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Pétition des fabricants de chandelles

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Frédéric Bastiat

La Pétition des fabricants de chandelles est un texte de l'économiste français Frédéric Bastiat écrit en 1845 pour dénoncer le protectionnisme et la « théorie de la disette » des producteurs. Il fut publié dans les Sophismes économiques comme 7e chapitre.

Dans ce texte, les fabricants de chandelles et autres représentants de l'industrie de l'éclairage déposent une pétition à la chambre des députés (de la Monarchie de Juillet à l'époque).

Ils demandent à être protégés par l'État de la « compétition ruineuse d'un rival étranger » bien plus performant qu'eux, le soleil. À cette fin, ils exigent qu'on ordonne la fermeture des fenêtres et lucarnes par lesquelles la lumière du soleil rentre !

Pour la défense du protectionnisme qu'ils appellent de leurs vœux, ils invoquent les « avantages » économiques qui surgiraient si l'on bloquait la lumière du soleil : augmentation de la consommation de nombreux produits de façon directe puis de toute l'économie indirectement. Or, c'est occulter « ce qu'on ne voit pas » : l'argent dépensé à acheter des chandelles ne peut plus servir à d'autres dépenses. Loin d'être un enrichissement, c'est en fait un appauvrissement pour tous, sauf pour les industriels de la chandelle.

Frédéric Bastiat déduit de cet exemple la supériorité économique du libre-échange et souligne comment bon nombre des arguments des partisans de l'intervention de l'État dans l'économie ne sont que l'expression d'une politique d'intérêts de groupes particuliers.

On retrouve dans ce chapitre l'exemple repris plusieurs fois dans les sophismes économiques des oranges produites à Paris et à Lisbonne : selon les protectionnistes, il faut refuser la gratuité ou les prix trop bas, car ce serait des causes d'appauvrissement du pays. En réalité, cela n'appauvrit que les industries qui ne sont pas concurrentielles, et cela bénéficie au reste de la population.

Il existe un antécédent à la Pétition des fabricants de chandelles : la "Requête des rouliers d’Orléans", du physiocrate Guillaume-François Le Trosne[1] (1765). Dans cette requête, les rouliers (transporteurs de vins et de denrées) demandent qu'on instaure un monopole en leur faveur : « nous avons le malheur de voir les Rouliers Normands, Flamands et Picards venir journellement partager nos travaux, et nous enlever des salaires qui naturellement devraient nous être réservés en entier. »

Extrait

«  Nous subissons l'intolérable concurrence d'un rival étranger placé, à ce qu'il paraît, dans des conditions tellement supérieures aux nôtres, pour la production de la lumière, qu'il en inonde notre marché national à un prix fabuleusement réduit ; car, aussitôt qu'il se montre, notre vente cesse, tous les consommateurs s'adressent à lui, et une branche d'industrie française, dont les ramifications sont innombrables, est tout à coup frappée de la stagnation la plus complète. Ce rival, qui n'est autre que le soleil, nous fait une guerre (si) acharnée [...] Nous demandons qu'il vous plaise de faire une loi qui ordonne la fermeture de toutes fenêtres, lucarnes, abat-jour, contre-vents, volets, rideaux, vasistas, œils-de-bœuf, stores, en un mot, de toutes ouvertures, trous, fentes et fissures par lesquelles la lumière du soleil a coutume de pénétrer dans les maisons, au préjudice des belles industries dont nous nous flattons d'avoir doté le pays, qui ne saurait sans ingratitude nous abandonner aujourd'hui à une lutte si inégale. [...] Et d'abord, si vous fermez, autant que possible tout accès à la lumière naturelle, si vous créez ainsi le besoin de lumière artificielle, quelle est en France l'industrie qui, de proche en proche, ne sera pas encouragée ? »

Écho contemporain

Extrait d'un discours du président tchèque Václav Klaus, le 19 février 2009:

«  Beaucoup de vous connaissent certainement le nom de l'économiste français Frédéric Bastiat et sa célèbre Pétition des fabricants de chandelles, qui est devenue un texte connu et aujourd'hui déjà classique dans les manuels démontrant l'absurdité de l'ingérence politique dans l'économie. Le 14 novembre 2008, la Commission européenne a exaucé la pétition réelle et non fictive des fabricants de chandelles en grevant les chandelles importées de Chine de droits de douane de 66 %. Je ne croirais pas qu'un texte littéraire écrit il y a 160 ans, puisse devenir une réalité, mais cela est arrivé. La conséquence inévitable de la prise de telles mesures est le retard et le ralentissement économique de l'Europe, voire le freinage de sa croissance économique. La solution ne consiste que dans la libéralisation et la dérégulation de l'économie européenne. »

Notes et références

Voir aussi

Liens externes


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