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Libertarianisme

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Le libertarianisme (ou, rarement, libertarisme) est une philosophie tendant à favoriser au maximum la liberté individuelle, que celle-ci soit conçue comme un droit naturel ou comme le résultat du principe de non-agression. De ce fait, ses partisans, les libertariens, s'opposent à l'étatisme en tant que système fondé sur la coercition, au profit d'une coopération libre et volontaire entre individus.

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Définition

Le mot libertarien découle du mot anglais "libertarian" qui a été introduit en français par Henri Lepage dans les années 1980.

Les libertariens sont des libéraux radicaux, opposés à l'État dans sa forme contemporaine. Pour eux, les pouvoirs de l'État devraient être extrêmement restreints (minarchisme), ou même supprimés (anarcho-capitalisme). Contrairement à l'idée libertaire, les libertariens ne sont pas pour une société gérée en commun, mais pour une société où les interactions entre les individus découlent de contrats librement consentis, conformément au Droit naturel et à l'axiome de non-agression.

Le terme anglais de libertarian (libéral) a un sens plus étendu que le terme français "libertarien", qui ne désigne à strictement parler que les minarchistes et les anarcho-capitalistes (à noter que Hans-Hermann Hoppe rappelle l'origine historique du terme pour insister sur le fait que le libertarien ne peut être qu'un anarcho-capitaliste[1]).

Cherchant à tout prix à insérer les libertariens dans une échelle droite/gauche on utilise parfois, pour les désigner, des expressions plus douteuses, comme "libéraux libertaires", ou des expressions inexactes, comme "anarchistes de droite". Ce que précisément ces expressions montrent, en fait, est que les libertariens échappent au clivage habituel droite/gauche.

Historique

D'après Bertrand Lemennicier, la philosophie politique libertarienne naît avec les Levellers au milieu du XVIIe siècle pendant la révolution anglaise. En 1646, dans la prison de Newgate, Richard Overton, un des leaders parmi les levellers, écrit le pamphlet célèbre An arrow against all Tyrants. Cet écrit affirme haut et fort le concept de propriété de soi-même :

« To every individual in nature is given an individual property by nature not to be invaded or usurped by any. For every one, as he is himself, so he has a self-propriety, else could he not be himself; and of this no second may presume to deprive any of without manifest violation and affront to the very principles of nature and of the rules of equity and justice between man and man. Mine and thine cannot be, except this be. No man has power over my rights and liberties, and I over no man's. I may be but an individual, enjoy my self and my self-propriety and may right myself no more than my self, or presume any further; if I do, I am an encroacher and an invader upon another man's right — to which I have no right.  »

Dans son Traité du gouvernement civil (1690), Locke affirme de la même façon[2] :

« § 27. Encore que la terre et toutes les créatures inférieures soient communes et appartiennent en général à tous les hommes, chacun pourtant a un droit particulier sur sa propre personne, sur laquelle nul autre ne peut avoir aucune prétention. Le travail de son corps et l'ouvrage de ses mains, nous le pouvons dire, sont son bien propre. Tout ce qu'il a tiré de l'état de nature, par sa peine et son industrie, appartient à lui seul : car cette peine et cette industrie étant sa peine et son industrie propre et seule, personne ne saurait avoir droit sur ce qui a été acquis par cette peine et cette industrie, surtout, s'il reste aux autres assez de semblables et d'aussi bonnes choses communes. »

Les libertariens sont les héritiers directs des libéraux classiques dont ils prolongent le libéralisme sans concession envers l'étatisme. Il prend ses racines modernes dans la vieille droite américaine antisocialiste et isolationniste des années 1930, dont les penseurs étaient les adversaires les plus farouches du New Deal du président Roosevelt. Le libertarianisme a ensuite décollé en Amérique dans les années 1960 et a progressé rapidement dans les années 1970 et dans les années 1980 dans le reste du monde.

On peut dire que le libertarianisme est né en France ! Les années 1849 à 1851 ont vu un jaillissement de textes qui ont fondé le libertarianisme, autour de Frédéric Bastiat, penseur et homme politique français, et de Gustave de Molinari, un économiste belge installé à Paris. Ces pionniers se sont inspirés du courant libéral (Adam Smith, etc.) et ont poussé très loin ses idées pour forger une doctrine radicale : quand les libéraux disaient que le marché, et non l’État, était très efficace pour produire des biens, les gens comme Gustave de Molinari ajoutaient que le marché devrait être bon aussi pour produire d’autres choses, comme une police et une armée. Les libéraux reconnaissaient la nécessité d’un État pour certaines choses, pas les libertariens.

