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C. W. Anderson
C. W. Anderson, dirigeant de l’Employers’ Association of Milwaukee et, plus tard, membre du conseil d'administration de l’Institute for Humane Studies, fut un auteur occasionnel de la revue The Freeman entre les années 1950 et 1980. Ses articles défendent avec clarté les principes du libre marché, insistant sur la productivité et l’échange volontaire comme seuls fondements légitimes du salaire et des relations économiques.
Présentation générale
C. W. Anderson apparaît comme une figure discrète mais active dans les milieux patronaux et intellectuels américains qui ont contribué, dans la seconde moitié du XXᵉ siècle, à la diffusion des idées libérales classiques aux États-Unis. Sa trajectoire professionnelle et intellectuelle illustre l’articulation entre l’expérience pratique du monde patronal et l’engagement théorique en faveur d’une économie de marché affranchie de toute contrainte politique.
Son parcours professionnel s’ancre d’abord à Milwaukee, un centre industriel majeur du Midwest américain. Il y devint Manager puis Président de l’Employers’ Association of Milwaukee, organisation patronale chargée de défendre les intérêts des employeurs face aux syndicats et aux régulations croissantes du New Deal. Après cette étape, il poursuivit son engagement au sein de la Management Resources Association of Milwaukee, dont il fut Président avant de prendre sa retraite. Sa double expérience de gestionnaire et de négociateur patronal lui donna une légitimité particulière lorsqu’il aborda dans ses écrits les questions de salaires, de négociation collective ou encore de productivité.
L’activité intellectuelle d’Anderson se déploie dans un contexte historique marqué par la Guerre froide. Cette période, dominée par l’opposition idéologique entre le capitalisme et le communisme, voit émerger ou se renforcer plusieurs revues et institutions dédiées à la défense du libre marché. Parmi elles, The Freeman occupe une place singulière : créée en 1950, elle devient l’un des lieux de diffusion majeurs de la pensée libérale classique et libertarienne aux États-Unis. Ses articles, publiés entre les années 1950 et 1980, témoignent de son engagement en faveur de l’économie de marché, de la liberté contractuelle et de la défense des droits de propriété.
Parallèlement à ce rôle professionnel, Anderson occupa une place notable dans le monde intellectuel. Il fut ùeùbre du conseil administratif de l’Institute for Humane Studies (IHS), think tank créé en 1961 et rapidement devenu un lieu de rencontre incontournable pour les chercheurs, activistes et étudiants intéressés par la pensée libérale. Ce rôle le mit en contact direct avec une génération de jeunes intellectuels comme Leonard Liggio, qui œuvraient à diffuser l’héritage de Ludwig von Mises et Friedrich Hayek auprès d’un public académique et militant.
Anderson ne se limita pas aux réseaux d’influence : il contribua de manière régulière à The Freeman, revue phare de la Foundation for Economic Education (FEE). De 1956 à 1985, il y publia des articles qui couvraient un large spectre de thèmes : la question des salaires (« A Fair Wage »), la fonction sociale du prix (« Price, the Peaceful Regulator »), la dénonciation de l’inflation comme vol (« Stop, Thief! »), ou encore la critique de la négociation collective obligatoire (« Compulsory Bargaining Reviewed »). Sa longévité dans les colonnes de The Freeman témoigne de sa constance idéologique et de sa capacité à s’adresser à un lectorat de cadres, d’économistes amateurs et de militants.
Ces publications s’appuyaient sur un réseau intellectuel dense. Anderson échangea avec Ludwig von Mises[1], figure tutélaire de l’école autrichienne, qu’il rencontra notamment lors de séminaires aux États-Unis. Il entretint aussi une correspondance avec Milton Friedman, ce qui le situe à l’articulation entre l’école autrichienne et le courant monétariste de Chicago. Son nom apparaît dans les archives de Friedman entre 1959 et 1977. En outre, Leonard Read, fondateur de la FEE, le recommanda à Friedrich Hayek pour qu’il soit invité aux rencontres de la société du Mont Pèlerin, réseau international de défense du libéralisme classique.
Son héritage réside à la fois dans le fond et dans la forme. Sur le fond, Anderson fut un propagateur inlassable des idées de l’école autrichienne d’économie : centralité de la productivité dans la formation des salaires, rôle du prix comme mécanisme d’information et de coordination, dénonciation de l’inflation comme spoliation des épargnants, défense absolue de la liberté contractuelle et du droit de propriété. Sur la forme, son style pédagogique marqua ses lecteurs : il avait l’art d’expliquer des principes complexes au moyen d’exemples simples et concrets, qu’il s’agisse des tasses en aluminium pour illustrer la productivité, des prix de marché pour montrer l’harmonie sociale de l’échange, ou encore de la situation des retraités pour dénoncer les effets pervers de l’inflation.
Anderson incarna une position intransigeante sur la liberté contractuelle et la propriété privée. Il s’inscrivit dans la tradition libertarienne américaine qui voit dans toute intervention de l’État, qu’il s’agisse de fixer des salaires, de contrôler les prix, d’imposer des règles de négociation ou de manipuler la monnaie, une violation de la liberté individuelle et un glissement vers le socialisme. Sans occuper la notoriété d’un Mises ou d’un Hayek, il contribua par son activité institutionnelle dans l'ombre et son ancrage patronal à donner une voix claire et cohérente aux principes du marché libre.
Publications
- 1956, "A Fair Wage", The Freeman, May [lire en ligne]
- 1965, "Every Employee is Entitled to a Fair Wage", The Freeman, September [lire en ligne]
- 1974, "Price, the Peaceful Regulator", The Freeman, May [lire en ligne] (L'auteur explique que lorsque les co-échangistes ne sont pas autorisés à négocier à un prix acceptable pour les deux parties, alors la violence éclate).
- 1975, "Stop, Thief!", The Freeman, October [lire en ligne]
- 1985, "Compulsory Bargaining Reviewed", The Freeman, July [lire en ligne]
- ↑ "C.W. Anderson to Ludwig von Mises Letter" sur le site du Grove city College