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Adam Smith
Adam Smith | |||||
Économiste, philosophe | |||||
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Dates | 1723-1790 | ||||
Tendance | libéral classique | ||||
Nationalité | Écosse | ||||
Articles internes | Autres articles sur Adam Smith | ||||
Citation | « Chaque individu en poursuivant son interêt est amené à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions » | ||||
Interwikis sur Adam Smith | |||||
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Adam Smith, né le 5 juin 1723 à Kirkcaldy et décédé le 17 juillet 1790 à Londres, est un économiste et philosophe d'origine écossaise qui participa au développement des Lumières écossaises. Il est considéré, à tort ou à raison, comme le père de l'économie moderne avec son œuvre La Richesse des nations.
Biographie d'Adam Smith
Sa date de naissance exacte est inconnue, on sait en revanche qu'il fut baptisé le 5 juin 1723 à Kirkcaldy, en Écosse. Il entre à l'Université de Glasgow à 14 ans où il étudie la philosophie morale avec Hutcheson. En 1740, il entre à l'université d'Oxford. De 1748 à 1751, il enseigne la rhétorique et les belles-lettres à Édimbourg.
En 1777 (année suivant la publication de sa Richesse des Nations !), il devient - comme le fut son père - Commissaire des douanes.
Idées d'Adam Smith
Son œuvre maîtresse The Wealth of Nations (Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations)[1], parue le 9 mars 1776, a contribué à créer l'économie telle qu'on la connaît de nos jours, en en faisant une discipline autonome.
Ce livre présente la doctrine philosophique et économique qui fait du travail la source de la richesse. Cette œuvre est considérée de nos jours comme la première théorie d'économie politique classique et libérale.
Quand l'essai, qui est un manifeste contre le mercantilisme, paraît en 1776, l'idée de Libre-échange fait son chemin en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Cependant, tout le monde n'est pas convaincu des avantages du libre-échange.
La Richesse des Nations rejette aussi les idées de l'école physiocratique qui voit la terre comme seule source de richesse ; au contraire, selon Smith, la richesse ne provient que de la division du travail. Il prône le développement de l'industrie à travers le célèbre exemple de la manufacture d'épingle.
Pour Adam Smith l'économie politique a deux objets :
- procurer au peuple un revenu ou une substance abondante, ou, pour mieux dire, le mettre en état de se procurer lui-même ce revenu et cette substance abondante ;
- fournir à l'État ou à la communauté un revenu suffisant pour le service public.
La maîtrise des principes d'économie politique se propose d'enrichir à la fois le peuple et le souverain.
Le livre eut une influence fondamentale sur la politique économique de l'Angleterre. William Pitt le Jeune appliqua ces principes dans le traité qu'il signa avec la France en 1786, et s'en servit pour l'élaboration de ses budgets. À vrai dire c'était la première fois qu'on appliquait en économie politique les procédés de l'enquête scientifique, ou mieux, qu'on tentait d'en faire une science à part entière.
Ce livre relégua les économistes français qui tenaient le haut du pavé dans le monde avec les écoles mercantilistes et les physiocrates. Son auteur fut, avec exagération, considéré comme le « père de l'économie politique ». Pendant près d'un siècle, après avoir fait faire à l'économie politique (l'expression science économique date de la fin du 19e siècle) des progrès indéniables, fut aussi la raison pour laquelle elle stagna et qu'on s'en tint trop longtemps à l'unique conception de la « division du travail ».
La Richesse des nations a été traduit en français par Blavet dès 1779. D'autres bonnes éditions françaises sont celles de Roucher et de la marquise de Condorcet (1790), de Garnier (1802), et l'édition abrégée de Courcelle-Seneuil (1888).
La « main invisible »
La main invisible (expression qui n'apparaît qu'au détour d'une phrase) de la concurrence assure l’intérêt de tous. En d'autres termes, la recherche des intérêts particuliers aboutit à l’intérêt général, à condition de laisser libre court à la concurrence et d’être guidé par la sympathie et les « sentiments moraux ».
Cette idée participe d'un climat intellectuel général, celui des Lumières écossaises. Près de deux siècles plus tard, Friedrich Hayek reprendra la thématique principale de leurs principaux représentants, Bernard Mandeville, David Hume, Smith et Adam Ferguson, pour asseoir sa théorie de l'ordre spontané, à savoir que les institutions (au sens large du terme) sont "le résultat de l'action des hommes, mais non de l'exécution de leurs desseins".
Voir holisme.