Origine du terme libertarien (et du libertarianisme)

L'histoire du mot « libertarien » est intéressante, car c'est la traduction en français de l'anglais « libertarian », lui-même traduction anglaise du français « libertaire ».

Déjà au début du siècle, le liberal party anglais, au pouvoir, avait dérivé vers de plus en plus d'étatisme, et de moins en moins de libéralisme. Ce changement de cap fut entériné dans les années 1920, où le très étatiste économiste Keynes se réclama comme liberal, en référence à la politique du parti liberal, et en rejetant explicitement la tradition de pensée libérale. Dans les années 1950, pour éviter le McCarthysme, les socialistes américains se sont massivement réclamés comme liberal, en reprenant la tradition keynésienne. Le mot liberal, aux États-Unis en étant venu à dire « socialiste », les libéraux américains (au sens original du terme) ont repris à leur compte le mot libertarian, qui aux États-Unis n'avait pas la connotation de gauche qu'il a en France.

H. L. Mencken et Albert Jay Nock s'affirmaient déjà comme libertarians, et c'est finalement Leonard Reed qui crée la première organisation authentiquement libertarienne, la Foundation for Economic Education (FEE), précédant la Société du Mont-Pélerin qui s'en est inspiré.

Le mot libertarian s'est depuis implanté en Grande-Bretagne (où il avait une connotation de gauche, comme en France), fort de toute la littérature libertarian déjà existante (ils n'allaient quand même pas ajouter à la confusion en créant un terme distinct en Grande-Bretagne !).

Cependant, à la même époque, dans les années 1970, Henri Lepage (Demain le capitalisme, 1978[3]), en traduisant le terme libertarian, et en l'absence de littérature libertarian francophone, n'a pas voulu risquer l'amalgame avec les anarchistes socialistes, et a donc préféré utiliser « libertarien » plutôt que « libertaire » (le mot était déjà employé par les Canadiens francophones[4], par exemple Pierre Lemieux publie à partir du 14 juillet 1978 une série d'articles dans Le Devoir intitulés "Qui sont les libertariens ?") :

Même s'ils défendent une conception "capitaliste" d'organisation des rapports sociaux, les libertariens se distinguent des courants conservateurs "complices" du grand capital et du pouvoir des grandes entreprises. Comme les gauchistes, ils ne craignent pas de dénoncer les "puissances d'argent" et tout ce qui représente le "capitalisme monopolistique", responsable à leurs yeux de la croissance du pouvoir d'oppression de l’État moderne. (Henri Lepage, 1978)

Pour ajouter à la confusion, certains gauchistes ont néanmoins traduit libertarian par « libéral-libertaire », cependant que quelques rares libéraux revendiquent le mot « libertaire » (par influence possible de l'allemand Libertär qui signifie à la fois libertaire et libertarien). Les libertarian francophones du Québec, dans un pays où tout le monde est bilingue, ont repris le terme « libertarien », phonétiquement proche de l'américain libertarian, en France l'ADEL en a fait de même puisqu'il s'agit bien de l'association des Libertariens.

Le mot anglais libertarian, quant à lui, est attribué à Leonard Read, fondateur de la Foundation for Economic Education, pour se distinguer des néoconservateurs et des liberals socialistes.

Libéralisme, libertarianisme et libertarien : étymologie

Le mot « libertarien » donne lieu au néologisme « libertarianisme »[5] - mot si inutilement compliqué que même ceux qui se revendiquent « libertariens » préfèrent parler de libéralisme pour nommer leur philosophie (ce en quoi certains libéraux non libertariens sont en désaccord). Certains utilisent aussi le terme « libertarisme », mais ce dernier mot est revendiqué également par les libertaires[6].

A noter que les autres langues latines (italien, espagnol, portugais) utilisent indifféremment les termes libertario / libertariano (libertarien) et libertarismo / libertarianismo (libertarisme).

