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Lamoignon de Malesherbes
Lamoignon de Malesherbes | |||||
Homme politique | |||||
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Dates | 1721-1794 | ||||
Tendance | Libéral classique, minarchiste | ||||
Nationalité | France | ||||
Articles internes | Autres articles sur Lamoignon de Malesherbes | ||||
Citation | « Les hommes qui gouvernent devraient se pénétrer de cette grande vérité, que ce n’est qu’aux dépens des peuples, qu’un Roi est vainqueur de ses ennemis, magnifique dans sa cour, et bienfaisant envers ceux qui l’environnent. » | ||||
Interwikis sur Lamoignon de Malesherbes | |||||
Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes (Paris, 6 décembre 1721 - Paris, 22 avril 1794) est un juriste et homme d’État français qui est représentatif du libéralisme au temps des Lumières françaises.
Le magistrat
Issu d’une importante famille de la noblesse de robe parisienne, il est le fils du chancelier Guillaume de Lamoignon de Blancmesnil, et petit-neveu d’un premier président du Parlement de Paris. Formé par les Jésuites, il est nommé substitut du procureur général du Parlement de Paris en 1741. Il est reçu conseiller au Parlement le 9 juillet 1744 puis succède à 29 ans à son père, devenu chancelier, comme premier président de la cour des aides de Paris.
Il écrit une Histoire du droit public de la France en matière d’impôts. Il n’hésite pas à s’opposer à la volonté royale. Quand en 1763, le prince de Conti vient tenir une espèce de lit de justice à la Cour des Aides, il répond : « la vérité est donc bien redoutable puisqu’on fait tant d’efforts pour l’empêcher de parvenir aux pieds du Trône ? »
Lors des remontrances du 14 septembre 1770, la Cour des Aides déclare : « Personne n’est assez grand pour être à l’abri de la haine d’un monstre, ni assez petit pour n’être pas digne de celle d’un commis de ferme. » Il est Directeur de la Librairie, c’est-à-dire responsable de la censure royale sur les imprimés, poste dont il se sert pour soutenir L'Encyclopédie.
Lorsque le privilège des éditeurs est révoqué et que le Parlement ordonne la saisie des papiers de Diderot, Lamoignon de Malesherbes le fait avertir secrètement. « Diderot, consterné, courut chez lui. « Que devenir ? s’écriait-il ; comment, en vingt-quatre heures, déménager tous mes manuscrits ? Je n’ai pas le temps d’en faire le triage. Et surtout où trouver des gens qui veuillent s’en charger et qui le puissent avec sûreté ? — Envoyez-les tous chez moi, répondit M. de Malesherbes, on ne viendra pas les y chercher. » ». Il partageait les vues de Vincent de Gournay et de Turgot. Il préside également la société du Journal des Savants.
Il perd sa charge à la librairie en 1768 et la nomination par Louis XV de Maupeou comme chancelier va l’écarter des affaires publiques. En 1771, le triumvirat de Maupeou prend le pouvoir et supprime les Parlements. Par solidarité avec ses collègues, Malesherbes rédige ses fameuses Remontrances qu’il diffuse clandestinement. Il reçoit le 6 avril 1771 une lettre de cachet qui l’exile dans son château, à 70 kilomètres au sud de Paris.
Le ministre
Après la mort de Louis XV, il est secrétaire d’État à la Maison du roi. Son entrée au ministère, avec celle de Turgot, suscite l’enthousiasme dans l’opinion libérale. Julie de Lespinasse écrit à un ami : « Oh, pour le coup, soyez assuré que le bien se fera et qu’il se fera bien, parce que ce sont les lumières qui dirigeront la vertu et l’amour du bien public. Jamais, non jamais, deux hommes plus vertueux, plus désintéressés, plus actifs, n’ont été réunis et animés plus fortement d’un intérêt plus grand et plus élevé. Vous le verrez, leur ministère laissera une profonde trace dans l’esprit des hommes. [...] Oh ! Le mauvais temps pour les fripons et les courtisans !» Et son ami Gabriel-Henri Gaillard dira de lui : « Il était l’amour et les délices de la nation.»
