l'éradication complète du paludisme en Europe et en Amérique du Nord, si bien qu'en 1955 l'OMS débute un programme mondial d'éradication du paludisme reposant principalement sur son utilisation.

Cependant, accusé d'être cancérigène et reprotoxique, son usage est interdit à partir des années 1970. La conséquence a été une recrudescence du paludisme[2]. Selon Michael Crichton « interdire le DDT a tué plus de personnes qu’Hitler » (État d'urgence, 2004)

Le glyphosate

Exemples de poisons courants, classés par ordre de dangerosité.

Le glyphosate est le désherbant le plus utilisé au monde, un herbicide non sélectif ayant une action généralisée, autrefois sous brevet (sous la marque Roundup de Monsanto, de 1974 à 2000). En 2015, le glyphosate est classé « cancérigène probable pour l'humain » par l'OMS (il faut noter que la charcuterie et la viande rouge sont également classés comme cancérigènes). En 2017, l'Union européenne a préconisé une interdiction de sa vente aux particuliers (sous l'impulsion du ministre de l'Agriculture Willy Borsus). Cette interdiction, qui ne concernait pas les professionnels, n'a finalement pas été actée et l'autorisation a été renouvelée jusqu'en 2022. On peut se demander si une telle volonté d'interdiction reposait sur une justification scientifique :

La toxicité d'un produit se définit sous la forme du LD50 (dose létale 50), la quantité nécessaire pour tuer 50 % des sujets tests. Dans le cas du glyphosate, le LD50 est de 5,6 gr par kg. En d'autres mots, un humain de 80 kg devrait avaler en une seule fois 448 gr de glyphosate pour qu'il ait un risque sur deux de mourir ! À titre de comparaison, le sel de cuisine, que nous consommons quotidiennement, possède un LD50 de 3 gr par kg. Il est donc deux fois plus toxique que le glyphosate. La caféine, avec son LD50 de 0,185 gr par kg est, quant à elle, plus de 30 fois plus létale que le glyphosate. (István E. Markó, chimiste, président de l'European Chemical Society, professeur à l'Université catholique de Louvain)
Le glyphosate, de par sa nature chimique, ne peut pas être cancérigène car il ne peut tout simplement pas interagir directement avec l’ADN pour des raisons électrostatiques : l’ADN est recouvert de charges négatives – c’est un acide comme son nom l’indique – et le glyphosate est également chargé négativement (trois charges négatives) ; et, comme chacun ne l’ignore pas, deux molécules chargées négativement se repoussent. (...) Mais les politiciens, aveuglés par les argumentations sans fondement scientifique des écologistes, ont décidé qu’à très court terme ce produit serait interdit. Les agriculteurs seront alors contraints d’utiliser d’autres désherbants infiniment plus toxiques et surtout beaucoup plus coûteux. Qu’à cela ne tienne, la politique a ses raisons (surtout anti-scientifiques) que la raison ignore. (Jacques Henry, Contrepoints, 28/10/2019)

Selon l'EFSA (European Food Safety Authority), « il est improbable que le glyphosate présente un danger cancérogène pour l'homme »[3]. L'EFSA a cependant fixé une "dose aiguë de référence" (DARf, quantité qui peut être ingérée sur une courte période de temps, généralement au cours d'un repas ou d'une journée, sans présenter de risque pour la santé) qui est très basse : 0,5 mg par kg de poids corporel, et une dose journalière acceptable (DJA) pour les consommateurs de même valeur (à titre de comparaison la DJA de la caféine est de 5 mg/kg, de l’aspartame 40 mg/kg et celle du sel de table est d'environ 100 mg/kg).

La fracturation hydraulique

Le fracking (fracturation hydraulique[4]), en fracturant la roche par un « stress » mécanique à l'aide d'un fluide injecté sous haute pression à partir d'un forage de surface, facilite l'accès à une plus grande partie d'un gisement d'hydrocarbures (par exemple du gaz de schiste) piégés au sein même de la matrice rocheuse. Cette technique, expérimentée depuis 1947, associée au forage horizontal (développé à partir de 1980) permet d'accéder à des gisements autrefois inaccessibles ou trop coûteux à exploiter.

La France est le premier pays au monde à avoir interdit (en 2011) la fracturation pour la recherche et l'exploitation de gaz, au nom du principe de précaution, ce qui lui ferme tout espoir d'accéder un jour à l'indépendance énergétique, tandis que d'autres pays n'ont pas de tels scrupules[5].

