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American Mercury
The American Mercury était un magazine mensuel fondé en 1924 par H. L. Mencken et George Jean Nathan. Il était réputé pour son esprit libéral conservateur, son humour sardonique et sa critique sociale acerbe. Au cours de ses premières années, il a été l'un des périodiques les plus influents des États-Unis, mais il a décliné après le départ de Mencken en 1933. Malgré une renaissance temporaire dans les années 1940 et 1950, le magazine a fermé ses portes en 1981.
Fondation idéologique de l'American Mercury
Dans les annales du journalisme américain, le nom de H. L. Mencken brille tel un phare de dissidence intellectuelle. Le cœur battant derrière le mythique American Mercury, Mencken incarna une pensée libéral conservatrice teintée d'un mépris audacieux envers l'autorité religieuse.
- . Le credo de Mencken. En tant que critique et rédacteur en chef de l'American Mercury, H. L. Mencken érigea la liberté d'expression en principe sacré. Dans ses éditoriaux ciselés, il plaidait pour une discussion ouverte et sans entraves, où les idées préconçues étaient passées au crible de l'examen critique. Son leitmotiv : une indépendance d'esprit farouche et une répulsion viscérale envers toute forme de conformisme.
- . L'American Mercury et l'individu libre. Le magazine, reflet fidèle de la pensée de son fondateur, se fit le chantre de la liberté individuelle sous toutes ses formes. Il rejeta avec véhémence tout pouvoir coercitif, que ce soit celui de l'État, de l'Église ou d'autres institutions. Dans ses pages, l'autonomie de l'individu était sacralisée, son droit à la libre expression et à la divergence d'opinions défendu avec ardeur.
- . Changement de direction éditoriale. Comparé à son prédécesseur, le Smart Set, l'American Mercury représenta un tournant radical. Mencken et son complice George Jean Nathan y trouvèrent une tribune sans entraves pour leurs diatribes contre l'ordre établi. Si au début, le contrôle éditorial semblait partagé, il devint rapidement évident que Mencken dictait la cadence, marquant ainsi un changement majeur dans l'orientation éditoriale du magazine.
Ainsi, l'American Mercury devint le lieu de convergence pour les esprits libres et rebelles, comme celui d'Albert Jay Nock, où la pensée critique et la liberté d'expression régnaient en maîtres, propulsant H. L. Mencken et ses idéaux au cœur du débat intellectuel de l'époque.
Contenu et orientation de l'American Mercury : Une plongée satirique dans la culture américaine
- . Examen de la culture américaine avec un humour sardonique. L'American Mercury était bien plus qu'un simple périodique : c'était une tribune où l'humour caustique se mêlait à une analyse incisive de la société américaine. À travers ses pages, les lecteurs découvraient une radiographie acérée de la culture populaire, tournée en dérision avec une ironie cinglante. Rien n'échappait à la plume mordante de ses rédacteurs, du politiquement correct à la moralité conventionnelle, le tout servi avec un humour noir qui faisait mouche.
- . Démystification des mythes américains et des figures vénérées. H. L. Mencken et ses collaborateurs se faisaient un devoir de dynamiter les mythes fondateurs de l'Amérique, révélant les failles béantes derrière les idéaux glorifiés. À travers des articles percutants, l'American Mercury déconstruisait les figures emblématiques de l'histoire américaine, exposant les hypocrisies cachées derrière les icônes. Aucune idole n'était à l'abri de leur critique impitoyable.
- . Critique de la décence des petites villes et de la démocratie pure. l'American Mercury était un fervent pourfendeur de l'hypocrisie tapie derrière la façade de la décence des petites villes américaines. À travers ses reportages et ses éditoriaux, le magazine exposait les travers et les vices dissimulés sous le vernis de la respectabilité provinciale. De même, la notion de démocratie pure était tournée en ridicule, avec H. L. Mencken déclarant, avec effronterie, que c'était là le terrain fertile des sots et des ignorants.
- . Orientation politique de Mencken et cibles de la critique. Politiquement, H. L. Mencken se situait à droite de l'échiquier, bien que ses positions fussent souvent difficilement classables. Son mépris pour les utopistes et les idéalistes de gauche transparaissait dans ses critiques cinglantes d'écrivains comme Upton Sinclair et d'activistes comme Emma Goldman. Il n'épargnait pas non plus les politiciens de tous bords, les dénonçant comme des imposteurs et des charlatans. En somme, l'American Mercury de Mencken était un brûlot contre l'hypocrisie et la bêtise, où aucune autorité, aucun dogme n'était à l'abri de son regard piquant.
Réception et impact de l'American Mercury : Une influence tumultueuse
- . Citations fréquentes et influence étendue, particulièrement chez les étudiants. L'American Mercury était bien plus qu'un simple magazine : c'était un phare de dissidence intellectuelle qui attirait une audience avide de ses idées provocantes et de son humour incisif. Ses articles étaient largement cités et discutés, en particulier parmi les étudiants des campus universitaires, qui étaient attirés par son ton iconoclaste et ses critiques acerbes de la société américaine.
