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Luis María Pastor
Luis María Pastor [1], né à Barcelone, le 26 avril 1804 ou à Bribuega 1810 ?[2], décédé le 29 septembre 1872 à Madrid, était un avocat, économiste libéral et homme politique espagnol modéré.
La percée dans le monde journalistique et politique
Il appartenait à une modeste famille d'origine castillane et a étudié le droit. Après ses études universotaires, il a exercé la profession d'avocat à Buitrago, d'où sa famille était originaire. Il s'installa ensuite à Madrid, où il étudia l'économie et collabora avec plusieurs journaux dont "La Voz del Siglo" et "El Corresponsal", dirigés par son ami Bonaventura Carles Aribau et du "Escenas contemporeaneos". Il fut le fondateur et directeur, à Madrid, du périodique "El Corresponsal" (1838-1843). Le banquier catalan Gaspar Remisa i Miarons le fit entrer dans la haute société madrilène et auprès de direction de la banque Isabel II. Plus tard, il fut directeur de la société concessionnaire du monopole du sel de 1841 à 1846 et membre du conseil d'administration du chemin de fer Madrid-Aranjuez, ce qui ne l'empêcha pas de s'opposer aux monopoles et aux bureaucrates. Pour lui, les monopoles sont des privilèges accordés par des fonctionnaires de l'État qui, soit ne répondent pas vraiment aux vrais besoins de toute la population, soit le font avec de graves dommages et dangers. Avec la liberté, affirme-t-il, pauvres ou riches, faibles ou puissants bénéficient des échanges sur tous les points, tandis que les privilèges limitent les accès aux puissants établissements bancaires formés de grands capitaux, et exhibent une situation telle où la vie marchande et industrielle s'accumule pour certains privilégiés avec un grand contraste pour les autres membres de la population qui manquent hélas d'aides aussi puissantes. Par là, il affirme que le système bancaire s'avère plus politique qu'économique lorsque la plupart des institutions et des ressources bancaires sont situées proches de la capitale en faisant bénéficier de leurs services aux entreprises localisées dans les zones industrielles et commerciales à proximité.
En politique, il entra au Parti modéré en 1844 et fut député à partir de 1846. En 1847, il fut nommé directeur général de la Dette Publique à la fin du règne de la reine Isabel II entre 1847 et 1856. Il a été député de la province de Ciudad Real aux élections parlementaires espagnoles de 1846 et de la circonscription de Guadalajara à plusieurs reprises (1846, 1850, 1851, 1853 et 1857), Il fut sénateur en 1863 pour les circonscriptions de Porto Rico et de Guadalajara. À un échelon supérieur, il est nommé ministre des Finances le 21 juin 1853, sous la présidence de Francisco Lersundi, poste qu'il occupera jusqu'au 19 septembre de la même année. Au ministère, il travailla efficacement à la fixation de la dette flottante, organisa la Commission spéciale des droit de douane, réforma la taxe hypothécaire, réglementa la Cour des comptes et frappa les pièces du quartile (25 cents). Après la révolution de 1868, il est membre du bureau chargé de rédiger le Code de commerce et, dans ses travaux ultérieurs, ses préoccupations sociales le conduisent à créer l'Association pour la Réforme des Prisons et prône la réforme des prisons, D'idéologie libérale, il était partisan de l'abolition de l'esclavage et, en 1865. Le 2 avril 1865, il fait partie des membres fondateurs de la Société abolitionniste espagnole (Sociedad Abolicionista Española), fondée par Julio Vizcarrondo, qui vise à abolir l'esclavage dans les colonies espagnoles de Porto Rico et de Cuba.
La conviction d'une économie libérée des jougs de l'État
En économie, il était convaincu des bienfaits du libre-échange et diffusa les travaux de Frédéric Bastiat, surtout pour son livre "Les sophismes économiques". En 1859, il préside l'Association pour la réforme des tarifs douaniers. Son livre le plus pertinent dans ce domaine est celui intitulé "Leçons d'économie politique" (1868). Il soutenait que les barrières tarifaires devaient être supprimées pour rendre l'industrie nationale plus efficace et compétitive face à l'offre étrangère de biens d'équipement et de consommation. Pour lui, la protection accordée ) certains industriels représentaient une augmentation du prix des produits, ou ce qui revient au même, une augmentation des avantages consentis par l'État à certains intérêts particuliers aux dépens de la généralité des consommateurs du pays. Ainsi, pour l'Espagne où la base économique est agricole avec une industrie faiblement développée, la stimulation de l'industrie manufacturière par le protectionnisme accroit les prix, et donc les profits sont retirés de l'agriculture au profit de l'industrie, où malheureusement ils pourraient être d'une plus grande utilité pour la population. Sur la base de ses connaissances approfondies des finances publiques, il a fourni des arguments suffisants pour montrer que la richesse publique n'a pas été augmentée par des mesures protectionnistes, comme ses partisans s'empressaient de le présenter. Il interrogea différents fabricants espagnols et découvrit que le système protectionniste était très coûteux pour le consommateur espagnol. De plus, le fisc était systématiquement contourné par la contrebande généralisée, qui était finalement celle qui tirait les plus gros bénéfices du protectionnisme.