Grippe H1N1

Le 11 juin 2009, l’OMS déclare une pandémie de niveau 6 (le plus élevé) pour un virus déclaré au Mexique, la grippe A H1N1. L'OMS considère la grippe A comme une pandémie mondiale et situe l'épicentre de l'épidémie dans la ville de Perote, dans l’État de Veracruz dans le Golfe du Mexique.

En France, le ministère de la Santé commande 94 millions de vaccins pour un coût de 869 millions d’euros, mais seulement 6 millions de personnes seront vaccinées, obligeant l’État français à tenter de revendre les millions de vaccins inutilisés à d’autres pays. L'alarmisme a ainsi donné davantage de poids à la menace qu'aux réels risques en matière de santé, ce qui montre la limite des prévisions en matière d’épidémie.

Pandémie de Covid-19

En 2020, une pandémie de coronavirus SARS-CoV-2 (ou COVID-19), originaire de Chine, se répand dans le monde au cours du premier semestre de l'année, entraînant un confinement forcé de la population dans les principaux pays développés d'Europe et d'Amérique, soit environ 3 milliards de personnes. Selon les données mondiales, la pandémie de Covid-19 fait officiellement plus de 6,6 millions de décès confirmés (au 15 novembre 2022)[6]. Afin de limiter l'épidémie, presque tous les États adoptent alors une série de mesures liberticides jamais vues auparavant : fermeture totale des lieux publics et privés, confinement forcé de la population, interdiction de manifestations ou événements collectifs, obligation du port du masque, etc. Alors que l'OMS a publiquement déconseillé le recours au confinement[7], les conséquences sanitaires ou économiques de la gestion politique de l'épidémie de COVID sont malheureusement lourdes :

  • détérioration rapide de la santé mentale au niveau mondial par conséquence des confinements (+25% selon les chiffres de l'OMS[8])
  • effondrement notable du niveau scolaire. Cet effondrement est jugé « quasiment irrécupérable » par l'UNICEF en janvier 2022[9]. En France, le niveau de lecture des enfants a significativement baissé à cause de la réponse publique au COVID-19, une baisse encore plus marquée pour les enfants en difficulté que pour les bons élèves[10],[11].
  • remise en question grave du droit à disposer de son corps avec une vaccination obligatoire contreproductive, en particulier pour des population non à risque
  • augmentation jamais vue de la dette publique, ou plutôt désormais de « l’hyperdette »[12], ainsi qu'une augmentation démesurée du poids de l'État : en France, « l’État (...) est devenu l’économie, au point que les dépenses publiques vont peser [en 2020] pour près des deux tiers de la richesse nationale. »[13]
  • augmentation sans précédent du chômage et en contrepartie de l'assistanat étatique puis, par contrecoup, hausse massive des prix déséquilibrés par des aides publiques massives
  • retour au « souverainisme social » et au protectionnisme, avec les fermetures ou semi-fermetures de frontières liées à la situation sanitaire

Il est apparu relativement rapidement que le danger du virus a été surestimé (celui-ci ne touchant qu'une infime partie de la population, personnes à risque, âgées ou souffrant de diverses comorbidités, qu'il aurait suffi d'isoler ou de protéger). Le taux de létalité du virus, initialement estimé à environ 1%, tiré par un effet moisson[14], a rapidement chuté à 0,4% (à fin 2021)[15]. La fin de cet effet moisson comme le progrès scientifique des vaccins à ARN messager ont réduit cette létalité à un niveau désormais plus bas que celui de la grippe saisonnière.[16].

Sans prêter crédit aux innombrables théories du complot qui ont fleuri, il apparaît que les politiciens, par peur, par prudence exagérée et par application du « principe de précaution », ont recherché un risque zéro impossible à atteindre. L'argument en faveur du risque zéro est toujours profitable au politicien : si les dégâts sont limités, il pourra dire que c'est grâce à lui et aux mesures qu'il a imposées ; si les dégâts sont importants, il pourra dire que sans les mesures prises, ce serait pire. Pourtant, les contre-exemples de pays (Suède : absence de confinement, pas d'obligation du port du masque) ou d'Etats américains ont montré l'inutilité de l'interventionnisme étatique dans les autres pays pour contrôler l'épidémie, avec laquelle il faut « apprendre à vivre ». Dans une recherche éperdue du risque zéro, les politiques ont largement soutenu une dictature hygiéniste supprimant la liberté individuelle et la liberté d’expression, alors que le "laissez faire" à abouti sans ces contraintes à une immunité collective naturelle de la population.

