Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !


Shin Dong-hyuk

De Wikiberal
Aller à la navigation Aller à la recherche
Shin Dong-hyuk
Combattant

Dates 1982-
Shin Dong-hyuk
Tendance
Nationalité Corée du Nord Corée du Nord
Articles internes Autres articles sur Shin Dong-hyuk

Citation « Il s'agit de bien plus que d'une question personnelle, ou d'une question coréenne. Il s'agit de violations des droits de l'Homme, et c'est donc un enjeu international. Si mon livre est publié en anglais, cela rappellera au monde l'existence de camps de prisonniers politiques en Corée du Nord. Si le camp devient connu et si cela permet d'améliorer la situation des gens qui y sont, c'est le moins que j'aurai pu faire en remerciement pour les autres prisonniers qui ont sauvé ma vie, et m'ont aidé à survivre et à m'évader »
Interwikis sur Shin Dong-hyuk

Shin Dong-hyuk (né le 19 novembre 1982 dans le camp 14 au Centre de détention de Kaechon) est un transfuge nord-coréen réfugié en Corée du Sud.

Il est la seule personne connue qui se soit évadée d'un camp d'internement nord-coréen et ait pu le raconter. Il est également le seul né dans un camp nord-coréen qui s'en soit ensuite évadé.

En 2013, il est l'invité d'honneur de l'International Liberty Conference de l'ISIL à Lausanne (Suisse), qui lui remet un Liberty Award.

Biographie

Shin Dong-Hyuk est né dans le camp d'internement Kaechon (le Camp n°14), un camp de travail forcé où les prisonniers restent le plus souvent toute leur vie et meurent à 45 ans[1]. Il est né d'un mariage arrangé entre deux prisonniers autorisés à dormir ensemble quelques nuits par an en récompense de leur bon travail (une circonstance très rare dans les camps). Shin voyait rarement son père[2], qui vivait ailleurs dans le camp, et il a vécu avec sa mère jusqu'à l'âge de 12 ans. Shin dit qu'il considérait sa mère comme une concurrente pour des rations alimentaires insuffisantes. Par conséquent, il n'avait pas de lien d'affection particulier avec ses parents ni avec son frère. Les représentants du gouvernement nord-coréen et les gardes du camp lui dirent qu'il était emprisonné parce que ses parents avaient commis des crimes contre l’État, qu'il devait travailler dur et toujours obéir aux gardes, sinon il serait puni ou exécuté. Shin a été témoin de la violence considérable qui régnait dans le camp, et de dizaines d'exécutions chaque année. Shin a eu un doigt partiellement coupé par son supérieur hiérarchique en punition pour avoir cassé accidentellement une machine à coudre. Il a vu des prisonniers adultes et des enfants battus tous les jours, et de nombreux prisonniers mourir de faim, de maladie, de torture ou d'accidents du travail. Tout jeune, Shin apprend à survivre par tous les moyens, notamment en mangeant des rats, des grenouilles et des insectes, et en dénonçant ses codétenus pour obtenir des faveurs.

À l'âge de 13 ans, il entendit sa mère et son frère planifier une tentative d'évasion. Shin les dénonça aux gardiens, comme on lui avait appris à le faire dès le plus jeune âge. Plutôt que d'en être récompensé, les gardes le torturèrent pendant quatre jours pour obtenir davantage d'informations, le considérant complice de ses parents. Il fut suspendu par les mains et les pieds à une poulie, le dos au-dessus d'un brasero, un crochet dans la peau pour l'empêcher de se débattre ; il en garde de nombreuses cicatrices encore visibles sur son corps. Le 29 novembre 1996, après environ 7 mois passés dans une cellule de béton minuscule (où il était impossible ni de s'allonger ni de se lever), il est libéré et rejoint par son père, emprisonné lui aussi. Ils sont conduits au camp principal, les yeux bandés et les mains attachées derrière le dos. Les fonctionnaires du camp forcent ensuite Shin et son père à assister à l'exécution publique de sa mère et de son frère par pendaison, exécution dont il se savait directement responsable. Shin dit qu'à ce moment-là il pensait que sa mère méritait de mourir, mais plus tard dans sa vie il devait être hanté par la mort de sa famille.

En travaillant dans une usine textile, Shin se lie d'amitié avec un prisonnier politique de 40 ans, originaire de Pyongyang, nommé Park Yong-chul, qui a fait des études et voyagé en dehors de la Corée du Nord. Park l'informe de la vie dans le monde extérieur, et lui parle d'aliments que Shin ne connaissait pas. Selon Shin, presque tous les repas qu'il avait mangés jusque-là avaient été un mélange épais de chou, de maïs et de sel, agrémenté occasionnellement de rats et d'insectes capturés dans la nature. Il était excité par l'idée de pouvoir manger autant de nourriture qu'il voulait, ce qu'il considérait comme l'essence de la liberté. C'est pour quoi il décida de tenter de s'échapper avec Park. Ils formèrent un plan dans lequel Shin fournirait des informations locales sur le camp, tandis que Park utiliserait ses connaissances pour quitter le pays une fois sortis du camp. Le 2 janvier 2005, Shin et Park sont affectés à une équipe de travail près de la clôture électrique du camp au sommet d'une colline de 370 mètres pour ramasser du bois. Notant le long intervalle entre les patrouilles des gardes, ils attendent que ceux-ci soient hors de vue pour tenter leur évasion. Park tente de passer le premier, mais il est électrocuté par la barrière haute tension et meurt sur le coup. Shin réussit à passer par-dessus le fil en utilisant le corps de Park comme bouclier, mais quand ses jambes touchent le fil inférieur il subit de graves brûlures et des cicatrices qui seront permanentes.