Certains auteurs français utilisent indifféremment les termes libéral et libertarien (François Guillaumat, Bertrand Lemennicier, etc.), d'autres n'utilisent que le terme libéral (Pascal Salin). Tout semble dépendre de la volonté ou non de se différencier des politiciens "libéraux" français (traditionnellement centristes, peu suspects d'extrémisme et peu enclins à une certaine cohérence idéologique...), ou de revendiquer résolument le terme de libéral en se rattachant à la lignée libérale française des siècles passés, elle-même à l'origine même du courant "libertarien" contemporain.

Le Petit Larousse illustré 2014 accepte le terme et le définit ainsi[7] :

libertarien, enne
n. et adj. (angl. libertarian). Partisan d’une philosophie politique et économique (princip. répandue dans les pays anglo-saxons) qui repose sur la liberté individuelle conçue comme fin et moyen. Les libertariens se distinguent des anarchistes par leur attachement à la liberté du marché[8] et des libéraux par leur conception très minimaliste de l’État.
adj. Relatif à cette philosophie.

Il semble donc justifié de distinguer entre libéraux et libertariens, les libertariens étant des libéraux mais les libéraux n'étant pas tous des libertariens. Le libertarien se réclame de grands principes a priori (propriété de soi-même, axiome de non-agression, droit naturel...) alors que le libéral non libertarien se préoccupe de la liberté de façon plus empirique.

Il faut ainsi aborder les textes anglais avec de grandes précautions, car liberal et libertarian ne peuvent être traduits en français de façon univoque par "libéral" et "libertarien". Ainsi la phrase suivante : "Liberal critiques of libertarianism matter because libertarians claim to be liberals"[9], quasiment intraduisible en français[10], emploie le terme liberal dans le double sens de "progressiste" et de "libéral".

On aura donc les équivalences suivantes, en fonction du contexte :

  • liberal : 1. progressiste (voire socialiste)[11] ; 2. libéral (dans son acception ancienne) ;
  • libertarian : 1. libéral (classique) ; 2. libertarien ; 3. libertaire (dans son acception ancienne) ;

Le libertarianisme en politique

Le libertarisme a une existence politique dans les pays anglo-saxons (libertarian party). Il échappe à un positionnement politique classique de par ses thèses qui le situent à la fois à gauche au plan des libertés individuelles (usage libre des drogues, liberté d'expression, liberté d'immigration, liberté sexuelle...) et à droite au plan des libertés économiques (respect de la propriété privée, libre-échange, suppression ou diminution drastique de la fiscalité...). Comme le dit Murray Rothbard : le libertarien ne voit aucune incohérence à être « de gauche » dans certains domaines et « de droite » dans d’autres. Au contraire, il considère que sa position est quasiment la seule qui soit cohérente du point de vue de la liberté individuelle.

Les libertariens sont inclassables, et les personnes non averties (au moins en Europe, où les thèses libertariennes sont encore peu répandues) ont tôt fait de les classer, par ignorance, tantôt à l'extrême-gauche (anarchisme, refus des lois, défense intransigeante des libertés), tantôt à l'extrême-droite (liberté du port d'armes, défense intransigeante de la propriété et de l'entreprise privée, refus de l'assistanat étatique). Le libertarisme est en réalité anti-politique, pour lui la politique ne diffère pas de l'esclavagisme.

En quoi les libertariens diffèrent des libéraux

Autrui n'est pas ma propriété

Même si le socle philosophique est commun, les divergences avec les libéraux sont nombreuses, et portent sur le rôle de l'État, du service public, la conception de la politique et de la démocratie, l'impôt, la loi, l'immigration, le droit pénal, etc. (les articles cités explicitent les différences). Les libéraux considèrent habituellement les libertariens comme des libéraux "radicaux" voire extrémistes, les libertariens considèrent les libéraux non libertariens comme des "compagnons de route" qui ne sont pas allés jusqu'au bout de la logique libérale (en raison d'un trop grand respect envers l'État, ou d'une conception incomplète de ce qu'est le droit). Les libertariens ont une vision pessimiste de l’État, les libéraux une vision optimiste : « pour un libéral, l'État minimal est le plancher ; pour un libertarien, il est le plafond. » (Patrick Smets). Les conceptions de la liberté diffèrent :

La reconnaissance de l’antériorité de l’éthique dans la défense du libéralisme est une caractéristique propre aux libertariens. En cela le libertarien diffère du classique libéral. Leur justification du capitalisme de laissez-faire vient du fait qu’il s’agit du seul système économique compatible avec l’éthique libertarienne, et non pas de la supériorité du capitalisme à générer des richesses plus que n’importe quel autre système économique. En effet, une grande fraction des libéraux classiques ont une approche conséquentialiste de la liberté. En revanche, les libertariens ont une approche déontologique ou téléologique de la liberté. (Bertrand Lemennicier)

