Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !


Agrarisme

De Wikiberal
Aller à la navigation Aller à la recherche

L'agrarisme, appelé également agrarianisme, est une philosophie qui valorise la vie rurale, l'agriculture traditionnelle et la préservation des communautés locales. Il met l'accent sur l'importance de la terre, de l'autosuffisance et de la connexion avec la nature. L'agrarisme prône souvent des modes de vie simples et durables, en opposition aux tendances modernes de l'urbanisation et de l'industrialisation.

Philosophie de l'agrarisme

  • . Valorisation de la société rurale. L'agrarisme accorde une grande importance à la société rurale, considérant qu'elle est le fondement de valeurs communautaires fortes. Il valorise la proximité entre les membres de la communauté, favorisée par la vie dans des environnements ruraux où les liens sociaux sont souvent plus étroits.
  • . Préférence pour l'agriculteur indépendant. Une caractéristique centrale de l'agrarisme est sa préférence pour l'agriculteur indépendant, qui possède sa propre terre et exerce un contrôle direct sur son activité agricole. L'agrarisme encourage la propriété foncière et l'autonomie économique des agriculteurs, s'opposant ainsi aux modèles agricoles industrialisés et aux exploitations à grande échelle.
  • . Promotion de la vie rurale traditionnelle. L'agrarisme promeut la vie rurale traditionnelle, caractérisée par des pratiques agricoles durables, une connexion profonde avec la nature et une culture locale riche. Il cherche à préserver les traditions agricoles, les savoir-faire ancestraux et les modes de vie simples et respectueux de l'environnement, souvent en opposition aux tendances d'urbanisation et de mondialisation.

Principes de l'agrarisme

  • . Indépendance et autosuffisance de l'agriculteur. L'agrarisme promeut l'idée que les agriculteurs devraient être indépendants et autosuffisants, capables de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur communauté à partir de leurs propres ressources agricoles. Cela implique souvent la possession de terres et la production alimentaire locale.
  • . Critique de la vie urbaine, de la mondialisation et de la technologie. L'agrarisme critique souvent la vie urbaine, la mondialisation et l'omniprésence de la technologie dans la société moderne. Il met en avant les dangers de l'urbanisation excessive, de la dépendance aux importations alimentaires et de la perte des savoir-faire agricoles traditionnels.
  • . Modèle de société basé sur la communauté agricole. L'agrarisme prône un modèle de société basé sur la communauté agricole, où les membres partagent des liens forts et des responsabilités mutuelles. Cette communauté est souvent considérée comme le pilier central de la vie sociale et économique.
  • . Importance de l'identité, de la tradition historique et religieuse. Les agraristes attachent une grande importance à l'identité culturelle, à la tradition historique et religieuse associées à la vie rurale. Ils valorisent la préservation de ces éléments comme fondements essentiels de la société agraire.
  • . Avantages spirituels et moraux de la culture de la terre. Pour les agraristes, la culture de la terre offre des avantages spirituels et moraux importants, tels que la connexion avec la nature, le travail gratifiant et la promotion de valeurs telles que la patience, l'humilité et le respect. Cela contribue à l'épanouissement personnel et communautaire.

Débats contemporains et enjeux de l'agrarisme

  • . Agriculture industrielle vs. agriculture traditionnelle. Le débat entre l'agriculture industrielle et l'agriculture traditionnelle est au cœur des enjeux agrariens contemporains. L'agriculture industrielle, caractérisée par l'utilisation intensive de machines, de pesticides et d'engrais chimiques, vise souvent à maximiser les rendements et la rentabilité. En revanche, l'agriculture traditionnelle, souvent pratiquée par de petites exploitations familiales, met l'accent sur des méthodes plus durables et respectueuses de l'environnement, telles que l'agriculture biologique ou agroécologique.
  • . Urbanisation et décentralisation politique. L'urbanisation croissante dans de nombreuses régions du monde pose des défis pour les zones rurales et agricoles. L'agrarisme soutient souvent la décentralisation politique, visant à accorder plus de pouvoir aux communautés rurales pour prendre des décisions qui affectent leur propre développement. Cela implique souvent des politiques de développement rural et d'investissement dans les infrastructures rurales pour contrer la migration vers les centres urbains.
  • . Défis environnementaux et durabilité agricole. Les défis environnementaux tels que le changement climatique, la dégradation des sols et la perte de biodiversité sont des préoccupations majeures pour l'agrarisme contemporain. Les partisans de l'agrarisme prônent des pratiques agricoles durables qui préservent les ressources naturelles et réduisent l'empreinte écologique de l'agriculture. Cela inclut la promotion de l'agroécologie, la conservation des sols et de l'eau, ainsi que la réduction de l'utilisation des pesticides et des engrais chimiques.

