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Georgisme
Le géorgisme est une philosophie économique et sociale basée sur les idées de l'économiste américain Henry George, notamment exposées dans son ouvrage majeur intitulé "Progrès et pauvreté". Cette philosophie propose une approche distinctive pour résoudre les problèmes liés à la répartition inégale des richesses et de la terre, tout en promouvant la liberté individuelle.
Le principe fondamental du géorgisme est la taxation de la rente foncière. Contrairement à d'autres formes de taxation, le géorgisme préconise de taxer exclusivement la valeur économique de la terre, tout en éliminant d'autres impôts, tels que ceux sur le travail ou le capital. Cette taxe sur la valeur foncière, souvent appelée "taxe unique sur la terre", est conçue pour encourager une utilisation plus efficace des terres, décourager la spéculation foncière et générer des revenus publics équitables.
Le géorgisme défend également la propriété privée de la terre, mais de manière conditionnelle. Les individus peuvent détenir des terres, mais ils doivent payer la rente foncière à la communauté, car la valeur de la terre est considérée comme un produit social résultant de l'activité et des besoins de la société dans son ensemble.
En résumé, le géorgisme est une philosophie économique qui vise à promouvoir l'équité dans la distribution des richesses tout en encourageant la liberté individuelle. Il repose sur la taxation de la rente foncière comme moyen de financer les services publics et de favoriser une meilleure allocation des ressources foncières. Cette approche a suscité des débats et des discussions sur la manière de résoudre les inégalités économiques tout en préservant les droits de propriété privée.
Arguments en faveur du géorgisme comme mouvement libéral
Pour Robert Clancy[1], le géorgisme peut être considéré comme un mouvement libéral pour plusieurs raisons.
Le Géorgisme : Une Approche plus Libérale de la Fiscalité dans l'acceptation d'une certaine forme de Justice sociale
Tout d'abord, le géorgisme promeut la liberté individuelle en matière de propriété privée de la terre. Les géorgistes reconnaissent le droit des individus à détenir des terres, mais ils proposent une forme conditionnelle de propriété. Cela signifie que les individus sont libres de posséder et d'utiliser des terres, à condition de payer la rente foncière à la communauté. Cela garantit que la valeur de la terre, qui est considérée comme un produit social, revient à la collectivité, tout en préservant le droit de propriété individuelle.
De plus, le géorgisme propose une approche de la taxation qui élimine d'autres impôts, tels que les impôts sur le travail et le capital. Cette approche est cohérente avec la philosophie libérale, car elle réduit l'ingérence de l'État et autres gouvernances locales dans les activités économiques des individus, favorisant ainsi la liberté économique. En éliminant les impôts sur le travail et le capital, le géorgisme encourage l'initiative privée et l'investissement, ce qui est généralement considéré comme un pilier du libéralisme économique.
De plus, le géorgisme est axé sur l'équité dans la répartition des richesses. En taxant la rente foncière, qui est une forme de revenu non gagné, le géorgisme cherche à réduire les inégalités économiques et à assurer une répartition plus équitable des ressources. Cela est en accord avec la vision libérale d'une société juste et équitable.
En résumé, le géorgisme peut être vu comme un mouvement libéral en raison de son engagement en faveur de la propriété privée conditionnelle, de sa promotion de la liberté économique par le biais de la taxation, et de son objectif de réduire les inégalités économiques pour une société plus équitable.
Le Géorgisme : Une Approche Libérale conditionnée de la Liberté de la Propriété Foncière
1. Taxation ciblée sur la rente foncière : Le géorgisme propose une forme de taxation qui se concentre exclusivement sur la collecte de la pleine valeur économique de la terre. Contrairement à d'autres formes de taxation, le géorgisme ne vise pas à taxer le travail, le capital ou les biens personnels, mais seulement la rente foncière. Cette approche est perçue comme libérale, car elle limite l'ingérence de l'État dans les activités économiques des individus, tout en fournissant des revenus publics nécessaires.
2. Liberté dans l'utilisation de la terre : Sous le système de "single tax", les individus qui paient la pleine valeur de la terre n'ont aucune restriction sur la manière dont ils utilisent leur terre. Cela signifie que les propriétaires fonciers sont libres de décider comment ils veulent utiliser leur propriété, qu'il s'agisse de construire des logements, d'exploiter des entreprises ou de laisser la terre en jachère. Cette absence de restrictions sur l'utilisation de la terre peut être interprétée comme un élément libéral, car elle favorise la liberté individuelle.
3. Encouragement de l'investissement privé : Le géorgisme ne s'oppose pas à la construction d'améliorations sur la terre, telles que des appartements, des hôtels et des motels, par des entreprises privées. Ces améliorations peuvent être construites et louées par des entreprises privées sans entrave. Cela encourage l'initiative privée et l'investissement, ce qui est généralement considéré comme une caractéristique libérale de l'économie.
En résumé, le géorgisme est présenté comme un mouvement libéral en raison de sa proposition de taxation ciblée sur la rente foncière, de la liberté qu'il offre aux propriétaires fonciers dans l'utilisation de leur terre, et de son encouragement à l'investissement privé. Ces éléments sont cohérents avec la philosophie libérale qui valorise la propriété privée et la liberté économique.
Arguments contre le géorgisme comme mouvement libéral
Il existe des critiques du géorgisme en tant que mouvement libéral, notamment les suivantes :
Les Débats Autour du Géorgisme : Liberté entravée, Marxisme et Propriété Foncière étatisée"
1. Incohérence en matière de liberté : Certains critiques, dont Robert Lefevre, estiment que le géorgisme est incohérent en matière de liberté. Ils soutiennent que bien que les géorgistes défendent la liberté individuelle et la propriété privée, leur proposition de taxation des valeurs foncières est perçue comme une intrusion de l'État dans les droits de propriété individuelle. Les individus doivent payer une taxe pour pouvoir utiliser leur terre, ce qui peut être vu comme une limitation de leur liberté de disposer de leurs biens comme bon leur semble.
