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Max Nettlau
Max Nettlau, de son nom complet, Max Heinrich Hermann Reinhardt Nettlau, né le 30 avril 1865 à Neuwaldegg, une banlieue de Vienne en Autriche, décédé le 23 juillet 1944 à Amsterdam, a joué un rôle important, pendant plus de soixante ans, dans le mouvement anarchiste en tant qu'écrivain, chroniqueur, historien, critique parfois argumentative et partisan actif. Malgré ces contributions notables, il demeure étrangement méconnu non seulement du monde extérieur mais aussi de nombreux anarchistes. Pourtant, il a été un pionnier dans l'historiographie anarchiste, posant les bases de la compréhension et la préservation de l'histoire de ce mouvement souvent marginalisé.
Jeunesse et contexte familial
Les parents de Max Nettlau étaient tous deux originaires de Prusse. Son père, Heinrich Hermann Reinhard Nettlau, était venu en Autriche en tant que jardinier de la cour de la princesse Schwarzenberg en janvier 1858. Ce contexte prussien a marqué l'identité de Max Nettlau tout au long de sa vie, bien qu'il se soit décrit comme un internationaliste viennois.
Max Nettlau a vécu une enfance exceptionnellement heureuse, obscurcie par la découverte du retard mental de son frère, Ernst. Bien que discrètement traité par Max Nettlau, cette découverte a probablement eu un impact sur sa vie et ses relations.
Max Nettlau a grandi au milieu des somptueux jardins du palais de Neuwaldegg, dont son père avait la responsabilité. Cet environnement a profondément marqué sa perception du monde et a influencé sa compréhension des phénomènes politiques. La proximité de la nature a permis au jeune enfant de développer un lien particulier avec les animaux, en particulier les oiseaux, mais aussi les plantes et les arbres. Cette connexion a servi de référentiel pour mesurer les phénomènes politiques par rapport à ce qu'il considérait comme un environnement naturel authentique.
Influencé par son environnement naturel, Max Nettlau a développé très tôt le rêve d'une société idéale qui croît et se régule spontanément, évoquant un ordre naturel auto-organisé. En effet, sa vision de l'anarchie reposait sur le principe de minimiser les interventions externes, craignant que toute interférence excessive ne déforme les résultats, tout comme les jardins artificiels des palais français, qu'il considérait comme des caricatures contre-nature.
Éducation et influences
- . Une éducation généreuse et ouverte d'esprit. Max Nettlau a bénéficié d'une éducation unique, marquée par la générosité et l'ouverture d'esprit de ses parents. Contrairement à de nombreuses expériences éducatives de l'époque, il n'a pas subi de reproches sévères ni des châtiments physiques, créant ainsi un environnement éducatif particulièrement favorable à son développement intellectuel et personnel.
- . L'influence de son père. Max Nettlau a développé très tôt un goût prononcé pour la lecture grâce à son père. Cette passion a été encouragée par l'accès précoce à une variété de textes, contribuant ainsi à la formation de sa pensée critique et de sa curiosité intellectuelle. Le foyer familial était dépourvu d'éducation religieuse formelle. Cette absence a laissé place à une exploration libre de la pensée et des croyances, lui permettant de développer ses propres convictions et perspectives sur la vie et la spiritualité.
- . Affinité pour les mythologies grecques. Face à l'enseignement de la religion chrétienne à l'école, Max Nettlau a adopté une position critique. En confrontant les divers dieux présents dans les différentes mythologies, il a conclu que l'existence de multiples divinités rendait improbable l'existence d'un Dieu unique. Ce rejet précoce de la religion organisée a profondément influencé sa vision du monde et son engagement ultérieur en faveur de l'anarchisme. Il a développé une affinité particulière pour les mythologies grecques et d'autres traditions mythologiques. Son intérêt pour ces récits a contribué à façonner sa compréhension du monde et à fournir un cadre de référence pour évaluer les phénomènes politiques et sociaux. L'influence des mythes a probablement renforcé son inclination envers des idéaux de spontanéité et d'auto-organisation, des thèmes qui ressortiront plus tard dans sa conception de l'anarchie.