Après s'être échappé, Shin entre dans la grange d'un fermier voisin et trouve un vieil uniforme militaire. En portant cet uniforme, il se fait passer pour un soldat nord-coréen et fait route vers le nord, survivant de chapardages et de vols de nourriture. Bien que Shin ne soit pas familiarisé avec l'argent, deux jours après sa fuite il vend un sac de riz volé dans une maison pour s'acheter des biscuits et des cigarettes. Par la suite, il atteint la frontière nord avec la Chine le long du fleuve Tumen et soudoie les garde-frontières nord-coréens avec de la nourriture et des cigarettes. Après avoir passé quelque temps à travailler comme ouvrier dans différentes parties de la Chine, Shin est découvert par hasard par un journaliste dans un restaurant de Shanghai. Le journaliste s'aperçoit de l'intérêt de son histoire. Il conduit Shin à l'ambassade de Corée du Sud pour une demande d'asile. À partir de là, Shin se rend en Corée du Sud, où il subit un interrogatoire des autorités pour déterminer s'il est un assassin nord-coréen ou un espion. Par la suite, l'histoire de Shin est diffusée dans la presse et il publie un mémoire en langue coréenne. Il rejoint ensuite le sud de la Californie aux États-Unis, changeant son nom de Shin En Geun en Shin Dong-Hyuk, et il travaille pour Liberty in North Korea (LiNK), une organisation à but non lucratif qui sensibilise les citoyens aux questions relatives aux droits de l'Homme en Corée du Nord et fournit une aide aux réfugiés nord-coréens. Shin est ensuite revenu en Corée du Sud, où il milite pour l'abolition des camps de prisonniers nord-coréens.

Shin Dong-hyuk garde de nombreuses séquelles de sa vie dans le camp : corps malingre (1,67 m pour 55 kg) à cause de la malnutrition, bras arqués à cause du travail infantile, cicatrices dans le dos, chevilles déformées par les chaînes, perte du majeur droit, tibias mutilés par les brûlures causées par la clôture électrique.

En juin 2013, Shin a reçu le Moral Courage Award décerné par l'ONG UN Watch à Genève.

Les dix lois du camp 14

Les prisonniers devaient connaître par cœur les dix lois du camp 14. Ces lois étaient des plus expéditives puisque tous les prisonniers coupables des « crimes suivants » étaient immédiatement abattus :

  • tentative d'évasion ou non-dénonciation d'une tentative d'évasion
  • rassemblement non autorisé de plus de deux personnes
  • vol d'armes ou de nourriture, aide ou non-dénonciation d'un tel fait
  • refus d'obéissance aux gardiens, ou agression de gardiens
  • travail insuffisant
  • contacts sexuels non autorisés
  • opinion déviante ou refus de reconnaître ses péchés.

Publications

En 2012, la journaliste du Washington Post Blaine Harden relate la vie de Shin Dong-hyuk dans Escape from Camp 14: One Man’s Remarkable Odyssey From North Korea to Freedom in the West.

Ce livre a été traduit en français en 2012 : "Rescapé du Camp 14 - de l'enfer nord-coréen à la liberté".

La même année, paraît un documentaire Camp 14–Total Control Zone, produit par le cinéaste allemand Marc Wiese.

Citations

  • Physiquement, je suis libre. C'est vrai. Mais intellectuellement, émotionnellement, je suis encore prisonnier du camp 14. Je ne suis donc pas complètement libre. Je ne sais pas comment je vais me libérer. Il me faudra du temps. Et je ne suis pas sûr que le temps de ma vie sera suffisant.

Notes et références

  1. Le Camp 14, ou colonie pénitentiaire 14, ou camp d'internement de Kaechon est un camp de concentration nord-coréen dont le niveau de sécurité est « zone de contrôle total » (personne n'en sort jamais). Situé à 80 kilomètres au nord de la capitale Pyongyang, il regroupe 15 000 prisonniers sur une surface de 155 km2 (Camp14 - Total Control Zone).
  2. Son père fut emprisonné parce que deux de ses frères étaient passés en Corée du Sud lors de la guerre de Corée.

Liens externes

Kurt.jpg Accédez d'un seul coup d’œil à toute la série des articles de Wikibéral concernant les célébrités libérales, libertariennes et assimilées.