Le diesel (gasoil) en France

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En France, la fiscalité sur les produits pétroliers a toujours maintenu un différentiel entre l'essence et le diesel, en étant plus favorable à ce dernier, raison pour laquelle les entreprises roulaient très majoritairement au gasoil en France - le diesel représentant par ailleurs 80 % des volumes de carburant vendus en France. Le motif invoqué pour ce différentiel était que les voitures à essence produisaient bien plus de dioxyde de carbone que les moteurs diesel, et donc étaient "plus polluantes".

Par la suite, on s'est rendu compte que les gaz d’échappement des moteurs diesel contiennent des oxydes d'azote et des particules fines nocives pour le système respiratoire (ils ont été classés cancérigènes par l'OMS en 2012). En outre, avec l’apport du catalyseur, la pollution du moteur à essence a été significativement réduite.

À partir de 2015, l'État a décidé d'inverser les priorités, en rapprochant les fiscalités entre les deux carburants. Le prix du gasoil devrait s'approcher de celui de l’essence, l'un étant augmenté progressivement et l'autre diminué. En réalité, l'État cherche des prétextes écologiques pour maintenir une taxation absurde et confiscatoire (pour les deux carburants, les taxes pétrolières représentent environ 60 % du prix à la pompe !).

Le réchauffement climatique

Searchtool-80%.png Article connexe : réchauffement climatique.

Les Nations Unies ont mis sur pied en 1997 la Convention sur le changement de Climat, signée à Kyoto, qui établit un plan de développement international « en réponse au problème du réchauffement global » (Protocole de Kyoto), qui propose de limiter les gaz à effet de serre dans les pays développés.

La plupart des libéraux contestent de telles mesures, qui n'ont pour eux d'autres raisons que de donner du pouvoir supplémentaire à l'État, le pouvoir de contrôler encore plus la vie des gens, avec comme prétexte la préservation de la planète. Du pouvoir également pour l'État transnational qu'est l'ONU, chargée de l'application de Kyoto, application qui lui permet de demander des fonds supplémentaires, de croître (nouveaux départements entiers de fonctionnaires pour vérifier l'application du traité) et de gagner du pouvoir (contraindre des États et partant des populations qui lui échappaient jusque là).

Les libéraux rappellent que de tout temps les économies capitalistes ont été moins polluantes que les économies étatisées (voir Tchernobyl, l'assèchement de la Mer d'Aral, les pluies acides en Roumanie, etc.), et que l'État prouve chaque jour que quelle que soit la matière dans laquelle il intervient (santé, chômage, sécurité, justice...), son action est néfaste.

Cela ne signifie pas que la pollution ne doive pas être combattue, mais que la notion de responsabilité collective et l'interventionnisme étatique ne sont pas des solutions. Toute personne ou tout groupe de personnes qui s'estime lésé par un phénomène polluant devrait faire valoir ses droits en justice. Les libéraux privilégient donc une approche judiciaire de la question, permettant de mieux définir les dommages, ainsi que leurs causes, et les responsabilités qui en découlent le cas échéant (pollueur-payeur).

Citations

  • «  Il est pour le moins curieux d'appeler principe de précaution un concept nous invitant à ignorer les risques de l'interdiction. De plus, son application doit entraver le développement des moyens permettant de se prémunir contre les risques. Ces moyens sont l'assurance, le développement de la connaissance des risques, l'augmentation de l'investissement. Ils se développent avec le respect de la propriété privée et permettent développement économique et prospérité. Sans liberté économique et sans la responsabilité que le cadre légal établit et exige de la part de chaque individu, il n'y a pas de bonne gestion du risque. On ne peut donc que recommander aux partisans du principe de précaution de l'appliquer jusqu'au bout de sa logique, c'est-à-dire de ne pas le faire appliquer tant qu'ils n'ont pas prouvé qu'il est sans danger. A eux de prouver qu'il est inoffensif. »
        — Institut économique Molinari[17]

  • «  Faux concept, le principe de précaution crée des problèmes réels. Il étend le pouvoir de contrôle de l'Administration, lui donne, comme du reste aux juges, un pouvoir de décision discrétionnaire, car l'évaluation des risques reste arbitraire. Ce principe "souverain" (absolutiste) étouffe l'innovation, freine le développement des échanges avec l'étranger, ne tient pas compte des risques liés à l'interdiction d'un produit, et aboutit à une société stagnante, malthusienne, soumise à la psychose de la peur. »
        — Gérard Bramoullé

