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Wilfrid Laurier
Wilfrid Laurier, né le 20 novembre 1841 et décédé le 17 février 1919, était un homme d'État canadien, éminent homme politique et le septième Premier ministre du Canada. Laurier a marqué l'histoire politique du Canada par son leadership de 1896 à 1911. Membre du Parti libéral, il était reconnu pour son éloquence exceptionnelle et sa vision politique progressiste. Il a contribué à façonner le Canada au tournant du XXe siècle, promouvant des idéaux de réconciliation nationale, de liberté individuelle et de gouvernance libérale. Son compromis Laurier-Greenway a résolu des questions délicates sur l'éducation au Manitoba, tandis que ses politiques économiques ont mis l'accent sur le libre-échange et la responsabilité individuelle. Wilfrid Laurier reste une figure importante et respectée dans l'histoire politique canadienne.
Éducation et formation libérale
- . Formation bilingue à l'Université McGill. Wilfrid Laurier a débuté son parcours académique à l'Université McGill, où il a reçu une éducation bilingue. Cette expérience a joué un rôle crucial dans sa formation intellectuelle et politique. L'université McGill, située à Montréal, était reconnue pour son environnement bilingue et son ouverture aux idées libérales. Wilfrid Laurier a profité de cette atmosphère pour développer ses compétences en anglais et en français, ce qui a façonné sa capacité à communiquer de manière efficace dans les deux langues officielles du Canada.
- . Influence de l'Institut canadien. Parallèlement à son éducation formelle, l'influence de l'Institut canadien sur Wilfrid Laurier a été significative. Fondé en 1844 à Montréal, l'Institut canadien était un forum intellectuel et culturel qui prônait des idéaux progressistes, dont la promotion de la libre pensée, la discussion ouverte sur des sujets variés et l'encouragement à l'éducation populaire. Wilfrid Laurier, avide de connaissances et d'idées nouvelles, a été attiré par cette institution qui favorisait un esprit critique et une réflexion indépendante. L'Institut a contribué à forger les convictions libérales de Laurier et à nourrir son engagement envers des principes tels que la liberté individuelle et le progrès social.
- . Opposition à la Confédération canadienne. La période suivant l'obtention de son diplôme universitaire a été marquée par l'opposition de Wilfrid Laurier à la Confédération Canadienne. En 1864, il critique la coalition politique formée pour discuter de la confédération, exprimant des réserves quant à cette approche politique. Il rejoint ainsi les rangs du mouvement libéral rouge, un groupe de libéraux au Québec qui partageait une vision progressiste et s'opposait à certaines orientations du gouvernement conservateur de l'époque.
- . Adhésion au libéralisme rouge. L'adhésion au Parti rouge était caractérisée par un engagement en faveur de réformes démocratiques, de la laïcité, et une méfiance envers les institutions traditionnelles, y compris l'influence de l'Église catholique. En tant que membre de ce mouvement, il a affirmé son soutien à des idées telles que la séparation de l'Église et de l'État, mettant en avant des principes libéraux qui allaient poser les bases de son engagement politique et de son adhésion aux valeurs libérales.
Carrière politique libérale
- . Élection à l'Assemblée législative. En 1871, Wilfrid Laurier amorça sa carrière politique en étant élu dans la circonscription de Drummond-Arthabaska au niveau provincial, siégeant à l'Assemblée législative du Québec. Dès ses débuts, il a démontré éloquence et capacité à articuler des idées progressistes et libérales. Son discours intelligible et persuasif a attiré l'attention, élevant rapidement son statut au sein du Parti libéral.
- . Éloquence à l'Assemblée législative. La période à l'Assemblée législative a été cruciale pour sa popularité car elle lui a permis de développer sa philosophie politique tout en faisant face aux défis politiques de l'époque. Sa vision libérale, caractérisée par un soutien à la démocratie, à la laïcité et à la séparation des pouvoirs, a commencé à se cristalliser pendant cette phase de sa carrière. Wilfrid Laurier s'est distingué comme un libéral convaincu, prêt à défendre ses idées avec éloquence et conviction.