Contributions des physiocrates français à l'agrarisme

  • . Les fondements de la pensée physiocratique. Les physiocrates étaient un groupe d'économistes français du XVIIIe siècle, dont François Quesnay était le principal représentant. Ils ont développé une théorie économique basée sur la conviction que la richesse d'une nation provenait principalement de l'agriculture. Selon eux, l'agriculture était la seule activité productive capable de générer un surplus net, contrairement au commerce et à l'industrie.
  • . L'impact des physiocrates sur l'agrarisme. Les contributions des physiocrates à l'agrarisme sont significatives. Leur insistance sur le rôle central de l'agriculture dans l'économie a renforcé la reconnaissance de l'importance de la vie rurale et du travail de la terre. Ils ont promu l'idée que l'agriculture devrait être le principal secteur d'investissement et de développement économique, et que les politiques gouvernementales devraient soutenir les agriculteurs pour favoriser la croissance nationale.
  • . L'héritage dans la pensée agrarienne moderne. Les idées des physiocrates ont laissé un héritage durable dans la pensée agrarienne moderne. Leur plaidoyer en faveur d'une politique économique centrée sur l'agriculture a influencé les mouvements agrariens ultérieurs, ainsi que les politiques agricoles nationales et internationales. Leur reconnaissance de la valeur intrinsèque de la terre et du travail agricole a également inspiré les efforts visant à promouvoir une agriculture durable et respectueuse de l'environnement dans le monde contemporain.

Contributions de John Locke à l'agrarisme

John Locke était un philosophe britannique du XVIIe siècle, connu pour ses idées sur la propriété privée, les droits naturels et le contrat social. Il croyait que chaque individu avait le droit naturel à la vie, à la liberté et à la propriété, et que le gouvernement devait protéger ces droits.

  • . L'influence de John Locke sur l'agrarisme. Les contributions de John Locke à l'agrarisme résident dans ses idées sur la propriété privée et le droit à la terre. Locke a soutenu que les individus deviennent propriétaires de la terre par leur travail et leur utilisation de celle-ci. Cette conception du droit de propriété a été cruciale pour le développement de l'agrarisme, car elle a légitimé la possession individuelle de terres agricoles et encouragé l'agriculture comme moyen d'assurer la subsistance et la prospérité.
  • . L'héritage dans la pensée agrarienne moderne. Les idées de John Locke continuent d'avoir une influence sur la pensée agrarienne moderne. Son plaidoyer en faveur de la propriété privée et du travail comme fondements de la propriété foncière a façonné les politiques agraires et la législation sur la terre dans de nombreux pays. De plus, son emphasis sur les droits naturels et la liberté individuelle a nourri les mouvements contemporains en faveur d'une agriculture durable, de la préservation des terres agricoles et de la justice sociale dans le domaine rural.

L'Agrarisme dans la démocratie jeffersonienne

Dans la démocratie jeffersonienne américaine, l'agrarianisme a occupé une place centrale, reflétant la vision politique et économique de Thomas Jefferson ainsi que son idéal de société.

  • . Thomas Jefferson et sa vision politique centrée sur l'agriculture. Thomas Jefferson, l'un des Pères fondateurs des États-Unis et le troisième président du pays, était profondément attaché à l'idée que l'agriculture était la base de la prospérité et de la liberté d'une nation. Il croyait fermement que les agriculteurs, en cultivant la terre et en travaillant dur, étaient les gardiens naturels de la liberté et de la démocratie.
  • . Importance des fermiers dans la conception de la république américaine. Dans la conception de la république américaine telle que la voyait Jefferson, les fermiers jouaient un rôle central. Il les considérait comme les piliers de la société, responsables de la création de richesse et de la préservation des idéaux républicains. Pour Jefferson, la propriété foncière était étroitement liée à la liberté individuelle et à l'autonomie, et il encourageait l'expansion vers l'ouest pour permettre à un plus grand nombre de citoyens d'acquérir des terres et de devenir agriculteurs.
  • . Politiques de Jefferson en faveur de l'agriculture et de l'expansion territoriale. Thomas Jefferson a soutenu des mesures telles que le Homestead Act, qui offrait des terres gratuites aux colons qui s'engageaient à les cultiver, et l'expédition Lewis et Clark, qui visait à explorer et à ouvrir de nouvelles terres à l'ouest. De plus, sa politique de l'embargo visait à protéger les intérêts des agriculteurs américains en restreignant le commerce extérieur.

En résumé, dans la démocratie jeffersonienne, l'agrarianisme était non seulement une vision économique, mais aussi une philosophie politique fondamentale, plaçant les agriculteurs au cœur de la société et de l'identité nationale américaine.

La vision agrariste dans la philosophie distributiste d'Hillaire Belloc

La philosophie de l'agrarisme trouve une place significative dans la pensée distributiste d'Hilaire Belloc, un écrivain, penseur et homme politique du début du 20ᵉ siècle.

