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Henri Germain
Henri Germain | |||||
Entrepreneur | |||||
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Dates | 1824-1905 | ||||
Tendance | |||||
Nationalité | France | ||||
Articles internes | Autres articles sur Henri Germain | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur Henri Germain | |||||
Antoine Marie Henri Germain dit Henri Germain né à Lyon, le 19 février 1824 et mort à Paris le 2 février 1905 est un célèbre banquier du XIXe siècle dont le nom est associé au Crédit Lyonnais.
L'homme du Crédit Lyonnais
Enfant d'un soyeux lyonnais, « aisé avant d'avoir travaillé » (Bouvier), il fait ses études au collège royal de sa ville natale où il découvre la philosophie et le libéralisme grâce à l'abbé Noirot puis il fait son droit à Paris. A son retour, il s'inscrit au barreau de Lyon et se marie avec une riche héritière en 1850.
Renonçant à une carrière d'avocat, il s'intéresse aux affaires lyonnaises et participe en 1857 à la fondation de l'École centrale lyonnaise pour l'industrie et le commerce aux côtés d'Arlès-Dufour et en 1859 au Magasin général des soies. Il est administrateur de diverses sociétés et est poussé en avant par son mentor Arlès lors de la création du Crédit Lyonnais, première banque locale en SARL en juillet 1863 : « Toute personne, quel que soit son état ou sa condition, peut obtenir un compte courant au Crédit Lyonnais, à la seule condition d'effectuer un premier versement de 50 F au moins ». Principal actionnaire, il en devient président du conseil d'administration composé de banquiers, soyeux et industriels lyonnais.
En 1867, la mort de son épouse lui permet de s'installer à Paris ou il se remarie en 1869 avec la fille du président du conseil d'État. Blanche Vuitry tient un salon rue du Faubourg Saint-Honoré. Elle lui écrit en 1882 : « Il importe que l'on sache bien que l'honneur de ta position actuelle t'appartient et tu l'as conquis au prix d'efforts assez soutenus pour pouvoir t'en vanter ». Écrasé par une mère dominatrice, le fils d'Henri Germain se révèle un raté (« la seule erreur de bourse d'Henri Germain ») et la banque devait être dirigée après sa disparition par ses deux gendres, Edmond Fabre-Luce et Georges Brincart, jusqu'à sa nationalisation en 1945.
Henri Germain s'efforce de développer l'activité internationale de sa banque avec prudence[1] : ouverture d'agences à Constantinople et Alexandrie (1874) et surtout agence de Londres en 1870, de New York en 1879. Dans le même temps, il développe un réseau régional qui couvre l'espace économique lyonnais de Saint-Étienne à Genève et de Beaune à Aix en Provence. En 1875, il achète l'ancien hôtel Boufflers, le fait raser pour faire bâtir le somptueux siège parisien du Crédit Lyonnais sur le boulevard des Italiens, inauguré en 1879 mais achevé seulement en 1913.
L'organisation de la banque reste bicéphale jusqu'en 1882. Le directeur de Paris écrit à son homologue lyonnais : « nous devons être partout où il y a quelque chose à faire, et partout, bien entendu, à la première place ». La crise éclate en 1882. On reproche à Henri Germain, les dividendes restreints, l'obscurité des bilans, la gigantisme des constructions parisiennes. Avec le krach de l'Union générale, le siège est transféré de Lyon à Paris. Le temps des grandes opérations est terminé, l'agence de New York est liquidée. Une circulaire du directeur général en 1886 donne le nouveau ton : « En banque la première qualité est la défiance ; il faut systématiquement se défier de toute personne, de toute affaire. (…) La résistance du banquier doit être en proportion de l'insistance du client ». Les affaires reprennent cependant à la fin de 1886 et l'expansion internationale reprend. A la fin du siècle, le CL est devenue la première banque de dépôts française avec 189 agences.