- . Passage au niveau fédéral. Faisant preuve d'une ambition politique croissante, Wilfrid Laurier franchit une étape cruciale en 1874 en se portant candidat au niveau fédéral dans la circonscription de Drummond-Arthabaska. Son élection au Parlement fédéral du Canada marqua le début d'une carrière politique à l'échelle nationale. Rapidement reconnu pour son intelligence et son engagement envers les idéaux libéraux, il devint un membre influent du Parti libéral au niveau fédéral.
- . Ministre du Revenu. Dès son entrée au Parlement, Wilfrid Laurier fut nommé ministre du Revenu par le Premier ministre de l'époque. Cette nomination reflétait la confiance placée en lui et mettait en lumière ses compétences dans la gestion financière. En tant que ministre du Revenu, il joua un rôle clé dans le développement et la mise en œuvre de politiques économiques conformes à ses convictions libérales. Son implication dans la sphère gouvernementale renforça sa position au sein du Parti libéral et le positionna comme une figure majeure du paysage politique canadien.
Leadership libéral et philosophie politique
- Chef de l'opposition. En 1887, Wilfrid Laurier est à un tournant majeur de sa carrière politique. À la démission de Blake Seword, il est pressenti pour prendre la tête du Parti libéral en tant que chef de l'opposition. Au départ, il hésite et exprime des réserves, argumentant qu'un Canadien francophone pourrait rencontrer des obstacles en assumant un rôle d'une telle envergure. Cependant, face à l'insistance du caucus libéral, il finit par accepter le poste de chef de l'opposition. Il se révèle être un chef de l'opposition exceptionnel. Son éloquence, sa perspicacité politique et sa capacité à articuler une vision libérale cohérente font de lui une figure emblématique de la politique canadienne. Il attaque avec succès le gouvernement conservateur, remporte des victoires politiques et gagne le respect tant au sein de son parti qu'au-delà. Il devient un leader capable d'unifier les différentes factions du Parti libéral sous une bannière commune, préparant ainsi le terrain pour les élections futures.
- . Victoire libérale. En 1896, le Parti libéral remporte les élections nationales, portant Wilfried Laurier au poste de Premier ministre du Canada. C'est une victoire historique, faisant de lui le premier Canadien-francophone à occuper ce poste. Son accession au pouvoir marque une nouvelle ère dans la politique canadienne, caractérisée par un leadership libéral et une vision progressiste. En tant que Premier ministre, Wilfried Laurier s'engage dans des politiques de réconciliation nationale. Il cherche à apaiser les tensions entre les communautés linguistiques et religieuses du Canada, cherchant un équilibre entre les intérêts francophones et anglophones. Son compromis, connu sous le nom de Compromis Laurier-Greenway, sur la question des écoles catholiques au Manitoba en est un exemple. Wilfried Laurier œuvre également à renforcer l'unité nationale, favorisant la croissance économique, l'industrialisation et l'immigration. Son leadership est empreint d'une philosophie politique libérale qui vise à construire un Canada inclusif et prospère.
Réformes et compromis
- . Résolution de la question des écoles catholiques au Manitoba. L'un des défis majeurs auxquels Wilfried Laurier fait face en tant que Premier ministre concerne la question des écoles catholiques de langue française au Manitoba. Cette question avait précédemment entraîné la chute du gouvernement de Charles Tupper en 1896. Laurier aborde ce problème délicat en proposant le Compromis Laurier-Greenway. Ce compromis énonce que les francophones catholiques au Manitoba peuvent bénéficier d'une éducation catholique si le nombre d'élèves le justifie, chaque école étant évaluée au cas par cas. Cela représente une tentative de trouver un terrain d'entente entre les communautés linguistiques et religieuses, mais le compromis suscite des réactions mitigées. Bien que le Compromis Laurier-Greenway ait été conçu comme une solution équilibrée, il est mal accueilli tant dans le Canada-Anglophone que francophone. Les anglophones le voient comme une atteinte à l'autonomie des provinces, tandis que les francophones le considèrent comme insuffisamment favorable à leur communauté. Cette situation reflète le dialogue souvent difficile entre les deux groupes ethniques au Canada à cette époque, mettant en évidence les défis de la gouvernance libérale dans un contexte de diversité culturelle et linguistique.
