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Jean-Baptiste Say

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Jean-Baptiste Say
Économiste

Dates 1767 - 1832
JeanBaptisteSay.png
Tendance libéral classique
Nationalité France France
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Citation
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Catallaxia Librairal

Jean-Baptiste Say, né à Lyon, le 5 janvier 1767 et mort à Paris le 14 novembre 1832, est un économiste, journaliste et industriel français.

Biographie de Jean-Baptiste Say

Il naît d'une famille protestante, issue de l'arrondissement de Florac, en Lozère. Elle quitte la région lors de la révocation de l'édit de Nantes (1685) et se réfugie à Genève, où elle acquiert le statut de bourgeois. Jean-Baptiste Say est ainsi né d'une mère genevoise et a gardé de solides liens avec la cité de Jean Calvin, bien que son enfance se soit déroulée à Lyon, où son père pratique alors le négoce de soieries, puis à Paris où il commence à 15 ans son apprentissage en étant commis dans une maison de commerce. Un intermède de deux ans (1785-1786) en Grande-Bretagne lui permet de se former aux pratiques commerciales et à la langue anglaise. Il y assista avec enthousiasme à la révolution industrielle. Il commence ensuite sa carrière en tant que commis de banque.

Proche des Girondins et de Mirabeau, il est, à 21 ans, un partisan enthousiaste de la Révolution française. Durant la Terreur, il est rédacteur (spécialiste de l’économie politique) à la revue républicaine La Décade philosophique, littéraire et politique.

Il admirait vivement l’ouvrage d’Adam Smith, La Nature et les causes de la richesse des nations, découvert lors de son séjour britannique. Aussi, dans son Traité d'économie politique (1803), Say opère une synthèse entre le libéralisme économique de Smith et les idées politiques et philosophiques de la Révolution française, qu’il avait louées dans La Décade. L’œuvre est mal accueillie par Napoléon Bonaparte, partisan d'une économie de guerre basée sur le protectionnisme et les réglementations.

Pendant l’Empire, qu’il refuse de soutenir, il devient filateur de coton. Son entreprise est prospère. Ce n’est qu’à la Restauration qu’il peut à nouveau publier. Son Traité connaît alors de multiples éditions. Nommé en 1819 professeur au Conservatoire des arts et métiers, il édite en 1828 et 1829 les leçons qu’il y a données sous le titre Cours complet d’économie politique pratique. En 1830, il est nommé professeur d’économie politique au Collège de France, chaire créée pour lui. À sa mort, survenue à Paris, il est l’économiste français le plus célèbre du temps.

La pensée de Jean-Baptiste Say

Un précurseur du libéralisme contemporain

Jean-Baptiste Say, libéral et révolutionnaire

On reconnaît aujourd’hui en Say l’un des promoteurs de la pensée libérale. Les questions qu’il a posées, encore discutées dans tous les pays, comme sa fameuse Loi des débouchés, dépassent le cadre de l’histoire des idées économiques. D’autres points de vue sur les fondements sociologiques du développement économique conservent parfois une certaine actualité. Say se trouve en effet à un carrefour privilégié de la pensée. Il a connu des courants d’idées, dont ses contemporains faisaient mal la synthèse, au moins en France. Il appartient tout d’abord à cette « génération de la liberté » stimulée par la Révolution, qui assiste, dans le domaine économique aussi, à des bouleversements considérables. Say est, en outre, un protestant qui étudie l’Angleterre, laquelle vit, bien avant la France, sa révolution industrielle. Il est enfin un « praticien de l’économie ». Mais cet industriel, que Herbert J. Davenport appelait « le moderne des modernes », sait appliquer les sciences exactes à ses activités concrètes. Say s’efforce de concilier un rationalisme abstrait et un réalisme toujours en éveil.

La carrière de Say explique les deux faces de son œuvre philosophique et théorique d’une part, pratique d’autre part. L’intransigeance de son scientisme libéral se rencontre, par exemple, dans son Catéchisme d’économie politique (1815). Ses prises de position très vigoureuses et brillantes ont beaucoup contribué à la faire connaître. Praticien très avisé, dans ses écrits, il met l'accent sur les réalisations concrètes.

