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Loi de Gibrat

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La Loi de Gibrat, également connue sous le nom de Loi de Proportionnalité de Gibrat, est un concept économique fondamental qui étudie la croissance des entreprises et l'évolution de leur taille dans le temps. Cette loi tire son nom du statisticien français Robert Gibrat[1], qui l'a formulée pour la première fois au début du 20e siècle. Cette théorie s'est avérée être une base cruciale pour comprendre les dynamiques économiques et les variations dans la taille des entreprises.

La Loi de Gibrat repose sur un principe fondamental que la croissance d'une entreprise est essentiellement indépendante de sa taille initiale. En d'autres termes, la probabilité que la taille d'une entreprise croisse à un certain taux est la même, quelle que soit sa taille actuelle. Ce principe énonce que la croissance d'une entreprise est gouvernée principalement par des facteurs aléatoires plutôt que par sa taille ou ses performances passées.

Les Implications de la Loi de Gibrat sur la relation entre la taille et la Croissance des Entreprises

La Loi de Gibrat, formulée par Robert Gibrat, propose que la croissance d'une entreprise soit indépendante de sa taille initiale. Ce concept suggère que l'expansion d'une entreprise et sa taille ne sont pas directement liées, remettant en question l'idée conventionnelle selon laquelle les entreprises plus grandes engendrent naturellement de meilleures opportunités d'emploi.

Distribution de la Taille des Entreprises

La Loi de Gibrat a des implications importantes pour la distribution de la taille des entreprises dans une industrie ou une économie donnée. Elle prédit que la distribution de la taille des entreprises suit une distribution log-normale, ce qui signifie que la plupart des entreprises sont petites, quelques-unes sont de taille moyenne et très peu sont grandes. Cette distribution est souvent observée dans de nombreuses données empiriques, ce qui confirme partiellement l'exactitude de la loi.

Effet de Taille et Croissance

Selon la Loi de Gibrat, les entreprises qui sont plus grandes ont tendance à croître à des taux absolus plus élevés que les petites entreprises, mais leur taux de croissance relatif est généralement plus faible. En d'autres termes, une grande entreprise peut croître en termes absolus en ajoutant plus d'employés ou en augmentant sa production, mais son taux de croissance en pourcentage sera probablement inférieur à celui d'une petite entreprise qui augmente sa taille.

La Loi de Gibrat présente une notion intrigante ayant des implications significatives pour les politiques publiques et les stratégies économiques. Selon cette loi, la réaffectation des emplois des grandes entreprises vers les plus petites ne devrait pas avoir un impact substantiel sur les niveaux d'emploi total. En substance, cela signifie que favoriser les industries à petite échelle grâce à des incitations ou des concessions pourrait ne pas nécessairement conduire à un plus grand nombre d'opportunités d'emploi par rapport au soutien similaire accordé aux industries à grande échelle.

Critiques et Limitations

La Loi de Gibrat ne prend pas en compte les variations de l'environnement économique ou des conditions du marché. Dans des industries en rapide évolution ou soumises à des disruptions technologiques, la loi peut ne pas être applicable, car les entreprises doivent s'adapter rapidement pour survivre.

Accumulation de Ressources

La loi suppose également que les entreprises n'accumulent pas de ressources de manière stratégique, ce qui peut ne pas être le cas dans la réalité. Les entreprises plus grandes peuvent avoir plus de facilité à obtenir des financements ou à investir dans des opportunités de croissance, ce qui peut contredire le principe d'indépendance de la taille.

En fin de compte, la Loi de Gibrat offre un cadre théorique utile pour comprendre la croissance et la distribution des tailles d'entreprise. Cependant, il est important de reconnaître ses limitations et de prendre en compte d'autres facteurs économiques et contextuels pour obtenir une vision complète de la dynamique de croissance des entreprises[2]. Cette loi continue d'être un point de départ pour les économistes et les chercheurs cherchant à explorer les schémas de croissance dans le monde des affaires.

