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Droit de propriété et anarcho-capitalisme
"Comment le droit de propriété pourrait-il être reconnu dans un régime anarcho-capitaliste, s'il n'est pas garanti par un État ?"
Cet argument affirme que le marché, lieu d'échange, présuppose un encadrement juridique de la propriété. On ne pourrait échanger des biens et services sans un cadre juridique stable qui garantisse les titres de propriété. Et parce que le marché, pour fonctionner, présuppose un tel cadre, par conséquent cet encadrement juridique de la propriété ne peut lui-même être un produit du marché. Il doit "émerger" — on ne sait pas bien de quoi, peut-être d'une machine infaillible ? — mais pas du marché.
Cette façon de penser est à peu près la suivante : il y a d'abord le cadre légal de la propriété, il se met en place sans qu'il n'y ait aucune transaction sur le marché — tout le monde attend cette structure légale. Une fois qu'elle est en place, on peut commencer à commercer. Certes, on ne peut avoir de marché qui fonctionne sans un cadre légal qui fonctionne, mais ce dernier ne vient pas en préalable avant que les gens se mettent à commercer. Tout cela se produit en même temps : le cadre légal n'est pas indépendant de l'activité qu'il régule, ce n'est pas une machine, ni un dieu, ni quelque chose d'autonome. Il n'existe que par les gens qui s'y conforment, il ne survit que parce que les gens sont d'accord avec. Lui aussi dépend d'une base volontaire.
Beaucoup de personnes ont peur de l'anarchie parce qu'elles croient qu'avec un gouvernement il y a une espèce de garantie qui disparaît avec l'anarchie, qu'un certain soubassement solide sur lequel on peut toujours compter n'est plus là. Mais ce soubassement solide ne résulte que des interactions entre les gens et leurs motivations propres. Quand les anarchistes expliquent qu'en anarchie les gens se comporteraient probablement de telle ou telle façon, on leur répond : "Cela ne suffit pas ! Que ce soit "probable" ne nous convient pas. On veut que ce soit garanti de façon absolue par le gouvernement." Mais le gouvernement c'est aussi des gens. Et en fonction de la structure constitutionnelle, il est probable que ces gens se comporteront d'une certaine façon, ou d'une autre. Aucune constitution ne peut garantir le comportement des hommes du gouvernement. On peut seulement la bâtir de sorte que certains comportements soient plus probables que d'autres. Et l'anarchie n'est autre qu'une extension de ces équilibres compensés entre les pouvoirs (checks-and-balances) à un niveau plus large.
La propriété a existé longtemps avant que l'État n'existe. Une propriété sans État ne signifie pas une propriété sans règles :
« La propriété n'existe pas parce qu'il y a des lois, mais les lois existent parce que la propriété existe. »
— Frédéric Bastiat
« Anarchy isn't about having no rules. It is about having no rulers who enforce unwanted rules on you. »
— Kent McManigal
« Kant a déclaré qu'en dehors de l'État il n'y a pas de droit parfait de propriété : c'est une erreur profonde. (...) même dans l'état de nature, la propriété existe, accompagnée d'un droit parfait, droit naturel, c'est-à-dire moral, qui ne peut être violé sans injustice, et qui peut au contraire être défendu sans injustice jusqu'à la dernière extrémité. »
— Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation - Livre quatrième - § 62
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