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L'Extravagant Monsieur Deeds

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L'Extravagant Monsieur Deeds
Mr Deeds goes to Town
Affiche Extravagant Mr Deeds 1936 1.jpg
Réalisé par : Frank Capra
Acteurs
Gary Cooper (Longfellow Deeds)
Jean Arthur (Babe Benett)
George Bancroft (Mac Wade)
Genre
Comédie
Année de sortie
1936
Synopsis
Longfellow Deeds est un homme simple et naïf vivant dans une petite ville américaine. Sa vie est bouleversée quand il apprend qu'il vient d'hériter de 20 millions de dollars. Il se rend alors à New York pour toucher cet héritage. Là, il est la cible d'avocats véreux et de journalistes peu scrupuleux.
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L'extravagant M. Deeds est un film de Frank Capra (1936)

Fiche technique

  • Titre original : Mr Deeds goes to Town
  • Scénario : Robert Riskin, d'après Clarence Budington Kelland
  • Photographie : Joseph Walker
  • Musique : Howard Jackson
  • Distribution : Gary Cooper (Longfellow Deeds) Jean Arthur (Babe Benett) George Bancroft (Mac Wade) Lionel Stander (Cornelius Cobb) Douglass Dumbrille (John Cedar) Raymond Walbum (Walter) H.B.Warner (juge May)
  • Production : Columbia Pictures Corporation
  • Sortie : 16 avril 1936

L'innocent aux mains pleines

Le riche banquier Martin W. Semple meurt dans un accident, laissant toute sa fortune à son neveu Longfellow Deeds, jeune célibataire vivant à Mandrake Fall (Vermont). Ce dernier coule des jours paisibles entre son atelier à bougies, la pratique du tuba et la rédaction de poèmes pour cartes de vœux. Il ne paraît guère intéressé par cette soudaine fortune, mais accepte de suivre à New York le très douteux avocat John Cedar représentant le cabinet Cedar, Cedar, Cedar & Budington (et oui, Budington se sent bien seul) qui espère le manipuler pour éponger les dettes accumulées par ces très mauvais gestionnaires. Le naïf se révèle plus redoutable que prévu. Il ne comprend pas qu'on puisse lui proposer des services gratis (Puzzles me why they want to work for nothing. It isn't natural). Il refuse également de financer à fonds perdus l'opéra de la ville et propose des réformes peu appréciées des administrateurs (I hold'em I'd play along if they lowered prices, cut down expenses and broadcast. They said I was crazy, that I wanted to run it like a grocery store). Comme le constate non sans satisfaction Cobb, son nouvel homme de confiance : l'agneau mord le loup.

Mais le chevaleresque Deeds se laisse prendre au charme de Babe Benett, journaliste redoutable qui se fait passer pour une petite dactylo. Elle profite de sa confiance pour le ridiculiser dans la presse, le gratifiant d'un surnom peu flatteur, Cinderella Man, et de chroniques vipérines. Cependant, elle tombe amoureuse de sa victime et finit par regretter son attitude. Trop tard, hélas, Deeds qui a découvert le pot aux roses, ne veut plus la voir. Alors qu'écœuré, il s'apprête à revenir dans sa petite ville, un fermier, victime de la crise, fait irruption chez lui, et il comprend qu'il peut utiliser son argent pour aider les autres. Mais Cedar, au nom des intérêts de l'autre neveu du millionnaire, fait interner Deeds pour folie. Devant la cour suprême de New York, le jeune homme, profondément blessé, s'enferme dans un silence hautain et sa cause paraît perdue. Babe lui fait comprendre qu'elle l'aime sincèrement et il se décide enfin à prendre la parole faisant la preuve de sa parfaite lucidité.

Vivre sa vie

M. Deeds est construit sur le même schéma que M. Smith : un jeune Américain naïf qui croit dans les valeurs de la démocratie américaine se heurte à la dure réalité et aux manœuvres sournoises de tristes personnages. Il finit par triompher grâce à l'aide de la femme aimée qui, après l'avoir initialement trahi, rejoint finalement son juste combat. Mais au-delà de ce parallélisme, renforcé par la présence de Jean Arthur qui joue le même personnage cynique touché par la grâce de l'amour, les deux films diffèrent sur un point fondamental : Deeds ne songe nullement à la politique. C'est un Américain ordinaire qui souhaite vivre comme il l'entend. Il croit que chacun a sa chance dans ce pays, d'où sa volonté de voir le tombeau de Grant, ce modeste garçon de l'Ohio devenu d'abord chef des armées puis président des États-Unis. Il est sans illusion sur la nature humaine, citant Thoreau : They created a lot of grand palaces here, but they forgot to create the noblemen to put in them.