Les libertariens, en comparaison avec les libéraux, ont de par leur logique propriétariste des idées très arrêtées sur ce que devrait être le droit dans une société libre, alors que les libéraux seront moins catégoriques sur le rôle de l'État et plus hésitants sur la réalité de la lutte des classes que dénoncent les libertariens, ou sur le principe de non agression que les libertariens érigent en règle générale. Les libertariens voient le libéralisme classique comme un compromis incohérent entre le principe de non-agression et l'approbation de l'existence d'un État minimum, qui par définition repose sur l'agression.

Il est cependant impossible de tracer une frontière claire entre libertariens et libéraux (aux États-Unis, on emploie d'ailleurs le même terme dans les deux cas : libertarian). La différence est peut-être une question d'attitude : les libertariens déduisent leur position sur tout sujet de grands principes a priori tels que la non-agression, la propriété de soi-même ou le concept de droit naturel, avec le risque de tomber dans un certain dogmatisme (Rothbard est souvent cité comme l'exemple-type) ; les libéraux, eux, sont davantage attachés aux conséquences et adoptent un point de vue empirique (Hayek) ou utilitariste sans a priori. Comme le remarque un peu cruellement Virginia Postrel (an 18th-century brain in a 21st-century head) : la tradition déductive a défini l'identité libertarienne et son dogme, tandis que la tradition empirique a réalisé ses buts.

Certains "tests" essaient de cerner les différences fondamentales entre libéraux et libertariens, par exemple : Libéral ou libertarien ? Faites le test !.

Points de désaccord entre libertariens

Même si les points de vue sur la réduction du rôle de l’État et l'importance des droits individuels et de la non-agression font l'unanimité, il existe plusieurs points de désaccord entre libertariens :

Libertariens « de droite » et libertariens « de gauche »

Certains auteurs, tels Peter Vallentyne, se fondent sur le désaccord quant à l'appropriation des ressources naturelles pour distinguer un libertarisme « de droite » et un libertarisme « de gauche »[12]. Ainsi, Rothbard et Kirzner seraient des libertariens d’extrême droite, car ils admettent que n'importe qui peut s’approprier des ressources non encore appropriées. Nozick serait seulement "de droite", car il admet le proviso lockéen. Les libertariens georgistes (Henry George, Hillel Steiner) admettent l'appropriation des ressources naturelles non encore appropriées en contrepartie d'une location versée à un fonds social. Enfin les libertariens "égalitaristes" tels Peter Vallentyne exigent en outre le paiement d'un impôt sur tous les avantages reçus de cette appropriation ("taxation complète des avantages").

Les libertariens agoristes se considèrent également comme des libertariens de gauche, voire d'extrême gauche, parce qu'ils se considèrent comme "anti-establishment", aussi bien contre le socialisme que contre le conservatisme.

Aux États-Unis on parle également de conservatisme libertarien[13], résultant d'une convergence entre deux courants politiques proches, les conservateurs étant souvent en faveur d'un gouvernement limité et les libertariens ne rejetant pas les "valeurs conservatrices" ; Ron Paul ou Gary Earl Johnson seraient ainsi des "conservateurs libertariens", ou des "libertariens conservateurs".

Les réalisations libertariennes

Alors que les hommes politiques traditionnels s'emploient à créer des privilèges et de faux droits, les libertariens cherchent à mettre en œuvre leurs idées de façon concrète directement dans la société civile (et non par la coercition étatique) en créant des services utiles aux personnes, visant à promouvoir l'autonomie individuelle. On peut citer les exemples suivants :

