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Les Sept Samouraï

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Les Sept Samouraï
Shichinin no Samurai
7Samourai Aff.jpg
Réalisé par : Akira Kurosawa
Acteurs
Takashi Shimura (Kambei Shimada)
Toshiro Mifune (Kikuchiyo)
Yoshio Inaba (Gorobei Katayama)
Genre
historique
Année de sortie
1954
Synopsis
Au Moyen-Age, la tranquillité d'un petit village japonais est troublée par les attaques répétées d'une bande de pillards. Sept samouraïs sans maître acceptent de défendre les paysans impuissants.
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Les Sept Samouraï est un film d’Akira Kurosawa (1954)

Fiche technique

  • Titre original : Shichinin no Samurai
  • Scénario : Akira Kurosawa, Shinobu Hashimoto, Hideo Oguni
  • Photographie : Asakazu Nakai
  • Musique : Fumio Hayasaka
  • Distribution : Takashi Shimura (Kambei Shimada), Toshiro Mifune (Kikuchiyo), Yoshio Inaba (Gorobei Katayama), Seiji Miyaguchi (Kyuzo), Minoru Chiaki (Eikachi), Daisuke Kato (Shichiroji), Isao Kimura (Katsushiro), Kamatari Fujiwara (Manzo), Bozuken Hidari (Yohei) Keiko Tsushima (Shino), Yoshio Kosugi (Rikichi), Kokuten Kodo (Gisaku)
  • Production : Toho studios
  • Sortie : 26 avril 1954
  • Oscar du meilleur film étranger
  • Lion d’Argent festival de Venise 1955

Les Sept samouraï et les Quarante brigands

Le Japon au XVIe siècle est en proie à la guerre civile. Un village de paysans est menacé par une bande de brigands. L’Ancien du village, Gisaku, envoie quatre villageois recruter des ronins, guerriers sans maîtres. Ils n’ont que du riz à offrir et les samouraï, même pauvres, regardent de très haut ces culs-terreux qu’ils méprisent. Grâce à l’aide d’un vétéran désabusé, Kambeï, ils vont réussir à rassembler leur petite troupe de six samouraï. Sur le chemin du retour, ils sont suivis par un personnage à demi-fou qui prétend être samouraï, Kikuchiyo, et qui finit par devenir le septième samouraï de la milice. Les relations entre villageois et guerriers vont se révéler délicates mais l’incompréhension va faire place à la sympathie réciproque : Kikuchiyo, le faux samouraï, va être le trait d’union entre les deux groupes. Aidés des paysans, les samouraï réussissent à exterminer la bande de brigands. Les trois survivants quittent le village avec la certitude que les véritables vainqueurs sont les paysans.

Une allégorie de l'exploitation

Cette fresque épique, dont la longueur permet de donner ampleur au récit et profondeur aux nombreux personnages, réunit dans les deux rôles principaux les deux acteurs fétiches de Kurosawa, l’expansif Toshiro Mifune, qui trouve ici un rôle à sa démesure, et le réservé Takeshi Shimura. Les scènes finales de combat dans la pluie et la boue filmées simultanément par plusieurs caméras sont parmi les plus impressionnantes de l’histoire du cinéma. Comme toujours chez Kurosawa, la peinture de l’Ancien Japon mêle critique sociale et fascination pour l’éthique des samouraï.

Un libéral peut voir dans le village opprimé par des brigands une allégorie de l’exploitation étatique, ou pour le moins l’impuissance de l’État à protéger efficacement la population qui doit s’en remettre à ses propres forces et à une milice privée. Quoiqu'il en soit, au début du film le raisonnement des bandits montre un souci de ne pas tuer la poule aux œufs d’or : On a raflé le riz l’automne dernier, si on y va maintenant, on aura rien, revenons à la prochaine récolte. Aux yeux des paysans les impôts apparaissent comme une calamité au même titre que les brigands ou la sécheresse. Un des paysans propose de faire appel au juge. A quoi bon, rétorque un autre, il n’interviendra qu’après la venue des bandits. Les paysans passent de la résignation (On est né pour souffrir) à la volonté de se libérer de leurs exploiteurs (nous nous battrons). Un marxiste pourrait y voir la nécessité de l’action collective et de la conscience de classe, bien à tort. Les paysans défendent leurs propriétés et leurs biens : ils se battent pour leurs terres et pour le fruit de leur travail, ce qui suscite le mépris des samouraï qui ne vivent que par et pour la guerre.

Le marché des Samouraï

La recherche de samouraï est donc très difficile. Les vaillants guerriers sont présentés de façon très ironique comme bouffis d’orgueils sur une musique guillerette. En fait la première partie du film nous présente le fonctionnement d’un marché. Un samouraï se battra-t-il pour du riz ? Cherchez des samouraï affamés, répond l’Ancien. Mais il n’est pas facile de trouver un samouraï costaud et bon marché, car celui-ci se donne à lui-même un haut prix. L’information est capitale sur un marché, les paysans savent choisir de bonnes graines mais comment faire ici : ce ne sont pas les meilleurs qui nous écoutent.

La solution se présente avec Kambei : c’est par l’intermédiaire de ce professionnel que s’effectue le choix et le recrutement. C’est lui qui détermine le nombre nécessaire et sait jauger les qualités nécessaires, c'est-à-dire de la valeur de chacun. Le bon samouraï est celui qui ne confond pas honneur et orgueil : le vaillant combattant qui arrive habillé en colporteur, le joyeux drille qui a accepté de couper du bois pour manger à sa faim ou le sabreur d’élite qui, contraint de tuer des vantards qui le provoquent, préfère mettre son art dans cette cause qui en vaut la peine. Les samouraï sont à la fois magnifiés dans le portrait des sept mais aussi démythifiés : ils évoquent les guerres qu’ils ont perdues et la nécessité de la fuite pour sauver sa vie. Comme le déclare le plus joyeux : comme on ne peut les tuer tous, je me sauve très vite. Avouer sa peur ou savoir reconnaître sa défaite indiquent le véritable courage et la lucidité, on peut compter sur celui qui s'estime à son juste prix.

Bon recruteur, Kambei se révèle ensuite un fin stratège : un bon fort a besoin d’une faiblesse pour attirer l’ennemi. Le combat réclame l’esprit d’équipe : celui qui est égoïste se détruira lui-même. Ce n’est en rien une critique de l’individualisme, qui ne doit pas être confondu avec l'égoïsme, dans ce film qui dessine avec précision la silhouette des nombreux personnages, samouraï comme paysan. En fait, le sort de la bataille repose sur les épaules de chacun : Kikuchiyo, par son comportement irresponsable, met un moment en péril le village et il rachète cette erreur au prix de sa vie. Les trois survivants prennent conscience à la fin de la supériorité des paysans qui vivent de leur travail sur leurs terres tandis que les ronins sans foyer et sans famille sont d’éternels vagabonds.

Influences de l'oeuvre

Ce chef-d’œuvre a beaucoup marqué le cinéma américain, Georges Lucas en a subit notamment une forte influence. Il a inspiré un remake westernien réalisé par John Sturges sous le titre Les Sept Mercenaires (1960) et une série animée japonaise de Tashifumi Takizawa (2004)du fameux studio Gonzo qui mêle Japon médiéval et robots futuristes. Il existe aussi un jeu vidéo.

Liens externes


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