Peu intéressé par l'argent, il considère cependant que celui-ci ne doit pas être dilapidé et refuse d'engloutir des sommes très élevées dans l'opéra de New York : le dialogue avec les administrateurs est un modèle de bon sens économique. S'il décide à la fin de distribuer sa fortune, ce n'est pas en faisant de la charité ou en pratiquant une politique sociale. Il donne simplement une nouvelle chance à un nombre limité de fermiers : ceux-ci pourront devenir propriétaires d'un petit lot de terre par leur travail. Aux yeux de l'avocat véreux cela regarde le gouvernement ! Deeds n'impose rien à personne mais considère qu'il a le droit de dépenser son argent sans que les autorités aient à y mettre leur nez. Cette comédie parfois désopilante est admirablement interprétée par Gary Cooper et Jean Arthur. Son éloge de la liberté individuelle et de l'anticonformisme se manifeste aussi dans de petits détails qui font mouche. Dans une scène, Deeds est étonné d'apprendre que son oncle défunt recevait beaucoup de femmes chez lui, et son fidèle valet, dont les tendances sont discrètement suggérées, lui répond : Tous les goûts sont dans la nature. Bref, un grand classique que l'on ne se lasse pas de revoir.

L'accusation de folie

Le film montre aussi la facilité avec laquelle, dans un pays prétendument libre, on peut faire interner pour folie une personne gênante. Lors du procès, de nombreux témoins se bousculent à la barre pour témoigner des excentricités de Deeds. Un expert psychiatre "démontre" que Deeds est maniaco-dépressif. Les propres voisines de Deeds, deux vieilles femmes venues de son lointain village, affirment qu'il est pixilated (farfelu, excentrique, fada). Deeds finit par retourner la situation à son avantage, soulevant les rires du public, en montrant que chacun (y compris les magistrats présents) a ses propres manies (griffonnages, mimiques, tics...). Les deux vieilles femmes reconnaissent finalement que tout le monde, dans leur village comme dans le tribunal, est pixilated — sauf elles... Cependant, Deeds aurait été vraisemblablement interné (au profit des héritiers déçus) s'il n'avait pas réagi et s'en était tenu à un mutisme indifférent.

Citations

  • - You see, Mr Deeds, the opera is not conducted for profit.
  • - It isn't? What is it conducted for?
  • - It's an artistic institution.
  • - We own an opera house, don't we? And we give shows?
  • - We provide opera.
  • - But you charge? You sell tickets? And it doesn't pay?
  • - Impossible. The opera has never paid.
  • - Well, we must give the wrong kind of shows.
  • - Opera is opera.
  • - I guess, but I wouldn't care to be head of a business that kept losing money. That's not common sense.
  • - The opera is not conducted like any ordinary business.
  • - May be not to you, but it certainly is to me, if I have to make up a loss of $180,000. If it's losing that much, something's wrong. May be you charge too much, sell bad merchandise.
  • He could never fit in with our distorted viewpoint, because he's honest and sincere and good. If that man's crazy, the rest of us belong in straitjackets!
  • Suppose you were living in a small town and suddenly somebody dropped $20 million in your lap. Supposing you discover all that money was messing up your Iife, was bringing vultures around your neck and making you lose faith in everybody. You'd be worried, wouldn't you? You'd feel that you had a hot potato in your hand, and you'd want to drop it. (...) From what l can see, no matter what system of government we have, there'll always be leaders and always be followers. (...) It's like I'm out in a big boat, and I see one felIow in a rowboat who's tired of rowing and wants a free ride and another who's drowning. Who would you expect me to rescue?
  • Mr. Deeds, there has been a great deal of damaging testimony against you. Your behavior, to say the least, has been most strange. But in the opinion of the court, you are not only sane but you are the sanest man that ever walked into this courtroom.

Liens externes


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