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Rupture de 1973
On ne peut comprendre la rupture de 1973 qu'au regard de la période antérieure. Jean Fourastié nomme "les Trente glorieuses" cette période de croissance exceptionnelle qu'ont connues les économies "développées" au cours de la période 1946-1973. En effet, ces années sont caracterisées par un taux de croissance moyenne du PIB de 5% par an, par une situation de quasi plein emploi et par une augmentation permanente des niveaux de vie (la consommation des agents a triplé en francs constants ce qui a permis de réduire les écarts entre les niveaux de vie). Cette prospérité s'observe dans tous les pays européens de sorte que d'expliquer ces résultats par des causes nationales n'est pas pertinent. Ainsi, que les politiques menées aient été plutôt libérales ou dirigistes ne semble n'avoir eu qu'un faible impact sur les données économiques. Il faut donc rechercher les causes de ces chiffres, qui font rêver tous les dirigeants, dans des phénomènes exogènes, dans des causes qui échappent aux choix de la classe politique nationale.
Tout d'abord il convient de signaler le rôle décisif joué par les États-Unis. En effet, les Américains ont compris qu'ils ne pouvaient pas revenir à l'isolationnisme qui caractérisait leur doctrine politique au cours des années 20. Ils avaient compris que leur prospérité dependait de la situation des pays européens car toute économie de marché subit la contrainte des débouchés. C'est dans ce sens que les Américains mettent en place le plan Marshall, et les accords du GATT qui permettent une expansion considérable du commerce international. Parallèlement le système de Bretton-Woods prévoit un système monétaire qui repose sur la convertibilité des monnaies en or et en dollar faisant ainsi du dollar la devise clé. Il faut également remarquer que l'évolution démographique a été particulièrement favorable à une croissance harmonieuse. En effet, le nombre de personnes agées était limitée du fait de la surmortalité des deux guerres mondiales. En même temps le nombre de jeunes adultes aptes à produire et le nombre d'enfants qui consomment sont exceptionnellement nombreux à cause du phénomène du Baby-boom.
Néanmoins la situation se dégrade dés 1969 où les premiers signes d'un ralentissement conjoncturel commencent à se manifester. Ainsi, l'année 1973 marque une rupture dans le rythme de l'accumulation. Quelles sont les explications évoquées par les penseurs pour expliquer ce retournement? Elles sont nombreuses et certaines assez contradictoires.
L'explication de l'école de la régulation
Selon cette école, les "Trente glorieuses" sont une période marquée par un type d'accumulation particulier : Celui de type fordiste caractérisé par des gains de productivité élevés liés à des investissements nombreux. Etant donnée que le taux de croissance de la productivité est inférieur au taux de croissance de la production, l'emploi est abondant (ce phénomene est amplifié par le mouvement de baisse du temps de travail). Néanmoins, pour maintenir cet état de croissance élevé de la productivité les entreprises se trouvent dans l'obligation de réaliser des investissements de plus en plus nombreux et coûteux ce qui entraîne une pression à la baisse des profits qui s'amorce dés 1969. En quelque sorte, en utilisant des termes techniques, la productivité apparente du capital (rapport entre la production réalisée et le capital nécessaire pour la réaliser) tend à diminuer. Ainsi, à cause de la baisse des profits, les entreprises se retrouvent dans l'obligation de recourir à l'endettement pour financer leurs activités. Or un endettement massif indique, selon les enseignements d'Hayek, qu'une économie vie au-dessus de ses moyens (ce qui est vraiment le cas de la France aujourd'hui).
En résumé, selon l'école de la régulation, à partir des années 70 l'autofinancement des entreprises est devenu insuffisant. Cette situation étant amplifiée par le choc pétrolier de 1973, les pays de l'OPEP imposant, à la suite de la guerre de Kippour, une hausse de 70% de ses prix et une baisse de ses exportations. L'inflation galopante exerce également une pression à la hausse des salaires puisque ceux-ci sont indexés sur les prix (En France, c'est le socialiste Jacques Delors qui impose la désindexation en 1983). En somme, la rentabilité n'est plus au rendez-vous...
L'explication en terme de rigidités
Après la deuxième guerre mondiale, les pays développés décident de mettre en place des systèmes de protection sociale. En France, le système Laroque et en Grande-Bretagne, le plan Beveridge. Or, si ces plans ont effectivement contribué à améliorer le bien-être de la population, ils ont leur côté pervers si l'on adopte une analyse en termes de "ce qui se voit et ce qui ne se voit pas" inaugurée par l'économiste français Frédéric Bastiat. Ainsi, le développement des corps intermédiaires (syndicats, organisations patronales, ...) a favorisé une allocation inefficace des ressources, en figeant les prix à des niveaux non optimaux. Aujourd'hui, on constate que c'est principalement les pays qui ont choisi la voie de la flexibilité (États-Unis et Grande Bretagne) qui disposent de la situation économique la plus favorable. Parallèlement, en accordant des avantages aux chômeurs les pouvoirs publics sont accusés de créer un "piège de la dépendance", d'être en quelque sorte à l'origine de la pauvreté des gens. Dans ce sens, l'État créé, ou amplifie, le problème qu'il veut justement combattre.
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