  • «  Les mesures prises au nom du principe de précaution, sont toujours invoquées par des instances qui imposent leur jugement à tous les autres, nous amenant à ignorer certains risques […] tout en en surévaluant d’autres. Il s’agit d’un principe dangereux qui nous invite à ruiner les bases d’un processus de découverte essentiel à une gestion saine du risque. »
        — Cécile Philippe

  • «  Il pourrait difficilement y avoir un monde plus insupportable - et plus irrationnel - qu'un monde où les plus éminents spécialistes de chaque domaine auraient le pouvoir de réaliser leurs fantasmes sans aucune restriction. »
        — Friedrich Hayek

  • «  Aussi humiliant que cela puisse être pour la fierté humaine, nous devons reconnaître que le progrès de la civilisation et même sa survie dépendent de la possibilité maximale laissée aux accidents d’arriver. »
        — Friedrich Hayek, The Creative Powers of a Free Society[18]

  • «  Nous rejetons définitivement l'idée que les individus ont besoin d'un tuteur pour les protéger contre eux-mêmes et leur dire ce qui est bien et ce qui ne l'est pas. »
        — Murray Rothbard

  • «  Le principe de précaution ne tient le décompte que des effets négatifs imputables aux idées nouvelles, mais n'accorde aucune attention aux avantages potentiels. Ceux-ci ne comptent pas. Et il passe totalement sous silence les coûts associés au maintien d'un statu quo. Il n'accorde aucune valeur à la découverte ou à l'apprentissage, autant comme processus d'évolution sociale que comme instruments de satisfaction personnelle. Dès lors les dés sont jetés. Les processus de marché ne pourront jamais satisfaire aux exigences du principe de précaution puisque l'incertitude est constitutive de leur essence même. Par construction le principe de précaution conduit à jeter l'anathème sur les processus de marché. »
        — Virginia Postrel[19]

  • «  La faille la plus profonde de ce principe de précaution, son péché originel est un péché d'orgueil. Il laisse croire que l'on pourrait se prémunir de tout car l'on pourrait toujours déceler la cause d'une catastrophe potentielle. Billevesée ! Sornette ! »
        — Jean de Kervasdoué

  • «  Le principe de précaution impose de prouver le zéro risque dans des domaines [où] il est généralement improuvable, car totalement neufs. C'est devenu dans bien des cas un principe de suspicion, une sorte de prudence exagérée qui parfois conduit à l'immobilisme et l'asphyxie. »
        — Nicolas Doze, le 28/11/2012

  • «  Si le populisme est le débouché des pentes les moins honorables du cerveau humain, le précautionnisme fonctionne de la même façon. Il laisse entendre que le risque zéro, pourtant impossible, est un horizon à atteindre. »
        — Gérald Bronner

  • «  Un pays qui a inscrit le principe de précaution dans sa constitution, c'est-à-dire un principe de disqualification de la science et des techniques, est un pays qui a renoncé à prendre toute espèce de risque et qui a renoncé à l'innovation, c'est pour ça que nos chercheurs, nos scientifiques quittent massivement la France pour aller à l'étranger. »
        — Pascal Bruckner

  • «  Tandis que nous diabolisons le risque et méprisons l'initiative individuelle, tout est bon pour nous faire éprouver les frissons, même lointains, des victimes que nous aurions pu être. Si chacun cherche à devenir victime, rien n'empêche de se déclarer par avance victime de menaces encore potentielles. »
        — Mathieu Laine, La France adolescente

  • «  Le principe de précaution est une ânerie et bloque tout. Trop d'écologistes politiques vivent des peurs qu'ils exploitent, sont antiprogrès et mélangent cela avec un gauchisme sociétal. »
        — Hubert Védrine, L'Opinion, 27/03/2014

  • «  Mon objection à l’usage intempérant du principe de précaution est philosophique. Ce « principe » suppose qu’on connaisse d’avance les risques encourus par une recherche encore à venir ou dans une entreprise non encore engagée. Il permet de dédouaner les politiques de leurs responsabilités et inhibe les industriels. »
        — Dominique Lecourt, 19/02/2016