Il rédige les Remontrances de la Cour des Aides relatives aux impôts à la demande du roi en 1775 : « les hommes qui gouvernent devraient se pénétrer de cette grande vérité, que ce n’est qu’aux dépens des peuples, qu’un Roi est vainqueur de ses ennemis, magnifique dans sa cour, et bienfaisant envers ceux qui l’environnent. »
Mais les désillusions sont rapides. Aussi Malesherbes tente-t-il en vain d’abolir le système des lettres de cachet. Il démissionne l’année suivante, lors du renvoi de son ami Turgot.
Il est reçu à l’Académie française le 16 janvier 1775 alors qu’il était déjà membre honoraire de l’Académie des sciences (1750) et de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (1759).
Il compose de nombreux mémoires, par exemple Sur la nécessité de diminuer les dépenses publiques. Un autre concerne les protestants et contribue à leur faire instituer un état civil par le garde des Sceaux de Basville, son cousin.
De 1787 à 1788, il est membre du conseil d’En-haut. Il propose des réformes mais il n’est pas écouté. À l'instigation de Louis XVI, il publie cependant en 1785 son Mémoire sur le mariage des protestants, puis fait adopter en 1787 l'Édit de Tolérance qui organise l’état civil des non-catholiques, initiant ainsi un début de reconnaissance de la pluralité des confessions.
Il avait épousé Mlle Grimod de la Reynière qui lui donna deux filles : Pauline et Antoinette-Thérèse-Marguerite, qui épousera Louis Le Peletier de Rosanbo. Une de leurs filles devait épouser le frère de François-René de Chateaubriand ; une autre devait être la mère d'Alexis de Tocqueville.
L’avocat du roi
En 1792, il rend visite à sa fille émigrée à Lausanne, mais revient vite en France, pourtant sans illusion sur la Révolution. Par fidélité au roi qui pourtant ne l’aimait guère, il se porte volontaire pour prendre sa défense à son procès et écrit au président de la Convention : « J’ignore si la Convention nationale donnera à Louis XVI un conseil pour le défendre, et si elle lui en laissera le choix. Dans ce cas-là je désire que Louis XVI sache que, s’il me choisit pour cette fonction, je suis prêt à m’y dévouer ». Louis XVI répondit : « Votre sacrifice est d’autant plus généreux que vous exposez votre vie et que vous ne sauverez pas la mienne ». Plus tard, c’est Malesherbes qui signifia au roi sa sentence de mort, le 20 janvier 1793.
On se souvient de lui en pleine Terreur et, au mois de décembre, on vient le chercher dans sa retraite. Il est ramené à Paris et incarcéré avec sa famille pour « conspiration avec les émigrés ». Son gendre Louis Le Peletier de Rosanbo est guillotiné le 21 avril 1794. Le lendemain, sa fille Antoinette, sa petite-fille Aline et son mari Jean-Baptiste de Chateaubriand, et deux de ses secrétaires sont exécutés avec lui. En sortant de prison pour monter dans la sinistre charrette, son pied heurte une pierre et lui fait faire un faux pas. « Voilà, dit-il en souriant tristement, un mauvais présage ; à ma place, un Romain serait rentré. »[1]
Notes et références
- ↑ Lettre du 11 décembre 1792. Cité par Tyrtée Tastet, op. cit., p. 488.
Sources
- Elisabeth Badinter, Les Remontrances de Malesherbes (1771-1775), 1985.
- David Feuerwerker. L’Émancipation des Juifs en France. De l’Ancien Régime à la fin du Second Empire, Paris, Albin Michel, 1976 (ISBN 2-226-00316-9)
- Paul et Pierrette Girault de Coursac, La Défense de Louis XVI par Malesherbes, Tronchet et Desèze précédée du procès-verbal de l’interrogatoire du roi. En collaboration avec Jean-Marc Varaut. F. X. de Guibert, 1993.
- Pierre Grosclaude, Malesherbes, témoin et interprète de son temps, Paris, 1961.
- Jean Tulard, Jean-François Fayard, Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799.
Lien externe
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