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Guerre contre la drogue
La Guerre contre la drogue est une politique de répression correspondant à une phase hystérique de la prohibition des drogues ou produits stupéfiants. L'expression War on drugs a été utilisée par le président américain Richard Nixon, en 1971.
Une guerre contre la drogue injuste et inefficace
Cette « guerre » cible le commerce, la détention et la consommation de produits dits illicites, car au-delà du fait de rien rapporter aux caisses de l'État, elle est combattue car provocant une forte dépendance, des problèmes de santé, délinquance et criminalité. Le toxicomane est donc perçu et considéré comme une menace et comme un potentiel criminel. Pour ces motifs évoqués, très peu de pays ont adopté une politique de dépénalisation ou légalisation.
La consommation de drogues est un droit fondamental de l'être humain (comme l'euthanasie, le suicide et la prostitution), car elle ressortit de la propriété du corps de chaque individu, qui est inaliénable. Cette propriété légitime l'usus, le fructus et l'abusus, c'est-à-dire le droit d'utiliser son corps (pour courir, dormir, etc.), le droit d'en tirer profit (en vendant sa force de travail, en se prostituant, en vendant ses organes, etc.) et le droit d'en abuser (en se droguant, en se suicidant, en se mutilant, en consommant trop de sel ou de sucre, en devenant obèse, en ne pratiquant aucun sport, etc.). Les lois punissant la consommation de drogues sont donc des lois illégitimes en regard du droit naturel.
Qui plus est, d'un simple point de vue utilitariste, la guerre contre la drogue est un échec complet. Depuis un siècle, la consommation des stupéfiants n'a jamais cessé d'augmenter. La répression brise des vies, celles des consommateurs avant tout. Combien sont morts à cause d'un produit de mauvaise qualité, consommé dans des conditions déplorables, traqués par la machine policière ? Légaliser la production, la vente et la consommation de toutes les drogues permettra d'améliorer fortement la qualité des stupéfiants (la pureté de ceux-ci, mais également de créer des produits qui ne soient plus addictifs), de poursuivre en justice les producteurs de produits nocifs, d'informer efficacement les consommateurs, de baisser très fortement les prix (et donc de diminuer la criminalité, la prostitution non voulue), etc.
L'exemple historique de la fin de la "Prohibition" (interdiction de fabrication, transport, et vente de boissons alcoolisées dans certains pays) en est une preuve : après l'abrogation de lois qui de toute façon étaient inefficaces, le crime organisé perdit une part importante de ses revenus liés au marché noir, et pour autant la consommation d'alcool n'augmenta pas de façon sensible.
L'État paternaliste, faute d'empêcher les consommateurs de consommer (ce qui est impossible), s'attaque aux fournisseurs, ce qui aboutit à un résultat inverse de celui qui était recherché (l'illégalité du commerce des stupéfiants rend ces produits extrêmement coûteux, ce qui incite davantage de personnes à entrer dans ces trafics). La guerre contre la drogue illustre excellemment l'absurdité de l'interventionnisme étatique. Les partisans d'une telle intervention seraient d'ailleurs bien en peine de prouver qu'elle coûte moins que le bénéfice que la société serait censée en retirer.
Vers la fin de la guerre
Un rapport[1] de juin 2011 de la Commission mondiale sur la politique des drogues (Global Commission on Drug Policy) reconnaît que « la lutte antidrogue a échoué ». Ce rapport recommande :
- de « mettre fin à la criminalisation, la marginalisation et la stigmatisation des personnes consommant des drogues mais qui ne causent pas de dommage aux autres », car « la décriminalisation n'aboutit pas à une augmentation significative de la consommation de drogues » ;
- « d'encourager l'expérimentation des gouvernements avec des modèles de régulation légale des drogues [en particulier le cannabis] afin de réduire le pouvoir de la criminalité organisée et protéger la santé et la sécurité de leurs citoyens ».
En France, la prohibition du cannabis à elle seule coûte 300 millions d'euros par an à l'État (Cannabis : ce que la légalisation rapporterait au fisc, Le Monde, 2 août 2011). Certains économistes affirment que la légalisation rapporterait à l'État plus d'un milliard d'euros par an si le cannabis était taxé comme le tabac.
En 2001, le Portugal est devenu le premier pays d'Europe à décriminaliser la possession pour usage personnel de toutes les drogues[2].
En 2012, le Guatemala abandonne la guerre contre la drogue[3], préférant mobiliser ses énergies sur ce qu’il considère comme de véritables crimes.
Le 6 novembre 2012, le Colorado est le premier état des États-Unis à légaliser la consommation de cannabis, par voie référendaire.
En décembre 2013, l'Uruguay légalise la culture, la vente et l'usage de cannabis[4], mais confère à l’État la mainmise sur la culture et la vente du cannabis à des fins récréatives. Cette tendance à la nationalisation du trafic de drogue est soutenue par un certain nombre de politiciens, par exemple la socialiste suisse Ruth Dreifuss préconise une attitude "ni prohibition ni libéralisation" et le "transfert du monopole des drogues des trafiquants à l’État".
Bibliographie
- 1998, Ted Galen Carpenter, "Ending the International Drug War", In: Jefferson M. Fish, dir., "How To Legalize Drugs", Northvale, NJ: Jason Aronson
- 2003, Ted Galen Carpenter, "Bad Neighbor Policy: Washington’s Futile War on Drugs in Latin America", New York: Palgrave/Macmillan
- 2004, Ted Galen Carpenter, "How the Drug War in Afghanistan Undermines America’s War on Terror", Cato Institute Foreign Policy Briefing, n°84, November 10
Notes et références
Citations
« Si vous examinez la guerre contre la drogue d'un point de vue purement économique, vous comprenez que le rôle du gouvernement est de protéger le cartel de la drogue. »
— Milton Friedman
« Le désordre causé par l'intervention des forces du désordre sert de prétexte à leur intervention-même : par exemple, les dangers des drogues servent de prétexte à leur interdiction, alors que l'interdiction ne fait qu'amplifier les dangers des drogues. »
— François Guillaumat
« La guerre de la drogue a été déclarée sous Nixon il y a plus de 40 ans. Comme la guerre contre le terrorisme, cette guerre ne sera jamais gagnée : il y a plus de cocaïne et de marijuana qu'il n'y en a jamais eu. Que ce soit pour le sexe, pour la drogue ou pour l'alcool, la prohibition n'a jamais marché. »
— Oliver Stone, Interview Paris-Match du 27/9-3/10 2012
« Si toutes les drogues étaient légalisées, les barons de la drogue seraient ruinés et finiraient par s'entretuer. »
— Edward Snowden, 12/06/2013 sur Twitter
Liens externes
- (fr)Guerre à la drogue sur Liberpedia
- (en)Thinking about Drug Legalization
- (en)Drug Policy and the Decline of American Cities, Sam Staley
- (en)Bill Walker The Cocaine Price Support Program
- (en)The Drug War as a Socialist Enterprise
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