Contexte politique pendant les premières années de Max Nettlau
- . Les guerres et annexions de Bismarck conduisant à la création de l'Empire allemand. Les premières années de la vie de Max Nettlau coïncident avec la période où Bismarck, à travers des guerres et des annexions, préparait la fondation de l'Empire allemand. Ces événements politiques majeurs ont eu des répercussions significatives sur la scène européenne et, bien que Max Nettlau fût trop jeune pour en être conscient, ils ont probablement façonné son contexte politique initial.
- . Le choix de la nationalité prussienne (allemande) et le rejet de la citoyenneté autrichienne. Bien que né en Autriche, Max Nettlau a choisi de conserver sa nationalité prussienne (allemande) tout au long de sa vie. Ce choix peut être compris dans le contexte de la fondation de l'Empire allemand, perçu en Autriche, et même en Allemagne par certains, comme un empire prussien. Son refus de demander la citoyenneté autrichienne est une indication de son identification à des idéaux internationaux plutôt qu'à des affiliations nationales. En effet, malgré son attachement à la nationalité prussienne, Max Nettlau s'est décrit comme un internationaliste viennois. Cela reflète son engagement envers des idéaux plus vastes que les affiliations nationales, soulignant son adhésion à une perspective internationale et cosmopolite, en phase avec les idéaux anarchistes qui transcendent les frontières nationales.
Études philologiques à Berlin
Au cours de son séjour à Berlin, il choisit de se consacrer aux études de philologie. Sa spécialisation le conduit vers la philologie comparée des langues indo-européennes, une discipline exigeante et riche en diversité linguistique. Là où beaucoup pourraient se contenter d'une approche plus généraliste, Nettlau se distingue en affichant un intérêt particulier pour les langues celtiques.
Son attrait se cristallise davantage autour du cymrique, la variante galloise de la langue celtique. Cette inclination marque un choix délibéré, soulignant son engagement pour des domaines linguistiques considérés comme plus obscurs ou moins explorés. La préférence marquée de Nettlau pour le cymrique suggère une immersion profonde dans cette langue spécifique, peut-être motivé par son désir de contribuer à la compréhension et à la préservation de ces aspects linguistiques moins connus. Ces choix académiques éclairent le caractère délibéré et passionné de Max Nettlau dans sa quête de connaissances.
Activités éducatives et de sensibilisation
La participation active de Max Nettlau aux activités éducatives démontre son engagement envers la diffusion du savoir et l'élévation de la conscience politique au sein de la communauté. Il ne se contente pas de militer pour des idées abstraites, mais s'investit activement dans des initiatives concrètes visant à éduquer et sensibiliser les membres proches de lui et, par extension, la société dans son ensemble.
Son implication dans ces activités éducatives révèle une conviction profonde pour le pouvoir transformateur de l'éducation. Nettlau considère l'éducation comme un moyen essentiel pour favoriser une compréhension politique approfondie. Pour lui, il ne s'agit pas simplement d'adhérer à des idéologies, mais plutôt de fournir les outils intellectuels nécessaires pour une compréhension critique et éclairée des enjeux politiques.
Informations complémentaires
Publications
- 1922, "Errico Malatesta: vita e pensieri", New York: II Martello
- 1925, "Der Vorfriihling der Anarchie; ihre Historische Entwicklung den Anfangen bis zum Jahre 1864" ["Le début du printemps de l'anarchie ; son développement historique du commencement jusqu'en 1864"], Berlin
- 1931, "Anarchisten und Sozial-Revolutionare; die Historische Entwicklung des Anarchismus in den Jahren 1880-1886" ["Anarchistes et révolutionnaires sociaux ; le développement historique de l'anarchisme dans les années 1880-1886"], Berlin
Littérature secondaire
- 1996, Heiner M. Becker, dir., "Max Nettlau, A Short History of Anarchism", London: Freedom Press (traduction d'Ida Pilat Isca)