Réalités Empiriques : Un Écart par Rapport à la Loi de Gibrat

Contrairement aux prédictions théoriques de la Loi de Gibrat, les études empiriques ont révélé une image plus complexe. Les recherches de Sutton (1997) suggèrent que les petites entreprises ont tendance à afficher des taux de croissance plus élevés par rapport aux grandes entreprises. Evans (1987)[3]affirme en outre que la croissance de l'entreprise est en relation négative avec sa taille et son ancienneté. Ce modèle se vérifie dans diverses études menées dans différents pays, périodes, industries et en utilisant des méthodologies diverses (Audretsch, Klomp, Santarelli et Thurik 2004). Les preuves accumulées ont constamment soutenu l'idée que les jeunes et petites entreprises ont une propension à surpasser leurs homologues plus grands dans la génération d'opportunités d'emploi.

Dynamiques Temporelles : L'Évolution Changeante de la Croissance

Bien que la Loi de Gibrat puisse ne pas être vérifiable dans les premières années après la création d'une entreprise, les preuves suggèrent que les taux de croissance tendent à converger vers ses principes au fil du temps (Lotti, Santarelli et Vivarelli 2003). Cependant, cela ne doit pas éclipser les avantages potentiels du développement des industries à petite échelle. Les petites entreprises bénéficient de périodes de gestation plus courtes par rapport aux grandes entreprises, qui ont souvent besoin de périodes prolongées pour s'établir. En conséquence, les petites entreprises peuvent agir comme un catalyseur pour créer rapidement des opportunités d'emploi, fournissant ainsi un argument solide en faveur de leur promotion.

Informations complémentaire

Notes et références

  1. Robert Gibrat, 1931, "Les inégalités économiques", Paris: Sirey)
    • 1932, Robert Gibrat, "La loi de l’effet proportionnel", compte rendu de l’Académie des sciences pour 1932, pp843-845, présenté par E. Jouguet, 7 mars 1932
  2. Bibliographie sur la croissance des entreprises
    • 2018,
      • Samuel Adomako, Kevin F. Mole, "Small Business Growth and Performance: A Review of Literature", In: Robert Blackburn, Dirk De Clercq, Jarna Heinonen, dir., "The SAGE Handbook of Small Business and Entrepreneurship", SAGE
      • Alessandro Giudici, Ivan Zupic, "New Venture Growth: Current Findings and Future Challenges", In: Robert Blackburn, Dirk De Clercq, Jarna Heinonen, dir., "The SAGE Handbook of Small Business and Entrepreneurship", SAGE
  3. David S. Evans, 1987, "Tests of Alternative Theories of Firm Growth", Journal of Political Economy, Vol 95, n°4, pp657–674

Bibliographie

  • 1962, E. Mansfield, "Entry, Gibrat's Law, Innovation, and the Growth of Firms", American Economic Review, Vol 52, pp1031-1051
  • 1979, A. Chesher, "Testing the Law of Proportionate Effect", Journal of Industrial Economics, vol 27, n°4, pp403-411
  • 1997, John Sutton, "Gibrat’s Legacy", Journal of Economic Literature, Vol 35, n°1, pp40–59
  • 2003, Francesca Lotti, Enrico Santarelli, Marco Vivarelli, "Does Gibrat’sLaw Hold Among Young, Small Firms?", Journal of Evolutionary Economics, Vol 13, n°3, pp213–235
  • 2004, David Audretsch, L. Klomp, E. Santarelli, Roy Thurik, "Gibrat’sLaw: Are the Services Different?", Review of Industrial Organization, Vol 24, n°3, pp301–324
  • 2005, R. Harris, M. Trainor, "Plant level analysis using the ARD: Another look at the Gibrat’s law", Scottish Journal of Political Economy, vol 52, n°3, pp492-518
  • 2010, G. Fotopoulos, I. Giotopoulos, "Gibrat’s law and persistence of growth in greek manufacturing", Small Business Economics, vol 35, n°2, pp 191-202


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