La loi des débouchés, surtout, caractérise l’aspect idéologique de la pensée de Say. On l’a résumée dans la formule : « Les produits s’échangent contre les produits. » Comme l’écrit Say : « Dans tout État, plus les producteurs sont nombreux et les productions multipliées, et plus les débouchés sont faciles, variés et vastes. » Le pouvoir d’achat créé par le produit nouveau sert à acheter ce dernier plus tard ; il se dégage ainsi un équilibre naturel, car les ressources créées par le produit sont égales à sa valeur ; le débouché se mesure à la production.

On peut constater ici un excès d’abstraction. Ou plutôt, Say fait « abstraction de l'incertitude ». L'économiste contemporain utilise souvent le procédé intellectuel de faire « abstraction de l'incertitude ». C'est un procédé aujourd'hui banal et souvent nécessaire pour le raisonnement d'un économiste. Les mouvements de la monnaie, les délais nécessaires pour le retour du pouvoir d’achat empêchent fréquemment cette équivalence d’apparaître. Qu’arrive-t-il ? Say répond sur ce point à Malthus que le bien invendu ne mérite pas le nom de produit. Cette limitation n'enlève aucune signification à la loi des débouchés. Say admet seulement que sa démonstration est valide dans certaines hypothèses. Chaque lecteur apprécie ensuite la distance entre les hypothèses et la réalité d'une actualité économique.

Le libéralisme de l’auteur est orienté vers l’optimisme et la défense systématique de la libre concurrence. Sa théorie de la répartition fait aussi partie de ses idées abstraites qui séduisent par leur logique apparente, mais n’expriment pas la réalité. Say accorde à la thèse du minimum vital une part trop grande.

De plus, tout comme Adam Smith, il reconnaît la légitimité de l'impôt. Selon Say, l'impôt devient productif quand il sert à « créer des communications, creuser des ports, élever des constructions utiles ». Say considère que l'impôt doit être le plus faible possible.

Le réalisme de Say apparaît quand il traite de questions en rapport avec son expérience personnelle. Il en est ainsi des notions de production et d’entrepreneur, de sa vigoureuse défense du rôle de l’industrie. Dans sa méthodologie, il définit bien le rôle de l’observation et de la statistique, avec une clairvoyance en avance sur son temps.

La notion de dynamisme économique, que l’on retrouve dans son vitalisme et son physiologisme, le rapproche beaucoup de certaines conceptions pluridisciplinaires modernes. Il préconise parfois une véritable étude de la psychologie économique des milieux en cause.

Loi de Say

La loi de Say, ou Loi des débouchés, énonce que « plus les producteurs sont nombreux et les productions multiples, plus les débouchés sont faciles, variés et vastes ». Dans une économie où la concurrence est libre et parfaite, les crises de surproduction sont impossibles. Il ne peut y avoir de déséquilibre global dans les économies de marché et de libre entreprise, il y a un équilibrage spontané des flux économiques (production, consommation, épargne, investissement). Cette loi est parfois réduite à la formule plus ou moins ambiguë « toute offre crée sa propre demande ». Un meilleur résumé de cette approche serait : « on ne dépense jamais que l'argent qu'on a gagné ».

L'économie de l'offre, dans la tradition de Say, s'oppose à l'économie de la demande, qui est celle de Thomas Malthus, et plus tard de Keynes.

La théorie de l'entrepreneur de Jean-Baptiste Say

Jean Baptiste Say était également un homme d'affaires ; issu d'une famille d'entrepreneurs du textile, il avait une vision des affaires très particulière et réaliste. Ses travaux sur la théorie entrepreneuriale ont largement ouvert la voie à la célèbre école autrichienne d'économie.

Sa contribution la plus importante à cet égard est d'introduire l'idée du pouvoir de la ressource humaine éclairée, ou le capital humain avant l'heure, tout en discutant de l'importance de l'esprit d'entreprise dans la théorie économique contemporaine. Il met en exergue l'importance profonde de la structure de la base de connaissances chez l'entrepreneur. En cela il est le précurseur de l'école autrichienne, mais plus encore dans sa conception de l'entrepreneur propriétaire. Celui-ci a besoin de trouver les fonds que requiert le travail. Il n'est pas forcément riche car il peut exercer son industrie avec des fonds empruntés. Mais il doit inspirer la confiance dans sa capacité à rembourser son prêt. Par conséquent, son intelligence, sa prudence, sa probité l'aident à se procurer l'usage d'un capital qu'il ne possède pas lui-même. Ces conditions, indiquent Jean-Baptiste Say, excluent beaucoup de personnes du nombre de participants. Contrairement à l'idée de Turgot, Jean-Baptiste Say fait une distinction formelle entre les entrepreneurs et les capitalistes. Selon lui, la principale caractéristique de l'entrepreneur est de comprendre le développement technologique et de pouvoir transférer ces connaissances dans un produit négociable répondant aux besoins du client. La fonction principale d'un entrepreneur est d'appliquer des connaissances structurées à un but pratique.