  • Wikipédia est une encyclopédie coopérative d'inspiration libertarienne, créée par Jimmy Wales ; c'est une bonne illustration du concept contre-intuitif d'ordre spontané ;
  • Bitcoin est une monnaie virtuelle décentralisée, créée par des libertariens partisans de la concurrence monétaire ;
  • plus généralement, le processus technique de "blockchain" qui est à l’œuvre dans Bitcoin est cyberlibertarien dans sa nature, car il peut être généralisé pour réaliser toutes sortes d'échanges entre les individus, sans intermédiaire ni entité centrale
  • les projets d’États libertariens, encore utopiques, pourraient un jour aboutir à des réalisations concrètes, soit par la voie politique : Free State Project, Liberland, soit ex nihilo : seasteading, villes privées, micronations, Bitnation (projet de nation virtuelle fondée sur la technologie de la blockchain) ;
  • l'activisme libertarien (Ron Paul, Rand Paul, Edward Snowden, Hannah Giles, etc.) dénonce les pratiques politiques abusives des États ;
  • certains libertariens se sont spécialisés dans le survivalisme et partagent leurs expériences ;
  • les philanthropes libertariens (par exemple Peter Thiel) financent divers projets liés à la cause libertarienne.

Un pays pour les libertariens

Une première approche libertarienne consiste à comparer les pays entre eux du point de vue des libertés, en s'intéressant aux indicateurs de liberté publiés par divers organismes.

Les libertariens ont le choix entre militer dans leur propre pays pour davantage de liberté, ou, quand c'est possible, partir pour des pays plus libres (comme certaines micronations en Europe, Amérique ou Asie), ou encore construire à partir de zéro un tel pays. Les projets ont été très nombreux, mais aucun n'a encore véritablement abouti. Parmi les anciens projets :

  • La République de Minerva fondée en 1971 par un activiste libertarien de Las Vegas, Michael Oliver, sur les récifs de Minerva, à 500 km au sud-ouest du royaume de Tonga. Cependant, en 1972, les îles Tonga ont annexé Minerva. Le territoire est actuellement revendiqué par la Principauté de Minerva (gouvernement en exil) ainsi que par les îles Fidji.
  • la Principauté de Freedonia, créée en 1992. Le but ultime était de créer une nation libertarienne souveraine. Après un essai infructueux en Somalie en 2001, le projet a été abandonné.
  • Oceania, The Atlantis Project, projet libertarien de ville flottante, abandonné en 1994. Son auteur s'est tourné vers un projet humanitaire plus ambitieux, Lifeboat Foundation.
  • la Principauté de Sealand (ancienne plate-forme militaire de l'armée britannique, construite au large de l'estuaire de la Tamise dans les eaux internationales) est un exemple de micronation réussie (mais non libertarienne, et de plus extrêmement minuscule) dont les libertariens pourraient s'inspirer dans leurs projets futurs.
  • le projet Limón REAL fut un projet de province autonome libertarienne au Costa Rica, conduit par Rigoberto Stewart.

Parmi les projets en cours :

À ce jour, le projet le plus abouti est le Free State Project, qui vise à regrouper 20000 libertariens dans l'État du New Hampshire, de façon à exercer une pression politique forte en direction du libertarisme. Une variante du projet a choisi l'État du Wyoming. Leur clone européen, "European Free State", a été pour le moment abandonné.

Le seasteading est vu comme une possibilité futuriste d'établir des communautés libertariennes en-dehors des États, sur des territoires très grands et non encore étatisés : les eaux internationales. Il n'y a pas de projet concernant les territoires terrestres inoccupés[14].

Cette problématique de recherche d'un pays pour les libertariens répond à la question préalable de la façon dont les idées libérales peuvent être développées. Comme les anciennes stratégies ont échoué, de plus en plus de libertariens estiment qu'il faut passer à la nouvelle stratégie piratage du Léviathan.

Quelques personnalités libertariennes

Searchtool-80%.png Article détaillé : Libertariens.

