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Paradoxe de l'eau et du diamant
Le Paradoxe de l'eau et du diamant est un paradoxe économique formulé initialement par Adam Smith, dans ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. Il le formule ainsi : « il n’y a rien de plus utile que l’eau, mais elle ne peut presque rien acheter… un diamant, au contraire, n’a presque aucune valeur quant à l’usage, mais on trouvera fréquemment à l’échanger contre une très grande quantité d’autres marchandises ». Ce paradoxe permet d'illustrer la différence entre valeur d'usage et valeur d'échange. Largement discuté depuis, il sert à illustrer aussi la subjectivité de la valeur.
Présentation et signification du Paradoxe de l'eau et du diamant
Adam Smith
Premier à formaliser ce paradoxe, Adam Smith se fourvoie dans la tentative de dépassement de ce paradoxe, en proposant la valeur-travail comme alternative à la valeur d'usage : il considère que c'est la quantité de travail nécessaire pour produire un bien qui permet d'expliquer son prix, alors même qu'on constate que le raisonnement ne permet d'expliquer la valorisation de nombreux biens que de manière très imparfaite. Emil Kauder eut mots très durs envers la tentative de résolution d'Adam Smith : « le père de notre science économique écrivit que l'eau avait une grande utilité et une faible valeur. Avec ces quelques mots Adam Smith avait transformé en ruine et en rebut une pensée vieille de 2000 ans »[1]
Perspective marginaliste
Le marginalisme apporta une perspective radicalement nouvelle à la fin du XIXe siècle. Carl Menger, un des pères fondateurs de l'école autrichienne, explique la valeur relative de l'eau et du diamant par la difficulté à en obtenir une unité additionnelle (ou marginale) : L'eau est disponible en très grande quantité, si on est privé d'un verre d'eau on peut facilement en obtenir un autre, alors que pour le diamant il est très compliqué d'avoir accès à un autre diamant si l'on vous en retire un.
William Stanley Jevons, un des autres pères de la révolution marginaliste, analysa lui aussi le paradoxe de l'eau et du diamant sous l'angle de l'utilité marginale : une fois le premier verre d'eau bu, l'utilité marginale de l'eau décroît nettement si bien que le dernier verre n'a presque plus de valeur au fur et à mesure que l'individu n'a plus soif. L'utilité marginale du diamant reste, elle, élevée, diamant après diamant, de par le prestige social qu'il représente.
Loi de l'offre et de la demande et subjectivité de la valeur
C'est le sociologue et économiste Vilfredo Pareto qui apporte enfin la réponse au paradoxe de l'eau et du diamant, grâce à l'application de la loi de l'offre et de la demande. Il rapproche la valeur d'un bien de l'équilibre nécessaire à trouver entre une offre et une demande qui sont différentes. Dans son Manuel d'économie politique publié en 1906, il écrit : « le prix ou la valeur d'échange est déterminé en même temps que l'équilibre économique, et celui-ci naît de l'opposition entre les goûts et les obstacles ». En cela, il reprend l'analyse de Turgot, précurseur de l'analyse de la subjectivité de la valeur et selon qui « la valeur n'a d'autre mesure que le besoin ou le désir des contractants balancé de part et d'autre, et n'est fixée que par l'accord de leur volonté » (Réflexion sur la formation et la redistribution des richesses, 1766).
Un bien peut avoir une valeur d'usage différente selon les goûts et les circonstances, mais seule sa valeur d'échange, c'est-à-dire son prix, est observable6.
Afin d'illustrer que la valeur d'un bien variera à chaque instant selon l'offre et la demande, on peut comparer la valeur d'un verre d'eau en France et dans le désert du Sahara.
Notes et références
- ↑ Emil Kauder, “Genesis of the Marginal Utility Theory”, The Economic Journal, Sept, 1953, p. 650
Voir aussi
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