2. Ressemblance avec le marxisme : Le géorgisme a parfois été critiqué pour sa ressemblance avec les idées marxistes, en particulier en ce qui concerne la taxation de la rente foncière. Certains estiment comme Robert Lefevre que la proposition de taxe unique sur la terre et la confiscation de la rente foncière par la communauté rappellent les idées marxistes sur la collectivisation des moyens de production. Les géorgistes contestent cette comparaison en soulignant que leur objectif est de réduire les inégalités économiques tout en préservant la propriété privée. Cependant, ils le font avec la force de l'État.
3. Propriété foncière entre les mains de l'État : Une autre critique du géorgisme suggère que sous le système de "single tax" (impôt unique), la propriété foncière reste entre les mains de l'État, car les individus doivent payer un loyer foncier à la communauté pour utiliser la terre. Cela pourrait être interprété comme un élément non libéral, car il implique que l'État conserve le contrôle de la terre, même si elle est détenue par des particuliers. Les géorgistes font valoir un contre-argument faible à savoir que la propriété foncière reste en des mains privées, mais elle est soumise à une taxe destinée à financer des services publics.
En résumé, bien que le géorgisme ait des aspects qui peuvent être considérés comme libéraux, il suscite également des critiques en raison de préoccupations concernant la liberté individuelle, des analogies dangereuses avec le communisme libertaire et des questions relatives à la propriété privée foncière. La question de savoir si le géorgisme est un mouvement libéral dépend en fin de compte de l'interprétation personnelle que chacun se fait des principes du libéralisme économique et de la manière dont la proposition de taxe unique de Henry George s'inscrit dans ces principes.
Les Défis du Géorgisme : Spéculation Foncière, Liberté Économique et Monopole communautaire
1. Préoccupations concernant la spéculation foncière : Les critiques, notamment Robert LeFevre, soulèvent des inquiétudes concernant la spéculation foncière sous le régime de la taxe unique. Ils font valoir que cela pourrait être interprété comme une intrusion de l'État dans les activités de sous-location, limitant ainsi la liberté des individus de sous-louer des propriétés. La spéculation foncière, dans ce contexte, est perçue comme une restriction à la liberté économique et à la libre entreprise, ce qui va à l'encontre des principes libéraux.
2. La spéculation foncière comme problème : Le géorgisme reconnaît que la spéculation foncière est un problème, et propose des mécanismes pour la contrer. Cependant, certains considèrent cette reconnaissance comme une critique implicite du marché libre et de la liberté économique. En effet, la spéculation foncière est souvent considérée comme une composante naturelle des marchés libres, et le géorgisme cherche à y mettre fin, ce qui peut être interprété comme une ingérence dans le marché.
3. La spéculation foncière comme monopole : Certains critiques considèrent que la spéculation foncière sous le géorgisme crée un monopole sur la terre. En vertu du système de "single tax", les propriétaires fonciers ne peuvent pas profiter de la spéculation foncière, car toute la rente foncière revient à la communauté. Cette perception de la spéculation foncière comme une forme de monopole peut être vue comme contraire aux principes du libéralisme économique, qui favorise la concurrence et la libre entreprise.
En résumé, les critiques du géorgisme mettent en avant des préoccupations concernant la spéculation foncière, laquelle est perçue comme une intrusion de l'État, une restriction de la liberté économique, et une forme de monopole. Ces arguments soulignent les divergences entre le géorgisme et la philosophie libérale, en particulier en ce qui concerne la propriété foncière et les mécanismes de taxation.
Le géorgisme remet en question affirme que la terre est un produit social, et que la revendication foncière basée sur l'occupation initiale ne peut pas être utilisée pour justifier la détention exclusive de la terre. Ce débat remet en question les fondements de la philosophie libérale classique, qui repose en grande partie sur les droits de propriété individuelle, y compris la propriété foncière. Certains considèrent que le géorgisme introduit une forme de collectivisation de la propriété foncière, ce qui peut être vu comme une violation des principes libéraux classiques.
- ↑ Robert Clancy, 1965, "A Challenge to Libertarians", Rampart Journal, Vol 1, n°3, Fall, pp9-15 Robert Clancy, directeur de l'École Henry George de Sciences Sociales depuis 1948, a une longue histoire d'engagement dans le mouvement géorgiste. Il a débuté ses études avec le fondateur de l'école, Oscar H. Geiger, en 1932, démontrant ainsi son engagement profond envers la philosophie géorgiste. Entre 1940 et 1942, il a occupé le poste d'éditeur associé du magazine Land and Freedom, renforçant davantage son implication dans le mouvement géorgiste. En plus de ses activités géorgistes, Robert Clancy avait un intérêt notable en tant qu'"artiste amateur". En 1954, il a gagné en reconnaissance en publiant un ensemble d'illustrations pour l'œuvre classique de Henry George, "Progrès et Misère". Ces illustrations visaient probablement à améliorer l'accessibilité et l'attrait visuel des idées de George, qui ont eu un impact profond sur le mouvement géorgiste. Le "Défi aux Libertariens" de Clancy est une réponse à une critique antérieure intitulée "Un Défi aux Géorgistes", présentée par Robert LeFevre à l'été 1965 dans les pages du RAMPART JOURNAL. Le contre-argument de Clancy, exposé dans son essai, vise à répondre à la critique de LeFevre et à défendre la perspective géorgiste dans le domaine de la pensée libertarienne. Cet échange d'idées et de défis souligne la nature dynamique et évolutive du mouvement géorgiste au sein du paysage plus large des philosophies politiques et économiques.