Citations

  • « Seul un monde sans maître, un monde purement libertarien, peut correspondre aux exigences du droit naturel et de la loi naturelle et surtout, ce qui est plus important, aux conditions d’une éthique universelle pour tous les hommes. » (Murray Rothbard)
  • « Assumer ses choix et cesser de rejeter la responsabilité de ses actions sur les autres, voir l'aventure humaine avec optimisme, refuser de s'en remettre à des abstractions collectives, viser une amélioration constante à long terme plutôt qu'une perfection statique à court terme et être tolérant et accepter la diversité sont des attitudes psychologiques essentielles pour ceux qui souhaitent vivre l'idéal libertarien. » (Martin Masse, « Qu'est ce que le libertarianisme ? »[15])
  • « Read (...) propose en 1947 de récupérer le terme « libertarian » (et qui avait un sens voisin du français « libertaire »), en lui conférant une signification nouvelle, moins anarchisante et plus libre-marchéiste. Cela étant, ce terme a été récusé par nombre d'auteurs, y compris de premier plan (Hayek, Mises, Rand). Il semble donc que coexistent depuis deux sens différents du terme « libertarien », qu'il ne faut pas confondre : un sens pointu, équivalent à anarcho-capitalisme (Rothbard) ; un sens plus large, équivalent à libéralisme au sens européen (et conforme à ce que voulait Read). Certains iront même jusqu'à revendiquer le terme de « libéraux » pour leur propre compte, comme l'histoire des idées les y autorise. » (Alain Laurent, Le Libéralisme américain, chapitre 5)
  • « L’idée sous-jacente au libertarianisme n’est pas, contrairement à ce que se tue à affirmer Gérard Filoche, une haine viscérale de l’État, ni une glorification des marchés, mais la reconnaissance de ce qu’est la nature de l’État, c’est-à-dire un instrument de violence. Par conséquence être libertarien signifie regarder avec scepticisme toute intervention de l’État. » (Emmanuel Bourgerie)
  • « Quand on est libertarien, on se sent parfois comme la seule personne sobre dans une voiture pleine d'ivrognes, qui veulent tous t'empêcher de descendre ou de conduire. » (Ignacio García Medina)
  • « Ce n’est pas très difficile de présenter l’ensemble des principes moraux, politiques et économiques qui caractérisent un libertarien, car cet ensemble repose sur une prémisse très simple : la revendication radicale de la libre disposition de son corps ou de sa propre personne. Il revendique ce que l’on appelle le “self ownership” ou la propriété de soi. Ni Dieu, ni Maître. De celle-ci on déduit une philosophie politique, une épistémologie, une éthique et une économie politique qui caractérisent si bien la façon de penser des libertariens. » (Bertrand Lemennicier)
  • « Le concept même de libertarianisme échappe à la structure d'une association dotée d'une ligne de parti forte et d'une politique unifiée (…) Les partis politiques sont hiérarchiques, ils sont conçus de manière à substituer un protocole bien défini au pouvoir décisionnel propre d'un individu. Cela ne marche pas avec les libertariens. (…) Le libertarianisme étant un mouvement, il peut encore exister sous la forme de factions dissidentes au sein d'autres partis politiques. » (Nassim Nicholas Taleb, Jouer sa peau, 2017)

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Hans-Hermann Hoppe, discours Property and Freedom Society 2017
  2. Traduction de David Mazel, en 1795
  3. En mars 1977, H. Lepage publie aussi un article : "Du nouveau en économie-politique: le capitalisme libertarien" (revue mensuelle "Réalités" n°373).
  4. On le trouve par exemple dans la revue "Le Supplément", n°128, février 1979, "Ethique et théologie morale au Québec", Editions du Cerf. Citation page 38 (article d'Eric Volant, université de Montréal) : "la critique des nouveaux philosophes et le néo-capitalisme des nouveaux économistes ou libertariens ne semblent pas encore avoir trouvé audience au Québec.". Le sociologue Jacques Grand'Maison utilise également le terme en 1979 (La nouvelle classe et l'avenir du Québec). En outre, le "Parti libertarien du Canada" a été créé en 1973 (par un anglophone il est vrai).
  5. Forme attestée en anglais (libertarianism) qui existe depuis longtemps avec un sens différent, voir Article LIBERTARIANISM de l'Encyclopedia Britannica 1911.
  6. Voir par exemple le livre de Michel Perraudeau Eloge des libertaires : Les 100 mots du libertarisme, éditions Autrement, février 2016.
  7. Dossier de presse Petit Larousse illustré 2014
  8. Robert S. Taylor, 2013, "Market Freedom as Antipower", American Political Science Review, Vol 107, pp593–602
  9. Article "Liberal critique of libertarianism", The Encyclopedia of Libertarianism (2008, SAGE Publications, p. 293).
  10. On pourrait la traduire ainsi : "les critiques progressistes du libertarisme sont importantes, car les libertariens se disent libéraux", en signalant que le jeu de mots sur liberal est intraduisible en français.
  11. L'auteur de The Encyclopedia of Libertarianism propose le terme de welfare liberal ("libéral de l'État-providence") pour éviter la confusion avec les "vrais libéraux".
  12. Le libertarisme de gauche
  13. Libertarian conservatism
  14. Plus de 3,4 millions de km² non revendiqués en Antarctique, de 150°O à 90°O, la Terre Marie Byrd (158°O à 103°24 O), le triangle du Bir Tawil situé entre l'Égypte et le Soudan.
  15. Martin Masse, Qu'est ce que le libertarianisme, Le Québécois Libre, 7 mars 1998, [lire en ligne]

