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Herbert Frankel

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Herbert Frankel, de son nom complet, Sally Herbert Frankel, né le 22 novembre 1903, décédé le 12 décembre 1996, était un professeur d'économie sud-africain. Il a joué un rôle significatif dans les domaines de l'économie du développement et des études hébraïques. Il a commencé sa carrière académique en tant que professeur d'économie à l'université de Witwatersrand, à Johannesburg (1931-1946), avant de devenir professeur en économie des pays sous-développés à l'université d'Oxford, où il a enseigné de 1946 à 1971. En tant que penseur en économie, il s'est distingué par son scepticisme envers la planification centrale et les modèles économétriques, privilégiant une approche contextuelle du développement, mettant en avant la nécessité de comprendre les spécificités culturelles, sociales et économiques de chaque communauté.

Après sa retraite en 1971, Herbert Frankel a continué à contribuer à la réflexion économique, notamment en s'engageant au sein de la société du Mont Pélerin et en publiant des ouvrages tels que Money: two philosophies (the conflict of trust and authority) (1977) et Money and Liberty (1980). Son influence s'est étendue au-delà de l'économie, englobant des réflexions interdisciplinaires et des contributions aux études hébraïques.

Biographie

  • . Jeunesse. Herbert Frankel naît en 1903 en Afrique du Sud, une période où son destin se trouva étroitement entrelacé avec celui de l'Empire britannique. L'époque fut marquée par l'expansion triomphante de l'Empire après la Première Guerre mondiale, suivie d'une contraction rapide à la suite de la Seconde Guerre mondiale.
  • . Héritage familial. Son père, un immigrant juif allemand, s'installa à Johannesburg en 1896, contribuant ainsi au tissu diversifié de la nation. Il réussit à bâtir une petite entreprise de produits alimentaires. Ce modeste début fut le germe d'une entreprise qui, dirigée ultérieurement par son frère, Rudy, se transforma en un conglomérat sud-africain majeur connu sous le nom de Tiger Oats and National Milling Company. Cette entreprise prospère allait refléter l'esprit entrepreneurial et la détermination qui caractérisaient la famille Frankel.
  • Éducation et carrière universitaire précoce. Après avoir obtenu son diplôme de l'université de Johannesburg, Herbert Frankel se lança dans une quête de connaissance qui le conduisit à la London School of Economics (LSE), où il décrocha son doctorat. Fort de cet ensemble éducatif, il prit les rênes de la chaire de professeur d'économie à l'université de Witwatersrand à Johannesburg à l'âge de 28 ans. Au cours des 15 années qui suivirent cette nomination précoce, Herbert Frankel adopta une vie d'une activité extraordinaire.
  • Participation à des commissions d'enquête officielles. Son engagement ne s'est pas limité à l'enseignement, puisqu'il a également participé activement à des commissions d'enquête officielles en Afrique du Sud, notamment la Commission sur la phtisie des mineurs en 1941. Il s'est opposé à la discrimination raciale et a contribué à des publications visant à démanteler les barrières raciales en Afrique du Sud. La Commission royale sur l'Afrique de l'Est (1953-1955), à laquelle il contribua, recommanda, entre autres, le remplacement progressif de la propriété tribale par la propriété individuelle des terres.

L'opposition clairvoyante d'Herbert Frankel à la planification centrale

Dans le panorama complexe du développement économique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Herbert Frankel émerge comme une voix éclairée, contestant vigoureusement les approches conventionnelles de l'époque sur la planification économique. Son scepticisme envers la planification centralisée se cristallise autour de deux piliers fondamentaux : son examen critique des modèles économétriques standard et son appel en faveur d'approches spécifiques, flexibles et respectueuses de la diversité culturelle.

  • . Scepticisme envers les modèles économétriques. Herbert Frankel aborde la question de la planification économique avec une critique perspicace des modèles économétriques largement acceptés par les économistes de l'époque. Pour lui, ces modèles, souvent perçus comme des outils infaillibles, ne sont que des simplifications excessives qui négligent la richesse des réalités économiques. Il souligne leur incapacité à saisir les nuances culturelles et sociales propres à chaque contexte économique. Il insiste sur le fait que les réalités complexes ne peuvent être intégrées dans des modèles généralisés, remettant ainsi en question l'efficacité même de ces approches conventionnelles.
  • . Refus des approches centralisées. Le refus catégorique d'Herbert Frankel envers les approches centralisées se construit autour de l'idée fondamentale de la diversité culturelle comme moteur essentiel du développement économique. Il plaide vigoureusement en faveur d'une décentralisation des stratégies économiques, rejetant l'idée d'une planification centralisée. Pour Frankel, chaque communauté et nation détient une identité culturelle distincte qui nécessite des solutions spécifiques. Il défend une flexibilité dans les politiques de développement, soulignant que l'adaptabilité aux réalités changeantes des sociétés sous-développées est cruciale. Loin de soutenir une approche universelle, Herbert Frankel prône une stratégie individualisée, adaptée à l'histoire, à la culture et aux ressources propres à chaque contexte économique.
  • . Prise en compte des variables culturelles et sociales. Une autre dimension majeure de l'opposition de Frankel à la planification centralisée réside dans sa mise en garde contre l'ignorance des variables culturelles dans la planification économique. Il souligne que les différences culturelles ne doivent pas seulement être considérées mais intégrées dans la conception des politiques économiques. Pour Herbert Frankel, le succès des stratégies de développement réside dans la capacité à créer des politiques qui répondent aux besoins locaux spécifiques, prenant en compte la diversité culturelle et sociale inhérente à chaque communauté.

