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Cardin Le Bret
Cardin Le Bret | |||||
Juriste | |||||
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Dates | 1558 - 1655 | ||||
Tendance | Absolutiste | ||||
Nationalité | France | ||||
Articles internes | Autres articles sur Cardin Le Bret | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur Cardin Le Bret | |||||
Cardin Le Bret ou Cardin Lebret (1558 - 1655), seigneur de Flacourt, est un juriste français, proche de Richelieu. C'est avec Jean Bodin et Charles Loyseau un des penseurs majeurs de l'absolutisme en France.
Biographie
Il nait dans une famille de la noblesse d'épée normande. Il commence une carrière de juriste, en étant avocat général à la cour des aides puis au Parlement de Paris en 1604[1]. A partir de 1623, il occupe plusieurs postes qu'on qualifierait aujourd'hui de haut fonctionnaire : intendant des Trois Évêchés (Metz, Toul et Verdun) en 1625[1], premier président du parlement de Lorraine en 1633, co-intendant de Normandie. Il siège par la suite au conseil privé du roi. Opposé fortement à la Fronde, il se réjouit de son échec, peu avant de mourir en 1655, à 97 ans.
Pensée
Absolutisme
Sa pensée est une défense intransigeante de l'absolutisme royal, qui donne une assise théorique à l'étatisme de Richelieu. Il a en particulier exprimé ses idées dans son ouvrage le plus célèbre, De la Souveraineté du Roy, paru en 1632. Il y défend, entre autres, l'essence divine de la monarchie, qui n'a de compte à rendre qu'à Dieu et non aux hommes. Toute opposition au pouvoir devient donc quasiment une hérésie[2] :
« Dieu nous a tellement obligés à nous soumettre aux volontés de nos princes, qu'il ne nous est pas permis, pour quelque occasion que ce soit, de nous révolter et de prendre les armes contre eux ; s'ils nous chassent de nos maisons, s'ils pillent nos biens, nous devons lever les mains vers le ciel et prier pour leur prospérité. »
— Cardin Le Bret, Remontrance 10e, faite à l'ouverture du Parlement à Pâques 1614
Sa souveraineté est totale, et ne peut être nullement partagée:
« la souveraineté du roi par nature n'est pas plus divisible qu'un point en géométrie »
— Cardin Le Bret, Œuvre
La seule autorité légitime est celle du roi, il faut donc replacer toute autre autorité sous la domination hiérarchique de ce dernier; les puissances féodales doivent donc être éliminées au profit d'une pyramide administrative avec le souverain à sa tête.
Néanmoins, Le Bret ira moins loin que d'autres penseurs de l'absolutisme, en refusant à l'État le droit de disposer à son gré des propriétés de ses sujets. Seule exception à cette règle, les cas de « nécessité » comme la guerre. Mais en matière de politique économique, il va bien plus loin que Jean Bodin, reconnaissant au souverain le droit de lever les impôts qu'il veut, sans l'autorisation des parlements. De même, il peut manipuler la monnaie à sa guise[3].
La pensée de Cardin Le Bret est donc incompatible avec les fondements de la démocratie libérale contemporaine et, plus encore, avec les fondements du libéralisme. Pour les libéraux, c'est le droit qui doit être souverain et non un quelconque pouvoir politique illimité. C'est ce que reflète l'usage du terme Rule of Law, le gouvernement des lois et non des hommes. Un droit devant lequel tout le monde soit égal. C'est une question que développa par exemple Friedrich Hayek dans Droit, législation et liberté.
Vénalité des offices
Dans le chapitre 8 du livre II de ses Œuvres de 1689, Cardin Le Bret est le premier à critiquer la vénalité des offices, à savoir l'achat des charges qui a commencé sous Louis XII. Il souligne en particulier les menaces que cela représente pour le monarque qui, en officialisant la vénalité, perd la gestion de l'administration. Ceux qui ont acheté leur charge acquièrent leur indépendance vis-à-vis du souverain et quittent la pyramide administrative dans laquelle ils devraient être imbriqués. En effet, le roi est lié financièrement à la vénalité, et a intérêt à multiplier les charges pour augmenter ses revenus et à ne pas brusquer ceux qui ont acquis leur charge.
Montesquieu a, lui, plus tard, défendu ce principe de vénalité des offices, comme moyen de récompenser les individus ayant fait fortune par leur travail.
Éducation
Philippe Nemo note également qu'il fut un farouche opposant de la liberté de l'enseignement. Persuadé qu'un homme seul saurait mieux que le reste des individus ce qu'il fallait pour l'éducation d'un enfant, il poursuivait le rêve de pouvoir contrôler sous une unique autorité l'éducation délivrée à tous les enfants du royaume. C'est l'occasion pour Nemo de rappeler que l'origine idéologique du monopole de l'enseignement est non démocratique mais absolutiste, dans des vues d'embrigadement.
A l'opposé de cette vision uniformisatrice de Cardin Le Bret qui guida la création de l'Éducation nationale en France, la position libérale sur l'éducation est de laisser autant que possible la liberté de choix aux individus, pour qu'émerge les meilleures réponses aux problématiques individuelles.
Œuvres principales
Citations
- « J’estime qu’on ne doit attribuer le nom et la qualité d’une souveraineté parfaite et accomplie qu’à celles [royautés] qui ne dépendent que de Dieu et qui ne sont sujettes qu’à ses lois »[4]
Notes et références
Bibliographie
- 1948, G. Picot, Cardin le bret 1558-1655 et la doctrine de la souveraineté
- 2002, Philippe Nemo, Histoire des idées politiques aux Temps modernes et contemporains, PUF, pp.109-135
- Article Cardin Le Bret de l'encyclopédie Universalis
Voir aussi
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