La valeur chez Adam Smith
Adam Smith distingue le prix naturel et le prix de marché. Le prix réel de chaque chose est l’équivalent de la peine et de l’embarras nécessaires à son acquisition. La valeur relative dépend de la quantité de travail nécessaire à la création du bien. Le prix de marché est le résultat du jeu de la concurrence et s’écarte du prix réel. C’est le fait de la « main invisible ».
Les vertus autorégulatrices du marché
Le jeu de la concurrence permet aux prix de marché de ne pas s’écarter des prix réels durablement. Lorsque les prix de marché sont supérieurs aux prix réels, les producteurs sont rémunérés au-dessus du prix naturel. Cela va attirer d’autres producteurs sur le marché. Avec ces entrées sur le marché, la production va augmenter, l’offre et la demande vont s’équilibrer et le prix de marché va revenir au niveau du prix naturel. À l’inverse, si le prix de marché est inférieur au prix naturel, les producteurs vont quitter le marché, l’offre va diminuer et le marché va se rééquilibrer.
L’apport d’Adam Smith
- distinction fondamentale entre valeur d’usage (utilité) et valeur d’échange (prix).
- la richesse des nations résulte de la spécialisation et de la division du travail.
- thèse de l’échange international. Élaboration de la théorie des avantages absolus : extension de la « main invisible » aux échanges internationaux.
- la doctrine des effets réels (Real Bills Doctrine), théorie de création monétaire reprise par certains économistes autrichiens tels que Antal E. Fekete.
Vision libérale sur Adam Smith
Contrairement au lieu commun, Adam Smith est considéré par les libéraux comme un auteur mineur. La Richesse des Nations est truffée d’erreurs et de contradictions. C’est Smith qui donnera une grande aura à la valeur-travail, malgré Condillac. Chez Smith, l’entrepreneur est une sorte de zombie, qui n’a aucune influence sur ses concurrents, ses fournisseurs, ses clients. Son entreprise est identique aux autres entreprises. Il ne court aucun risque, jamais. Cet entrepreneur-bureaucrate, comme le dit Philippe Simonnot, est en fait un technicien supérieur tout juste capable d’administrer une entité quelconque.
On réplique : oui, mais Smith a créé le concept majeur de toute la pensée économique libérale, la main invisible. Outre que ce n’est pas l’inventeur de cette idée (on en trouve les prémices dans la "Fable des abeilles" de Bernard Mandeville et déjà chez Aristophane en 392 av. J.-C.), mais simplement de la formule, Smith n’y croyait en réalité qu’à moitié. Toutes sortes d’activités ne relèvent pas, chez lui, du laissez-faire : la défense nationale, la navigation au long cours, les ponts, les ports, les routes, la poste, la construction des murs coupe-feu, la conservation des hypothèques, l’exportation de blé, etc.
Par ailleurs, Smith continue à prôner un plafonnement à 5 % des taux d’intérêt, alors qu’à la même époque ses « confrères » français, Cantillon et Turgot, que pourtant il connaît, plaident pour une déréglementation totale du marché de l’argent.
De plus, Smith, s'il en était quelque peu méfiant, n'était pas opposé à l'impôt qu'il jugeait même légitime (« Les sujets d’un État doivent contribuer au soutien du gouvernement »).
Enfin, il fit une distinction peu pertinente (inspirée des physiocrates) entre "travail productif" (production de biens matériels) et "travail improductif" (services immatériels). En réalité, la main invisible cache chez Smith la main, bien visible, de l’économiste d’État, au service du Prince bienveillant. Une sorte de souverain-économiste, comme Platon rêvait d'un souverain-philosophe.
La Justice selon Adam Smith : Autonomie, Prospérité et Minimalisme Gouvernemental
Pour Adam Smith, la notion de justice ne se résumait pas à un simple transfert de richesse de l'un à l'autre, où l'on taxerait Pierre pour nourrir Paul. Au contraire, pour Smith, la justice était davantage liée à la création d'un environnement socio-économique dans lequel ni Pierre ni Paul n'auraient besoin de recourir à l'État ou à la charité privée pour subvenir à leurs besoins.
Cette vision de la justice de Smith repose sur les principes fondamentaux de l'économie de marché et du libéralisme classique. Smith croyait en la capacité des individus à poursuivre leurs intérêts personnels dans le cadre d'une économie de marché libre et concurrentielle. Dans ce contexte, il considérait que la justice était réalisée lorsque les individus pouvaient travailler et échanger librement, sans entraves excessives de l'État ou de la société.