- . Création de la marine royale canadienne en 1910. Au tournant du XXe siècle, la compétition navale entre le Royaume-Uni et l'Empire allemand s'intensifie. Le Royaume-Uni sollicite le soutien du Canada, en tant que membre de l'Empire britannique, pendant la Seconde Guerre des Boers en 1899. Wilfried Laurier est face à un dilemme, car les Canadiens anglophones, en faveur d'une intervention militaire aux côtés du Royaume-Uni, s'opposent aux Canadiens francophones isolationnistes. Cette situation reflète les tensions entre impérialistes et nationalistes au Canada. Wilfried Laurier opte finalement pour un compromis en proposant la création de la marine royale canadienne en 1910. Cette marine était composée de volontaires plutôt que des milices attendues par les Britanniques. Cependant, même ce compromis est critiqué, notamment par Henri Bourassa, figure importante de l'opposition, qui dénonce cette décision. La création de la marine royale canadienne devient ainsi un exemple supplémentaire des efforts de Wilfried Laurier pour trouver des compromis face aux tensions politiques et culturelles au Canada.
Politique étrangère et défis commerciaux avec les États-Unis
- . Dilemme entre impérialistes et isolationnistes. Pendant la Seconde Guerre des Boers (1899-1902)[1], le Canada est confronté à un dilemme entre les impérialistes, qui soutiennent une intervention aux côtés du Royaume-Uni, et les isolationnistes, qui prônent la non-intervention. Cette division reflète les tensions internes au pays entre ceux qui valorisent l'attachement à l'Empire britannique et ceux qui cherchent à préserver l'indépendance et la neutralité du Canada. Face à ce dilemme, Wilfrid Laurier cherche à trouver un compromis en proposant l'envoi de volontaires au lieu de milices pour soutenir l'effort de guerre britannique. Bien que cette décision ait été critiquée par certains, elle a permis à Laurier de maintenir une certaine unité au sein du pays tout en répondant aux demandes du Royaume-Uni. Cependant, cette position a également attiré des critiques de la part des isolationnistes, qui ont vu dans l'envoi de troupes une violation de la politique de non-intervention du Canada.
- . Appui à la réciprocité commerciale avec les États-Unis. En 1911, Wilfrid Laurier soutient la réciprocité commerciale avec les États-Unis, une proposition visant à établir des tarifs douaniers réduits ou éliminés entre les deux pays. Cette politique suscite une controverse majeure au Canada, divisant l'opinion publique et donnant lieu à une élection centrée sur la question de la réciprocité. Les partisans de la réciprocité, en grande partie des agriculteurs et des Canadiens francophones, soutiennent que cela stimulerait l'économie canadienne, tandis que les opposants, principalement des conservateurs et des hommes d'affaires, craignent une perte de souveraineté économique et une domination économique des États-Unis.
- . Défaite électorale et impact sur le libéralisme. Malgré les efforts de Laurier pour promouvoir la réciprocité comme un moyen de stimuler l'économie et d'améliorer les relations avec les États-Unis, les conservateurs de Robert Borden remportent l'élection de 1911. Cette défaite électorale marque un revers pour le libéralisme au Canada, remettant en question la capacité de Laurier à maintenir le soutien populaire pour ses politiques progressistes. De plus, cette défaite met en évidence les divisions persistantes au sein de la société canadienne entre les partisans du libre-échange et ceux de la protectionnisme, une tension qui continue d'influencer la politique canadienne jusqu'à nos jours.
Littérature secondaire
- 1933, Abbé Élie-Joseph Auclair, "Wilfrid Laurier", In: "Figures canadiennes", Deuxième série, Montréal, Éditions Albert Lévesque, pp112-121
- 2010, Lawrence Reed, "Wilfrid Laurier:A Canadian Statesman", The Freeman, November, vol 60, n°9, pp4-5 [lire en ligne]
- ↑ La guerre d'Afrique du Sud (1899-1902) a été la première guerre à l'étranger dans laquelle le Canada s'est impliqué. Aussi appelée guerre des Boers, elle a opposé la Grande-Bretagne (aidée par ses colonies et dominions, dont le Canada) et les républiques afrikaners du Transvaal et de l'État libre d'Orange.