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Albert Hunold
Albert Hunold, né en 1899 à Zurich, décédé en 1980, est une figure dont l'histoire est étroitement liée à l'évolution de la Société d'Instituts et d'Associations pour la Formation (SIAF) et directement sur la société du Mont Pélerin sur une période s'étendant sur près de vingt ans. Ce personnage atypique se distingue par son engagement profond au sein des cercles économiques et libéraux suisses, lui conférant une influence marquante sur son époque.
Biographie
D'un milieu qui ne le rattache pas à la grande bourgeoisie helvétique, Albert Hunold s'illustre par sa trajectoire éducative singulière. Initiant ses études économiques sur le tard, il entreprend des formations à l'université de Zurich, puis à la renommée London School of Economics. Cette démarche témoigne d'une volonté de se distinguer et d'acquérir une expertise pointue malgré des débuts non conventionnels.
Son parcours professionnel est marqué par une série de postes au sein d'organisations économiques et financières de premier plan. De la Bourse de Zurich à l'Union des instituts de crédit zurichois, en passant par la direction de la caisse de compensation de l'ASB, Hunold accumule une connaissance approfondie des mécanismes économiques et financiers de son époque. Cette immersion dans le monde financier le prépare à son rôle crucial dans l'histoire de la SIAF et de la société du Mont Pélerin .
Albert Hunold se démarque par son rôle en tant que membre fondateur et secrétaire de la Société du Mont Pèlerin (SMP). Cette association, fondée en 1947 à l'initiative de figures influentes telles que Wilhelm Röpke et Friedrich Hayek, devient la première institution libérale. Doté d'une énergie de travail remarquable et bénéficiant de liens étroits avec les milieux patronaux zurichois, Albert Hunold joue un rôle central dans l'établissement et la gestion de cette association, contribuant ainsi à l'essor du libéralisme en Suisse.
Albert Hunold a participé activement aux efforts visant à nommer Friedrich Hayek à l'université de Zurich. Soutenu par des personnalités influentes comme Hans Sulzer, un homme d'affaires suisse de renom, Albert Hunold contribue de manière décisive à la réorganisation de la SIAF afin de placer Friedrich Hayek à sa tête. Cette stratégie ambitieuse vise à élever le statut académique de Zurich en tant que pôle libéral d'excellence. Malgré les efforts d'Albert Hunold, ce projet n'a pas abouti favorablement. Mais les démarches entreprises par Albert Hunold joua un rôle déterminant et corroborant à la volonté de Friedrich Hayek d'obtenir un poste en Europe. Cette implication témoigne de sa volonté de devenir le collaborateur privilégié de l'économiste autrichien et d'asseoir son influence au sein de la SIAF et de la SMP. Il fut membre de la société du Mont Pèlerin dès sa première réunion en 1947. Il est devenu ensuite le secrétaire de cette organisation. Il fut le rédacteur en chef de la revue The Mont Pèlerin Quarterly où il a écrit un article en 1962 "How the Mont Pèlerin Society Lost Its Soul" qui donna lieu à l'affaire Hunold puisque sa position créa une querelle intestine au sein du comité directeur.
Un rôle pivot au sein de la SIAF
À son arrivée à la tête de la section économique de la SIAF en 1950, Albert Hunold avait une vision claire de la manière dont il pourrait renforcer l'impact du libéralisme en Suisse. Il s'engagea dans deux objectifs majeurs : rassembler les partisans du libéralisme en Suisse et doter ce mouvement d'une existence académique solide. Ces ambitions étaient intrinsèquement liées à la quête de financement nécessaire pour les activités de la SIAF et à la consolidation des relations avec des cercles internationaux tels que la SMP.
Albert Hunold s'attela en premier lieu à consolider les finances de l'institut. Durant la période des années 1940, la SIAF avait été financièrement limitée. Cependant, avec l'intervention active de Hans Sulzer et Albert Hunold, le budget de l'institut tripla presque instantanément. Hunold lança des campagnes de recherche de fonds sur trois ans, mobilisant ses compétences administratives et son réseau de contacts. L'appui financier de Hunold et les contacts de Hans Sulzer permirent à la SIAF de bénéficier d'une augmentation significative de son budget.
Plus de quarante donateurs privés, y compris des banques, des entreprises industrielles et des sociétés d'assurances, contribuèrent aux campagnes de financement de la SIAF entre 1950 et 1967. Ces contributions furent complétées par des sources de financement public, notamment du canton de Zurich et de la Banque nationale suisse (BNS). La gestion des comptes de la SIAF fut confiée à Charles Zoelly, un banquier de l'Union de banques suisses (UBS), offrant ainsi une base financière solide à l'institut.
La relation entre la SIAF et la SMP était mutuellement bénéfique. La SMP, dédiée à la diffusion du libéralisme, trouvait dans la SIAF un partenaire pour son expansion en Suisse, tandis que la SIAF bénéficiait de la renommée internationale de la SMP pour affirmer sa position dans le pays. Albert Hunold et ses collègues de la SIAF comprenaient l'importance de cette relation et travaillèrent main dans la main avec la SMP pour promouvoir les idées libérales.
