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Smicardisation de la France
La Smicardisation de la France désigne l'accroissement de la part des salariés en France percevant le salaire minimum ou Smic. Cette tendance lourde en France est révélateur d'un salaire minimum trop élevé.
Smicardisation de la France : chiffres et causes
En janvier 2023, environ une personne sur cinq (17,3 %) dans le secteur privé est payée au Smic. Début 2021, ce n'était que 12 % soit une hausse d'un million de personnes selon les chiffres officiels de la Dares. Selon cet organisme officiel, 3,1 millions de salariés sur 17,6 millions gagnent le minimum[1].
La principale explication de cette smicardisation de la France se trouve dans un salaire minimum trop élevé en regard du niveau de l'économie.
Perspective libérale
Les milieux d'affaires en France dénoncent à juste titre le niveau trop élevé du SMIC, cause de la smicardisation. Les libéraux s'en distinguent en se positionnant contre tout salaire minimum. En effet, le salaire minimum vient entraver la liberté contractuelle qui, seule, doit régir les rapports entre salarié et employeur.
À cette perspective s'ajoute une perspective utilitariste : l'ajustement naturel entre offre et demande de travail qui est permis par le niveau des salaires est rendu impossible par le salaire minimum, causant du chômage, en particulier chez les plus faibles, ceux dont le travail ne permet pas de générer une valeur pour l'employeur qui soit supérieure au niveau du salaire minimum. Exemple de cette impossibilité à augmenter artificiellement le salaire minimum, les salariés au SMIC ou proche de celui-ci sont à peu près totalement exonérés de charges sociales (tant salariales que patronales) en France en 2024, les entreprises n'étant sans cela pas en mesure de rémunérer leurs salariés à un niveau si élevé.
Conséquence inévitable de ce niveau artificiellement élevé du salaire minimum ainsi que des aides sociales concentrées là pour compenser, la France développe une trappe à bas salaires, ou smicardisation de la France. L'augmentation d'un salarié à 100 euros de plus que le SMIC peut coûter jusqu'à 500 euros à l'employeur en raison de la fin des exonérations de charges sociales.
Conséquences économiques
Le niveau excessif du SMIC est une cause importante de chômage en France, cause reconnue par les économistes. Une étude de Francis Kramarz et Thomas Philippon en 2000 a ainsi montré « qu'une augmentation du salaire minimum de 1 % en France aboutit, un an plus tard, à la destruction d'environ 15 000 emplois ». L'étude, publiée au Journal of Public Economics fut ironiquement revue et validée par l'économiste d'extrême gauche Thomas Piketty[2]. 25 ans plus tard, alors que la smicardisation s'est accentuée, il y a tout lieu de penser que l'impact négatif d'une hausse du SMIC serait encore bien plus marqué.
Conséquences politiques
La smicardisation de la France a des conséquences lourdes, y compris politiquement, avec un sentiment de déclassement d'une large part des classes moyennes, qui se retrouvent payées au même niveau que d'autres par le jeu artificiel du salaire minimum.
Cet effet est largement reconnu y compris par les économistes : « [une hausse du SMIC] va concentrer et encore plus tasser la hiérarchie des salaires autour du smic, ce qui risque de susciter beaucoup de frustrations pour les salariés qui ont obtenu des primes et se voient rattraper par d'autres », écrit par exemple Gilbert Cette, professeur à Neoma Business School et président du comité d'experts du SMIC entre 2017 et 2024[2].
Citation
- « Une hausse du smic plongerait la France dans la pauvreté » (Gilbert Cette)[2]
Notes et références
Voir aussi
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