Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !


Thomas Cochran

De Wikiberal
Aller à la navigation Aller à la recherche

Thomas Childs Cochran, né le 29 avril 1902 à Manhattan, décédé le 2 mai 1999[1], était un historien économique américain, spécialiste de l'histoire du business. Il a obtenu son premier diplôme universitaire et son master à l'Université de New York avant d'obtenir son doctorat à l'Université de Pennsylvanie. Il a enseigné à la New York University (N.Y.U.) pendant près de vingt-cinq ans avant de rejoindre l'Université de Pennsylvanie en 1950, où il est devenu professeur d'histoire à la chaire "Benjamin Franklin", poste dont il a pris sa retraite en 1972. Il a produit "The Age of Enterprise" avec William Miller, en 1961, un ouvrage important sur l'histoire du capitalisme américain. Tout au long de sa carrière, il a tenté d'examiner l'histoire du business non seulement comme un sujet strictement économique, mais avant tout comme un sujet culturel[2].

L'entrepreneur dit déviant à la source du changement social et économique

Thomas Cochran nous apprend en 1942 que la croissance de l'entrepreneuriat dans une communauté particulière peut se heurter à une sorte de blocage culturel. Le chef d'entreprise est à la fois façonnant et répondant au système de valeurs du pays. Sa personnalité est façonnée par un certain type modal qui découle en partie du conditionnement social. Car les modèles entrepreneuriaux sont intégrés dans un cadre plus large des rôles économiques et sociaux qui interagissant les uns avec les autres dans un espace flexible. Si les valeurs morales d'une communauté, à une période donnée, ne réussissent pas à irradier une forte énergie entrepreneuriale, alors la prospérité économique de la communauté peut être gravement entravée. Mais, fait intéressant, ajoute Thomas Cochran, il existe toujours certains personnages inhabituels qui souhaitent s'écarter des normes, ceux-là constituent la génération d'entrepreneurs déviants bénéfiques à la croissance économique. Même si ce groupe ne représente pas un grand nombre, dans toutes les sociétés, il y a toujours des gens qui aiment aller à contre-courant. Et, en ce sens, ils sont maladroitement dénommés des entrepreneurs déviants. De telles exceptions de comportement montrent que la culture communautaire est importante. Elle peut jouer un rôle déterminant en tant qu'actrice du changement en donnant de nouvelles formes, progressivement ou rapidement, en fonction des réactions du reste de la société aux constructions subjectives de cette communauté.

Les constructions mentales de la population dépendent en quelque sorte des orientations de valeur de cette culture. Pour provoquer des changements dans une société statique, un acteur du changement peut perturber les orientations de valeur du moment d'une culture et peut alors avoir un impact positif. Lorsqu'une telle perturbation ne se produit pas dans une communauté, une autre communauté peut entrer en interaction et profiter de cette non-occurrence. Thomas Cochran affirme que l'allure du changement social et économique est fonction du taux de la construction subjective. Ainsi, les individus, cadres d'une culture, peuvent conceptualiser et utiliser un nouvel élément, et dans une autre culture, où l'élément est également disponible, ils peuvent ignorer son existence.

En conclusion, pour Thomas Cochran, les problèmes fondamentaux du développement économique ne sont pas économiques. Sa théorie sociologique de l'entreprenariat met l'accent sur les valeurs culturelles, les attentes de rôle et les sanctions sociales comme éléments clés qui déterminent l'offre d'entrepreneurs à une période donnée. Selon lui, un entrepreneur n'est ni un individu sorti de la normalité, ni une personne déviante mais il représente la personnalité modèle d'une société.

L'opposition à la thèse des barons voleurs

Thomas C. Cochran fut un historien révisionniste influant contestant les thèses des critiques des grands entrepreneurs américains. Il a défendu (1970) particulièrement le rôle commercial du financier, Henry Villard. Il attaqua la prémisse des auteurs des barons voleurs selon laquelle l'entrepreneur opérait de manière amorale dans une société par ailleurs morale. Il affirma que l'approche typique du baron voleur dramatisait exagérément l'histoire. Thomas Cochran estimait qu'Henry Villard, d'origine allemande, plutôt qu'un vautour à la recherche de profit, était un entrepreneur relativement inexpérimenté qui n'a pas eu la capacité de voir à temps son entreprise traverser une dépression. Pour lui, l'homme d'affaires de la fin du XIXe siècle doit être évalué dans son propre cadre de référence culturel et non pas selon les normes du milieu du XXe siècle. Il conclut donc que la seule approche valable pour l'étude de l'entrepreneuriat est d'appliquer la méthodologie des sciences sociales aux études culturelles comparatives et de procéder du particulier au général.