L'idée centrale était que, dans un tel environnement, les individus seraient incités à innover, à investir, à produire et à échanger de manière efficace. En conséquence, la prospérité économique augmenterait, ce qui permettrait à Pierre et Paul de trouver des opportunités d'emploi, d'accéder à des biens et services à des prix abordables, et de bénéficier d'une meilleure qualité de vie, sans dépendre des largesses de l'État ou de la charité privée.
En d'autres termes, Adam Smith pensait que la justice consistait à créer les conditions qui favorisent l'autonomie et l'indépendance économique des individus, de sorte qu'ils puissent subvenir à leurs besoins par leurs propres moyens. Cela ne signifiait pas l'absence totale de gouvernement, mais plutôt un gouvernement limité qui garantissait la sécurité des droits de propriété, le respect des contrats et la prévention de la fraude, tout en laissant le marché fonctionner de manière efficace.
Ainsi, selon Adam Smith, la véritable justice réside dans la création d'une société où les individus peuvent prospérer par leur propre initiative, sans dépendre des redistributions forcées ou de la charité, ce qui, selon lui, contribuerait à une société plus équitable et prospère dans son ensemble. Cette perspective continue d'influencer la pensée libérale classique et le débat sur le rôle de l'État dans la société contemporaine.
Analyse de la conception d'Adam Smith sur l'économie en tant que science morale
L'analyse de la conception d'Adam Smith sur l'économie en tant que science morale révèle une perspective profonde sur le lien intrinsèque entre les comportements économiques et les principes moraux qui sous-tendent la société. Dans son œuvre majeure, "La Richesse des nations", Smith expose une vision holistique de l'économie qui intègre des considérations morales et éthiques dans l'étude des phénomènes économiques.
Pour Adam Smith, l'économie n'est pas simplement une question de maximisation du profit ou d'efficacité des marchés, mais plutôt une discipline qui s'inscrit dans un cadre moral plus large. Selon lui, les comportements économiques des individus sont influencés par des motivations morales telles que la sympathie, la bienveillance et la justice. Il soutient que les individus sont naturellement enclins à coopérer et à échanger dans le but de promouvoir le bien-être commun, et que cette inclination morale est essentielle au fonctionnement harmonieux de la société.
Smith met également en avant le concept de la "main invisible", qui fait référence au mécanisme par lequel les actions individuelles des agents économiques contribuent involontairement au bien-être général de la société. Selon cette théorie, les individus poursuivent leurs intérêts personnels sur le marché, mais leurs actions sont régulées par des forces invisibles qui les orientent vers des résultats socialement bénéfiques. Ainsi, l'économie de marché est vue comme un système auto-régulé qui favorise le progrès économique et social dans un cadre moral.
En outre, Smith accorde une grande importance à la notion de justice dans son analyse économique. Il reconnaît l'importance de garantir des conditions équitables pour tous les membres de la société, notamment en matière de répartition des richesses et des ressources. Selon lui, le marché ne peut fonctionner efficacement que s'il est accompagné de politiques et d'institutions qui garantissent une distribution juste des revenus et des opportunités.
En conclusion, l'analyse de la conception d'Adam Smith sur l'économie en tant que science morale met en lumière une vision complexe et nuancée de la relation entre l'économie et la morale. Pour Smith, l'économie ne peut être dissociée des considérations morales et éthiques, et une compréhension approfondie des phénomènes économiques nécessite une prise en compte de ces dimensions. Cette perspective continue d'influencer la pensée économique contemporaine et souligne l'importance de l'éthique dans la formulation des politiques économiques et sociales.
Citations d'Adam Smith
- Chaque individu ne pense qu'à se donner personnellement une plus grande sûreté [...], et ne pense qu'à son propre gain; en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions; Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler.
- Ce qui est prudence dans la conduite d'un foyer, ne peut être folie dans la conduite d'une grande nation.
- Tout homme, tant qu'il n'enfreint pas les lois de la justice, demeure en pleine liberté de suivre la route que lui montre son intérêt et de porter où il lui plaît son industrie et son capital, concurremment avec ceux de tout autre homme ou de toute autre classe d'hommes.
- L'impôt peut entraver l'industrie du peuple et le détourner de s'adonner à certaines branches de commerce ou de travail.
- Un impôt inconsidérément établi offre beaucoup d'appât à la fraude.