Les fonds recueillis par Albert Hunold et son équipe permettaient de réaliser des activités significatives, concentrées principalement dans la section économique de la SIAF. L'organisation était dorénavant capable de mettre en place un ensemble d'efforts coordonnés. Cela impliquait la mise en œuvre de cycles de conférences à l'université de Zurich, la diffusion des idées libérales à travers des publications en collaboration avec les éditions zurichoises Eugen Rentsch, et bien sûr, le soutien et la participation active à la SMP.
L'entreprise d'Albert Hunold et ses collègues de la SIAF n'était pas simplement une affaire de gestion financière, mais une vision claire pour révolutionner l'idéologie économique en Suisse. À travers une stratégie habile mêlant finances, partenariats internationaux et diffusion d'idées, la SIAF devint un pilier du libéralisme, transformant le paysage politique et académique suisse et contribuant à la propagation des idées économiques libérales.
Liens avec la Société du Mont Pèlerin (SMP)
Albert Hunold a joué un rôle clé dans l'organisation de la conférence du Mont-Pèlerin en 1947, un événement majeur pour le libéralisme. Son influence grandissante le fit devenir un intermédiaire indispensable, connectant des intellectuels libéraux tels que Friedrich Hayek avec les besoins financiers et les intérêts du patronat suisse. Même après la conférence, Albert Hunold continua à jouer ce rôle en tant que secrétaire de la SMP, créant ainsi un lien actif entre les penseurs libéraux internationaux et les cercles économiques suisses.
La SIAF fournissait un soutien essentiel à la SMP. Entre 1950 et 1960, le secrétariat de la SIAF gérait les fichiers des membres de la SMP, traitait la correspondance ordinaire de l'organisation et du conseil d'administration des directeurs, et maintenait une bibliothèque des publications des membres de la SMP. Ces services demandaient des ressources croissantes, en raison de l'augmentation constante du nombre de membres de la SMP. En 1959, Albert Hunold estimait que la SIAF avait contribué financièrement aux activités administratives de la SMP pour au moins 10 000 dollars.
La SIAF ne se contentait pas seulement d'offrir un soutien administratif. Il mobilisait également des fonds pour financer les réunions et meetings de la SMP en Suisse. En 1953 et 1957, Albert Hunold, par l'intermédiaire de la SIAF, collecta des fonds pour les réunions de la SMP, couvrant ainsi les coûts liés à l'organisation de ces événements. La SIAF était également impliqué dans la logistique des réunions, fournissant une assistance pour la préparation et la gestion des événements.
Le SIAF contribuait également au soutien matériel des membres de la SMP. Il puisait dans le réseau de la SMP pour organiser des conférences à Zurich, soutenant ainsi les penseurs libéraux. Des figures éminentes comme Fritz Machlup et Friedrich Hayek reçurent des paiements substantiels pour leurs interventions. Ces contributions étaient significatives, comparées aux revenus standards des universitaires de l'époque.
L'implication active de la SIAF dans le soutien aux membres de la SMP souligne l'importance de cette interdépendance. Le patronat suisse avait clairement compris l'importance de financer et de faciliter la diffusion des idées libérales. En retour, le SIAF avait accès à un réseau d'experts et d'intellectuels de renom pour organiser ses propres conférences. Cette relation symbiotique renforçait la position du SIAF en tant que promoteur et diffuseur majeur des idées néolibérales en Suisse et au-delà.
En résumé, Albert Hunold émerge comme une figure centrale dans l'histoire du libéralisme en Suisse. Son engagement actif dans les cercles économiques et sa capacité à façonner les réorganisations de l'institut SIAF témoignent de sa vision stratégique. Son désir de propager les idées libérales au sein de l'académie et de la sphère publique s'incarne à travers ses actions et collaborations, laissant ainsi une empreinte durable sur le paysage intellectuel et économique de son époque.
Albert Hunold, à travers son rôle d'intermédiaire entre les cercles internationaux de la pensée libérale et les milieux patronaux suisses, était devenu un pont essentiel. Ses efforts consolidaient l'interaction entre les intellectuels et les financiers, facilitant ainsi la croissance et la propagation du néolibéralisme en Suisse.
Informations complémentaires
Publications
- 1951, dir., "Vollbeschäftigung, Inflation und Planwirtschaft" [Le plein emploi, l'inflation et l'économie planifiée], Eugen Rentsch Verlag, Erlenbach-Zürich
- 1953, dir., "Wirtschaft ohne Wunder" [Sans miracle économique], Erlenbach-Zürich: Rentsch
- 1955, dir., "Die Freie Welt im kalten Krieg", ("Le monde libre dans la guerre froide"), Erlenbach-Zürich, E. Rentsch
- 1959, dir., "Erziehung zur Freiheit", ("Éducation sur la liberté"), Erlenbach-Zürich: E. Rentsch
- 1961,
- a. dir., "Freedom and Serfdom. An Anthology of Western Thought", Dordrecht: D. Reidel Publishing Company
- b. "Preface", In: Albert Hunold, dir., "Freedom and Serfdom. An Anthology of Western Thought", Dordrecht: D. Reidel Publishing Company, pp7-10
Littérature secondaire
- 1967, C. S. Richards, commentaire du livre d'Albert Hunold, Dir., Freedom and Serfdom - An Anthology of Western Thought, The South African Journal of Economics 35 (2), pp168–168
- 2009, Olivier Longchamp et Yves Steiner, « Comment les banquiers et industriels suisses ont financé le renouveau libéral », L'Économie politique, 2009/4 n° 44, pp. 76-92.
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