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Wesley Hillendahl

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Wesley H. Hillendahl (1921-1995) fut un économiste américain, vice-président et directeur de la recherche économique à la Bank of Hawaii. Ingénieur de formation, il contribua d’abord à des études techniques pour le NACA avant de se consacrer à l’analyse économique appliquée, notamment sur le tourisme, la politique budgétaire et les effets du rôle croissant de l’État sur l’économie américaine. Auteur de plusieurs rapports et articles, il se distingua par une pensée libérale pragmatique, attentive aux équilibres entre l'initiative privée et l'intervention publique.

Repères biographiques

Wesley H. Hillendahl naît en 1921 aux États-Unis, à une époque où le pays entre dans une phase de profonde mutation industrielle et technologique. Esprit méthodique et curieux, il se tourne très tôt vers les sciences appliquées et la mécanique, domaines qui lui offrent une première voie professionnelle. Dans les années 1940, en pleine Seconde Guerre mondiale, il rejoint le National Advisory Committee for Aeronautics (NACA), organisme prédécesseur de la NASA. Au sein de cette institution, il participe à plusieurs travaux d’ingénierie sur la prévention du givrage et les systèmes thermiques des aéronefs. Ces recherches techniques témoignent déjà de sa rigueur analytique et de son goût pour la résolution concrète de problèmes complexes.

Peu à peu, cependant, son intérêt se déplace vers les échanges humains et les dynamiques économiques. Après la guerre, Hillendahl s’oriente vers l’économie appliquée, convaincu que les méthodes scientifiques peuvent être mises au service de la compréhension des systèmes financiers et des comportements collectifs. Cette transition vers l’analyse économique se fait naturellement, à la croisée de la statistique, de la planification et de l’observation empirique.

C’est à Hawaï, alors en pleine expansion économique, que sa carrière prend véritablement forme. Il intègre la Bank of Hawaii, l’une des institutions financières les plus importantes de l’archipel, où il rejoint le département de recherche économique. Grâce à ses compétences en modélisation et à son approche pragmatique, il gravit rapidement les échelons jusqu’à devenir vice-président et directeur de la recherche économique. À ce poste, il joue un rôle central dans la production d’analyses destinées à éclairer les choix stratégiques de la banque et les décisions publiques relatives au développement local.

Hillendahl entretient également des liens étroits avec les milieux universitaires et institutionnels. Il collabore à des études menées par des chercheurs de l’Université d’Hawaï et contribue à des rapports publics sur les investissements étrangers, la croissance du tourisme et la gestion budgétaire. Son nom apparaît dans des témoignages parlementaires et des travaux de référence sur la structure économique des îles du Pacifique.

Dans les années 1970, il prend la parole au sein des cercles de réflexion monétaire américains. En tant que membre du Committee for Monetary Research and Education, il publie plusieurs textes, dont Big Government’s Destruction of the American Economy (1973) et Inflation: Byproduct of Ideologies in Collision (1974). Ce dernier, présenté lors d’un séminaire à New York, synthétise sa vision du monde économique : l’inflation n’est pas seulement un phénomène monétaire, mais le symptôme d’un conflit moral entre la liberté individuelle et le contrôle bureaucratique. À travers ces conférences, Hillendahl s’impose comme un défenseur convaincu du libre marché et de la responsabilité morale dans les affaires publiques.

Après plusieurs décennies de service, il se retire à Honolulu, où il poursuit ses réflexions et ses publications, notamment dans des revues spécialisées et au sein d’organismes de diffusion de la pensée économique libérale. Figure respectée du milieu économique hawaïen, il laisse derrière lui l’image d’un praticien rigoureux, attaché à l’équilibre entre la science, l'observation et la responsabilité individuelle. Son héritage intellectuel se distingue par la volonté d’unir l'économie et l'éthique, les chiffres et la conscience. Wesley H. Hillendahl s’éteint en 1995, à l’âge de soixante-quatorze ans, laissant une œuvre à la croisée de la technique et de l’économie, empreinte de clarté, de pragmatisme libéral et d’indépendance intellectuelle.

L’économiste praticien : la recherche appliquée au service du développement

Wesley Hillendahl se distingue d’abord comme un économiste de terrain, soucieux d’ancrer ses analyses dans les réalités concrètes de la société hawaïenne. À la différence des théoriciens de l’économie pure, il s’attache à mesurer l’impact réel des décisions économiques sur les entreprises, les ménages et les institutions publiques. Pour lui, la recherche économique n’a de valeur que si elle éclaire l’action.