  • . Retour à la terre et déconcentration de la propriété. Dans la philosophie distributiste, Hillaire Belloc prône le retour à une économie fondée sur la propriété privée. Il soutient que la concentration excessive de la propriété foncière et des moyens de production conduit à des injustices sociales et économiques. Ainsi, l'agrarisme est essentiel dans cette vision car il met l'accent sur la valorisation de la terre et la promotion de petites exploitations agricoles indépendantes.
  • . Propriété distributive. Hillaire Belloc défend l'idée que chaque individu devrait avoir accès à une propriété productive, par l'intermédiaire d'un droit à la terre. Il croit que la répartition équitable des biens est essentielle pour assurer la justice sociale et économique. Dans ce contexte, l'agrarisme joue un rôle clé en promouvant la propriété individuelle de la terre et en démocratisant l'accès aux ressources agricoles.
  • . Communautés locales autonomes. La vision distributiste de Belloc met l'accent sur la revitalisation des communautés locales et sur l'autonomie des petites unités sociales. L'agrarisme s'inscrit parfaitement dans cette perspective en favorisant le développement de communautés rurales autonomes et durables, où les agriculteurs travaillent la terre pour subvenir à leurs besoins et contribuer à l'économie locale.

Les penseurs agrariens du XXème siècle et contemporains

  • . Ralph Borsodi était un économiste américain conservateur et un critique acerbe du consumérisme de masse. Il prônait un retour à une vie plus simple et autonome, mettant l'accent sur l'auto-suffisance et la décentralisation économique. Son livre "This Ugly Civilization" (1929) critiquait la dépendance croissante à l'égard des biens de consommation et plaidait pour un mode de vie plus axé sur la satisfaction des besoins réels plutôt que sur la recherche perpétuelle de la nouveauté.
  • . Luigi Ligutti . En tant qu'activiste catholique rural et prêtre d'Iowa, Luigi Ligutti était un défenseur passionné des communautés rurales et de la dignité des travailleurs agricoles. Il a fondé la National Catholic Rural Life Conference en 1923, une organisation qui a travaillé pour améliorer les conditions de vie des agriculteurs et promouvoir une agriculture durable et éthique.
  • . Carle Zimmerman était un sociologue américain connu pour sa critique des structures sociales modernes. Dans son livre "Family and Civilization" (1947), il analysait le déclin de la famille traditionnelle et mettait en garde contre les conséquences sociales de ce phénomène. Bien que Zimmerman ne soit pas exclusivement agrarien, ses idées sur la nécessité de préserver les valeurs traditionnelles ont souvent été associées à la pensée agrarienne.
  • . John Crowe Ransom et Allen Tate. Ces deux écrivains et critiques littéraires ont joué un rôle important dans le développement d'une critique épistémologique de la rationalité scientifique des Lumières. À travers des œuvres telles que "I'll Take My Stand" (1930), ils ont défendu les valeurs de l'agriculture et critiqué les effets déshumanisants de l'industrialisation et de la technologie moderne.
  • . Wendell Berry est un écrivain, poète, et activiste agrarien conservateur contemporain[1]. Il a hérité et continué la critique épistémologique et éthique de la société moderne initiée par Ransom et Tate. Dans ses nombreux essais et œuvres littéraires, il met en lumière les avantages spirituels et moraux de la culture de la terre, tout en dénonçant les dangers de l'agriculture industrielle et de la mondialisation économique.

Les erreurs de l'agrarisme socialiste maoiste

L'agrarisme, bien que partageant certaines similitudes avec le maoïsme en termes de valorisation de l'agriculture et de la vie rurale, présente également des différences fondamentales et des critiques distinctes.

  • . Vision unilatérale de la modernité et du progrès. Alors que le maoïsme prônait une révolution et une modernisation rapide de la Chine, l'agrarisme socialiste fut critiqué pour son attachement excessif à un mode de vie agricole traditionnel et son manque de volonté de s'engager pleinement dans le développement industriel.
  • . Politiques économiques radicales. Le maoïsme a mis en œuvre des politiques économiques radicales telles que le Grand Bond en avant et la Révolution culturelle, qui ont souvent eu des conséquences désastreuses sur l'agriculture et l'économie chinoise. Cet agrarisme socialiste a été accusé de ne pas avoir mis en place des politiques économiques efficaces pour moderniser l'agriculture et améliorer les conditions de vie des agriculteurs.
  • . Centralisation du pouvoir. Le maoïsme s'appuyait sur un État centralisé et un contrôle strict du Parti communiste chinois, ainsi l'agrarisme socialiste a être critiqué pour son manque de démocratie et de participation populaire, en particulier dans la prise de décisions politiques et économiques.
  • . Approche collectiviste de la propriété foncière. Bien que le maoïsme ait promu la redistribution des terres, il a de fait organiser la collectivisation agricole. Cet agrarisme socialiste n'a pas réussi à garantir une répartition équitable des terres et des ressources, ce qui a entraîné des inégalités persistantes entre les agriculteurs.

Bibliographie

  • 1997, Mark G. Malvasi, "The Unregenerate South: The Agrarian Thought of John Crowe Ransom, Allen Tate, and Donald Davidson", Baton Rouge, La.: Louisiana State University Press
  • 2001, Eric T. Freyfogle, dir., "The New Agrarianism: Land, Culture, and the Community of Life", Washington, D.C.: Island Press



  1. Norman Wirzba, dir., 2002, "The Art of the Commonplace: The Agrarian Essays of Wendell Berry", Washington, D.C.: Counterpoint