La carrière politique
En 1869, Henri Germain se présente comme député du tiers parti de l'Ain et est élu contre le candidat officiel : « Vous aurez à opter entre le candidat officiel, désigné par l'administration qui reçoit l'impôt, et un candidat indépendant, désigné par vous qui payez l'impôt. (…) A vous de choisir un député qui ne soit ni hostile, ni docile, ni muet ; à vous de dire si le président de la société d'enseignement professionnel représente les idées de votre génération ; si le concessionnaire du chemin de fer des Dombes et le président du Crédit Lyonnais peut servir utilement votre arrondissement ». On lui reproche d'avoir acheté les électeurs : il adhère à toutes les compagnies de sapeur-pompiers, à toutes les sociétés de secours mutuels, offre 12 000 francs à une commune, 6 000 francs à une autre, promet même d'abandonner son traitement aux malheureux après son élection.
Il plaide à la Chambre en faveur d'une baisse des tarifs ferroviaires et contre toute taxe sur les importations de matières premières textiles. Il est en juillet 1870 un des dix opposants à la déclaration de guerre, fatale aux affaires à ses yeux. Il approuve la répression de la Commune mais la « morgue des monarchistes » le rallie à la cause républicaine. Réélu dans la circonscription de Trévoux jusqu'en 1885 puis à nouveau de 1889 à 1893, il bataille à la commission des finances contre la Haute banque, c'est-à-dire surtout les Rothschild, et pour la,participation des banques de dépôt aux fructueux emprunts d'état.
En janvier 1872, il participe avec Alphonse de Rothschild, Édouard Aynard et quelques députés du centre gauche à la fondation de l'École libre des sciences politiques. Le Figaro le présente comme « un homme de taille moyenne, un peu chauve déjà, l'air très gentleman (…). À la tribune, il s'est révélé comme un véritable orateur, mais passionné jusqu'à la véhémence et ne se maîtrisant pas suffisamment ». En 1869, le Journal de Trévoux en avait fait un portrait peu flatteur : « Henri Germain parle, et sa voix mal timbrée, assaisonnée d'un accent de terroir qui révèle immédiatement le Lyonnais, ajoute encore à la première impression ».
Président du centre gauche à la Chambre, il réclame en novembre 1876 la suppression du budget des cultes et en août 1885 la suppression du budget extraordinaire de la guerre. Avocat dès juin 1871 d'un impôt sur le revenu des sociétés, il est partisan d'augmenter les taxes sur le tabac et l'alcool. Il condamne les subventions à fonds perdus et s'oppose en 1878 au plan Freycinet : « Pour enrichir un pays, il ne suffit pas d'avoir des voies de communication, il faut encore deux choses : d'abord que ces voies de communication transportent quelque chose, et de plus qu'elles coûtent en proportion de ce qu'elles transportent ». Après deux échecs face aux monarchistes (en 1867 et 1869), il obtient en 1870 un siège au conseil général de l'Ain qu'il préside de 1871 à 1883 faisant le lien entre républicains modérés et radicaux.
Il est élu le 6 février 1886 à l'Académie des sciences morales et politiques et il résume ses conceptions économiques et politiques dans une brochure intitulée La situation financière de la France en 1886 : « Les travaux publics improductifs qui nous appauvrissent, aussi bien que les déclarations qui nous divisent et nous paralysent, ont une même origine : les préoccupations électorales ». Il choisit d'être enterré à Cannes et son confrère Eugène d'Eichtal à l'Institut déclare : « Il a changé le fracas du Boulevard contre le silence de la Méditerranée. Et c'est là, pour un grand financier, la tombe d'un philosophe » Il laisse à sa mort une des 50 plus importantes fortunes de France, supérieure à 21 millions de francs.
Sources
- Pierre Cayez et Serge Chassagne, Lyon et le Lyonnais in Les Patrons du Second Empire, vol. 9, 2006, p. 150-162
Liens externes
- (fr)Bibliographie détaillée sur le Crédit Lyonnais
- (fr)Le Crédit Lyonnais et le krach de 1882, Jacques Marseille
- (fr)L’immeuble du Crédit Lyonnais à Paris
- (fr)Le Crédit Lyonnais en Russie
- (fr)L’essor des grandes banques 1860-1914
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- ↑ "Henri Germain, prudent banquier du Crédit lyonnais", texte de Jacques-Marie Vaslin, publié le 15 août 2013, modifié le 16 août 2013, consulté le 21 janvier 2024 sur le site du journal Le Monde.