L’économie hawaïenne comme terrain d’étude

Lorsque Hillendahl rejoint le département de recherche de la Bank of Hawaii, l’archipel connaît une mutation rapide. Le tourisme, encore naissant dans les années 1950, devient le principal moteur de croissance régionale. Hillendahl comprend très tôt que ce secteur n’est pas seulement une source de devises, mais un levier structurant pour l’ensemble de l’économie locale. En 1971, il publie une étude intitulée Economic Rate-of-Return of Tourism, qui constitue l’une des premières tentatives sérieuses pour quantifier le rendement économique du tourisme à Hawaï. Ce rapport évalue, à partir d’indicateurs précis, la contribution du tourisme à la création d’emplois, à l’investissement privé et aux recettes publiques. Hillendahl y montre que le développement touristique ne se limite pas à une logique marchande : il soutient aussi les infrastructures, stimule la culture locale et renforce la cohésion économique de l’archipel.

Son intérêt pour l’analyse de l’économie hawaïenne ne se restreint pas au tourisme. Il s’intéresse également aux secteurs culturels et non lucratifs, qu’il considère comme des acteurs essentiels de la vitalité économique et sociale. Dans The Economic Impact of Hawaii’s Non-Profit Arts and Cultural Organizations (1982), coécrit avec Barbara Sunderland et Patricia Hartwell, Hillendahl et son équipe démontrent que la création artistique, loin d’être une charge, constitue un facteur d’attractivité et de diversification économique. Ce type d’étude illustre son approche pragmatique et multidimensionnelle, qui prend en compte la rentabilité sociale autant que financière des politiques publiques.

Le chercheur de terrain et le pédagogue

Au sein de la Bank of Hawaii, Hillendahl ne se contente pas d’analyser : il cherche à transmettre. Conscient que les décisions économiques reposent souvent sur la perception plutôt que sur la donnée, il œuvre à rapprocher la recherche économique et la décision bancaire. Sous sa direction, le département de recherche devient un véritable centre d’expertise, produisant des bulletins réguliers, des Hawaii Economic Reviews et des notes de conjoncture à destination des dirigeants et des responsables publics.

Hillendahl s’attache à diffuser la culture économique auprès des milieux d’affaires, des étudiants et des décideurs politiques. Il vulgarise les grands indicateurs, met en perspective les statistiques régionales et forme ses collaborateurs à une lecture critique des données. Il conçoit des outils simples (graphiques, bilans régionaux, projections démographiques) qui permettent d’anticiper les tendances économiques sans céder à la complexité théorique. Cette démarche de pédagogie économique, nourrie d’expérience bancaire, en fait un médiateur entre le monde académique et les réalités du terrain.

De la technique à la pensée systémique

Wesley Hillendahl demeure marqué par sa formation d’ingénieur. Son passage du NACA à la recherche économique illustre une continuité intellectuelle : il applique aux phénomènes économiques les mêmes principes de rigueur, de modélisation et de contrôle empirique qu’à l’étude des systèmes mécaniques. Peu à peu, cette méthode l’amène à dépasser l’analyse locale pour adopter une vision plus globale de l’économie.

En observant directement les effets de la dépense publique, des flux d’investissement et de l’inflation sur les petites économies insulaires, il perçoit la fragilité des équilibres macroéconomiques. Hawaï devient pour lui un laboratoire miniature des grandes tensions qui traversent le monde occidental : une croissance rapide, une dépendance extérieure, un endettement, une intervention de l’État. Ces observations nourrissent sa réflexion théorique.

Ainsi, le praticien rigoureux devient un penseur systémique. Sa recherche appliquée se transforme en une réflexion de fond sur les relations entre l'économie, la politique et la morale publique. En étudiant la prospérité et les limites du développement d’Hawaï, il en tire une leçon universelle : aucune politique économique ne peut être durable si elle oublie la responsabilité individuelle et la liberté d’entreprendre, fondements de toute société prospère.

Publications

  • 1971, "The Economic Rate of Return of Tourism", Pacific Area Travel Association (PATA) Travel Research Seminar
  • 1973, "Big Government’s Destruction of the American Economy: The Consequences and the Choices. Bank of Hawaii", Committee for Monetary Research and Education
  • 1982, avec Barbara Sunderland, Patricia Hartwell, "The Economic Impact of Hawaii’s Non-Profit Arts and Cultural Organizations", Honolulu, HI: Arts Council of Hawaii