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Human Events

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Lorsque Felix Morley cofonda Human Events en 1944 avec Frank Hanighen, son ambition était claire : créer un lieu d’expression fidèle à l’esprit du libéralisme classique, indépendant des pressions partisanes et attentif aux principes plus qu’aux querelles personnelles. Le premier objectif du journal était de réfléchir à une paix véritablement constructive, qui ne répéterait pas les erreurs du Traité de Versailles et ne basculerait pas dans un nouvel équilibre des puissances dominé par des bureaucraties ou des régimes autoritaires.

Dès ses premiers numéros, la revue alerta sur les visées expansionnistes de Staline et sur les dangers d’un système international qui permettrait à des forces incontrôlables de s’imposer. Mais Morley veilla à ce que la ligne éditoriale ne soit pas dictée par la peur ou par la haine. Il refusait l’obsession anti-soviétique comme unique ressort d’action politique : céder à cette tentation, pensait-il, revenait à renforcer la centralisation militaire et bureaucratique à Washington, en contradiction avec l’esprit de la Constitution. Pour lui, la vraie tâche était d’éduquer l’opinion, de réintroduire dans le débat public les idées politiques fondamentales de la République américaine.

Cette exigence le mit progressivement en désaccord avec Hanighen. Alors que ce dernier jugeait nécessaire de surfer sur l’hostilité grandissante envers l’URSS afin d’élargir le lectorat, Morley craignait que cela ne transforme Human Events en simple outil de propagande, et que le journal perde son rôle de laboratoire intellectuel. L’affaire Alger Hiss, où certains voulaient que la revue se joigne à la dénonciation personnelle, marqua une première rupture : Morley refusa de se prêter à ce qu’il considérait comme des attaques ad hominem, estimant que le devoir du journal était de clarifier les idées et non de cibler des individus.

La question chinoise scella la séparation. Après la victoire communiste en 1949, Hanighen plaidait pour un soutien massif aux nationalistes exilés à Taïwan, tandis que Morley considérait ce retournement comme l’aboutissement logique d’erreurs accumulées depuis des décennies et pensait qu’il fallait désormais se concentrer sur la sauvegarde des institutions américaines. L’un prônait l’intervention extérieure, l’autre insistait sur la défense intérieure des libertés.

En 1950, Morley quitta Human Events. Son départ ne signifiait pas un renoncement, mais plutôt la confirmation de sa ligne de conduite : rester fidèle à une presse d’idées, indépendante, vouée à l’examen des principes politiques plutôt qu’aux passions du moment. Human Events avait été pour lui un terrain d’expérimentation, où il avait pu mettre à l’épreuve sa conviction que la survie de la liberté dépend avant tout de la vigilance intellectuelle et morale des citoyens.

Bibliographie