Jean-Baptiste Say construit un modèle approprié capable de contempler le profit, au détriment de certains facteurs de risque. Dans ce processus, il identifie une relation étroite entre le profit et l'incertitude. L'introduction de tout nouveau produit sur le marché implique naturellement certains facteurs de risque non mesurables, et dont la prévisibilité du succès dans le cadre d'une nouvelle entreprise reste toujours indéterminée. Cependant, la base de connaissances structurée d'un entrepreneur, en collaboration avec ses autres qualités et compétences entrepreneuriales, lui permet d'appréhender statistiquement la façon d'approcher le problème de l'incertitude du profit. La capacité entrepreneuriale la plus utile (l'esprit de conduite, selon Say) est donc le pouvoir d'évaluer scientifiquement certaines situations et de démontrer un pouvoir de prévoyance rationnelle - tout cela par une construction mentale puissante, et en favorisant une production rentable.

Un entrepreneur n'est donc pas une simple exigence de la production, mais un facteur explicite de la production, puisque la base de ses connaissances et sa prévoyance aident le secteur de la production à éviter de lancer une production plus ou moins importante, en relation avec la demande future rationnellement estimée des produits de consommation et d'investir essentiellement sur des éléments de demande future appropriée.

L'habileté de l'entrepreneur est d'identifier théoriquement l'opportunité de profit qui découle essentiellement de la base de connaissances scientifiques de son temps. L'évolution des connaissances scientifiques a un lien intime avec le bénéfice futur brut de tout système de production. C'est cette base de connaissances scientifiques qui qualifie essentiellement les entrepreneurs en tant que facteur déterminant d'un système de production, en lui permettant de tirer le meilleur parti de l'exécution du travail manuel et du désir du consommateur, ce qui conduit à la confirmation de la croissance économique de la production.

Par conséquent, il n'est peut-être pas injustifié de supposer que l'idée de l'importance des secteurs de la R & D (Recherche et Développement marketing) dans les activités entrepreneuriales a d'abord été conçue dans le discours académique de Jean-Baptiste Say, et qu'elle est inhérente à sa théorie du développement de l'entrepreneuriat.

La base de connaissances scientifiques, présente chez un entrepreneur d'une industrie[1], peut donc être influente. si les entrepreneurs aident l'unité de production à opter pour un bon spectre de machines conduisant à la diminution du coût de production ou à l'amélioration du taux de production. Cela entraîne en outre une diminution des coûts de production et une amélioration de la qualité et de la performance du site de la production. De telles améliorations globales, ainsi que la concurrence mutuelle entre les différentes industries, rendront les produits moins coûteux à long terme. Cela entraînera un avantage économique pour les consommateurs eux-mêmes, leur permettant de dépenser plus d'argent pour d'autres produits - et le cycle se poursuivra ainsi.

L'importance primordiale de la connaissance scientifique (et la prévoyance économique connexe) de l'entrepreneur a ainsi été bien comprise dans le cadre de la recherche de Jean-Baptiste Say. On comprend que les activités entrepreneuriales nécessitent une combinaison de qualités individuelles, y compris des connaissances scientifiques dans un horizon élargi.

Le profit, chez Jean-Baptiste Say, ne peut pas être considéré comme une simple incitation à l'activité entrepreneuriale. Les détails du spectre des profits servent plutôt de source d'information, ce qui peut aider l'entrepreneur à concevoir, à utiliser et à modifier la loi de la demande et de l'offre. En conclusion, le profit de l'entrepreneur ne provient pas de sa capacité à produire des choses matérielles, mais par la création d'utilités qui est transférée sur les marchés avec d'un côté celui qui vend l'utilité du produit et de l'autre celui qui achète l'utilité du produit.