Informations complémentaire

Notes et références

  1. Il est décédé au Quadrangle Retirement Center à Haverford, en Pennsylvanie.
  2. En 1940, il a souligné la nécessité d'une recherche historique pour déterminer la relation entre les entreprises et leur cadre social et culturel en développement.

Publications

  • 1932, "New York in the Confederation: An Economic Study"
    • Nouvelle édition en 1972, New York: Kelley.
  • 1942, avec William Miller, "The Age of Enterprise: A Social History of Industrial America", New York: The Macmillan Company
    • Edition révisée en 1961, Harper
  • 1948,
    • a. "The Pabst Brewing Company: The History of an American Business",
      • Nouvelle édition en 1976, Westport, Conn.: Greenwood
    • b. "The "Presidential Synthesis" in American History", American Historical Review, Vol 53, pp748—759
  • 1950,
    • a. "The Legend of the Robber Barons", Pennsylvania magazine of history and biography, Vol LXXIV
    • b. "Entrepreneurial Behavior and Motivation", Explorations in Entrepreneurial History, Vol 2, pp304-307
  • 1953, "Railroad Leaders 1845-1890: The Business Mind in Action", In: "Studies in Entrepreneurial History", Cambridge: Harvard University Press
    • Nouvelle édition en 1966, New York: Russell
  • 1957, "The American Business System: A Historical Perspective, 1900–1955"
    • Nouvelle édition en 1972, "American Business in the Twentieth Century", Cambridge, Mass.: Harvard Univ. Press
  • 1959,
    • a. "The Puerto Rican Businessman: A Study in Cultural Change", Philadelphia: Univ. of Pennsylvania Press
    • b. "Basic History of American Business", Princeton, N.J.: Van Nostrand
  • 1960, "Cultural Factors in Economic Growth", Journal of Business History, Vol 20, pp515-530
  • 1962, avec Reuben D. Reina, "Entrepreneurship in Argentine Culture", Philadelphia: Univ. of Pennsylvania Press
  • 1964, "The Inner Revolution: Essays on the Social Sciences in History", New York: Harper
  • 1965, "The entrepreneur in economic change”, Explorations in Entrepreneurial History, Vol 3, n°1, pp25-38
  • 1966,
    • a. "The Legend of the Robber Barons", In: R. M. Robertson, J. L. Pate, dir., "Readings in United States Economic and Business History", Houghton Mifflin, Boston<
    • b. avec Thomas B. Brewer, dir., "The Agricultural Era", New York: McGraw-Hill
  • 1968,
    • a. "Entrepreneurship", In: David L. Sills, dir., "International Encyclopedia of the Social Sciences", Londres et New York, MacMillan et The Free Press, vol 5, pp87-91
    • b. "The Great Depression and World War II: 1929-1945", Glenview, III.: Scott, Foresman
  • 1969, "Economic history, old and new", The American Historical Review, Vol 74, n°5, June, pp1561-1572
  • 1971, "The Entrepreneur in Economic Change", In: Peter Kilby, dir., "Entrepreneurship and Economic Development", New York, NY: The Free Press, pp95–108
  • 1972,
    • a. "Business in American Life: A History", New York: McGraw-Hill
      • Nouvelle édition paperback en 1974
    • b. "Social Change in America: The Twentieth Century", New York: Harper
  • 1977, "200 Years of American Business", New York: Basic Books
  • 1978, "Pennsylvania: A Bicentennial History", New York: Norton
  • 1981, "Frontiers of Change: Early Industrialism in America", New York: Oxford University Press

Littérature secondaire

  • 1979, Glenn Porter, "Cochran, Thomas C.", In: David L. Sills, dir., "International Encyclopedia of the Social Sciences: Bilgraphical Supplement", Vol 18, New York: Free Press, pp127-129
  • 1982, Sean Wilentz, commentaire du livre de Thomas Cochran, "Frontiers of Change: Early Industrialism in America", The Public Historian, Vol 4, n°3, Summer, pp116-118
  • 1986, Kenneth L. Sokoloff, commentaire du livre de Thomas Cochran, "Frontiers of Change: Early Industrialism in America", The Business History Review, Vol 60, n°1, Spring, p126-128