Démarchie

Le terme démarchie a ses racines dans le grec ancien, où demos signifie peuple et arkhein signifie régner ou gouverner. Ainsi, littéralement, demarquia se traduit par gouvernement du peuple. Cependant, dans le contexte de la pensée politique de Friedrich Hayek, le terme revêt un sens plus spécifique.

La vision institutionnelle de Hayek pour une démocratie libérale

La démocratie, selon Hayek, est devenue immorale, injuste et tend à devenir « totalitaire ». Dans les sociétés occidentales, les citoyens ont cessé d’être autonomes : ils sont comme drogués, dépendants des bienveillances [ou des malveillances] de l’État. Cette perversion de la démocratie conduit à terme à l’appauvrissement général et au chômage. La démocratie s’est pervertie parce que nous avons confondu idéal démocratique et tyrannie de la majorité [ou des minorités]. Pour retrouver l’idéal démocratique, il faut désormais imaginer une organisation nouvelle qui limitera le pouvoir du gouvernement. C’est ce que Hayek appelle la démarchie.

À côté d'une Assemblée parlementaire uniquement chargée d'exécuter les vœux de la population (mais restreinte à la représentation des personnes ne dépendant pas de l'État), Hayek juge indispensable d'instituer une sorte de Sénat qui détiendrait l'exclusivité de la fonction législative (celle-ci étant réservée à l'élaboration de règles de conduite générales). Cette Chambre haute serait composée de nomothètes âgés de 45 à 60 ans, dont un quinzième serait renouvelable annuellement. Par ailleurs, une Cour constitutionnelle composée d'anciens membres de l'Assemblée législative couronnerait cette architecture institutionnelle.

La démarchie : l'idéal de la démocratie selon Hayek

Le terme démarchie, introduit par Friedrich Hayek, exprime l'idéal original de la démocratie, tel qu'il le concevait. Pour Hayek, la démocratie ne se limitait pas à la simple majorité des voix, mais impliquait plutôt un système dans lequel le gouvernement est limité par des règles établies et stables protectrices des droits individuels et garantissent la primauté du droit. Dans ce contexte, la démarchie représente une forme de démocratie fondée sur la primauté du droit et la limitation du pouvoir gouvernemental.

Hayek était préoccupé par les dangers d'une démocratie sans bornes, dans laquelle la majorité pourrait imposer sa volonté sur les droits des individus ou sur les minorités. Il croyait fermement que la véritable démocratie devrait être accompagnée de mécanismes institutionnels qui protègent les droits fondamentaux de tous les citoyens, même contre les décisions de la majorité. Ainsi, la démarchie incarne cet idéal d'une démocratie qui garantit non seulement la participation politique, mais aussi la protection des libertés individuelles.

Pour Hayek, la démarchie est étroitement liée à la règle de droit et à la constitutionnalisation de l'État. Il soutenait que les lois devraient être générales et prévisibles, et que le gouvernement devrait être limité par des règles fondamentales qui empêchent l'abus de pouvoir et garantissent la liberté individuelle. Dans cette perspective, la démarchie représente un idéal de démocratie dans lequel le gouvernement est soumis à des contraintes institutionnelles qui préservent la liberté et la justice pour tous.

En résumé, le terme démarchie de Hayek exprime l'idéal d'une démocratie fondée sur la primauté du droit, la protection des droits individuels et la limitation du pouvoir gouvernemental. C'est une conception de la démocratie qui va au-delà de la simple majorité des voix et qui insiste sur l'importance des institutions et des règles qui garantissent la liberté et la justice pour tous les citoyens.