Influence sur la pensée économique

Les commentateurs de Say adoptent des attitudes très divergentes à son égard. E. Teilhac, par exemple, en fait le fondateur génial de l’« économie sociale » moderne. D’autres ont réduit son rôle à celui d’un disciple un peu effacé de Smith, dont il aurait seulement diffusé les idées. En réalité, Say tient une place intermédiaire entre ces deux positions extrêmes. C’est un libéral en économie, mais il fut l’initiateur de l’école française, en définitive plus optimiste et plus idéologique aussi, malgré ses apports concrets, que les classiques anglais. Son influence se manifeste chez Frédéric Bastiat, Pellegrino Rossi, Adolphe Blanqui, et aussi chez Michel Chevalier et Henri Baudrillart. Comme industrialiste et productiviste, ses idées ont dépassé les limites de l’école libérale. On a souvent remarqué que Saint-Simon et Proudhon (qui qualifie Say d’« homme de génie ») lui doivent beaucoup. Aux États-Unis, ses ouvrages eurent de nombreuses éditions. C. Carey défend son productivisme. En Italie, Francesco Ferrara prend des positions analogues à celles de Say, comme le fait William Stanley Jevons en Angleterre. C’est en se référant surtout à la pensée de Say que Jevons écrit : « La vérité est avec l’École française, et plus tôt nous le reconnaîtrons, mieux cela vaudra. ».

Citations

  • «  Entre un penseur et un érudit, il y a la même différence qu'entre un livre et une table des matières. »

  • «  L'argent n'est que la voiture des produits. Tout son usage est de voiturer chez vous la valeur des produits que l'acheteur avait vendus pour acheter les vôtres. […] C'est donc avec la valeur de vos produits transformés momentanément en une somme d'argent que vous achetez, que tout le monde achète les choses dont il a besoin. »

  • «  Le fait seul de la formation d'un produit ouvre, dès l'instant même, un débouché à d'autres produits. »

  • «  Un impôt exagéré détruit la base sur laquelle il porte. »

  • «  Le meilleur de tous les impôts est le plus petit. »

  • «  Lever un impôt, c'est faire tort à la société. »

  • «  On n’est jamais mieux gouverné que lorsqu’il n’y a pas de gouvernement. »

  • «  Ce qui est nécessaire à la société, c’est le respect des personnes et des propriétés, et il ne faut pour cela qu’abandonner la police à la société. »

Informations complémentaires

Notes et références

  1. L'éclosion intellectuelle de Jean-Baptiste Say coïncide avec la période de la révolution industrielle. Il y a chez lui les bases de compréhension de l'entrepreneur industriel distinct du capitaliste. Il développe une conception plus liée au processus de production (coordonner les facteurs de production, organiser la production) en tenant compte du risque qui en est issu. Il précise qu'une activité entrepreneuriale appropriée à son contexte accélère l'ajustement d'une nouvelle industrie sur le marché, en mobilisant les procédures pertinentes requises pour la gestion des produits et par la recherche de l'emploi des ressources dans un nouvel établissement. Sa théorie de l'entrepreneuriat conjecture aussi que ce sont les facultés humaines, plutôt que la loi de l'offre et la demande, qui peuvent expliquer la principale cause de la disparité dans les profits entre différentes entreprises d'une industrie. Le profil général d'une industrie peut alors changer radicalement en raison de la possession de talents rares chez des entrepreneurs. L'exigence des entrepreneurs sur le marché met ainsi en évidence le rôle très important de l'éducation, de la formation et de la connaissance en général, pour que les entrepreneurs les concrétisent en tant que ressource d'aptitude industrielle à travers le développement des entreprises.

Ouvrages

  • 1814, "Épitomé des principes fondamentaux de l'économie politique",
  • 1815,
    • a. "De l'Angleterre et des Anglais", Paris : Arthur Bertrand
      • Traduction en anglais en 1816 par John Richter, "England and the English People", London : Sherwood, Neely et Jones
    • b. "Catéchisme d'économie politique"
  • Petit Volume contenant quelques aperçus des hommes et de la société (1817)
  • Lettres à M. Malthus sur l'économie politique et la stagnation du commerce (1821)
  • Cours complet d'économie politique pratique (1828-1830)
  • Cours complet d'économie politique pratique, volume complémentaire (1833)
  • Politique pratique (publié pour la première fois en 2003)

Littérature secondaire

Pour voir les publications qui ont un lien d'étude, d'analyse ou de recherche avec les travaux et la pensée de Jean-Baptiste Say : Jean-Baptiste Say (Littérature secondaire)

Articles connexes

Liens externes


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