  • «  L'on peut trouver des motifs d'utilité pour tous les commandements et pour toutes les prohibitions. Défendre aux citoyens de sortir de leurs maisons serait utile ; car on empêcherait ainsi tous les délits qui se commettent sur les grandes routes. Obliger chacun de se présenter tous les matins devant les magistrats serait utile ; car on découvrirait plus facilement les vagabonds et les brigands qui se cachent pour les occasions de faire le mal. »
        — Benjamin Constant

  • «  Le législateur devient celui qui distribue le risque par décret. On passe dans un nouveau type de régime juridique où une certaine activité se trouve légalement qualifiée comme risquée et un certain acteur dans le déroulement de cette activité est purement et simplement désigné comme l'auteur du risque, et donc comme coupable, chaque fois que l'accident se réalise. La responsabilité ne devient plus qu'un terme générique pour toutes sortes de distributions de risque imposées par les autorités politiques.(...) L'attribution du risque va se faire en fonction de critères "politiques" dominés par des processus de lobbying. Le fait que celui-ci plutôt que tel autre soit désigné comme "responsable" — du moins aux yeux de la loi — sera d'abord et avant tout le reflet d'un rapport de force politique. »
        — Henri Lepage

  • «  On ne peut lutter, contre les croyances irrationnelles et les peurs que par l’éducation. Le reproche le plus grave qui ait été fait au Principe de Précaution est d’avoir donné la primauté à l’émotion sur la raison et aux opinions sur les données objectives. (...) Le Principe de Précaution avait pour but l’accélération de l’acquisition des connaissances utiles, le « précautionnisme » n’étant accepté que tant que celles-ci manquent. Or il a été compris, par certains, comme la possibilité d’agir sur un simple soupçon. Une série de décisions ont illustré cette attitude et ont montré que l’excès de « précautionnisme », loin de rassurer, accroît l’anxiété et a un effet négatif sur la recherche. (...) Une autre conséquence nuisible du Principe de Précaution est l’effet parapluie : effrayés par la perspective de procès, les décideurs peuvent être conduits à prendre des décisions, non pour protéger le public mais pour se protéger eux-mêmes contre l’accusation d’avoir été inopérant. »
        — Maurice Tubiana, Le Principe de Précaution - Quo vadis ?, 2018

  • «  Le principe de précaution n’a jamais protégé personne. En revanche, il a pourri la vie de tout le monde. »
        — Roland Jaccard, Causeur, octobre 2018

  • « La bureaucratie réalise la mort de toute action. »
        — Albert Einstein, Comment je vois le monde, 1934

Notes et références

  1. François Guillaumat, thèse, p.74.
  2. DDT et lutte contre le paludisme : la réécriture de l’histoire
  3. Glyphosate: Mise à jour du profil toxicologique par l’EFSA.
  4. Voir fracturation hydraulique sur Contrepoints)
  5. Par exemple Trillions of dollars worth of oil found in Australian outback.
  6. Our World in Data, Décès liés au coronavirus (COVID-19)
  7. Non, l’OMS n’a pas fait “volte-face” sur le confinement, AFP
  8. Les cas d’anxiété et de dépression sont en hausse de 25 % dans le monde en raison de la pandémie de COVID-19
  9. COVID:19 Scale of education loss ‘nearly insurmountable’, warns UNICEF
  10. Le niveau des écoliers chute, conséquence du confinement, Le Figaro, 9 novembre 2020
  11. Pendant le confinement, c’est avant tout le niveau scolaire des élèves du second degré qui a pesé sur le vécu de la continuité pédagogique, Ministère de l'Education
  12. François Lenglet, Quoi qu'il en coûte !, Albin Michel, 2020
  13. François Lenglet, Quoi qu'il en coûte !, Albin Michel, 2020
  14. Impact de l’épidémie de Covid-19 : 95 000 décès de plus qu’attendus de mars 2020 à décembre 2021, INSEE, 19 mai 2022
  15. Les personnes infectées par le Covid-19 en meurent-elles moins aujourd’hui qu’au début de l’épidémie ?, Libération, 14 décembre 2021
  16. Le Covid est désormais moins mortel que la grippe au Royaume-Uni, BFM TV, 11 mars 2022
  17. Acrobat-7 acidtux software.png [pdf]Note de l'Institut économique Molinari sur le principe de précaution
  18. Friedrich Hayek, The Creative Powers of a Free Society, In: James Doti, Dwight R. Lee, 1991, dir., "The Market economy : A reader", Los Angeles, Roxbury Publishing Company, p78
  19. Analyse sur Euro92

Pour aller plus loin

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes


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