Il a écrit plusieurs ouvrages sur l'économie, en particulier sur les questions bancaires et monétaires. Il était partisan du libéralisme et, entre autres, de la liberté d'émission des billets par les banques et contre sa monopolisation par l'État. De son point de vue, il n'y a aucune raison pour que l'émission de billets fasse l'objet d'un monopole puisque l'émission de billets est une opération de crédit privé effectuée par les banques privées, ce qui n'a absolument rien à voir avec les fonctions du gouvernement d'un pays. Si les États-Unis ont réussi à se développer, dit-il, c'est parce que son système bancaire autorisaient les établissements de crédit de ce pays à contribuer à l'énorme développement économique et à la richesse sociale car les banques jouissaient d'un régime de liberté absolue.
Il est identifié à l'école bancaire de Thomas Tooke, de sorte que ses approches ont créé un précédent important pour la pensée économique libérale en Espagne. Il encouragea le développement des banques privées à émettre de la monnaie car la concurrence entre elles les rendrait plus prudentes. Entre 1856 et 1873, jusqu'à 21 banques, dont la banque d'Espagne, ont émis des billets. Malheureusement, le système de pluralité de banques émettrices disparaîtra d'un coup de griffe étatique avec la loi de mars 1874[3]. Luis Pastor déplore alors qu'elle soit devenue le banquier de l'État en augmentant la circulation fiduciaire pour financer le secteur public déficitaire. Il a écrit sur la théorie monétaire au une époque où l'État était un mauvais payeur et souvent défaillant. Il était contraint de faire des concessions aux prêteurs en promulguant des lois favorables pour attirer les capitaux étrangers en accordant des monopoles en échange de prêts gratuits. Il faisait la distinction entre la monnaie et le billet de banque. Il considérait le second comme un comme un crédit, c'est-à-dire une promesse de valeur et le premier comme une valeur réelle et effective. Par conséquent, il y a un danger de crise monétaire si le billet remplace la monnaie en circulation, car l'État, alors, n'aurait pas à offrir la même garantie et à exercer la même vigilance qu'avec une monnaie véritable.
Informations complémentaires
Notes et références
- ↑ De son nom complet : Luis María Pastor Copo ou dans la version catalane : Lluís Maria Pastor i Rodríguez
- ↑ Manuel Ossorio y Bernard, 1903, "Pastor (Luis María)". Ensayo de un catálogo de periodistas españoles del siglo XIX. Madrid: Imprenta, p333
- ↑ Par le décret de mars 1874, le Banco de España a obtenu un monopole d'émission dans tout le pays.
Publications
- 1850, "Filosofía del crédito", ("Philosophie du crédit")
- 1856, "La ciencia de la contribución", ("La science de la contribution")
- 1863, "Historia de la deuda pública de España", ("Histoire de la dette publique de l'Espagne.")
- 1865, "Libertad de bancos y cola del de España", ("Liberté des banques en Espagne")
- 1866, "Estudio sobre las crisis económicas", ("Étude sur les crises économiques")
- 1868, "Lecciones de economía política", ("Leçons d'économie politique")
- 1872, "La hacienda en España en 1872", ("La dette publique en Espagne en 1872")
- 1873, "Vindicación del siglo XIX", ("Justification du XIXe siècle")
Littérature secondaire
- 1996, José Luis García Ruiz, "Luis María Pastor: un economista en la España de Isabel II" ("Luis María Pastor: un économiste dans l'Espagne d'Isabelle II"), Revista de Historia Económica (Centro de Estudios Constitucionales), Vol XIV, n°1, pp205-227
- 2000, Victoriano Martín Martín, Luis Perdices de Blas, "Nota sobre Luis María Pastor", In: Enrique Fuentes Quintana, dir., "Economía y Economistas Españoles", Vol 4, La economía clásica, Fundación de las Cajas de Ahorro Confederadas para la investigación económica y social, Galaxia Gutemberg, pp499-505
- 2002, Enrique Collazo Pérez, "Luis María Pastor, exponente del liberalismo económico en el siglo XIX" ("Luis María Pastor, représentant du libéralisme économique au XIXe siècle"), La Ilustración Liberal, nº13-14, décembre