- L'homme d’État qui chercherait à diriger les particuliers dans la route qu'ils ont à tenir pour l'emploi de leurs capitaux non seulement s'embarrasserait du soin le plus inutile, mais encore il s'arrogerait une autorité qu'il ne serait pas sage de confier... Autorité qui ne pourrait jamais être plus dangereusement placée que dans les mains de l’homme assez insensé et assez présomptueux pour se croire capable de l'exercer.
Citations sur Adam Smith
- Adam Smith était à la fois un intellectuel qui partageait tous les préjugés typiques contre la classe des hommes d’affaires et un conservateur libertarien qui connaissait la valeur de la liberté et de l’entreprise. Sa solution fut de situer la source de la richesse non dans les activités créatives des hommes d’affaires mais dans la « main invisible » du marché. La machine de Smith n’était pas gouvernée par des entrepreneurs inspirés et turbulents ou des hommes d’affaires à l’imagination fiévreuse, mais une forme grossière de homo economicus, un agent maximisant son utilité, calculant les gains et les pertes, galvanisé par des incitations à servir son intérêt personnel magnifié. L’erreur de Smith était de fonder sa théorie sur le mécanisme des échanges marchands eux-mêmes plutôt que sur l’activité entrepreneuriale qui les rend possibles et impulse leur croissance. (George Gilder, L'AGEFI, 14 avril 2016)
Œuvres
- 1759, The Theory of Moral Sentiments (La théorie des sentiments moraux),
- Nouvelle édition en 1791
- Nouvelle édition en 1969, Indianapolis: Liberty Classics
- Nouvelle édition en 1976, D. D. Raphael et A. L. Macfie, dir., Oxford University Press, Oxford
- Nouvelle édition en 1982, Indianapolis, Liberty Press
- Nouvelle édition en 2002, Cambridge: Cambridge University Press (coordination par K. Haakonssen)
- Traduction en chinois en 1997, par Ziqiang Jiang, Beiyu Qin, Chongdi Zhu, Kaizhang Shen, "道德情操论", Beijing: Commercial Press
- 1776, An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations, London, 3 volumes
- 3ème edition en 1784,
- Nouvelle édition en 1937, Edwin Cannan, Dir., Modern Library Edition. New York: Random House
- 6ème édition en 1950, Edwin Cannan, Dir., London
- Nouvelle édition en 1976, R. H. Campbell et A. S. Skinner, dir., Oxford University Press, Oxford, Vol. 2
- Nouvelle édition en 1981, Roy H. Campbell, Andrew S. Skinner et W. B. Todd, Dir., Indianapolis: Liberty Classics
- Traduction en français
- de 1779 à 1780 par l'abbé Jean-Louis Blavet, "Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Journal de l'agriculture, des arts et du commerce
- en 1786 par Blavet, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 6 volumes
- en 1800 par Blavet, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 3 volumes
- en 1802 ou 1804 ?, par Germain Garnier, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 2 volumes
- en 1843, par le comte Germain Garnier, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, notice biographique d’Adolphe Blanqui, Guillaumin, Paris, 2 volumes.
- en 1881, par le comte Germain Garnier, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, notes biographique d’Adolphe Blanqui et Jean-Baptiste Say, Guillaumin, Paris, 2 volumes
- en 1996, par Paulette Taïeb, "Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations", Presses Universitaires de France, Paris, 4 volumes
- Traduction en chinois en 1931, par Guo Dali et Wang Yanan, "國富論", Shanghai: Shenzhou Light of the Nation Publishing
- Nouvelle traduction en chinois en 1972, par Guo Dali et Wang Yanan, "国富论", Beijing: Commercial Press
- Traduction en italien en 2013, "La ricchezza delle nazioni", UTET, Torino
- 1795, ‘The Principles Which Lead and Direct Philosophical Enquiries: Illustrated by the History of Astronomy’
Littérature secondaire
Pour voir les publications qui ont un lien d'étude, d'analyse ou de recherche avec les travaux et la pensée d'Adam Smith : Adam Smith (Littérature secondaire)
Textes externes
En français
- (fr)Textes et analyses sur Catallaxia.
- (fr)Pourquoi lire Adam Smith aujourd'hui ?, par Ludwig von Mises
- (fr)La théorie des sentiments moraux, Publié le 4 octobre 2016, Contrepoints
- (fr) [pdf]Retour à Adam Smith (1723-1790) après deux siècles?, Gérard-R. Pelletier, L'Actualité économique, 66 (3), 319–347
En anglais
- (en)The Adam Smith Myth par Murray Rothbard.
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