Bibliographie

  • 1953, James J. Martin, "Men against the State. The Expositors of Individualist Anarchism in America, 1827-1908"
    • Nouvelle édition en 1970, Colorado Springs, Ralph Myles Publ
  • 1974, Susan Love Brown, Karl Keating, David Mellinger, Patrea Post, Stuart Smith et Catriona Tudor, "The Incredible Bread Machine", San Diego, California: World Research Inc
  • 1975, T. Nagel, "Libertarianism Without Foundations", Yale Law Journal, Vol 85, pp136–149 (L'auteur fait valoir que la défense du libertarianisme par Robert Nozick est totalement infructueuse dans la mesure où elle ne parvient pas à fournir une défense de la conception robuste des droits individuels qui la soutient.)
  • 1983,
    • Henri Arvon, "Les Libertariens américains", Paris, Presses Universitaires de France
    • Alan Burris, "A Liberty Primer", Rochester, New York: Society for Individual Liberty
    • Mark Francis, "Human Rights and Libertarians", AJPH (Australian Journal of Political History), Vol 29, n°3, décembre, pp462-472
  • 1984, George Carey, dir., "Freedom and Virtue: The Conservative/Libertarian Debate", Lanham, MD: University Press of America
  • 1985, Peter Schwartz, "Libertarianism: The Perversion of Liberty", The Intellectual Activist, vol 3, n°19-20, 10 mai
  • 1991, Jeffrey Friedman, "Postmodernism vs Postlibertarianism", Critical Review, Vol 5, n°2, Sprint, pp145-158
  • 1997, Joseph S. Fulda, "Eight Steps Towards Libertarianism", Bellevue, Wash.: Free Enterprise Press
  • 1998, Andreas K. Winterberger, Von Libertären und klassischen Liberalen [des libertariens et des libéraux classiques], commentaire du livre de Hardy Bouillon, dir., Libertarians and Liberalism. Essays in Honour of Gerard Radnitzky, Schweizer Monatshefte, n°10, Octobre
  • 2001,
    • Samuel Freeman, "Illiberal Libertarianism: Why Libertarianism Is Not a Liberal View", Philosophy and Public Affairs, vol 30, n°2, Spring, pp105–151
    • Paolo Zanotto, Il movimento libertario americano agli anni sessanta ad oggi: radici storico-dottrinali e discriminanti ideologico-politiche, Siena: Dipartimento di scienze storiche, giuridiche, politiche e sociali, (it)
  • 2003,
    • Nicola Iannello, Il libertarianism: saggio bibliografico, Etica & Politica, Vol 2
    • M. Otsuka, "Libertarianism Without Inequality", Oxford: Oxford University Press (L'auteur développe les idées du libertarianisme de gauche en combinant les droits individuels de la pleine propriété de soi avec le principe égalitaire de l'égalité des chances pour le bien-être.)
    • Piero Vernaglione, "Il Libertarismo. La teoria, gli autori, la politica", Soveria Mannelli: Rubbettino, pp197-297, (it)
  • 2007, Brian Doherty, Radicals for Capitalism: A Freewheeling History of the Modern American Libertarian Movement. New York, NY: Public Affairs
  • 2008, Colin Bird, "LIBERAL CRITIQUE OF LIBERTARIANISM", In: Ronald Hamowy, dir., "The Encyclopedia of Libertarianism", Cato Institute - Sage Publications, pp293-295
  • 2010,
    • Jacob H. Huebert, Libertarianism Today, Praeger, ISBN 978-0313377549
    • Jeffrey Miron, "Libertarianism, from A to Z", New York: Basic Books
      • Nouvelle édition paperback en 2011, New York: Basic Books
  • 2021, Beniamino Di Martino, "Libertarismo. Alcune riflessioni su termini e concetti (I parte)", ("Libertarianisme. Quelques réflexions sur les termes et les concepts (partie I)"), StoriaLibera, Année VII, n°13, pp48-92

Voir aussi

Liens externes

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