- . Réception controversée au sein de la classe moyenne américaine. Cependant, l'American Mercury n'était pas sans ses détracteurs, en particulier parmi la classe moyenne américaine conservatrice. Son ton irrévérencieux et ses attaques sans retenue contre les institutions établies lui valurent de nombreuses critiques et condamnations de la part des bien-pensants et des gardiens de la morale traditionnelle.
- . Déclin de pertinence et de lectorat. Vers la fin de 1933, l'American Mercury commença à perdre de sa pertinence et de son lectorat. La Grande Dépression plongea le pays dans une crise économique sans précédent, détournant l'attention du public des débats intellectuels vers les réalités plus immédiates de la vie quotidienne. De plus, le ton caustique du magazine commença à perdre de son attrait alors que les lecteurs cherchaient des perspectives plus optimistes et constructives.
- . Raisons possibles du déclin pendant la Grande Dépression. Tout d'abord, la crise économique a affecté la capacité des lecteurs à se permettre d'acheter des publications moins essentielles, réduisant ainsi le lectorat potentiel du magazine. De plus, l'atmosphère générale de désespoir et de lutte pour la survie pendant cette période rendait les critiques acerbes et les satires sociales moins attrayantes pour de nombreux lecteurs, qui préféraient se tourner vers des divertissements plus légers et des sources d'information plus pragmatiques. Enfin, les thèmes et les idéaux défendus par l'American Mercury pouvaient sembler dépassés ou inappropriés dans un contexte où les gens cherchaient des solutions concrètes à leurs problèmes plutôt que des critiques intellectuelles de la société.
Le Départ de Mencken et les Successions Mouvementées
- Démission de H. L. Mencken. La démission de Mencken de la rédaction de l'American Mercury en 1933 marqua un tournant majeur dans l'histoire du magazine. Après une décennie de leadership incontesté, Mencken sentit que son époque à la tête de l'American Mercury touchait à sa fin. Son départ laissa un vide considérable dans la direction éditoriale du magazine, laissant ses lecteurs et ses collaborateurs se demander ce que l'avenir réservait à cette publication iconoclaste.
- Arrivée de Henry Hazlitt. Pour succéder à Mencken, la direction se tourna vers Henry Hazlitt, ancien éditeur de critiques de livres pour la revue, la Nation. Hazlitt, bien qu'étant un intellectuel brillant, eut du mal à insuffler à l'American Mercury la même énergie et la même vivacité intellectuelle que son prédécesseur. Après seulement quatre numéros sous sa direction, Henry Hazlitt quitta le poste, laissant le magazine à la recherche d'une nouvelle voie éditoriale.
- Reprise en main par Charles Angoff. Ancien assistant de Mencken, Charles Angoff prit ensuite les rênes de l'American Mercury . Sous sa direction, le magazine dévia vers la gauche politique, adoptant des positions plus progressistes et mettant l'accent sur les questions sociales et économiques. Cette transition idéologique marqua un changement significatif par rapport à l'approche plus conservatrice de Mencken, et divisa l'audience de l'American Mercury entre ceux qui appréciaient ce nouveau cap et ceux qui le voyaient comme une trahison des idéaux fondateurs du magazine.
- Vente du magazine à Paul Palmer. En décembre 1934, un an après le départ de Mencken, l'American Mercury fut vendu à Paul Palmer, un éditeur associé aux journaux du Baltimore Sun. Cette vente marque le début d'une série de changements de propriété tumultueux qui ont marqué les dernières décennies d'existence du magazine. Sous la direction de Palmer, l'American Mercury tenta de se réinventer pour attirer un nouveau public, mais ses efforts furent souvent vains. Le magazine continua à changer de mains à plusieurs reprises au fil des ans, avec chaque nouveau propriétaire essayant de redynamiser la publication selon sa propre vision éditoriale.
Ces changements de propriété et de direction éditoriale ont finalement contribué au déclin irrémédiable de l'American Mercury, sapant sa cohérence éditoriale et son attractivité pour les lecteurs. Malgré ses efforts pour s'adapter aux évolutions du paysage médiatique et culturel, l'American Mercury ne put jamais retrouver son éclat d'antan et finit par disparaître de la scène journalistique américaine.
Renaissance du Mouvement Conservateur dans la Ligne éditoriale
- . Brève renaissance à la fin des années 1940 et dans les années 1950 avec des contributeurs de renom. Malgré ses difficultés, l'American Mercury connut une brève renaissance dans les années d'après-guerre. Durant cette période, le magazine attira un certain nombre de contributeurs de renom, parmi lesquels Max Eastman, William F. Buckley Jr., et Frank Meyer. Leurs écrits, imprégnés d'une pensée conservatrice et libérale, insufflèrent un nouvel élan intellectuel à l'American Mercury, attirant à nouveau l'attention sur ses pages. À une certaine période, Suzanne La Follette en fut la rédactrice en chef.
- . Contribution au mouvement conservateur américain d'après-guerre. La présence de ces éminents intellectuels au sein l'American Mercury contribua grandement à façonner le paysage intellectuel américain de l'époque. Leurs écrits, ainsi que dans d'autres publications, ont joué un rôle crucial dans le développement du mouvement conservateur d'après-guerre aux États-Unis. En plaidant pour des idéaux tels que la liberté individuelle, la responsabilité personnelle et la limitation de l'État, ils ont jeté les bases d'une nouvelle vision politique qui allait marquer l'histoire du pays.
