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Pierre de Boisguilbert
Pierre de Boisguilbert | |||||
économiste | |||||
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Dates | 1646 - 1714 | ||||
Tendance | |||||
Nationalité | France | ||||
Articles internes | Autres articles sur Pierre de Boisguilbert | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur Boisguilbert | |||||
Pierre Le Pesant de Boisguilbert (Rouen, 17 février 1646 - id., 10 octobre 1714) est un économiste français. Il fut un anti-Colbertiste radical qui a eu une influence profonde sur les Physiocrates et sur le mouvement des Lumières (du point de vue économique).
Biographie
Après des études à Port-Royal, siège du jansénisme, où il est fortement influencé par le logicien Pierre Nicole, il suit des études de Droit et devient magistrat à partir de 1676 en qualité de juge vicomte de Montivilliers.
Il exercera ensuite les fonctions de lieutenant général au bailliage en 1690 avant de devenir lieutenant de police en 1699.
Fort préoccupé par la situation économique de la France, marquée par la pénurie et les crises agricoles, il essaie vainement de convaincre Louis XIV et ses contrôleurs généraux d'entreprendre les réformes nécessaires à la prospérité du pays. Ses théories seront considérées à ce point subversives qu'il sera condamné six mois à l'exil.
Ses idées
Un jansénisme retourné en philosophie optimiste de l'harmonie sociale
Boisguilbert part des présupposés pessimistes propres au jansénisme, lequel pousse à son paroxysme l'augustinisme politique. Consécutivement à la Chute, l'homme est - selon P. Nicole - guidé uniquement par ses propres intérêts et est voué à entrer en conflit avec les autres individus. Nous retrouvons le schéma conflictuel sur lequel Thomas Hobbes fonde sa philosophie politique. De même, toujours pour Nicole, seul l'État est apte à nouer le lien social indispensable à l'harmonie. L'ordre doit donc s'imposer verticalement, selon la doxa janséniste. Mais c'est ici que Boisguilbert se sépare de son maître.
En effet, il estime que c'est le commerce même qui permet de pacifier la société et de favoriser l'émergence de ce lien social si nécessaire à l'harmonisation des rapports humains. Loin de détruire la vie sociale et économique, l'égoïsme fustigé par les moralistes de Port-Royal promeut la stabilité, la paix et l'abondance. Pour ce faire, une économie de libre-échange est absolument indispensable. On reconnaît ici la thématique qui sera développée par Bernard Mandeville ("vices privés, vertu publique") ou Adam Smith (l'intérêt général comme résultante providentielle de la poursuite des intérêts particuliers).
Anticipant un Turgot, Boisguilbert recommande ainsi au pouvoir politique:
- Il n'est pas question d'agir, il est nécessaire seulement de cesser d'agir avec une très grande violence que l'on fait à la nature, qui tend toujours à la liberté et à la perfection.
Dénonciation des classes oisives
Pour Boisguilbert, l'une des principales causes de la pénurie agricole est imputable aux "classes oisives": l'administration fiscale et les autres rentiers politiques qui sont favorisés par la règlementation du marché des grains. Il les oppose aux véritables producteurs, qui souffrent de ce contrôle.
La liberté de commercer comme système de communication
Bien avant Friedrich Hayek, Boisguilbert a compris que la liberté était le meilleur vecteur de communication entre producteurs et acheteurs. En informant chacun de la rareté ou de l'abondance des biens, elle évite ainsi les perturbations et cycles résultant d'une manipulation gouvernementale des prix et de la production.
En corollaire à cette défense "cognitive" du libre-échange, un autre aspect épistémologie est à retenir: la connaissance de la réalité sociale serait améliorée, explique l'auteur, si le pouvoir royal acceptait une "démocratisation" avant la lettre des institutions, notamment par une véritable décentralisation et la restauration des États généraux dans leurs droits légitimes.
Pierre de Boisguilbert est, sans doute, le premier avoir fait la distinction théorique entre un « marchand » (vu comme une partie du cycle productif du système économique) et un « entrepreneur » (selon son hypothèse que l'entrepreneur est lié au marché des capitaux).
Une politique fiscale novatrice
Par ailleurs, on peut voir en lui un lointain précurseur de la flat tax dans la mesure où il suggère - sans succès - de substituer aux droits de douane une taxation unique prélevant un dixième des revenus (cf. son Factum de la France 1707, peu après le projet de Vauban). Le "dixième" sera instauré par le contrôleur général Desmarest en 1710... mais au lieu de remplacer les autres impôts, il ne fera que s'ajouter à ceux-ci, contrairement aux recommandations de Boisguilbert.
Informations complémentaires
Œuvres de Boisguilbert
- Le Détail de la France, sous le règne présent, 1695.
- Dissertation de la nature des richesses, de l'argent et des tributs, où l'on découvre la fausse idée qui règne dans le monde à l'égard de ces trois articles, 1707.
- Factum de France ou moyen très facile de faire recevoir au roi quatre-vingt millions par-dessus la capitation, praticables par deux heures de travail de Messieurs les Ministres et un mois d’exécution de la part des peuples, 1707.
- Traité de la nature, culture, commerce et intérêt des grains, id.
- Causes de la rareté de l'argent, id.
Littérature secondaire
- 1843, Eugène Daire, dir., "Collection des principaux Économistes. Vol 1 - Économistes-financiers du XVIIIe siècle: Vauban, Boisguillebert, John Law, Melon, Dutot", Paris: Guillaumin
- 1871, Félix Cadet, Pierre de Boisguilbert, précurseur des économistes. Ouvrage couronné par l’Académie des Sciences morales et politiques
- 1935, Hazel van Dycke Roberts, Boisguilbert, economist of the Reign of Louis XIV, 1935.
- 1984, Joseph Spengler, "Boisguilbert's Economic Views vis-à-vis those of Contemporary Réformateurs", History of Political Economy, Vol 16, n°1, pp69–88
- 1986, Gilbert Faccarello, Aux origines de l'économie politique libérale: Pierre de Boisguilbert, Anthropos, 1986 (rééd. The Foundations of Laissez-Faire, Routledge, 1999).
- 1992, Gilbert Faccarello, "Les fondements de l'économie politique libérale : Pierre de Boisguilbert", In: Alain Beraud, Gilbert Faccarello, dir., "Nouvelle histoire de la pensée économique, tome 1 : Des scolastiques aux classiques", Paris: Éditions La Découverte, pp154-175
- 2003, Peter Groenewegen, Gianni Vaggi, "Pierre le Pesant Sieur de Boisguilbert, 1646–1714: France at the turn of the century", In: Peter Groenewegen, Gianni Vaggi, dir., "A Concise History of Economic Thought. From Mercantilism to Monetarism", Palgrave, pp37-45
- 2012, Simona Fallocco, "Alle origini dell'ordine sociale spontaneo : il contributo di Pierre Le Pesant de Boisguilbert" ("Aux origines de l'ordre social spontané : la contribution de Pierre Le Pesant de Boisguilbert"), In: Raffaele De Mucci, Kurt R. Leube, "Un austriaco in Italia - An Austrian in Italy : festschrift in honour of professor Dario Antiseri", Soveria Mannelli: Rubbettino, pp351-364
- 2021, Benoît Malbranque Boisguilbert, premier théoricien du laissez-faire, extrait de : Benoît Malbranque, Les théoriciens français de la liberté humaine, Institut Coppet, 2020, p. 90-107.
Liens externes
- (fr)Bibliographie Pierre de Boisguilbert, Institut Coppet
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