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Capitalisme sauvage
L'expression de « capitalisme sauvage » est un néologisme dépréciatif utilisé pour critiquer le capitalisme, généralement par l'extrême gauche, l'extrême droite ou les mouvements altermondialistes.
Le capitalisme libéral est l'inverse de la sauvagerie
Le terme en lui même reflète la confusion effectuée, sciemment ou non, par les anticapitalistes, qui assimilent le système du capitalisme libéral à l'absence de règles et d'intervention de l'État. Si les anarcho-capitalistes récusent toute légitimité à l'État, l'ensemble des libéraux et des libertariens se retrouvent dans le fait que le libéralisme n'est pas l'anomie ou absence de droit. Pour que le capitalisme libéral fonctionne, il a besoin d'un état de droit, dans lequel les droits des individus sont reconnus, en particulier le droit de propriété.
Ainsi, le capitalisme libéral, au lieu d'être sauvage, est le seul système économique respectant les droits essentiels des individus. Comme l'exprime Pascal Salin dans Libéralisme (2000), « on lui reproche d'être sauvage alors que, fondé sur le respect intégral des autres, il exprime l'essence même de la civilisation. »[1]
A l'inverse des mouvements qui opèrent cette confusion, de nombreux penseurs ont souligné la supériorité à tous les égards des sociétés commerciales et pacifiées par rapport aux sociétés guerrières ou dirigistes. Ainsi, Friedrich Hayek d'écrire dans La Route de la servitude que « en dernier ressort, la société de concurrence recourt à l'huissier, et l'économie dirigée, au bourreau. »[2]. Le sociologue Herbert Spencer défend par ailleurs une philosophie de l'Histoire inscrite dans une perspective évolutionniste et dans laquelle les sociétés industrielles (ouvertes, dynamiques, productives, reposant sur le contrat et la liberté individuelle) supplantent progressivement les sociétés militaires (guerrières, hiérarchiques, holistes, figées, fermées sur elles-mêmes). La sauvagerie est non du côté du capitalisme mais du socialisme et de ses avatars, qui participent pour lui des sociétés militaires en ce qu'ils opposent les classes[3].
Le philosophe Alain développe une analyse proche, dans Mars ou la guerre jugée, œuvre écrite en 1936 par un auteur encore marqué par la première guerre mondiale à laquelle il a pris part. Il reprend cette opposition entre société commerciale pacifiée et société guerrière, écrivant ainsi : « Il n'est même pas commun qu'un commerçant songe seulement à tuer un concurrent heureux. Et n'oublions jamais que la passion guerrière va tuer, à coup sûr, non seulement des ennemis, mais des amis, des parents, des fils. Qui mettrait au jeu la vie de son propre fils pour des luttes commerciales ? »[4]
Quelle est la vraie sauvagerie ?
A l'inverse du capitalisme libéral qui reconnaît les droits essentiels des individus et est fondé sur l'échange libre, les systèmes qui veulent opprimer l'individu au nom d'un groupe, d'un État ou de la décision d'un chef suprême représentent la sauvagerie réelle, le retour à une société tribale dans laquelle l'individu n'existe que pour le groupe, pour les dieux ou pour le chef.
Ainsi, Pascal Salin, poursuivant dans une optique anarcho-capitaliste, écrit que : « une expression comme celle de « capitalisme sauvage » est totalement dénuée de signification. En réalité, comme le voleur ou le criminel – celui qui porte atteinte aux droits des autres – c'est l'État qui est sauvage puisqu'il est contrainte. Par quelle terrible déviation se fait-il qu'à notre époque on considère avec bienveillance l'utilisation d'une expression telle que « capitalisme sauvage », alors qu'on trouve obscène de parler d' « État sauvage » ou d' « État esclavagiste » ? »[5] Autrement formulé, « passer du contrat volontaire entre propriétaires légitimes à la contrainte étatique, c'est bien passer de la civilisation à la barbarie »[6].
La société dans laquelle est exercée une contrainte injustifiée et qui entrave les droits des individus, telle est la société « sauvage ».
Citation
- « [L]a notion de "capitalisme sauvage" est une contradiction dans les termes. Le capitalisme ne peut exister sans des règles qui l'encadrent et lui permettent de se développer. La "main invisible", le célèbre concept d'Adam Smith, tant moqué par une multitude d'intellectuels qui n'ont jamais lu une ligne de cet auteur, présuppose toute une armature normative et institutionnelle pour exercer son action bénéfique, armature qui est elle-même le fruit de multiples adaptations délicates en évolution constante. » (Manifeste de l'Institut Hayek, 2003[7])
Notes et références
- ↑ Pascal Salin, Libéralisme, 2000, p.3 édition ebook
- ↑ Friedrich Hayek, La Route de la servitude, édition Quadrige, 1993, p.93
- ↑ Société industrielle et société militaire selon Spencer, Jean Cazeneuve in Revue française de sociologie, Vol. 2, No. 2, Guerre, Armée, Société (Apr. - Jun., 1961), pp. 48-53
- ↑ Alain, Mars ou la guerre jugée, 1936, p.71 de l'édition électronique UQAC, [lire en ligne]
- ↑ Salin, ibid, p.72
- ↑ Salin, ibid, p.515
- ↑ Manifeste de l'Institut Hayek, 27 août 2003
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (fr)Capitalisme, qui est le plus sauvage ?
- (fr)Montrer ses crocs contre le « capitalisme sauvage », Le Québécois Libre
- (fr)Seul le capitalisme crée de la richesse, Le Québécois Libre
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