- . Changements fréquents de propriété affectant la ligne éditoriale. Cependant, malgré cette période de renaissance, l'American Mercury fut encore une fois confronté à des défis liés à la propriété et à la direction éditoriale. Les changements fréquents de propriétaires et de sièges éditoriaux eurent un impact majeur sur la ligne éditoriale du magazine. À chaque changement, la vision de l'American Mercury oscillait, parfois de façon drastique, entre conservatisme et progressisme, ce qui créait une confusion parmi ses lecteurs quant à l'orientation idéologique du magazine.
Virage éditorial vers des Points de Vue Controversés
- . Mise en avant des questions de couleur de peau et défense de la suprématie blanche. Au fil du temps, l'American Mercury se détacha de ses racines iconoclastes pour adopter des positions de plus en plus extrêmes sur les questions de couleur de peau. Alors que H. L. Mencken avait ouvert les pages du magazine à une diversité d'auteurs, ignorant les barrières des origines, les nouveaux propriétaires et rédacteurs adoptèrent une ligne éditoriale ouvertement discriminatoire. Le magazine se mit à défendre la suprématie blanche, propageant des théories racistes et justifiant de façon abjecte la ségrégation raciale.
- . Promotion d'idéologies discriminatoires et défense du nazisme. L'American Mercury, autrefois un bastion de la libre pensée et de la critique sociale, sombra dans l'obscurité morale en promouvant des idéologies discriminatoires. Sous de nouveaux propriétaires, le magazine se fit le chantre de l'intolérance, offrant une tribune aux propagateurs de la haine raciale et religieuse. Pire encore, l'American Mercury se lança dans la défense du nazisme, dépeignant Adolf Hitler comme un héros mal compris et prônant des idéaux nazis déplorables.
- . Changement drastique de contenu éditorial par rapport à l'approche inclusive de Mencken. Ce virage radical dans le contenu éditorial de l'American Mercury représenta un changement choquant par rapport à l'approche inclusive et ouverte de H. L. Mencken. Alors que celui-ci avait accueilli des contributeurs de divers horizons, ignorant les préjugés, les nouveaux propriétaires imposèrent une vision étroite et bigote qui pervertit l'héritage intellectuel du magazine. L'American Mercury, autrefois un phare de liberté intellectuelle, se transforma en un vecteur de haine et d'intolérance, trahissant ainsi les principes fondateurs de son illustre passé.
Dernières Années et Fermeture Définitive
- . Contributions limitées de grands auteurs dans les dernières années du magazine. Dans ses dernières années, l'American Mercury fut marqué par une diminution significative de la qualité et de la diversité des contributions de ses auteurs. Alors qu'il avait autrefois attiré des écrivains de renom, le magazine peinait à maintenir cet attrait, avec des contributions de plus en plus rares et souvent de qualité médiocre.
- . Numéro spécial commémorant le centenaire de Mencken. En 1980, à l'occasion du centenaire de la naissance de H. L. Mencken, l'American Mercury publia un numéro spécial célébrant l'héritage du fondateur. Cependant, ce numéro suscita la controverse en raison de la mise en avant de ses vues réactionnaires et de ses positions radicales. Plutôt que de célébrer les idéaux de liberté et de tolérance chers à Mencken, le magazine semblait glorifier ses pires excès et ses idées les plus controversées.
- . Tentatives infructueuses de mobiliser le lectorat avec des appels controversés. Face au déclin inexorable de son lectorat, l'American Mercury tenta désespérément de rallier les lecteurs avec des appels controversés. Cependant, ces tentatives, souvent teintées d'extrémisme et de provocation, ne firent que repousser davantage les lecteurs potentiels, accentuant ainsi la marginalisation du magazine.
- . Cessation définitive de parution de la publication. Finalement, en 1981, après cinquante-sept ans d'existence tumultueuse, l'American Mercury cessa de paraître. Cette cessation de publication marqua la fin d'une ère pour le journalisme américain, mettant un terme à l'un des magazines les plus influents et controversés de son temps. Alors que l'American Mercury disparaissait de la scène médiatique, il laissait derrière lui un héritage complexe, marqué par des contributions intellectuelles remarquables mais aussi par des dérives idéologiques qui ont terni son image.
Bibliographie
- 1962, M. K. Singleton, "H. L. Mencken and the American Mercury Adventure", Durham, North Carolina: Duke University Press
- 1981, Alfred A. Knopf, "H. L. Mencken, George Jean Nathan, and the American Mercury Venture", Menckeniana, Vol 78, pp1–10
- 1984, Richard K. Russell, "Introduction to The American Mercury: Facsimile Edition of Volume I", Blauvelt, N.Y.: Freedeeds Books
- 2006, James E. Person, "American Mercury", In: Bruce Frohen, Jeremy Beer, Jeffrey O. Nelson, dir., "American conservatism: an encyclopedia", Wilmington, Del.: ISI Books, pp28-30