Despotisme éclairé

Le despotisme éclairé est une doctrine politique ou forme de gouvernement issue des philosophies du siècle des Lumières. Le terme a été créé par les historiens allemands au XIX^e siècle pour désigner les idées des monarques réformateurs.

Définition et histoire du despotisme éclairé

L'expression est un oxymore qui conjugue le despotisme et l'absolutisme, pouvoir personnel attribué à une seule personne, et l'esprit d'ouverture caractéristique de l'esprit des Lumières. Il s'agit alors d'adoucir le despotisme tyrannique grâce aux lumières du rationalisme et de trouver la formule idéale du « bon gouvernement ».

Les principaux despotes éclairés ont ainsi entretenu une correspondance suivie avec les philosophes des Lumières, et certains d'entre eux les ont même soutenu financièrement. On trouve parmi eux : Charles III d'Espagne, Marie-Thérèse et Joseph II d'Autriche, Frédéric II de Prusse, Catherine II de Russie, Gustave III de Suède et les ministres Struensee et Bernstorff au Danemark ou Pombal au Portugal. Voltaire en parle dans son livre Candide avec le passage de l'El Dorado.

Le roi possède le pouvoir qui suit une raison qui dépasse les limites réelles. Il y règne sans problèmes financiers, ni politiques, ni culturels, c'est un tout. Le despotisme éclairé est une forme de gouvernement qui peut aussi bien apparaître comme une modernisation de l'absolutisme monarchique que comme une annonce d'une monarchie constitutionnelle ; il s'agit donc d'un gouvernement idéal illustrant une utopie. Selon le physiocrate français Mercier de la Rivière, l'autorité du monarque n'est que « le despotisme légal d'un ordre essentiel ». Pour Frédéric II, le monarque est « le premier juge, le premier général, le premier financier, le premier ministre de la société. » Son pouvoir s'affirme contre les corps de l'ancienne société : l'aristocratie, les parlements, les coutumes et libertés locales, l'église. Les despotes éclairés ont tous encouragé l'instruction.

Despotisme éclairé et idées libérales

Certains libéraux, les physiocrates en particulier, ont soutenu des formes de despotisme éclairé, aux XVIII^e siècle et XIX^e siècle. Pour Turgot, le roi est le « centre commun » de son peuple, « le législateur absolu », « l'homme de bien » indispensable, seul capable de faire le bonheur universel en obéissant aux seuls conseils de la raison.

Le despotisme éclairé est donc une option possible dans une société libérale, qui juge un État non pas en fonction de ses dirigeants, mais en fonction de l'usage du pouvoir qu'ils font : justice, respect des droits de l'Homme et égalité en droit. La pensée libérale rappelle régulièrement que ce qui fait la légitimité d'un pouvoir n'est pas tant son origine, que son respect des principes d'un état de droit. Démocratie ou monarchie peuvent être libéraux ou antilibéraux. Comme l'écrivait Montesquieu : « La monarchie dégénère ordinairement dans le despotisme d’un seul ; l’aristocratie dans le despotisme de plusieurs ; la démocratie dans le despotisme du peuple ».

Citations

• « S'il fallait choisir, je détesterais moins la tyrannie d'un seul que celle de plusieurs. Un despote a toujours quelques bons moments ; une assemblée de despotes n'en a jamais. » (Voltaire)
• « Despote mal éclairé, le peuple souverain ne s'engoue pas pour ceux qui répandent la lumière, mais pour ceux qui l'éblouissent. » (Georges Elgozy)
• « Les excès de la liberté mènent au despotisme ; mais les excès de la tyrannie ne mènent qu'à la tyrannie. » (Chateaubriand)

Voir aussi

• Despotisme
• Despotisme légal
• Dictature
• Absolutisme

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