En conclusion, l'opposition d'Herbert Frankel à la planification centrale représente une vision avant-gardiste qui met en lumière les limites des approches généralisées en faveur de solutions spécifiques et adaptées, reconnaissant la diversité culturelle comme une force essentielle dans le développement économique. Son plaidoyer en faveur de politiques flexibles et contextuellement pertinentes continue d'inspirer les débats contemporains sur le développement économique.

Plaidoyer pour des systèmes financiers et juridiques équitables et stables

Herbert Frankel a consacré une part significative de ses travaux à défendre la nécessité de systèmes financiers et juridiques équitables et stables. Cette position repose sur deux piliers fondamentaux : le lien crucial entre la stabilité institutionnelle et le développement économique durable, ainsi que son opposition farouche aux inégalités structurelles et à l'instabilité politique.

  • . Lien entre la stabilité institutionnelle et le développement économique durable. Herbert Frankel soutenait avec vigueur que la stabilité institutionnelle est une condition sine qua non pour un développement économique durable. Selon lui, des institutions stables fournissent un cadre fiable et prévisible qui encourage l'investissement, stimule la croissance économique et permet le progrès à long terme. Il insiste sur le fait que des systèmes financiers et juridiques instables peuvent entraîner une méfiance généralisée, décourageant les investissements et générant des cycles de croissance et de récession. La stabilité institutionnelle n'est pas seulement un prérequis pour l'activité économique, mais elle constitue conjointement un socle sur lequel peuvent se construire des sociétés prospères. Des institutions stables favorisent la confiance des investisseurs, encouragent l'innovation et réduisent les incertitudes économiques, créant ainsi les conditions propices à un développement économique durable.
  • . Opposition aux inégalités structurelles et à l'instabilité politique. Le plaidoyer d'Herbert Frankel en faveur de systèmes équitables et stables s'étend également à son opposition catégorique aux inégalités structurelles et à l'instabilité politique. Il considère que des inégalités profondes sapent le tissu social et économique d'une nation, entravant son potentiel de croissance. Frankel explique que des systèmes financiers et juridiques équitables sont essentiels pour atténuer les disparités socio-économiques, permettant à toutes les strates de la société de participer au développement économique. Parallèlement, il met en garde contre l'instabilité politique, soulignant que des régimes politiques instables peuvent compromettre la mise en œuvre cohérente de politiques économiques, décourager les investissements étrangers et déstabiliser les marchés financiers. Dans cette perspective, il appelle à la création d'institutions politiques robustes et à la promotion d'une gouvernance équitable pour garantir un environnement propice au développement économique.

Approche graduelle au développement : se hâter lentement

Herbert Frankel a formulé une philosophie distinctive du développement économique qu'il a traduit dans l'expression évocatrice de se « hâter lentement ». Cette approche graduelle repose sur deux principaux fondements : l'importance de travailler avec la nature économique et sociétale d'une communauté plutôt que contre elle, et l'impératif d'éviter les approches précipitées au développement économique.

  • . Importance de travailler avec la nature économique et sociétale plutôt que contre elle. Pour Herbert Frankel, travailler avec la nature signifie reconnaître et respecter les dynamiques naturelles d'une économie ou d'une société. Il prône l'idée que les politiques de développement doivent être alignées sur les réalités culturelles, sociales et économiques plutôt que de chercher à les remodeler de manière brutale. Travailler avec la nature économique et sociale d'une communauté permet une intégration harmonieuse des changements, évitant ainsi les résistances et les réactions négatives qui peuvent découler d'approches plus intrusives. Cette philosophie met en lumière l'importance de comprendre les forces sous-jacentes qui façonnent le tissu économique et social. Plutôt que de chercher à imposer des modèles externes, Herbert Frankel suggère que les décideurs doivent s'appuyer sur les forces existantes, adaptant les politiques de développement pour tirer parti des atouts intrinsèques d'une société donnée.
  • . Éviter les approches précipitées au développement économique. Se hâter lentement incarne la prudence recommandée par Herbert Frankel envers les approches précipitées au développement économique. Il met en garde contre l'adoption de solutions rapides, souvent générées par des modèles économiques généralisés qui ne prennent pas en compte la complexité des réalités locales. Une approche graduée permet une adaptation progressive aux changements économiques et sociaux, évitant ainsi les chocs et les conséquences imprévues associées à des réformes rapides. Cette vision s'accorde avec l'idée que le développement durable nécessite du temps pour s'enraciner et pour que les acteurs économiques et sociaux s'adaptent de manière organique aux transformations en cours. Elle met également en avant la nécessité d'une planification à long terme, où les réformes économiques sont introduites de manière réfléchie et en phases, permettant aux communautés de s'ajuster sans compromettre la stabilité.

Informations complémentaires

Publications

  • 1938, "Capital investment in Africa: its course and effects", London ; New York: Oxford University Press (Committee of the African Research Survey under the auspices of the Royal Institute of International Affairs)
  • 1965, "Freedom and order and aid to underdeveloped countries", Il Politico, Vol 30, n°1, Marzo, pp85-90
  • 1992, "An Economist's Testimony: Autobiography of S. Herbert Frankel"

Littérature secondaire

Textes externes