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Entrepreneur touche à tout

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La théorie de l'entrepreneur touche à tout représente l'approche la plus reconnue qui défend la vision de l'entrepreneur en tant que généraliste. Selon Edward Lazear, l'entrepreneur diffère de la plupart des autres personnes de la population. Mais, non pas parce qu'il se singularise dans une tâche particulière. Ce qui le rend spécial, c'est qu'il est un homme à tout faire. Sa théorie explique la sélection naturelle dans l'entrepreneuriat. Pourquoi certains individus sont plus prompts à devenir entrepreneur et d'autres à devenir des salariés durant toute leur vie ?[1]

Une extension de la théorie du capital humain

Dans l'hypothèse de l'entrepreneur touche-à-tout, Edward Lazear suppose que les individus ont besoin de compétences et de connaissances suffisantes dans divers domaines pour réussir en tant qu'entrepreneurs, tandis que les employés rémunérés bénéficient du fait d'être des spécialistes dans un certain domaine demandé par le marché du travail. Ainsi, la théorie postule que les entrepreneurs sont plus susceptibles d'avoir des compétences plus larges qui sont ensuite complétées par les compétences expertes de leurs employés. Concrètement, cela signifie que les individus ayant des compétences et des parcours différents, à la fois en termes de formation et d'expérience professionnelle, et qui occupent des postes différents au cours de leur carrière, ont plus de chances de devenir entrepreneurs que les individus qui suivent le parcours plus prédéfini des salariés.

Cette théorie constitue une extension importante de la théorie du capital humain de Gary Becker selon laquelle les individus ont tendance à maximiser leur revenu au cours de leur vie. La théorie montre que les entrepreneurs qui ont un curriculum vitae plus varié lorsqu'ils sont étudiants ont tendance à travailler dans un plus grand nombre d'emplois. Elle explique qu'un large éventail de compétences et de connaissances permet aux individus de devenir des entrepreneurs, contrairement au fait d'avoir plus de compétences et de connaissances spécialisées, ce qui est typique des spécialistes qui choisissent d'être des salariés. Les entrepreneurs « touche-à-tout » ont des connaissances et des compétences plus larges, mais pas nécessairement approfondies, dans divers domaines d'activité. Ils ont aussi une expérience professionnelle large et diversifiée dans différentes industries et différents postes de direction. Ils occupent de nombreuses fonctions dans leur carrière et accomplissent diverses tâches dans leur vie.

Edward Lazear a testé sa théorie sur des anciens étudiants de la Stanford Graduate School of Business. Les données qu'il s'est procurées sur environ 5 000 personnes incluaient des informations sur leur expérience de travail et sur leurs revenus, ainsi que sur les cours suivis lorsqu'ils étaient étudiants. À la vue des résultats, les anciens étudiants de Stanford sont devenus des entrepreneurs qui ont suivi un cursus plus diversifié que ceux qui étaient salariés, et ils ont eu une plus grande variété de postes dans leur parcours professionnel avant de devenir entrepreneur.

L'entrepreneur est-il un renard ou un hérisson ?

La théorie de l'entrepreneur de l'homme à tout faire oppose deux points de vue sur le besoin de connaissances spécialisées par rapport au besoin de connaissances générales. La question est de savoir si un entrepreneur doit être un individu possédant de vastes connaissances et un riche ensemble de compétences ou s'il doit être un expert avec une spécialisation étroite et une concentration sur un domaine particulier. Autrement dit, faut-il être un renard ou un hérisson ? La théorie de l'entrepreneur de l'homme à tout faire souligne qu'un ensemble diversifié de compétences facilite la combinaison complexe de ressources ce qui rend cette compétence difficile à imiter (théorie du management par les compétences). Par conséquent cela constitue un avantage concurrentiel qui apporte à l'entreprise plus de solutions aux problèmes qu'elle peut éventuellement rencontrer. En effet, la richesse des compétences est utile lorsque certains changements surviennent, et que des adaptations sont nécessaires ou que des solutions créatives sont recherchées. Suivant cette ligne de pensée, l'entrepreneur peut ne pas avoir les connaissances spécifiques de l'expert. Pourtant, il n'y a que l'entrepreneur qui soit apte à reconnaître la valeur et l'opportunité des connaissances de l'expert pour le bien de son entreprise. Par conséquent, c'est la connaissance généralisée sur la façon d'organiser les connaissances spécialisées qui est la ressource essentielle de l'entrepreneur. De plus, les stratégies plus larges des entrepreneurs généralistes s'inscrivent dans des contextes plus larges d'environnements incertains car elles sont moins dépendantes d'un seul type d'activité, ce qui offre une agilité dans les stratégies possibles.


Informations complémentaires

Notes et références

  1. J. Hartog, Mirjam Van Praag, J. Van Der Sluis, 2010, "If you are so smart, why aren't you an entrepreneur? Returns to cognitive and social ability: entrepreneurs versus employees”, Journal of Economics and Management Strategy, Vol 19, n°4, pp947-989

Bibliographie

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    • J. Wagner, "Testing Lazear’s Jack-of-all-trades view of entrepreneurship with German micro data", Applied Economics Letters, Vol 10, n°11, pp687–689
  • 2004, Edward P. Lazear, "Balanced skills and entrepreneurship", The American Economic Review, 94(2), pp208-211
  • 2006,
    • T. Åstebro, "Does it pay to be a jack-of-all-trades?", Rotman School of Management, University of Toronto
    • J. Wagner, "Are nascent entrepreneurs ‘Jacks-of-all-trades’? A test of Lazear's theory of entrepreneurship with German data”, Applied Economics, Vol 38, n°20, pp2415-2419
  • 2007, O. Silva, "The Jack-of-All-Trades entrepreneur: Innate talent or acquired skill?", Economics letters, 97(2), pp118-123
  • 2011, T. Åstebro, P. Thompson, "Entrepreneurs, Jacks of all trades or Hobos?", Research policy, 40(5), pp637-649
  • 2013, U. Backes-Gellner, P. Moog, "The disposition to become an entrepreneur and the jacks-of-all-trades in social and human capital”, The Journal of Socio-Economics, Vol 47, pp55-72
  • 2014, Daniel S. J. Lechmann, Claus Schnabel, "Are the self-employed really jacks-of-all-trades? Testing the assumptions and implications of Lazear's theory of entrepreneurship with German data", Small Business Economics, Vol 42, n°1, pp59-76
  • 2016, J. Halberstadt, A. Kurczewska, S. Tegtmeier, "Are women graduates jacquelines-of-all-trades? Challenging Lazear's view on entrepreneurship”, Small Business Economics, Vol 47, n°1, pp77-94
  • 2017,
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    • J. E. Jennings, R. Strohmeyer, V. Tonoyan, "Jacks-(and Jills)-of-all-trades: on whether, how and why gender influences firm innovativeness”, Journal of Business Venturing, Vol 32, n°5, pp498-518